Le titre était:
La révolte incomprise
Le résumé était :
La révolte contre l`injustice ne serait-elle qu`un conflit oedipien?
Histoire d`une personne acculée au pied du mur
Mise en évidence de l`effet annihilant de la théorie sexuelle de Freud sur la liberté de penser et de s`exprimer
Texte:
Mercredi 26 septembre 01
cours Les Pré-Socratiques, 8h30, Université Laval. Prof. : Cunnigham
Nous avons là une classe où tout est admirablement bien réparti : les personnes, les activités et les objets. Tout a bien été rodé, préparé, pensé. La mission est de la plus haute importance : il s`agit d`amener la malade à faire confiance, à s`attacher au Groupe et au Père du groupe(Cunnigham), en lui montrant qu`on s`intéresse, comme elle, aux plus hautes vertus, telle l`entraide, la solidarité sociale, l`amour de l`environnement, par le biais de discussions axées à l`entour du visionnement de cours métrages sur les coupes de bois en forêt québécoise et le lisier de porc, qui sont toutes deux sources de problèmes pour l`écologie de notre environnement québécois. L`attitude de la malade est tout d`abord défensive : personnalité évitante, elle se fait rejetante, fait montre d`une attitude hostile à l`Autorité (attitude critique qui sont en fait la traduction de ses motions hostiles intérieures exprimées sous forme raffinée), ce qui la rend innaccessible à tout traitement, tant que ces sentiments ne feront pas place à un sentiment de confiance. Comportement typiquement paranoïaque, teinté d`une mégalomanie et qui se traduit par la projection de sentiments inconscients sur autrui et une absence d`autocritique. D`où la tendance de la malade à attribuer ces sentiments à l`État…à Freud, et à ses professeurs, auquels elle se mesure personnellement. La malade est extremement brillante.
Conflit oedipien non résolu chez elle qui se teinte chez elle d`une envie irrépréssible de s`attaquer au Père ou le séduire d`autant plus qu`elle s`en sent sent rejetée (Père absent) depuis l`enfance( le père à quitté, la fillette devenue femme ne l`as pas pris), parce qu`elle est en amour avec lui. Rivalité de la malade avec sa mère pour l`obtention de l`amour du Père, d`où la difficulté de la malade à bien s`entendre avec sa mère.
Donc, rejet défensif du Père (hostilité) qui se superpose par analogie avec le rejet de Dieu. Les écrits de la malade témoignent de son hostilité dirigée contre l`image du Père…
L`attitude de la malade envers le Père oscille sans cesse entre deux pôles : amour et haine. C`est donc sur ces deux sentiments que l`on table pour amener la malade à s`identifier au Groupe et au Père du Groupe, et à lui faire confiance. Le Groupe fait montre d`une attitude bienvaillante envers la malade, attitude indispensable à la réussite de l`épreuve.
Il faut donc provoquer chez la malade un sentiment de rejet, qui réactualisera l`amour de la malade pour le Père du groupe. Il faut en fait amener la malade vers le Groupe et le Père du Groupe(Cunnigham), et non pas le contraire.
Les déplacements du Père du groupe dans la salle sont aujourd`hui destinés à replacer la malade dans le conflit oedipien de naguère.
Le Père commence son cours à l`endroit habituel : la droite (Père) du projecteur de film. La malade a l`habitude de s`asseoir à l`arrière du Père. Elle croit faire ca parce qu`elle est un peu dure d`oreille : nous savons cependant que c`est par attirance inconsciente envers le Père. Aujourd`hui, contrairement à l`habitude, le Père ne regarde pas la malade. La malade le remarque, si nous en jugeons par l`expression de son visage.
À la gauche (Mère) du projecteur de films, nous avons sciemment assis une séduisante mademoiselle, dont nous savons que la malade jalouse la beauté. La malade, souffrant d`obésité, est possédée d`un complexe d`infériorité à l`égard de la minceur. La belle regarde le Père du groupe avec admiration… et avec insistance. Elle l`assiste…dans ses tâches (manipuler le projecteur) comme une secrétaire le ferait… ou comme une personne plus intime.
Nous avons décidés de faire cela, parce que nous avons remarqué, dans ses rapports amoureux, que la malade peut faire montre d`une jalousie extrême (homosexualité refoulée) envers les femmes plus âgées (Mère), qui la rapproche cependant de son partenaire sexuel, parce que la malade est ouvertement bisexuelle. Elle a déjà d`ailleurs eu sa première relation sexuelle homosexuelle avec une femme de 55 ans. Cette attirance résulte d`une identification à la mère extrême, où la fillette, tue symboliquement sa mère et prend littéralement la place de sa mère auprès du Père.
Nous espérons que la jalousie, ressentie ici à l`égard de la Belle assistante( de l`âge de la malade), rapprochera la malade du Père du Groupe et partant, la réconciliera avec l`image du Père, qui est, pour le moment << démonisée >>.
À la deuxième partie du cours, une fois la projection terminée, le Père se lève et se dirige à l`extrémité opposée de la salle de cours de l`endroit où est assise la malade, de biais avec elle, et le plus loin possible d`elle. À ce moment, la malade se trouve à droite dans la salle, au fond, et le Père à gauche et proche de la porte de sortie.
Le Père commence alors un monologue qui s`adresse à la moitié du groupe assis dans la moitié gauche de la salle du cours. Il ne regarde strictement que cette moitié de groupe.
Pourquoi? Nous savons que la malade veut rencontrer personnellement chacun de ses professeurs. Elle tient à établir un rapport personnel avec chacun d`entre eux. D`ailleurs, ses pensées sont entremêlées de référents sexuels lorsqu`elle pense à eux. La colère éprouvée par la malade envers un des professeurs, qui refuse de céder à ce genre de demande, nous à confirmé que c`était le désir frustré de séduire et d`être séduite par ce professeurs, qui est à l`origine de la haine que la patiente éprouve depuis envers ce professeur qui pourrait être son père(50 ans), même si elle dissimule son désir incestueux envers lui, derrière une critique haineuse à propos du << manque de disponibilité de professeurs qui sont pourtant payés très cher >>.
À l`inverse de ce professeur, Cunnigham se montre disponible. Nous savons que la malade veut aller le voir, sous des prétextes de << ne pas savoir au juste quelles sont les demandes de ce professeur au niveau des devoirs à remettre >>…
Comme de fait, le 27 septembre, la malade va rencontrer Cunnigham à son bureau. La rencontre se déroule normalement. La malade n`éprouve pas de pensée clairement sexuelles vis à vis de ce professeur, même si elle est un peu embarrassée. Elle réfute adroitement toute tentative du professeur (qu`elle soupconne fortement d`être psychologue plutôt que professeur) de lui faire avouer son délire paranoïde. La psychose est devenue à ce point envahissante qu`elle décluple l`hypervigililance de la malade au point de lui faire considérer toutes les questions de l`intervenant comme des pièges, et de les lui faire craindre comme si y répondre pouvait << être utilisé contre elle >>.
Fin du rapport
Cunnigham : << je préfère les grosses aux maigres >>
|