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Erikson, E.H. (1950)


R: Re:Re:Tu mets la barre trop haut pour elle -- Florence
Posté par K , Feb 19,2003,23:25 Index  Forum

Je suis surpris que la question vienne de toi.

Erikson, E.H. (1950, )Enfance et société, Delachaux et Niestlé, pages 171-73.

Je te résume:

La honte est une expérience interactive, essentiellement intersubjective. Elle nécessite le regard des autres aux yeux de qui le fautif est exposé.

La culpabilité, au contraire, est une expérience solitaire essentiellement intrasubjective. Le fautif est rongé tout seul dans la contemplation de sa faute.

Exemples: Un chauffeur de taxi dissimule des revenus à l'impôt. Il sait que c'est illégal, mais il s'en fiche. Il méprise l'État et ne ressent aucune culpabilité. Si, par contre, il se fait prendre et que ses voisins le voient en état d'arrestation, il peut ressentir de la honte. Sa faute est exposée au regard des autres. Il fuira probablement le regard de ses voisins pendant encore des années.

Inversement, un autre chauffeur de taxi, un soir d'ivresse, trompe sa femme avec une étrangère qui ne le reverra jamais. Personne ne le sait, sauf lui. Il aime pourtant sa femme et se sent misérable à son propre regard. Plus sa femme est gentille avec lui et naïve de l'acte qu'il a commis, plus il se sent coupable. Rongé par la culpabilité, il fait exactement le contraire du honteux : il confesse sa faute à sa femme. Il trouve un certain soulagement dans la colère de sa femme et espère que le pardon de celle-ci lui apportera un soulagement personnel.

Chez une personne au stade culpabilité, la honte continue d'exister dans un amalgame complexe. Pourtant, les deux dynamiques sont distinctes et on retrouve des personnes qui connaissent seulement la honte et jamais la culpabilité.




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