Georges Brassens nous propose un dilemme encore plus métaphysique:
"Supposez que l´un de vous puisse être,
Comme le singe, obligé de
Violer un juge ou une ancêtre,
Lequel choisirait-il des deux ?"
Jean-François
P.S.: pour ceusses qui aiment, voici la chanson complète:
"Le gorille
(Paroles et musique: George Brassens, 1952)
C´est à travers de larges grilles,
Que les femelles du canton,
Contemplaient un puissant gorille,
Sans souci du qu´en-dira-t-on.
Avec impudeur, ces commères
Lorgnaient même un endroit précis
Que, rigoureusement ma mère
M´a défendu de nommer ici...
Gare au gorille !...
Un jour la porte de la prison bien close
Où vivait le bel animal
S´ouvre, on n´sait pourquoi. Je suppose
Qu´on avait du la fermer mal.
Le singe, en sortant de sa cage
Dit "C´est aujourd´hui que j´le perds !"
Il parlait de son pucelage,
Vous aviez deviné, j´espère !
Gare au gorille !...
L´patron de la ménagerie
Criait, éperdu : "Nom de nom !
C´est assommant car le gorille
N´a jamais connu de guenon !"
Dès que la féminine engeance
Sut que le singe était puceau,
Au lieu de profiter de la chance,
Elle fit feu des deux fuseaux !
Gare au gorille !...
Celles là même qui, naguère,
Le couvaient d´un œil décidé,
Fuirent, prouvant qu´elles n´avaient guère
De la suite dans les idées ;
D´autant plus vaine était leur crainte,
Que le gorille est un luron
Supérieur à l´homme dans l´étreinte,
Bien des femmes vous le diront !
Gare au gorille !...
Tout le monde se précipite
Hors d´atteinte du singe en rut,
Sauf une vielle décrépite
Et un jeune juge en bois brut;
Voyant que toutes se dérobent,
Le quadrumane accéléra
Son dandinement vers les robes
De la vieille et du magistrat !
Gare au gorille !...
"Bah ! soupirait la centenaire,
Qu´on puisse encore me désirer,
Ce serait extraordinaire,
Et, pour tout dire, inespéré !" ;
Le juge pensait, impassible,
"Qu´on me prenne pour une guenon,
C´est complètement impossible..."
La suite lui prouva que non !
Gare au gorille !...
Supposez que l´un de vous puisse être,
Comme le singe, obligé de
Violer un juge ou une ancêtre,
Lequel choisirait-il des deux ?
Qu´une alternative pareille,
Un de ces quatre jours, m´échoie,
C´est, j´en suis convaincu, la vieille
Qui sera l´objet de mon choix !
Gare au gorille !...
Mais, par malheur, si le gorille
Aux jeux de l´amour vaut son prix,
On sait qu´en revanche il ne brille
Ni par le goût, ni par l´esprit.
Lors, au lieu d´opter pour la vieille,
Comme l´aurait fait n´importe qui,
Il saisit le juge à l´oreille
Et l´entraîna dans un maquis !
Gare au gorille !...
La suite serait délectable,
Malheureusement, je ne peux
Pas la dire, et c´est regrettable,
Ça nous aurait fait rire un peu ;
Car le juge, au moment suprême,
Criait : "Maman !", pleurait beaucoup,
Comme l´homme auquel, le jour même,
Il avait fait trancher le cou.
Gare au gorille !..."
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