Merci pour les 65479 bytes de tes trois réponses réunies.
Contrairement à mes habitudes (voir https://forum-sceptique.com/archives/24171.html#24171 ) j'ai tout lu. :-)
Tes textes sont beaucoup trop longs pour que je puisse en faire un commentaire détaillé. Je me contenterai d'un "verdict" global.
Du texte de Méheust sur l'affaire Pigeaire, je tire quelques extraits:
Seulement, aux yeux des commissaires, qui n'ont pas participé aux séances, alors qu'ils y étaient apparemment invités, ces expériences, n'étant pas officielles, n'ont aucune valeur pour le prix Burdin; d'autant que les conditions dans lesquelles elles se sont déroulées ne permettent pas d'exclure radicalement la possibilité de fraude. Ils décident donc de rejeter le bandeau utilisé par Pigeaire, lequel s'arrête à la hauteur de la lèvre supérieure, et d'adopter une cagoule de soie couvrant tout le bas du visage.
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(Les questions interdites) sont aujourd'hui circonvenues et neutralisées par des procédés insidieux, d'autant plus efficaces qu'ils sont silencieux et impersonnels. Il n'y a plus besoin de voyantes commissions officielles : le problème est traité en amont.
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De fait, à partir, grosso modo, de 1930, la métapsychique a été peu à peu délogée des revues savantes où elle avait réussi à prendre pied, et tout a été mis en place pour qu'elle n'y pénètre plus. Le bilan de la situation française actuelle est facile à résumer : sur les questions dites paranormales, il est désormais impossible d'expérimenter et de publier, du moins sous une signature institutionnelle. Aucun laboratoire du CNRS, aucune université ne tolèrent que de tels travaux soient menés sous son égide.
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La métapsychique, comme objet de questionnement répertorié, est tout simplement sortie de l'horizon des intellectuels contemporains. Il suffit, pour s'en convaincre, de dépouiller la liste officielle des objets scientifiques énumérés dans les commissions du CNRS. Comme on dit aujourd'hui, cela ne "fait plus débat". Implicitement, cette évolution est donnée comme un acquis de la pensée, comme le signe que la question métapsychique est à jamais derrière nous. (...) Disons-le brutalement : la question des phénomènes paranormaux a été abandonnée au peuple.
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Que des hommes instruits et bons logiciens étudient le magnétisme, et il prendra son rang parmi les autres sciences.
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Ce que Méheurst déplore, moi je le vois comme un progrès et je m'en réjouis. Quand un sujet ne "débloque" pas (comme le mouvement perpétuel ou la quadrature du cercle) il est normal qu'on finisse par s'en désintéresser et qu'on préfère concentrer les efforts de recherche sur des sujets moins stériles. Les ressources sont limitées et il faut faire des choix. Je vois ça comme la "sélection naturelle appliquée aux sujets de recherche".
C'est la vie. Tout le monde ne peut pas gagner sa vie en faisant ce qu'il veut (par exemple, en jouant au Nintendo ou en élucubrant sur les fantômes). Pour que la société subventionne une activité de recherche, il faut qu'elle ait des chances raisonnables de déboucher sur quelque chose d'intéressant. Sinon on joue au fou. Faudrait-il subventionner un "chercheur" qui essaie de savoir si l'éruption du Krakatoa était l'oeuvre de Belzébuth plutôt que de Lucifer? Je pense que non. L'argent ne pousse pas sur les arbres.
Si, malgré tout, un libre-chercheur parvenait un jour à trouver une façon, par exemple, de plier psychiquement les clés (sans trucage), je ne doute pas un instant qu'il obtiendrait aisément un excellent fond de recherche. APRÈS avoir démontré son affaire, pas AVANT. Sinon, on joue au fou.
Cordialités,
Denis