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Jean-François, écrit le 30 janvier 2000
«D'accord. Je vous fais confiance pour l'intégrité de la citation, et je vous accorde qu'elle prouve une certaine considération pour des questions plus empiriques, plus matérielles, sur la base des
problèmes psychologiques.
Seulement, quelle est l'importance véritable de cette considération dans l'esprit de Freud? Vous dites vous-même que ce type de remarque n'est pas courant dans l'oeuvre de Freud. Cela est-il autre chose qu'un détail mineur Freud, ou y accordait-il vraiment de l'importance? Surtout dans le cadre de la psychanalyse. Importance suffisante pour dire qu'il pensait vraiment que les maladies psychologiques peuvent avoir une base physiologique? Je reste un peu... sceptique.»
GA: Je ne vous reprocherais jamais votre scepticisme, surtout dans un domaine aussi glissant que la psychanalyse.
En ce qui regarde l'importance véritable de cette considération dans l'esprit de Freud, je vous dirais que le problème n'est pas simple. On en parle rarement, mais Freud, en 1895, a rédigé un long manuscrit de livre sur la question des bases physiologiques des phénomènes psychologiques. Le manuscrit s'intitule "Esquisse d'une psychologie scientifique". Il a été publié, avec d'autres manuscrits, après sa mort. Vous en trouverez une traduction dans "La naissance de la psychanalyse" chez PUF. Si je me souviens bien, le projet de Freud était de faire le lien entre la neurologie et la psychologie, de trouver les bases physiologiques des comportements. Freud était moniste et il voulait contribuer à la naissance d'une espèce de "neuropsychologie".
La neurologie n'était pas très avancée à cette époque. Aussi, les efforts de Freud pour expliquer les phénomènes psychologiques à partir de la neurologie semblent naïfs en regard de nos connaissances actuelles. Freud avait d'ailleurs choisi de ne pas publier pour cette raison. D'un point de vue épistémologique cependant, l'effort de Freud montre bien le cadre et les postulas sur lesquels se fondait ses recherches sur l'hystérie. La psychanalyse n'est pas une neuropsychologie et cherche pas à en être une. Cependant on ne considère pas que la psychanalyse est née de ce projet pour rien. Il est certain que Freud était moniste.
Qu'est il advenu de son projet initial à travers la psychanalyse? Là les choses se compliquent. Il est certain cependant qu'il ne s'agit pas d'un détail mineur.
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