Dans ta réponse à Mario, tu écris:
"Les juifs sont allés aux chambres à gaz par millions sans se révolter. Il semblerait que dans ce cas, au moins, leurs convictions religieuses (stupide ou pas) l'aient emporté sur leur instinct de survie. Fin de parenthèse."
Je ne suis pas du tout d'accord, les croyances religieuses n'étaient pour rien dans cette absence de révolte face à l'extermination. Je t'invite à lire l'admirable "Si c'est un homme" de Primo Levi (un des plus beaux livres sur la condition humaine qu'il m'ait été donné de lire). Levi y décrit cette monstrueuse machine à avilir et à tuer qu'était Auschwitz. Il explique comment les contraintes physiques et psychologiques imposées par les SS annihilaient la pensée et rendaient pratiquement impossible toute idée de révolte, peu importe les convictions religieuses des prisonniers.
Gilles Bourbonnais
"C'è Auschwitz, quindi non può esserci Dio.
Il y a Auschwitz, il ne peut donc pas y avoir de Dieu."
Primo Levi
"Ce sont eux, les Muselmänner, les damnés, le nerf du camp; eux la masse anonyme, continuellement renouvelée et toujours identique, des non-hommes en qui l'étincelle divine s'est éteinte, et qui marchent et peinent en silence, trop vides déjà pour souffrir vraiment. On hésite à les appeler des vivants: on hésite à appeler mort une mort qu'ils ne craignent pas parce qu'ils sont trop épuisés pour la comprendre.
Ils peuplent ma mémoire de leur présence sans visage, et si je pouvais résumer tout le mal de notre temps en une seule image, je choisirais cette vision qui m'est familière: un homme décharné, le front courbé et les épaules voûtées, dont le visage et les yeux ne reflètent nulle trace de pensée."
Primo Levi, Si c'est un homme, Pocket Juliard, p. 97
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