ainsi qu'un extrait de son livre "Darwin's Dangerous Idea" qui traite de ce sujet (la traduction est non officielle):
L'idée dangereuse de Darwin - L'évolution et le sens de la vie
Daniel C. Dennet, Penguin, 1996 - trad. F. Morel
(p. 22) "Ce livre est destiné à ceux qui acceptent l'idée que le seul sens de la vie qui mérite qu'on s'en soucie est celui qui peut survivre à nos efforts les plus soutenus pour l'examiner. Je suggère aux autres de refermer ce livre maintenant et de s'en aller sur la pointe des pieds."
(p. 153-154) "Un lecteur [d'une version précédente de ce chapitre] s'est plaint de ce que, en traitant l'hypothèse de Dieu comme juste une hypothèse scientifique de plus, à évaluer selon les standards de la science en particulier et de la pensée rationnelle en général, Dawkins et moi ignorions l'opinion très répandue des croyants en Dieu, qui prétendent que leur foi est au delà de la raison et non un sujet auquel de si communes méthodes d'examen puissent s'appliquer. Selon lui, il ne s'agit pas seulement d'un manque de considération mais il est parfaitement hors sujet de prétendre que la méthode scientifique continue de s'appliquer dans toute sa rigueur dans ce domaine de la foi. Très bien, considérons l'objection. Je doute que le défenseur de la religion la trouve attractive après que nous l'ayons explorée dans le détail. Le philosophe Ronald de Sousa a mémorablement décrit la théologie philosophique comme du "tennis intellectuel sans filet" et j'admets volontiers que j'ai jusque là assumé sans commentaire ni question que le filet du jugement rationnel était en place. Mais nous pouvons l'abaisser si vous le voulez vraiment. A vous de servir. Quel que soit votre service, supposez que je retourne la balle impoliment comme suit: "Ce que vous me dites implique que Dieu est un sandwich au jambon enveloppé dans une feuille de papier d'aluminium. Comme divinité, c'est bien peu à révérer!" Si vous me renvoyez la balle en exigeant de savoir comment je peux justifier logiquement les implications absurdes que je prête à votre service, je répondrai: "Oh, vous désirez donc que le filet soit levé pour mes retours, mais pas pour vos services? Soit le filet reste levé, soit il reste baissé. Si'l est baissé, il n'y a pas de règles et chacun peut dire n'importe quoi, un jeu stérile s'il en est. Je vous ai accordé le bénéfice de penser que vous ne désireriez pas gaspiller votre temps ni le mien en jouant sans filet."
Maintenant, si vous voulez raisonner au sujet de la foi, et que vous offriez une défence raisonnée (et respectant la raison) de la foi en tant qu'une catégorie particulière de croyance méritant une considération particulière, je veux bien jouer. Je reconnais certainement l'existence du phénomène de la foi; ce que je veux voir est une base raisonnée pour prendre la foi au sérieux en tant qu'un moyen d'arriver à la vérité et non, par exemple, comme un moyen qu'utilisent les gens pour se réconforter (une fonction respectable que je prends au sérieux). Mais ne vous attendez pas à ce que je cautionne votre défense de la foi en tant que moyen d'arriver à la vérité si à un quelconque instant vous faites appel aux dispenses que vous êtes censé justifier. Avant de faire appel à la foi lorsque la raison vous a mis le dos au mur, demandez-vous si vous souhaitez véritablement abandonner la raison lorsque celle-ci est en votre faveur. Vous visitez un pays étranger avec un proche et ce proche est brutalement assassiné sous vos yeux. Lors du procès, il se trouve que dans ce pays, les amis de l'accusé peuvent être appelés comme témoins de la défense, témoignant de leur foi en son innocence. Vous assistez à la parade de ses amis larmoyants, visiblement sincères, proclamant fièrement leur foi inébranlable en l'innocence de l'homme que vous avez vu commettre ce terrible crime. Le juge écoute soigneusement et respectueusement, visiblement plus ému par ces étalages d'émotion que par les preuves présentées par l'accusation. Ne s'agit-il pas d'un cauchemard? Voudriez-vous vivre dans un tel pays? Ou seriez-vous prêt à vous faire opérer par un chirurgien qui vous confie que chaque fois qu'une petite voix dans sa tête lui dit d'oublier ses connaissances médicales, il obéit à cette petite voix? Je sais qu'il est courant en bonne société d'autoriser ces contradictions et je coopère volontiers à ce genre d'arrangement bénin dans la plupart des circonstances. Mais nous essayons sérieusement d'arriver à la vérité ici et si vous pensez que ce genre d'accommodement commun mais tacite au sujet de la foi vaut mieux qu'un écran de fumée utile ensociété afin d'éviter un embarras mutuel et des pertes de face, vous avez soit examiné ce sujet plus en détail que tout philosophe (car aucun n'est jamais parvenu à défendre ceci de façon convaincante) ou vous vous fourrez le doigt dans l'oeil. (La balle est maintenant dans votre camp).
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