extraits (en francs suisses):
"VOTRE AVENIR VOUS INTÉRESSE?" Brr, je n’aime pas ça. Déjà P.S m’appelle à une heure normale, en plus il me pose cette question étrange... "Eh bien, à vrai dire, patron, je..." "PARFAIT. VOUS ALLEZ TESTER LA VOYANCE PAR TÉLÉPHONE, RAPPORT SAMEDI. EXÉCUTION!".
"N’ayant pas d’idée préconçue sur la voyance en général, et sur la voyance par téléphone en particulier, mon début d’enquête est neutre. Je sais qu’il existe des gens ayant "le don" et d’autres qui sont au mieux, de gentils amateurs de tarots, au pire, des margoulins. Une vingtaine de consultations plus tard, ma religion est faite: s’il existe des gens ayant le don, je ne les ai pas rencontrés au bout du fil...."
[...]
Puis elle m’arrose d’un tissu de lieux communs que je vous épargne: les lieux communs sont des insultes à l’intelligence.
[...]
Toutes les consultations qui suivront auront le même profil: une voix très douce, même les hommes, genre hôtesses de l’air, me dit à quel point je suis fascinante, et j’ai toujours une blonde qui me veut du mal. Un des voyants me demande même: "Vous connaissez son nom?" Eh non, malin, si je connaissais une blonde mal intentionnée, je lui aurai déjà cassé la bouche (et je suis polie). Comme je travaille dans deux entreprises qui emploient chacune plusieurs centaines de personnes, je dois côtoyer des dizaines de blondes en permanence. Je trouve cet ostracisme de la blonde tout à fait déplacé, soit dit en passant.
[...]
J’ai subi un charabia qui m’a écorché les oreilles: "Une synergie négative circule en vous","Bonne infrastructure psychologique mal orientée" et autres horreurs...
On m’a annoncé que j’allais rencontrer un nombre d’hommes effarant: je n’aurai jamais assez de temps libre pour tout ces garçons. On me l’a toujours prédit grand, beau, à l’aise financièrement, mûr et bien dans sa peau. C’est vrai, d’un autre côté, que si on m’avait prédit un psychopathe petit, moche et en fin de droits, je ne serai pas restée des dix, quinze minutes au téléphone... On m’a même prévu un homme pour février, avec une relation platonique qui se "concrétiserait" au début 2002 (drôlement dégourdi, le garçon...)
- depuis lors, regarde Babeth, ma copine du 5e, blonde comme les blés, d’un sale œil
- ai appris que sur une minute à 4fr.23, 32 centimes vont à la Confédération, 61,7 centimes à Swisscom et le reste à "l’exploitant". Comptez un minimum de dix minutes par consultation...
- ai dépensé dans les 500 francs pour ne rien apprendre que je ne sache déjà, P.S va porter mon scalp à sa ceinture lorsqu’il l’apprendra.
- ai la trouille à chaque fois que je prends le volant.
- envisage sérieusement de me lancer dans la voyance par téléphone.
Mission accomplie, P.S.
signé: 022
p.a: Ariane Ferrier "