Vous dites ceci : « La résistance aux antibiotiques n’est qu’un changement dans la
configuration d’une protéine produite. Ceci combiné au taux spécifiquement très élevé
de mutations chez la bactérie (ce n’est le cas d’aucun autre être vivant, même pas les
unicellulaires) mène à la résistance aux antibiotiques. »
Non, non et non ! C'est nul !!! Il n'y a pas eu de changement dans la
bactérie ni dans une de ses protéines. Tout simplement, en présence
d'antibiotique, les bactéries meurent comme des mouches (héhé) mais elles
ne meurent pas toutes. Pourquoi ? God nose, comme dirait M. Bush.
Donc il en reste. Pas beaucoup mais il en reste ! Et comme elles sont maintenant
seules, elles se reproduisent comme des lapins (héhé) et le résultat c'est qu'on en voit
de plus en plus et qu'on a l'impression que ce sont les mêmes bactéries qui résistent
maintenant aux antibiotiques. Ce qui est aussi la stricte vérité.
Ça prend un peu de subtilité pour saisir tout ça. En fait, les bactéries incapables de
supporter les antibiotiques disparaissent. Celles qui restent n'ont pas muté, elles étaient
déjà comme ça -- de naissance dirait-on. Si ces dernières ne comptent que pour 1% de
la population normale, au début, les antibiotiques sont extrêmement efficaces puisqu'ils
tuent 99% des bactéries. Mais plus tard, lorsque le 1% restant a fait des petits -- et
tenant compte de l'arrivée de nouvelles bactéries normales -- il y a maintenant peut-
être 10% ou 20% de bactéries résistantes. Et plus les antibiotiques font des ravages,
plus cette proportion augmente. Un jour nous aurons tué toutes les bactéries sensibles
aux antibiotiques et nous devrons vivre avec des bactéries résistantes, ce qui ne promet
rien de bon.
Vous me demanderez peut-être ce qui serait arrivé si même pas 1% des premières
bactéries avaient survécu ? Si elles étaient toutes mortes, en d'autres mots ? Eh bien,
ça aurait fini là. On n'en parlerait plus et ceci ne serait pas un exemple de
fonctionnement de sélection naturelle. Pour qu'il y ait sélection naturelle, il faut qu'il y
ait un nombre important d'individus, un grand péril et il faut qu'il y ait des survivants.
Les survivants sont les sélectés qui devront repeupler et se préparer à affronter le
prochain péril.
Et ainsi va la vie !
Pierre
PS : Voilà pourquoi je prétends que votre réponse était nulle.
--modified at Sat, Jun 08, 2002, 04:16:58