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Re:Re:Re:La Raison2


Re: Re:Re:La Raison2 -- Ody
Postée par rené decroix , May 09,2000,02:56 Index  Forum

Ody : " en revanche lorsqu'on veut organiser 'scientifiquement' la société (marxisme, et dans une certaine mesure le capitaliste avec ses 'lois du marché autorégulateur') on se plante royalement."

A première vue, l'histoire vous donne raison. Mais il faudrait insister sur cette expression : "lorsqu'on veut "; je ne sais pas si c'est dû au hasard, mais c'est très différent et beaucoup plus juste que d'avoir dit " lorsqu'on organise "; à dire vrai je crois qu'il eût encore mieux valu dire : "lorsque l'on prétend organiser".
Car c'est bien ce que prétendirent les marxistes. Mais ici aussi, je vais modifier par précaution : plutôt dire: "les communistes", pour ne pas risquer d'attribuer à Marx des attitudes se réclamant de lui et qu'il aurait peut-être désavouées.

Peut-être peut-on citer pour exemple le plus simple d'un fondement qui a été donné au matérialisme scientifique appliqué à la sociologie marxiste le fameux débat entre l'inné et l'acquis : le communisme a considéré qu'il suffisait de modifier l'environnement social pour changer la nature de l'homme. Les motifs scientifiques ne sont pas totalement absents, mais d'un paramètre ils ont fait un principe unique et absolu. Si bien que nous ne sommes pas devant un postulat comme il arrive à la science d'en utiliser, mais bel et bien devant un dogme, au sens plein du terme.

Alors la situation est assez simple: le discours se dit scientifique,mais il n'est qu'idéologique; ceci peut se redire comme sans doute le vous diriez plutôt, à savoir que nous sommes effectivment devant un cas où quelque chose se présente à nous comme à la fois scientifique et idéologique.Mais il me semble qu'il serait exagéré d'en tirer une preuve que la science est idéologique, car la seule chose que nous constatons, c'est qu'une prétention à la scientificité peut être idéologique.

Mais ce qu'il faut remarquer tout de suite après, c'est que passé ce stade fondateur du dogme, on pourra enchaîner les théorèmes dans un formalisme tout à fait rationnel, et donc se présenter dans un protocole scientifique (même si en réalité il ne s'agira plus d'oeuvrer selon des lois naturelles mais de contraindre la nature à se couler dans le modèle : le problème étant qu'ici il ne s'agit pas de physique mais de sciences humaines à visée politique, le matériau étant donc l'homme lui-même, d'où l'horreur ...).

C'est un peu pourquoi j'avais suggéré de détendre nos emplois du concept de raison, car la raison est présente dans toutes les constructions de systèmes, quels qu'ils soient, or il me semble pouvoir accepter ce point qui faisait l'accord de Lévy-Strauss et Dumézil : l'homme a toujours pensé par système.Puisque nous sommes dans les figures politiques, on pourrait illustrer en faisant remarquer que même l'anarchie se théorise.
Pour ma part j'ai repris le problème autrement, en partant d'une condamnation à la raison (tel dira condamnation à une prison dont il voudra casser les murs, tel autre dira condamnation au voyage vers un horizon éternellement fuyant ...), ce qui conduit à travailler non pas dans la seule catégorie rationnel/irrationnel, mais en introduisant un troisième terme, l'a-rationnel, pour cerner ce qui échapperait à cette condamnation; pour revenir ensuite dans la zone du débat tel que celui qui est poursuivi sur le forum, il suffit de passer par la transforamtion de la condamnation en un choix ( du genre : de toute façon je le suis, mais je décide de vouloir l'être ...), ainsi "mon" univers à trois termes contient l'univers habituel à deux termes opposés; mais c'est une autre histoire.

Mais nous avons rejoint votre autre message, je m'y rends de ce pas.

Quand même,pour terminer la lecture de celui-ci en ouvrant, une suggestion : qu'y a-t-il de changer si au lieu de dire :" organiser 'scientifiquement' la société", nous disons : organiser rationnellement la société ?