En fait, paranoïa à part, je n'arrive pas à croire que le seul motif de cette affaire soit évangélique. Et vous autres ?
http://www.liberation.com/quotidien/semaine/20000822mara.html
Avec la bénédiction des autorités, l'Eglise américaine copie les registres d'état civil français et les met en ligne.
Fichier mormon sur le Net:la France s'inquiète
L'Etat veut dénoncer l'accord signé en 1987, qui ne prévoyait pas la divulgation des données à grande échelle.
Par KARL LASKE - Le mardi 22 aout 2000
Jusqu'à aujourd'hui, le ministère de la Culture n'avait pas peur des mormons. Désormais, il s'interroge. En septembre 1987, comme celles d'autres pays, les Archives de France avaient autorisé l'Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours à microfilmer les archives de l'état civil sur plus de cent ans. Le ministère de la Culture n'avait pas prévu Internet, ni même envisagé, en termes éthiques, les conséquences de la constitution par cette Eglise d'un vaste fichier mondial des morts. Le site mormon www.familysearch.org permet aujourd'hui de consulter un «fichier des ancêtres» et deux autres bases de données indexant environ 400 millions de morts. En un an, Familysearch aurait enregistré 3 milliards de connexions. Devant ce bouleversement, le directeur général des Archives de France, Philippe Belaval, a convoqué, fin juin, les responsables mormons afin de «réexaminer» les accords passés avec l'Eglise.
Baptiser les morts. En France donc, depuis 1987, des équipes d'«extracteurs» mormons microfilment les archives de l'état civil. Naissances, décès, mariages... La vie des grands-parents avant 1900 et celle de tous leurs aïeuls. Ils microfilment aussi les registres paroissiaux. Les «opérateurs» mormons ont ainsi déjà couvert 56 départements français, et 11 sont en cours de microfilmage. A raison de 4 000 bobines par an, soit environ 5 millions de photos, les mormons possèdent déjà 120 000 bobines et constituent patiemment le même fonds documentaire que les Archives de France, destiné à leur bibliothèque généalogique de Salt Lake City (Utah), aux Etats-Unis.
En 1987, c'est l'aspect économique de l'affaire qui séduit le ministère de la Culture: les mormons offraient «gracieusement» à l'Etat la remise de deux copies de leurs microfilms. L'Eglise, elle, y trouvait un intérêt évangélique. En effet, grâce aux documents accumulés, les mormons baptisent les morts. Non seulement leurs parents, mais l'ensemble de leurs semblables. «Nous essayons de constituer la famille humaine, explique Christian Euvrard, porte-parole des mormons en France. Entre sa mort et sa résurrection, Christ est allé prêcher l'Evangile aux morts [Commentaire Flo: les théologiens apprécieront - je n'ai pas retrouvé cette précision dans ma version ...]. Notre croyance, c'est que les hommes et les femmes peuvent avoir accès à l'Evangile dans le monde des esprits, après la mort. Pour nous, il n'y a pas plus vivant qu'un mort. L'Eglise s'est dit qu'il était intéressant de mettre toutes les données sur Internet.»
Eléments sensibles. La Cnil (Commission nationale informatique et libertés), qui a désormais un service spécialisé traitant des questions posées par l'Internet, pourrait donner beaucoup de fil à retordre aux mormons. «Dans un fichier d'état civil, il y a des éléments sensibles, indique un des experts de la commission. On peut s'interroger sur la portée d'une telle diffusion.» Avec les copies des registres paroissiaux, les mormons disposent ipso facto d'un fichier religieux. Reste le problème initial posé par le fichier: il est constitué de personnes décédées pour l'essentiel (à l'exception des centenaires) qui ne peuvent faire objection à leur présence sur ces listings, ni s'opposer aux baptêmes collectifs. En matière de fichiers, la jurisprudence de la Cnil reconnaît désormais le pouvoir des ayants droit des personnes décédées. Ainsi, la commission a choisi d'encadrer strictement la constitution d'un fichier de victimes disparues des spoliations pendant l'Occupation.
Les mormons ont songé au problème, et respectent à leur façon le droit des défunts qu'ils baptisent. «Savoir si l'esprit du mort accepte ou non, nous l'ignorons, explique Christian Euvrard. Nous ne forçons pas les gens. Les morts ont leur libre arbitre.» .
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