Il était long à lire, mais toujours amusant et divertissant.
Mario T.
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Chers vous autres :
La nouvelle rapportée rejoint (un peu, quand même) la situation que j'ai vécue, deux jours auparavant. Je résume.
Mardi, je suis allé à l'hôpital Notre-Dame, au centre-ville de MOntréal, pour passer mes examens réguliers en cardiologie. Vers 15 heures, tout est terminé. Dans le hall d'entrée, j'appelle un taxi pour me ramener chez moi, situé à MOntréal-Nord, presque à l'autre bout de la ville.
Le taxi arrive. Je m'assieds à l'arrière. Je donne l'adresse au chauffeur. Devant son hésitation, je lui dis où est située ma maison, et le chemin le plus rapide pour y arriver (soit la rue Sherbrooke jusqu'à Pie IX, monter jusqu'à Charleroi à Montréal-Nord, tourner sur Charleroi, aller jusqu'à ma rue. Habituellement, un trajet qui s'effectue en 40 minutes, sans trafic et en bonnes conditions. Mais, mardi, il neigeait sur le Québec, et les conditions étaient exécrables).
Je rapporte ici à peu près les échanges que j'ai eus avec le chauffeur, qui donne une idée de la situation.
Chauffeur :-Hola, mon ami, MOntréal-Nord, c'est un peu loin. Avec la température, cela va me demander à peu près 1 heure pour me rendre chez toi.
Claude-:Oui, je sais, mais je ne peux faire autrement. Ne crains rien, je vais te payer ta course, je sais que c'est difficile, aujourd'hui.
Chauffeur :- C'est pas ça, mon ami. Moi, je suis Algérien, je suis musulman. À 16 heures 20, je dois absolument aller manger dans un restaurant musulman du centre-ville, à cause du ramadan. Sinon, je devrai jeûner jusqu'à demain, et je n'ai pas encore mangé. Tu comprends, mon ami. Je respecte la tradition, moi, mon ami, je suis musulman, et je vais faire un péché si je mange après 16 heures 20.
Claude :-Bon, je comprends, je respecte ta religion et ta tradition, mais tu aurais dû y penser avant de faire le taxi 1 heure avant ton heure de manger. Moi, je te prends comme chauffeur, conduis-moi chez moi, et je vais te payer, ne crains rien.
Chauffeur :- Non, mon ami, je risque de dépasser 4 heures. Tiens, je vais faire signe à un confrère, il va te prendre dans son taxi, et tu me payeras rien.
Là-dessus, il fait signe à 2 autres taxis, mais ils ont déjà un client. Devant la situation, je risque ceci:
Claude :-Est-ce que tu es obligé d'aller manger à ton restaurant du centre-ville ?
Chauffeur :-NOn, mais c'est un restaurant musulman, et c'est là que mes frères viennent manger. Si je vais à Montréal-Nord, je ne pourrai revenir à temps pour 4 heures 20, et je ne pourrai manger. Et le ramadan me demande de manger à 4 heures 20, sinon je fais un péché.
Claude :- Bon, bien, je me permets une suggestion. Sur la rue Jean-Talon, dans Montréal-Nord, il y a une mosquée et des restaurants libanais et arabes. Penses-tu que tu pourrais aller là, au lieu de ton restaurant du centre-ville ?
Chauffeur :- Tiens, c'est vrai, mon ami, j'avais oublié la mosquée de... (il me dit un nom). Tu as raison, je connais un restaurant situé sur la (numéro de l'avenue) où on sert de la nourriture musulmane.
L'air content, il me dit que, pour me remercier, il va prendre un raccourci pour m'amener chez moi, et qu'il aura ainsi le temps d'aller manger dans le restaurant musulman, sur la rue Jean-Talon, près de Montréal-Nord. Je lui dis que je lui fais confiance, et que je ne veux pas lui compliquer la vie.
Effectivement, pour un Algérien qui n'est à Montréal que depuis 3 ans seulement (il me l'a dit), il connait bien la ville. Il a passé par des petites rues autres que les grandes artères, qui étaient congestionnées par le trafic, la neige et les innombrables charrues et bulldozers qui ramassaient et tassaient la neige.
Nous sommes arrivés chez moi vers 15 h 50, le chauffeur était radieux, et il m'a dit que grâce à ma suggestion, il pourrait aller manger à temps. Dieu comprend dans ces situations, et il lui pardonnera s'il dépasse un peu l'heure prévue, car il a aidé une personne en me reconduisant chez moi.
J'ai eu affaire avec un vrai de vrai. Depuis le temps que je lis et vois des choses se produire au sujet de la population musulmane de Montréal, cette fois, j'ai été en pleine situation. Tout le long du trajet, il me parlait du Coran, de la foi musulmane, du respect intégral que, lui, faisait du Coran et il m'a sorti le fait auquel je m'attendais, bien entendu, en cette période de Noël :
Chauffeur :-Si tu es catholique, mon ami, je respecte ta foi, mais tu fais erreur, mon ami : Jésus n'est pas le fils de Dieu, il est seulement UN prophète, car Seul Allah est Dieu, et Mahomet EST son prophète. C'est un sacrilège de qualifier Jésus le fils de Dieu et...
Bon, vous voyez le genre. Je n'étais pas tellement en condition d'argumenter, d'abord parce que j'étais fatigué de ma journée passée à l'hôpital, et ensuite parce que j'avais affaire à un «vrai de vrai» croyant. Un peu plus, je me pensais à un cours «biblique» donné par un uléma ou un mollah. Par contre, il était très respectueux des quelques objections que je lui faisais, sauf la fois où je lui ai fait remarquer que si Dieu était si juste et bon pour les croyants, comment pouvait-il permettre que les émirs arabes de l'Orient soient les plus riches du monde, avec le pétrole,et qu'à côté, il y avait des pauvres qui crevaient de faim, autant chez les musulmans que chez les chrétiens. Là-dessus, il a balbutié quelque chose comme Dieu étant juste et voyant tout, il sait reconnaître les vrais fidèles et punira ceux qui ne sont pas respectueux des lois du Coran.
Bon, finalement, j'ai laissé tomber. Je suis arrivé à bon port, et très content d'avoir pu permettre à un croyant de manger à temps et de ne pas faire de péché s'il n'avait pas pu le faire.
Là-dessus, je vous laisse, cher-e-s «mécréants», et j'attends vos commentaires.
Claudius
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