D'une part que vous auriez pu donner votre avis au lieu de vous retrancher dans le confort d'une fausse impartialité.
Ensuite, il n'y a aucune étude clairement citée dans l'article que vous donnez en référence. Sur la base de l'article du WashPost, il est donc impossible de se faire une idée de ce que "this new study" testait réellement ni comment elle a été conduite. En fait, il est même difficile de retrouver qu'elle est cette étude. Je pense que c'est celle de Khan et al. (2002)*, qui n'est pas un compte-rendu d'expérience mais une analyse des données récoltées par la FDA. Cependant, dans leur résumé, les auteurs indiquent que plus la dépression est sévère plus les anti-dépresseurs ont un effet comparativement aux placebos. Cela indique bien que lorsque les placebos ont un effet, c'est que "[i]t speaks to the difficulty [they] have in classifying and identifying the disorders [they] deal with". Ca se confirme lorsqu'il est indiqué que la prise de placebo serait associée à une augmentation de l'activité préfrontale alors que les anti-dépresseurs sont associés à une baisse de celle-ci. Le cortex préfrontal est le siège d'une activité plutôt consciente. Les améliorations (s'il y en a vraiment) dues aux placebos pourraient donc être de nature émotionnelle et non physiologique. A l'inverse, les anti-dépresseurs ont une action qui seraient plus physiologique. Ce qui ne veut pas dire que les tonalités émotionnelles doivent être négligées dans le cas de prise d'anti-dépresseurs.
A côté de ça, il est plus que probable que les anti-dépresseurs puissent avoir des effets non spécifiques, qui pourraient même s'annuler dans un système aussi complexe que le cerveau. Plusieurs sont dirigés contre la dégradation de la sérotonine (ou, plus précisément, sa recapture par les glies ou neurones). Le problème est que le système sérotoninergique est l'un des systèmes les plus diffus et ubiquitaire du cerveau. Non seulement la sérotonine est un neuromodulateur important mais, en plus, elle a des effets tropiques et trophiques mal appréhendés (je suis payé pour le savoir). Agir de manière global sur ce système revient à déclencher toute une série d'effets non-spécifiques (et souvent non désirables). Ce problème reste vrai quelque soit la "cible", moléculaire ou neuronale, que l'on vise: il n'existe pas actuellement de moyen de cibler parfaitement les "circuits neuronaux" responsables de la dépression (s'ils existent! On ne les connait même pas).
Par contre, contrairement au potion homéopathiques et autres remèdes de bonne-mère, il est démontré que les anti-dépresseurs ont une action réelle et mesurable sur l'activité neuronale et cérébrale. Cette action rend caduque vos affirmations selon lesquelles "les placébos ont le même effet que les molécules".
Jean-François
* Khan A, Leventhal RM, Khan SR, Brown WA. Severity of depression and response to antidepressants and placebo: an analysis of the Food and Drug Administration database. J Clin Psychopharmacol 2002 Feb;22(1):40-5
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