Parler «altruisme» chez les fourmis c'est comme parler de l'«entraide» des pièces d'un moteur ou du «sacrifice» des pneus qui perdent un peu de caoutchouc sur la route pour le bien de la voiture. On ne peut pas être altruiste sans réfléchir: le concept nécessite que l'entité qui agit le fasse en toute connaissance de cause. Et voilà pourquoi l'altruisme (humain, par définition) est si compliqué: quand on doit réfléchir, on se trompe souvent. On n'a pas toute l'information, on fait conficance à des imbéciles, on a de la difficulté à juger ce qui est bien, on est pris dans des conflits culturels, etc. De plus, on est presque toujours aux prises avec des conflits de buts et de moyens. On pourrait très bien paraphraser Kant et dire que l'altruisme, comme l'acte purement moral, est probablement impossible; il doit exister comme idéal.
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