Me revoilà après quelques semaines d'absence qui m'ont permis, je pense, de maturer un peu ma pensée et les arguments qui m'ont été opposés au sujet des qualia. Pour ceux qui prennent la conversation en cours de route, faites une recherche avec mon prénom et vous pourrez voir la thèse que j'essaye de défendre depuis un bout de temps et qui est en gros la suivante : la théorie matérialiste de l'identité psychophysique (actuellement majoritaire dans le milieu des sciences cognitives) est incomplète en ce sens qu'elle ne parvient pas à rendre compte de l'existence des qualia (i.e. les aspects qualitatifs de l'expérience subjective, i.e. l'effet que ça fait de voir du rouge, d'avoir une douleur au pied, de sentir le goût du café, etc.).
Pour le matérialisme-identité, les qualia sont identiques à l'activation d'une certaine zone dans le cerveau. J'avais, entre autres, opposé à cette thèse, l'argument selon lequel, une identité étant forcément logiquement nécessaire, si les qualia étaient identiques à l'activation d'une certain zone du cerveau, on pourrait passer logiquement d'un terme à l'autre de l'identité et que, donc, l'impression de rouge, par exemple, pourrait se déduire par la seule logique, à partir d'une connaissance parfaite des mécanismes cérébraux auxquels elle serait identique (de même qu'une connaissance des axiomes des mathématiques permet en théorie de retrouver tous les théorèmes).
Par suite, les p-zombies, i.e. des individus parfaitement identiques à des êtres humains mais dépourvus de vécu subjectif, seraient non seulement inexistants mais leur existence serait même logiquement impossible ou contradictoire, de la même façon qu'il est logiquement impossible ou contradictoire que la somme des angles d'un triangle soit différente de 180° dans un espace euclidien.
Je me demande si tout le problème soulevé par ce débat ne tient pas dans la définition de ce qu'est une identité. Une identité est-elle forcément logiquement nécessaire ? Sinon, comment la défineriez-vous ? (je m'adresse bien sûr aux partisans du matérialisme-identité).
Cordialement,
Mikaël
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