L'histoire de Jean-Pierre Bély est pas mal riche. Il était atteint de sclérose en plaque et il en a guéri. S'en est-il guéri lui-même ou en a-t-il été guéri? Par qui ou par quoi? Par ses médications, peut-être en partie. Par l'intersession personnelle de Marie, mère de Jésus, qui est morte depuis 2000 ans? Ç'est bien moins crédible, me semble toujours.
Difficile d'évaluer la probabilité subjective qu'une pareille guérison se produise. Je ne connais pas les taux de rémission de la sclérose en plaque, en fonction de la sévérité du cas. Même après 15 minutes de recherches Google. Je ne suis pas médecin spécialiste de cette maladie. Puisque son médecin personnel, qui est certainement un de ceux qui ont signé son attestation d'invalidité, a été surpris, c'est que le cas est pas mal surprenant.
Mais s'il y a 20 cas par année, en France ou en Italie, de rémissions analogues, le cas est moins fort. Je ne connais pas ces statistiques. J'imagine que les comités qui ont scruté le cas en ont tenu compte.
Au site http://perso.wanadoo.fr/casar/Bely.htm , que tu donnes, il est dit : "Il est allé au bureau médical de Lourdes un an après sa guérison. On l'attendait de pied ferme. Pendant les onze ans qu'a duré l'enquête, il a enchaîné les examens médicaux et psychiatriques. (...) Une fois par an, il devait comparaître devant un amphithéâtre de 60 à 80 médecins du comité médical international et répondre au feu roulant des questions."
Pour moi, le fait qu'il ait fallu tant d'examens pour se persuader que la guérison était spectaculaire signifie qu'elle n'était pas spectaculairement spectaculaire. Elle était "borderline". Le miracle ne sautait pas aux yeux.
L'histoire que raconte M. Bély est pas mal saisissante.
Avant qu'il commence, on dit : "Pour la centième, pour la millième fois peut-être, il raconte sa guérison."
Quand j'entends ça, moi, j'ai déjà une clochette qui tinte. Je sais que l'histoire sera très bien racontée, très polarisée et très intéressante.
Au sujet des sensations corporelles qu'il a éprouvées à Lourdes, durant la nuit, il dit :
"Ce n'était pas une sensation agréable. J'allais peut-être basculer de l'autre côté. Et puis, tout à coup, j'ai ressenti une chaleur dans les orteils. Comme une lueur dans le lointain, qui grandit, réchauffe et redonne vie. La chaleur est montée progressivement dans mes pieds, mes jambes, mes muscles, tout mon corps. Au fur et à mesure qu'elle montait, c'est comme si la vie revenait. (...)"
Se peut-il que, dans le souvenir qu'il a de l'événement, il y ait un peu d'emphase a posteriori? Ça a vraiment commencé par les orteils? Ce détail était-il dans sa première narration? Dans la millième, il y est.
Le bout "Elle me tenait simplement le bras. J'ai fait mes premiers pas dans la nuit, comme un bébé qui apprend à marcher. C'est l'effet que ça m'a fait." est aussi très richement raconté. On se croirait à sa place.
Je ne sais pas depuis combien de semaines ou de mois il n'avait pas pu ou osé marcher. Chose certaine, il a pris un bon coup de mieux lors de son pèlerinage à Lourdes et j'en suis bien content pour lui.
Au sujet de la nature miraculeuse de l'affaire, le texte contient un bémol :
"Le professeur Bertrand Fontaine, de la fédération neurologie de la Salpêtrière, à Paris, est circonspect : "La sclérose en plaques est une maladie dont les mécanismes ne sont pas bien connus, et dont l'évolution est imprévisible. On a vu des cas de rémission ou de guérison. Mais il s'agit de cas exceptionnels, pour lesquels on ne dispose pas encore d'explication scientifique."
La science n'explique pas tout. Je ne te l'apprends certainement pas ;-). Et la médecine a plus que sa part de mystères. Les "mécanismes" de guérison regorgent de zones grises. Mais faut pas confondre mystère et miracle. Je ne suis qu'à moitié de l'avis du docteur Patrick Theillier, responsable du bureau médical des sanctuaires de Lourdes, qui croit aux miracles et qui dit pourtant: "Un malade ne peut guérir que d'une maladie guérissable. Le miracle ne force pas la nature. On n'a jamais vu un trisomique guéri à Lourdes !
Si ça ne force pas la nature, c'est naturel. Et si c'est naturel, ça peut être un mystère, mais pas un miracle.
Trouves-tu que je mets la nature trop grande? Que je triche, en faisant ça? Qu'il est plus correct de postuler une conscience "alien" volontaire derrière ce qu'on ne sait pas expliquer? Moi, je me méfie de ce genre d'explications. Pour la foudre, en tout cas, je considère que la théorie du psychisme alien était erronée.
De même, c'est ce que je suppose pour les guérisons plus surprenantes que les autres. Je n'y vois aucun psychisme alien. Je vois ça comme des guérisons plus surprenantes que les autres, disons de l'ordre d'une sur mille ou une sur un million. Il s'en produit naturellement plusieurs par année.
Denis