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Bouddhisme et guerres japonaises


Re: Re:Guerres et religions -- Jean-Francois
Postée par Gaël , Sep 10,1999,08:58 Index  Forum

Je ne crois pas que le bouddhisme soit réellement la cause de ces guerres japonaises. Les seigneurs japonais du moyen-âge ont toujours été à l'affut du moindre prétexte pouvant éventuellement leur permettre de se faire la guerre entre eux. S'il n'y avait pas eu le bouddhisme ils auraient trouvé d'autres raisons pour se massacrer joyeusement.
Les moines sont généralement restés très mesurés, sauf peut-être les moines guerriers de la secte de Nichiren, qui sont une exception. Les Nichiren étaient d'ailleurs ultra-nationalistes, et c'est avant tout pour cela qu'il se battaient. Il ne s'agissait pas de guerres de religion.
Les rares troubles auxquels des moines ont participé (guerres civiles des XVème et surtout XVIème siècle), ou parfois qu'ils ont directement provoqués (la révolte des moines Ikko en 1488), étaient bien plus motivés par des raisons politiques que religieuses : les monastères avaient souvent acquis de grandes richesses, une influence et une puissance considérable, ce qui en faisait des alliés de choix dans les stratégies des seigneurs de guerre, surtout en cette période. Le XVIème siècle est l'époque la plus troublée de l'histoire du Japon : religieux ou non, tout le monde se battait pour s'approprier le pouvoir.
Ici nous avons affaire à un problème généré par les particularités de la culture japonaise, non par le bouddhisme. Le bouddhisme fanatique est un phénomène qui n'a existé, dans toute l'histoire, que durant un siècle, dans un pays, et qui s'est limité à quelques sectes très politisées.

Bouddhisme et intolérance religieuse sont essentiellement incompatibles, étant donné que le propre du bouddhisme est d'absorber les autres religions dans sa propre structure en créant systématiquement des syncrétismes avec les religions indigènes.
A moins de déformer considérablement l'enseignement de Sakyamuni, il ne peut pas y avoir d'extrémistes bouddhistes, car les bases de cette religion ne sont pas des croyances (sauf dans le bouddhisme populaire) mais des techniques et des pratiques. Les seuls dogmes sont les "quatre nobles vérités" - sur la souffrance, sur l'origine de la souffrance, sur la cessation de la souffrance et sur les méthodes pour faire cesser la souffrance - l'enseignement fondamental étant que pour cesser de souffrir il faut cesser d'exister.
Même la réincarnation ne doit pas être considérée comme un dogme, et elle n'a une place réellement importante que dans le bouddhisme populaire.
Tout le bouddhisme est l'histoire du développement des techniques pour cesser d'être. C'est purement pragmatique. Il ne peut être question pour le bouddhisme de se présenter comme détenteur d'une Vérité Universelle : les spéculations métaphysiques et théologiques sont rares, variables et très secondaires. C'est pourquoi le bouddhisme peut facilement se supperposer à n'importe quelle autre religion sans vraiment entrer en conflit avec celle-ci.


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