Julia soulevait la difficulté d’une définition du New Age, tout en posant que cette définition serait nécessaire en préalable à une étude du phénomène. On sait que bien des étudiants en sociologie s'entendent répéter ce précepte : d'abord définir son objet.
Korg répondait en proposant d’étudier des aspects précis du New Age à travers les différents regroupements, sans prêter attention à leurs particularités. Il donnait pour exemple de question : croyez vous à l’astrologie.
Ainsi : Julia s’interroge sur la saisie d’un univers préalablement défini globalement, Korg propose l’étude de thèmes transversaux à un ensemble d’univers.
Mondreiter rejoignait ensuite Julia sur la nécessité d’une définition précise, mais en parlant de définition du groupe de population à étudier. A Korg il objectait que tel ou tel élément repéré chez un new-ageux pouvait lui être un additif emprunté ailleurs et donc non caractéristique du New Age, en donnant pour exemples : astrologie, méditation transcendentale.
Bill, Korg, et Claude, apportaient leurs témoignages sur la présence de l’esprit new age dans le domaine médical.
L’accord entre Julia et Mondreiter quant à la nécessité de définition soulèvent quand même une différence : une chose serait de définir l’esprit new-age, autre chose serait de définir une population incarnant le new-age. A mon avis, en ce qui concerne le new-age, et contrairement à une religion, son caractère même de nébuleuse ( en pensant à la nébuleuse de Françoise Champion) inviterait à écarter dans un premier temps la recherche d’une population précise, pour considérer comme plus opératoire la définition d’une sorte d’idéal-type au sens de M. Weber : ensuite, dans l’étude des populations, les cas observés se définiraient par leur degré de proximité avec ce modèle théorique.
D’après ce que je peux en savoir, les témoignages de Bill, Korg, et Claude ( remarquons la densité : 3, quand même, et pour le même élément bien précis), confirment bien un critère qui répond aussi bien aux exigences de Julia qu’il conviendrait pour le procédé préconisé par Korg : l’alternative médicale s’inscrit dans la définition de la pensée new-age. Et ensuite, pour revenir sur les propositions de questions précises, il est secondaire ( ce qui ne veut pas forcément dire sans importance, mais observation seconde) de constater la diversité des formes choisies pour cette alternative : pratiques africaines, chinoises, spirites, etc.( une première distinction serait peut-être entre modèle purement spirituel, comme les guérisons par la prière ou autre exercice mental, et modèle utilisant des propriétés de la matière inconnues de la médecine classique, avec toutes les combinaison possibles entre les deux : esprit plus matière ( entre sacrement et magie par exemple), voire l’esprit dans la matière, etc.)
Mais cet élément est un corollaire de l’élément que je crois être la caractéristique première du new-age : une représentation holiste du monde.
A ce stade, je crois pouvoir suggérer quelques éléments :
1) Une représentation holiste du monde .
2) Une alternative écologique incluant l’alternative médicale – santé du « Cosmos » et santé de l’individu s’inscrivent dans un même scénario-- en harmonie avec cette vision holiste.
3) Et alors tout aussi forcément, ce « nouveau paradigme » pour employer l’expression consacrée, incluant le « nouveau paradigme scientifique ». Il est considéré que la science occidentale, après la désacralisation de la matière, a entrepris de la décortiquer en éléments disctincts, de la parcelliser (voir le débat science alchimie, et en particulier la date : Lavoisier), étouffant les anciennes connaissances organiques qui englobaient la partie et le tout, microcosme et macrocosme, oubliant l’esprit qui habite les choses et les réunit dans un constant dialogue. Sciences et techniques occidentales ont ainsi blessé le « Cosmos ». ( Rénovation à l’ère du Verseau … )
4) Dans la suite , on trouve tout aussi naturellement une revalorisation des traditions , une promotion des sociétés traditionnelles : le passé est reconnu comme ayant été habité par une humanité qui vivait dans la conscience d’une telle globalité ( la participation, la fluidité, … pour évoquer Lévy-Bruhl).
5) La science « de pointe » ( en fait surtout physique quantique…)est réputée redécouvrir ces anciennes visions du monde, donnant revanche aux scientifiques solitaires et brimés qui la maintenaient plus ou moins pendant les siècles d’élaboration triomphante et oppressante des réductionnismes et autres sciences positivistes ( mais cela peut être aussi bien Goethe contre Newton, à propos de la lumière, par exemple).
Dans cette proposition de catalogue, on aura remarqué qu’en fait il s’agit comme de théorèmes qui s’enchaînent tous à partir de la racine axiomatique fondamentale : le holisme. Mais c’est également une caractéristique sui generis : le new age est socialement une nébuleuse, par contre dans chacune de ses illustrations, il faut y trouver l’élaboration d’une super-cohérence interne : c’est cette cohérence, qui est la visée première, c’est elle, qui se dit holistique. A ce stade, nous rejoignons les religions classiques, nous rejoignons tout le paradigme du besoin d’une « vision du monde », pour évoquer Heidegger.
On voit que new age pourra être considéré, si on veut, comme un contenant avec une infinité de contenus mais tout aussi bien, si on veut , comme un élément contenu dans quelque chose de beaucoup plus vaste.
Une manie à laquelle j’ai résisté : dans ces lieux, assez généralement, représentation cosmique dit représentation de l’homme dit représentation de la société …. Bref on aurait pu ajouter un 7ième point : le critère des options politiques.