Nous sommes certainement d'accord sur une foule de sujets. Par exemple, sur le fait que la Lune soit plus proche que le Soleil ou sur le fait que la majorité des hommes ont deux bras et deux jambe.
Visiblement, nous sommes en désaccord sur d'autres sujets. Sur la réalité des phénomènes miraculeux, par exemple. En particulier le phénomène de lévitation.
Puisqu'on parle de "réalité d'un phénomène", on joue dans l'axe vrai-faux (plutôt que bien-mal ou beau-laid). Quand deux personnes sont en désaccord sur une question de fait, elles ne peuvent pas, logiquement, avoir toutes les deux raison. Par exemple, si Arthur répond "OUI" et si Bernard répond "NON", un des deux se trompe. C'est le gros bon sens.
Très souvent (voir mes exemples sur les pérégrinations de Staline), on n'a pas de certitudes (a-t-il déjà mis les pieds à Riga, par exemple, ou à Rio). Quand on n'a pas de certitude, on est dans le "pays du peut-être". Or, le pays du peut-être n'est pas gris-moyen indifférencié mur-à-mur. Il y a beaucoup de contrastes entre le canton "très probablement vrai" et le canton "très probablement non". Autant qu'entre le paysage touristique suisse et le paysage touristique belge. Et, pour visiter cet intéressant pays plein de contrastes, le meilleur moyen de transport est le "réseau" des probabilités subjectives. Avec un tableau de correspondances qui a l'allure suivante:
- OUI (i.e. A est certainement vraie) correspond à P(A)=1
- "A est probablement vraie" correspond à P(A) est proche de 1 (ex. entre 90% et 100%, sans toucher la borne de droite).
- "Je n'en ai aucune idée" (ou "je ne comprend pas la question") correspond à P(A) proche de 50%.
- etc.
En cas d'incertitude, évaluer une probabilité subjective est le mieux qu'on puisse faire. C'est la réponse la plus riche, la plus éloquente qu'on puisse donner. C'est celle qui dit le mieux "le fond de sa pensée".
Nous sommes en désaccord sur une question de fait. Sur la proposition
A1 = "Il y a des cas de lévitation humaine authentiques"
Mon P(A1) est collé-collé sur zéro (disons, 0.000001%).
Ton P(A1) émotivo-évasif est 51% mais je soupçonne qu'il soit, en réalité, aux alentours de 95%. J'y reviendrai.
Essayons de tirer ça au clair au REDICO. Si tu m'as lu "au complet" depuis une dizaine de jours, tu sais de quoi je parle. Il s'agit de s'échanger des propositions précises et de comparer nos évaluations de ces propositions. La principale règle du jeu est de cesser d'argumenter. On compare directement les conclusions, les conséquences. L'objectif est de déterminer, de cerner peu à peu l'endroit précis où nos conceptions du monde se détachent l'une de l'autre. J'appelle ça "se détordre mutuellement les idées". Et je pense que c'est 100 fois plus efficace qu'argumenter (si, bien sûr, les deux joueurs jouent franc jeu et ont, comme premier objectif de se détordre mutuellement les idées, ce qui n'est JAMAIS négatif).
Précisons que si une proposition déborde un peu de l'axe vrai-faux pour aller rôder dans les plates-bandes du beau-laid ou du bien-mal, on peut les évaluer quand-même. Quand il est question de "goût", le 0% à 100% correspond alors à une sorte de "degré d'accord" plutôt qu'à une probabilité.
Sans plus de préambules, je t'invite à évaluer les 4 propositions suivantes:
A1 = "Il y a des cas de lévitation humaine authentique"
A2 = "Denis rejette les rapports de rapports de rapports de témoignages de lévitation sans les étudier à fond"
A3 = "Jules accepte les rapports de rapports de rapports de témoignages de lévitation sans les étudier à fond"
A4 = "Dans une partie de REDICO, ça va beaucoup mieux si ce n'est pas toujours le même qui énonce les propositions"
Puisque ces propositions sont les miennes, je les évalue avant toi.
Pour moi, 0% pour A1, 100% pour A2, 98% pour A3 et 99% pour A4.
C'est parti mon Kiki. ;-)
Denis
--modified at Thu, Oct 10, 2002, 12:55:16