Jean-françois a bien compris : pas forcément pour l’ignorant. C’est surtout dans ce sens que je l’entend.
Et puis même en adoptant un point de vue plus global, il faut voir autant les bienfaits que les méfaits de l’ignorance. D’ailleurs comme “l’ignorance” dont nous parlons est celle du mythe, cela nous renvoie à la réponse que j’avais donnée à René quand il disait que l’horreur trouvait toujours son fondement dans le mythe : le mythe à généré le pire comme le meilleur, et la science aussi.
Stéphane : “je ne crois pas que tu sois en mesure de démontrer que SEULE l’ignorance procure le bonheur, et donc tout ça est échafaudé sur des fondations très, très fragiles.”
Bien sûr que non, je ne suis pas en mesure de le faire, et pour une bonne raison : je ne prétend pas que seule l’ignorance procure le bonheur, et je n’ai rien échafaudé la dessus. N’as-tu pas d’autre moyen de répondre qu’en me faisant dire ce que je ne dis pas ?
Mon seul propos était de critiquer toute tentative de la science d’attaquer le mythe, en montrant que le mythe, étant plus proche de notre expérience, plus rassurant dans ses explications, étant aussi un facteur de cohésion sociale et d’équilibre psychologique s’il ne tombe pas dans l’intégrisme (il me semble que l’histoire à démontré tout cela), est globalement très bénéfique.
Quant au reste, tu continues à caricaturer ma position. Je ne suis certainement pas pour que l’enseignement soit basé sur “la première explication donnée aux faits est toujours la meilleure”, je suis juste pour que la place soit laissée aux explications mythiques sans qu’on les agresse continuellement de réfutations scientifiques. Ca ne mène en rien à une incommunicabilité, mais au contraire au pluralisme et à une ouverture plus grande.
J-F : “Plus on recule dans l’histoire, plus les gens sont heureux, parce que moins ils en savent — très “noble sauvage” rousseauiste.
Encore de la caricature grossière, je n’ai pas dis ça. D’ailleurs il y a peu de philosophes auxquels je sois plus opposé que Rousseau, puisque pour moi l’homme est par nature pervers, sadique, ingrat, égoïste, incohérent, hypocrite, etc. (il suffit de regarder les enfants pour s’en persuader) et la société le conditionne pour en faire un être bon, intègre, responsable, etc. Le seul sens dans lequel je pourrais me considérer comme rousseauiste, c’est qu’iI me paraît désirable de retrouver l’innocence originelle, mais uniquement parce que celle-ci permet d’être heureux dans le crime.
J-F : “On pourrait peut-être arrêter d’utiliser des outils, aussi.”
Oh oui !!! Comme disait Zhuangzi voilà 2400 ans : “Pulvérisez les unités de contenance, brisez les balances, supprimez formes et cordeaux, jetez le compas et l’équerre, sciez les doigts des habiles charpentiers et chacun retrouvera son habileté native.”
De bien beaux préceptes.
J-F : “Si on ne parle plus, on ne peut plus questionner les opinions et croyances des autres... Quel bonheur!”
Je n’ai rien contre parler. Mais la démarche sceptique semble consister uniquement à agresser et à réfuter, non à échanger.
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