Bon, si vous dites que ce que je dis est rationnel, je suppose que vous voulez dire aussi par là que vous êtes d'accord avec mon opinion selon lequel les différents niveaux d'organisation que j'ai évoqué sont aussi réels les uns que les autres ?
Les quarks existent, les atomes existent, les molécules....... la couleur rouge et le goût salé, tout ça ça existe, c'est réel, avec le même degré de réalité ?
Bon, alors maintenant moi je vois un problème, mais peut-être que vous pourrez m'éclairer :
La démarche réductionniste consiste à vouloir ramener les propriétés d'un niveau d'organisation aux propriétés d'un niveau d'organisation inférieur, on est d'accord ? (ex : ramener la psychologie à la neurobiologie, la neurobiologie à la biologie moléculaire, la biologie moléculaire à la chimie, la chimie à la physique,...).
Or, pour que la réduction soit totale, il faut qu'absolument toutes les propriétés apparaissant à un certain niveau puisse être comprises en termes de propriétés du niveau inférieur, on est d'accord ?
Si on prend l'exemple de la lumière : une propriété de niveau supérieur pourra être sa couleur et on pourra vouloir la réduire à une propriété d'ordre inférieur comme la longueur d'onde.
On observe un parallélisme entre la variation de la longueur d'onde et la couleur. Le rouge sera par exemple vers 700 nm de longueur d'onde et le violet (si je me rappelle bien) vers 400 nm.
A-t-on procédé à une réduction totale ? Je pense que non car on évacue un problème qui me semble important :
- Au niveau inférieur : C'est qqch de quantitatif qui varie : la longueur de l'onde. Qu'elle fasse 700 ou 400 nm il s'agit toujours d'une onde lumineuse, on est bien d'accord là-dessus ?
- Au niveau supérieur : c'est qqch de qualitatif qui varie : la couleur. Lorsque la longueur d'onde varie de 700 à 400 nm on passe par toutes les couleurs du spectre visible et on arrive au violet. Chacune de ces couleurs possède un caractère irréductible : même si on peut avoir des mélanges de couleur, on ne peut pas, par exemple, comprendre le rouge, à partir du violet. Qqn avec un système visuel non-déficient, qui aurait déjà vu du violet mais jamais de rouge, ne pourrait pas le déduire en extrapolant à partir du violet, alors qu'il pourra extrapoler la longueur d'onde et se dire que puisqu'il y a des ondes qui font 400 nm on peut raisonnablement envisager qu'il y en a d'autres qui font plus ou moins, par exemple 700 nm. Or, si on avait réussi à réduire la couleur à une variation de la longueur d'onde, une connaissance des propriétés physiques de la lumière devrait suffire à retrouver la notion de rouge, même sans jamais avoir vu de rouge. Or ce n'est pas le cas : personne ne pourrait, à partir d'une connaissance précise des propriétés physique de la lumière, en déduire les couleurs. Il n'y a pas de relation nécessaire. Seule une observation des couleurs que prend la lumière lorsqu'on fait varier la longueur d'onde permet d'établir une relation de correspondance mais elle est purement expérimentale et non nécessaire (la preuve en est qu'un daltonien pourrait, à partir d'une même connaissance des propriétés physiques de la lumière, établir des relations de correspondance avec les couleurs différentes).
BIEN SÛR : on me dira que c'est le cerveau qui interprête comme rouge une lumière de longueur d'onde de 700 nm et comme violet une lumière de longueur d'onde de 400 nm et que le système visuel du daltonien étant déficient, il interprête d'une autre manière les longueurs d'onde, mais ça ne fait que reculer le problème car la variation des quales de couleurs (variation qualitative) est censée pouvoir se réduire à une variation des zones d'activation cérébrale (variation quantitative).
Comment une variation qui reste uniquement quantitative à un niveau, peut se traduire, à un niveau supérieur (censé être totalement réductible au premier), par une variation qualitative ?
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