Le gouvernement, pendant la grève des enseignants au primaire et au secondaire, ayant voté une loi selon laquelle un << enfant qui voudrait avoir devoirs et examens pendant la grève pourrait en faire la demande en cour, et on les lui accorderait >>, aucun enfant n`ayant jusqu`à date fait cette requête, ne prouve t-il pas que les jeunes sont poussés dans le système scolaire comme du bétail, contre leur gré, à un âge de plus en plus tendre? Comment voulez-vous que les jeunes prennent goût à la connaissance dans ces conditions? Le système scolaire ne serait-il qu`une accommodation pour parents-esclaves fatigués incapables de s`encombrer de leur progéniture étant donné les conditions de travail qu`on sait? Si le milieu scolaire est un endroit de socialisation, comment expliquer la présence de souffre-douleurs et de violence à l`école? Comment expliquer que les adolescents considèrent que se droguer, fumer et boire est être "adulte"? Serait-ce qu`ils sont déjà de petits « adultes », adultes qui eux agissent déjà comme ça? Faudrait-il battre les jeunes à l`<< ancienne >>, comme certains le suggèrent, pour leur donner le goût de la connaissance, du respect aux adultes, de l`effort participatif aux devoirs, et de l`humanisme? Faudrait-il retirer les enfants << non-performants >> à leurs parents "défectueux" pour les mettre sous la tutelle de l`État et de la "science" de l`éducation? Demandez-vous pourquoi les jeunes ont autant horreur des matières scolaires qu`on leur enseigne. Est-ce un effet de la mass-culture qui propose des modèles d`intégrations dans la société vides, comme les chanteurs rock qui se droguent, les héros vengeurs de la télé et les sportifs qui détruisent leur santé à force de vouloir performer? Ou est-ce parce qu`ils se sentent perdus dans quelque chose qu`ils ne comprennent pas, c`est à dire les attentes du monde adulte qui vise à les intégrer le plus vite possible d`abord dans le moule de l`"intellectuel", et ensuite, du producteur-consommateur. Sans que les professeurs pensent à établir un rapport de confiance avec eux, mais au contraire, un rapport "personnel d`entreprise"-client ou encore d`autorité, ce qui suppose un impersonnalité du rapport professeur-élève, une inauthenticité de la part du personnel à l`égard des besoins affectifs des élèves et une négation de leur besoin de modèles intégratifs sociaux << pleins >>. Besoins insatisfaits qui sont eux réels, et auxquels les professeurs pensent illusoirement suppléer par l`application des techniques d`enseignement. Comment alors expliquer que les jeunes se tiennent seulement avec des personnes de leur âge et non pas avec des personnes plus âgées ? Satisfaire réellement à ces besoins impliquerait pour les professeurs de répondre aux vrais besoins des jeunes citoyens : leur apprendre à se défendre contre toute forme d`exploitation en leur donnant confiance en eux : le développement de l`esprit critique passe par là. Augmenter ou diminuer la dose d`autorité (vouvoiement, punitions) à l`école n`a pas de sens dans ce contexte où professeurs et élèves se haïssent mutuellement en tant que groupes aux intérêts opposés, et où l`acquisition de connaissances est un travail, au lieu d`être une forme de plaisir comme un autre. Se dire que, combler les besoins affectifs des élèves, est le rôle de la famille (aujourd`hui absente), empire la situation : l`école, comme le milieu de travail, se doit d`être le prolongement chaleureux de la première intégration à la société qui débute à la maison, et se poursuit toute la vie. Il est faux de croire que l`une des parties seulement puisse jouer ce rôle, à l`exclusion des autres. Pourrait-on voir le refus d`apprendre, l`irresponsabilité même, comme autre chose que le résultat de << problématiques familiales >> et autre chose surtout qu`un << problème grave >> de la part de l`étudiant ? Pourrait-on alors voir ces deux attitudes comme l`expression d`une absence de modèle intégratif << plein >>, comme un adulte à qui le jeune se permettrait de s`identifier ? Ne croyez-vous pas que chaque jeune a ses centres d`intérêt et qu`il faudrait les respecter, voire orienter l`enseignement qu`on lui donne en fonction de ses goûts? Le fait qu`un jeune préfère les arts plastiques aux mathématiques ne fait pas de lui un raté ! Il a toute sa vie pour s`intéresser aux mathématiques. En effet, une personne de 70 ans a autant de capacité d`apprentissage, sinon plus, qu`un adolescent, à cause de son expérience de vie. Pourquoi ne laisserait-on pas les jeunes être des enfants, avant d`essayer à tout prix d`en faire des petits adultes? L`adulte d`aujourd`hui ne serait-il qu`un enfant manqué? Y a t-il vraiment une différence entre un "enfant" et un "adulte" ? La vie humaine ne serait-elle devenue que le culte du sacrifice du plaisir? A-t-on vraiment le droit de tuer l`enfance au nom de la rentabilité?