Ce que j'essayais de montrer est qu'il est parfaitement possible de réduire cette "impression consciente de rouge" car elle ne naît pas de rien.
La couleur rouge est associée à un intervalle de longueur d'onde. C'est descriptif, "qualitatif" si ça vous amuse, mais c'est objectif (en fait: c'est une convention). Si un faisceau de lumière frappe les photorécepteurs et est analysée comme rouge (par opposition à d'autres teintes), c'est bien par un ensemble de neurones a reconnu cette propriété au faisceau. Je ne parle pas de qualia, là, je parle juste de la "bête" perception de la lumière. Qu'un daltonien perçoivent le faiseau "rouge" comme "bleu" c'est à cause de problèmes rétiniens* (les plus nombreux), mais cela ne change rien sinon que lui ne perçoit pas de rouge mais du bleu. Jusque là, je pense que vous pouvez être d'accord que le système nerveux peut très bien réaliser cela.
Votre problème, je crois, commence ici. Comment peut-il y avoir une relation entre cette perception et le sentiment de cette perception (c'est là qu'émerge le quale "sentiment de rouge" - ou "de bleu", pour le daltonien -, qui n'est pas une chose nous sommes d'accord?). Une possibilité est que ce sentiment provient de la "diffusion" de la perception analysée à d'autres régions du cortex (que ce soit aux aires limbiques, au cortex préfrontal, etc.). Il y a pas mal de possibilités, mais rien de démontré avec sûreté. Mais, et c'était mon point initial, votre quale ne naît pas de rien mais d'une expérience antérieure. Il n'est donc pas irréductible à lui-même même émerge dans un système plus complexe de traitement de l'information.
Mikaël: "Qqn qui ne perçoit pas les couleurs pourra très bien saisir le concept de longueur d'onde et pour lui, ce n'est pas le rouge, le bleu, le vert, etc. qui seront des propriétés de diverses longueurs d'onde, se sera différents niveaux de gris"
Peut-être, mais il n'aura pas de qualia concernant les couleurs. Il pourra associer d'autres perceptions aux couleurs (température, etc.) mais ne ressentira pas les couleurs.
Mikaël: "Ce que j'appelle "conscience phénoménale" c'est bel et bien la conscience personnelle qui se créée autour des qualia"
Pourquoi "phénoménale"?
Autrement:
Mikaël: "L'activité de A, B, C respectivement, sont-elles cette absence d'expérience subjective, cette expérience subjective de bleu,
cette expérience subjective de rouge, respectivement, ou les produisent-elles ?
Le premier point qui est trop vague pour que quelque chose en sorte (et puis, il m'apparaît un peu ridicule d'associer à une "absence d'expérience subjective" une "1ère personne"). Ensuite, je veux faire remarquer que rien n'indique que les "ensembles neuronaux" sont à la 3e personne ni les expérience à la 1ère, si vous le dites c'est que vous placez une conclusion avant la réflexion.
Il reste que si l'activité des "ensembles neuronaux" est une condition nécessaire et obligatoire pour que les expériences subjectives aient lieu, et bien la différence entre ce "sont-elles" et ce "produisent-elles" est pûrement sémantique. Dans les faits, qu'on choisisse l'une ou l'autre des descriptions n'a pas de conséquence sur ce qui est observé. Si l'activité de B est une condition essentielle à "l'expérience subjective de bleu", on peut tout aussi bien dire que cette activité est cette expérience ou que cette activité produit cette expérience. Ca ne change pas strictement rien à ce qui est observé.
Par contre, vous semblez tenir l'"expérience subjective" pour une entité autonome. Comment faites-vous pour le démontrer?
Jean-François
* Pour faire court: les réponses des cônes ne sont pas codées par les longueur d'onde proprement dites mais plutôt au nombre de photons qu'ils absorbent. Toutefois, ce nombre varie selon les récepteurs et est maximal autours d'une longueur préférentielle (bleu, vert ou rouge). Cela fait que les cônes réagissent plus fortement (a intensité égale) à leur longueur d'onde préférentielle qu'à une longueur d'onde éloignée, et certaine longueurs d'onde n'entraînent pas de réponse. Le système d'analyse de la couleur demande une comparaison entre l'intensité des réponses provenant de diverses portions de la rétine. Cette analyse est perturbée chez les daltoniens congénitaux par l'absence ou le mauvais fonctionnement des pigments visuels, donc de la perception même des longueurs d'onde. Ce qui est perturbé chez le daltonien, ce n'est pas le quale, c'est la perception de la réalité.