Vous pensez université, vous vous orientez nettement sociologie, et il est question de mouvements religieux : il y a des spécialistes de la religion dans les départements sociologie, et il y a des sociologues dans les départements sciences des religions : c’est probablement dans l’un des deux que vous pourriez trouver.
J’ai l’expérience d’un département sciences des religions, en l’occurrence plus précisément : sciences des religions et analyse des phénomènes interculturels ( pour ma part j’insiste beaucoup sur le second membre de l’intitulé), puisque j’y ai présenté un DEA et que j’y prépare actuellement un doctorat. Je ne sais pas dans quelle mesure cette expérience correspondrait à une généralité, mais parmi les sociologues intervenant dans ce genre de départements il m’a semblé percevoir beaucoup de personnes pas vraiment critiques envers le new age et autres, voire quasiment critique des critiques … Normalement cela ne devrait pas intervenir dans la partie technique du travail, recherche et traitement de l’information, mais … vous savez ce que c’est … Certes il existe F. Champion, D. Herwieu-Léger … pour la France mais dont la scientificité peut sans doute se trouver chez des gens de chez vous (quelqu’un parmi vous a précisé : au Québec) qui peut-être dirigent des groupes universitaires qui pourraient accueillir un projet comme le vôtre : à mon avis visez haut, car la moyenne est largement habitée de chapelles (avec une fréquence que bien sûr je ne peux pas situer) qui vous décevraient (pour choisir sciences des religions il faut une motivation, et on ne peut être surpris qu’elle soit religieuse sous une forme ou une autre pour un certain nombre …) .
A propos de New Age, je suis retourné sur la page d’accueil du site des sceptiques, ce que je ne fais jamais, et on y présente un livre qui lui est consacré. La présentation, et la table des matières , recouvrent exactement les thèmes que personnellement j’avais cru devoir considérer sur ce terrain, depuis l’histoire politique jusqu’au prolongement aux séminaires pour élite économique. J’ai commandé ce livre par Internet au Furet du Nord, à Lille.
Pour le questionnaire avec historique des convictions, c’est intéressant, mais je m’interroge sur les difficultés d’ordre pratique. En particulier, je m’imagine au dépouillement, et j’ai l’impression que je n’aurais pas tellement confiance à ma colonne de chiffres venus des questions : il y a un an, il y a trois ans … si évolution on veut voir, j’aurais beaucoup plus confiance dans un moyen qui permettrait de la visualiser sans avoir interrogé le public lui-même explicitement. Je crois qu’il existe des solutions, avec les archives des enquêtes. Il serait sûrement possible de retrouver une enquête ancienne, et d‘en organiser une nouvelle de telle manière que, même indirectement (une question que l’on veut poser peut ne pas apparaître explicitement et être remplacée par deux questions qui apparemment non rien à voir mais dont le recoupement, etc … me dira-t-on machiavélique et manipulateur ?) , par déduction, l’évolution cherchée apparaisse. Ce n’est peut-être pas très beau à dire, mais pour certains domaines, je crois davantage à l’objectivité de l’information recueillie à l’insu des personnes, par détours, ricochets et recoupements (finalement on va dire que je suis flic…), qu’à celle obtenue par questions directes. … Il n’est pas nécessaire de faire intervenir ici des notions comme celle de mensonge, il s’agit de phénomènes naturels aux discours sur soi (ce qui me rappelle qu’il fut question d’auto-représentation il y a quelques semaines, avec Gaël et quelques autres ...).
Pour la question astrologie, qui sert d’exemple, il y a peut-être plus simple : déjà de mesurer la progression du nombre d’encarts publicitaires, d’officines, dans quelques journaux accueillant depuis plusieurs années ce type d’annonceurs … et il ne reste qu’à vérifier dans la mesure du possible la correspondance quantitative entre offres et demandes. Sur ce même exemple, une autre question : évolution qualitative de la clientèle, profil socio-culturel du client … et à ce propos, en France on vient d’annoncer la sortie d’un livre écrit par une astrologue pour raconter ses rapports (avec transcription d’entretiens enregistrés sur cassette) avec un client assidu : François Mitterand … (le pour que je viens d’employer est sans doute intermédiaire, un autre plus final débouchant probablement sur les droits d’auteur qui vont certainement affluer …). Entre dix sous-secrétaires de sous-cabinets de sous-préfectures qui consultent pour prendre décision et un président de la République, le poids social … bref à côté du nombre de croyants il faut aussi savoir qui croit à quoi.
Mais je voudrais trouver le temps de reprendre toute la série de vos messages pour soumettre ce que j’ai compris et les suggestions qui m’en viennent. A bientôt (j’ai promis de tondre les pelouses …)