Tu poses de très bonnes questions, mais il est difficile d'y répondre de façon concise. Je vais quand même essayer d'éclairer ta lanterne même si le but premier de ce forum n'est peut-être pas de traiter de neurobiologie.
--- Qu'est ce qui controle ou coordonne l'activité célébrale?
--- Pourquoi je ne suis pas innondée de flux d'information venant de mes neurones?
Il y a à la base du cerveau, dans une région appelée tronc cérébral, des réseaux de neurones dont le rôle est de contrôler, de moduler, l'activité générale de tout le cerveau. Les neurones de ces réseaux possèdent de longs prolongements qui se ramifient chacun en des milliers de branches. L'extrémité de ces branches fait connexion avec des neurones situés un peu partout dans tout le cerveau. Ces réseaux agissent un peu comme les boutons de volume, de basses et d'aiguës d'un système de son. Ils peuvent activer certaines régions du cerveau ou, au contraire, en inhiber le fonctionnement. Incidemment, beaucoup de drogues semblent agir en affectant le fonctionnement de ces réseaux de contrôle.
Ces réseaux de contrôle réagissent d'une part aux informations qui pénètrent dans le cerveau et d'autre part à des influx provenant des centres d'analyse du cerveau lui-même.
Presque toutes les informations pénétrant dans le cerveau envoient au passage des influx vers ces centres de contrôle. Un stimulus imprévu et fort, une sonnerie stridente, par exemple, stimulera les réseaux responsables de l'excitation du cerveau. C'est ce genre de phénomène qui nous tire du sommeil quand notre réveil retentit. Des expériences ont d'ailleurs démontré que si on place une personne dans un milieu de déprivation sensorielle (silence complet, noirceur, température constante, impossibilité de toucher à quoique ce soit, etc.) rapidement le cerveau semble perdre le contrôle et se met à dérailler. La personne perd le sens de la réalité et peut se mettre à halluciner. Les informations que perçoit le cerveau sont donc essentielles au contrôle de son fonctionnement.
Le cerveau lui-même peut agir sur les systèmes qui en contrôlent l'activité. Imagine, par exemple, que tu assistes à un cours vraiment ennuyant. Le cerveau détermine alors que les informations que tu perçois n'ont aucun intérêt. Il va alors diminuer ses stimulations sur les réseaux de contrôle qui répondront en faisant baisser l'activité globale du système. La voix du prof devient un bruit de fond que tu ne te donnes même pas la peine d'analyser, les bruits de la rues, la présence des autres étudiants autour de toi, tout ça n'est à peu près plus perçu. Si ce cours platte se prolonge, l'activité du cerveau peut diminuer au point de te plonger dans le sommeil.
Par contre, imagine que dans le faible murmure que tu perçois encore, le cerveau entende le mot " sexe ". Immédiatement, il jugera que cette information a des chances d'être beaucoup plus intéressante. Les systèmes de contrôle alertés réagiront en activant le cerveau. Du coup, tu redeviens attentif.
Il y a aussi dans tout le cerveau des circuits de neurones dont l'activité est réglée par ce qu'on appelle des mécanismes de contrôle par rétroaction. Je ne me souviens plus qui disait que le cerveau fonctionne surtout grâce aux inhibitions. Un neurone peut en exciter un autre, mais il peut aussi l'inhiber, le désensibiliser (le geler quoi!). Ça dépend du neurotransmetteur qu'il sécrète au niveau des connexions (le neurotransmetteur, c'est une substance libérée par un neurone sur les neurones auxquels il est relié). Presque tous nos neurones reçoivent des connexions stimulantes et des connexions inhibitrices d'autres neurones. Si une zone du cerveau devient trop active, cette activité stimulera alors des neurones inhibiteurs qui, comme leur nom l'indique, inhiberont en retour la zone devenue trop active (c'est ce qu'on appelle de la rétroaction négative). Tous nos mouvements, par exemple, sont réglés par des circuits de rétroaction qui, par un subtil équilibre entre des influx inhibiteurs et des influx stimulants, assurent des gestes précis et fluides. Ces mécanismes permettent de maintenir une activité relativement stable (ils empêchent le système de s'emballer).
--- Comment la pensée agit-elle sur le controle de ses neurones?
Comme je l'expliquais, le cerveau contrôle en partie les réseaux de contrôle en fonction des informations qu'il perçoit ou des pensées qu'il émet. Il suffit de penser à quelque chose d'excitant pour que le cerveau active des circuits activateurs qui excitent l'ensemble du système. Inversement, si on pense à quelque chose d'ennuyant, des circuits inhibiteurs sont activés et l'activité globale diminue au point qu'on peut même s'endormir.
---Est-ce que l'influ nerveux vient après un acte de volonté?
---Ou l'influ nerveux vient avant un acte de volonté?
Hum... je ne comprends pas ta question, quel influx? Peux-tu être plus précis?
--- Qu'est-ce que les ondes cérébrales?
Il ne s'agit pas d'ondes à proprement parlé (comme des ondes radio par exemple), mais du tracé obtenu lorsqu'on enregistre l'activité électrique de la surface du cerveau (ce qu'on appelle le cortex). Chaque neurone communique avec les autres par des influx nerveux de nature électrique (remarque, il ne s'agit pas d'un courant électrique comme celui qui se déplace dans un fil de cuivre). Cette activité électrique peut être enregistrée si on place une petite électrode une pastille de métal) sur le cuir chevelu. L'électrode est reliée à un amplificateur qui est relié à un oscilloscope ou une plume mobile sous laquelle défile une bande de papier. Chaque électrode (on en place une vingtaine) enregistre l'activité de millions de neurones du cortex.
Imagine que dans une région donnée, tous les neurones augmentent ensemble leur activité puis, toujours ensemble, la diminuent. Puis ils recommencent, augmentation puis baisse, augmentation, baisse, etc. On enregistrerait donc une augmentation de l'activité électrique puis une baisse, puis à nouveau une augmentation, etc.
Si ce rythme est à peu près constant et que les neurones demeurent à peu près synchronisés, on obtiendra donc un tracé qui ressemblera à des vagues (montée-descente-montée-etc.). C'est ça l'onde cérébrale. Elle témoigne du fait que les neurones possèdent un certain synchronisme. Par millions, les neurones "pulsent". Ils s'activent ensemble puis se calment et se réactivent et se calment à nouveau selon un rythme particulier. Ce sont ces pulsations qu'enregistre l'EEG (l'électroencéphalogramme) et qu'on appelle des ondes cérébrales. Ces rythmes d'activité changent selon qu'on est éveillé, qu'on rêve, qu'on est détendu ou qu'on dorme d'un sommeil profond.
Ouf! Tu vois, ce n'est pas si simple et c'est difficile à expliquer en peu de mots. J'espère quand même que ces réponses te paraîtront claires.
Gilles