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Re:Vite, comme ça!


Re: simultaneité des temps -- jean-christophe
Posted by Bill , Feb 16,2002,17:08 Index  Forum

Je ne connaissais pas cette théorie. Je donne une opinion comme ça vite. Je n'ai pas tout lu. Je crois cependant avoir assez lu pour me faire une idée. En tous cas, j'ai assez lu pour avoir repéré deux erreurs qui minent tout l'édifice.

Le texte est bien écrit. Georges Sommeryns (l'auteur) est particulièrement habile pour utiliser des métaphores qui illustrent bien ce qu'il veut dire. L'extrait que nous a téléchargé Gatti me semble assez représentatif du reste (de ce que j'ai lu).


PREMIÈREMENT

Un premier problème est que Sommeryns veut construire une théorie du temps sur rien, comme le ferait un philosophe des temps anciens. Ça fait parfois de jolies choses, mais quelle est la valeur de la chose au-delà de ses qualités esthétiques? De manière moins gentille, je pourrais dire que Sommeryns ne fait pas une "démonstration" de sa théorie. Il la dessine comme un poème à coups de métaphores.

Il ne faut pas se laisser tromper. La base empirique de la théorie de Sommeryns est illusoire. L'auteur utilise parfois des donnés historiques et scientifiques, mais seulement à titre d'illustration. Cela ne compose jamais des arguments véritables d'une démonstration. Heureusement d'ailleurs parce que Sommeryns se trompe dans plusieurs de ses exemples. Il se trompe en chimie. Il se trompe en histoire. Il se trompe en méthodologie.


DEUXIÈMEMENT

Un deuxième problème est l'absence de repaires fiables. Sommeryns admet parfois n'avoir pas de repères. Par exemple, en ce qui regarde le paranormal, il n'est pas capable de faire la part entre les arguments "pour" et les arguments "contre".

"Après mûres réflexions et pour être tout à fait impartial, je crois qu'il est honnête de penser qu'intelligence et idiotie sont équitablement réparties dans les deux camps. Il n'est que de lire l'abondante littérature partisane pour s'en convaincre. Quant à savoir qui a réellement raison...

Il y a de très nombreux arguments qui militent en faveur de la réalité des phénomènes paranormaux, mais ils sont tout aussi nombreux ceux qu'on peut leur opposer."
(Georges Sommeryns, chapitre 1)

Incapable de trancher rationnellement, Sommeryns choisi l'option qu'il trouve la plus amusante pour la seule raison qu'elle lui apporte de la joie:

"Nous allons choisir. Arbitrairement. Nous allons choisir le camp des pour. Mais nous ne ferons rien pour défendre ce choix. (…) Nous aurions pu tout aussi bien choisir le camp des contre. Mais dans ce cas notre propos aurait tourné court. A partir du moment où l'on décide qu'une chose n'existe pas, il devient difficile de discourir sur les conséquences de cette chose inexistante. Pour le seul PLAISIR du raisonnement notre choix s'imposait en quelque sorte."
(Georges Sommeryns, chapitre 1)


L'exercice de l'intelligence peut certainement être agréable, mais lorsqu'il est utilisé à vide, ont doit alors parler de "masturbation intellectuelle". La masturbation s'est agréable, c'est gratuit et on peut faire ça tout seul. Mais la masturbation, c'est toujours stérile.

À d'autres moments, il adopte des repères qui sont mauvais:

"Vous vous demandez peut-être ce que vous venez faire dans cette galère (la physique quantique) si vous n'êtes pas du métier ? Il se trouve que cette redoutable théorie a été vulgarisée et que tout un chacun peut y avoir accès, du moins quant à son esprit et à ses conséquences. Cette approche est passionnante et permet d'avoir une idée assez précise de l'étrange univers dans lequel nous vivons et dont certains aspects extraordinaires ne manquent de mener à la plus profonde perplexité."
(Georges Sommeryns, chapitre 7)


Même s'il est plus articulé, Sommeryns fait la même erreur que Gatti. Il confond la vulgarisation scientifique avec la science elle-même. Il prend un dessin d'enfant pour une photographie.


CONCLUSION

Partie sur une mauvaise base, Georges Sommeryns construit son œuvre esthétique (l'auteur ne fait manifestement pas une démonstration de sa théorie) à partir d'exemples totalement faux ou partiellement faux parce que trop grossièrement caricaturé. Mon père disait que cent mensonges n'ont jamais fait une vérité.