
Si dans nos pays industrialisés nous bénéficions d'une excellente médecine et d'un sytème de santé performant, et que l'espérance de vie s'est notablement allongée pour tous, il reste cependant que des inégalités entre patients sont observables et à déplorer. Ces inégalités sont imputables aux médecins, aux laboratoires pharmaceutiques, aux chercheurs ou à l'état. Elles sont liées au niveau social, au sexe, à l'age, à la répartition géographique.
- Le tiers payant : d'abord une différence entre France et Canada, non des moindres : alors que depuis plus de 40 ans le Canadien ne débourse rien chez le médecin, le Francais doit avancer les frais (sauf CMU). Ce qui entraine le fait que les plus pauvres évitent ou diffèrent la consultation. D'ailleurs, on assiste actuellement à un bras de fer entre médecins et l'état qui travaille pour cette exonération. Cette opposition médecins-état remonte à 1920
- La cotisation à une mutuelle en France (prenant en charge la différence entre le montant de la consultation ou du médicament et la part remboursée) ne peut pas etre payée par les familles les plus pauvres. Cela prend spécialement tout son sens pour les dents et les yeux (+ des tarifs en dépassement exhorbitant). Ajoutons à cela de nombreux médicaments qui ne sont plus remboursés (ou très peu, ou seulement par la mutuelle).
Par conséquent, alors que cela devrait diminuer, on observe une augmentation des personnes renoncant aux soins médicaux en France (33% en 2013 contre 28% en 2012).
- Le dépassement d'honoraires : il remonte à 1930 voté par une loi qui modifie celle de 1928. Le médecin fixe le tarif qu'il veut, qui parfois dépasse de plus de 100 euro (Paris et grandes villes) le montant remboursable de la consultation. Les plus pauvres sont encore une fois les plus touchés.
- Refus de soins ou mauvais accueil par certains médecins aux bénéficiaires de la CMU, l'ACS, l'AME, en résumé, aux bénéficiaires des minima sociaux, donc aux plus pauvres(= chomeurs, parents seuls, retraités, handicapés,...). L'Etat français y travaille.
Le constat d'inégalité sociale d'accès aux soins est souligné par ce rapport canadien du début des années 2000 : Le taux global de mortalité infantile au Canada est de 5,8 par 1 000. Toutefois, ce taux est de 5,0 dans le groupe au revenu le plus élevé et de 7,5 dans le groupe au revenu le moins élevé.
Au Canada actuellement, le tauxde mortalité infantile est passé à 4,65 pour mille, ce qui est mieux mais est supérieur à Cuba et la Corée du Sud (mais inférieur aux USA). Bien sur encore une fois,il faut relativiser face à l'Afrique noire, le Pakistan, l'Afghanistan ou la Birmanie entre autres.
Au Canada toujours, et selon l'ACSP, la cinquième tranche la plus pauvre de la population du Canada (un canadien sur 7 est pauvre) présente un taux d’invalidité 358 % plus élevé que la cinquième tranche la plus riche (...). Et les pauvres sont aux prises avec d’importantes inégalités dans d’autres grands domaines de la santé : ils ont 128 % de plus de troubles mentaux et du comportement; 95 % de plus d’ulcères; 63 % de plus d’états chroniques; et 33 % de plus de troubles circulatoires.
- Concernant différences de traitement des jeunes et des personnes agées, il semble que les jeunes soient défavorisés face aux plus agés, et que les petits retraités le soient face aux personnes agées plus riches.
- Il existe une inégalité hommes-femmes devant les médicaments et les protocoles (aucune intention féministe de ma part, je précise).
J'ai scanné un document de Science et Vie d'aout 2014 (Merci à S&V pour sa participation exceptionnelle et involontaire).
https://www.sendspace.com/file/dcfy0j
On peut y lire que :
.Les biologistes s'accordent à expliquer que les organismes des hommes et des femmes sont différents du fait des cocktails d'hormones différents. La différence sexuelle s'exprime aussi dans les cellules (article suivant). Le NIH, gros financeur de la recherche biomédicale, a annoncé en mai 2014 que les laboratoires qu'il soutient commenceraient à tenir compte du sexe dans leurs études car en 2011, un tiers des études publiées en neurosciences, physiologie et biologie ne précisaient pas le sexe des animaux testés. De plus les femmes sont très minoritaires dans les études menées.
. Une demi-dose de vaccin contre la grippe est suffisante pour les femmes. Une dose complète entrainera des effets secondaires inflammatoires plus fréquents que chez les hommes.
.Toutes prescriptions confondues, on observe un risque d'effets secondaires 50% supérieur chez les femmes après prise de médicaments. Ceci remet en cause les protocoles de traitement.
. Une femme victime d'attaque cardiaque met en moyenne 12,5 mn de plus à arriver à l'hopital car les symptomes ne sont pas les memes, et sont moins reconnus.
. La coloscopie vise une région moins touchée chez les femmes (plus haute chez elles). Le diagnostic de cancer peut donc etre retardé.
. la concentration du zolpidem (Stilnox) est plus importante chez les femmes après 8 h.(troubles de la concentration).
. Les raisons en sont que les entreprises pharmaceutiques ne veulent pas doubler leurs couts, explique Susan Phillips, chercheuse à la Queen's University de Kingston au Canada.
. Les enfants sont également défavorisés, prenant les memes médicaments que les adultes mais à doses réduites. Ceci entraine davantage d'effets secondaires Bien sur, il est plus difficile de faire des études sur eux (ils sont moins malades, il faut le consentement des parents, raisons éthiques...)
Deux cas cliniques :
- Malgré l'accord récent de l'ANSM, et la prescription légale dans de nombreux autres pays d'Europe, au Canada, en Australie et certains états américains, le cannabis thérapeutiquereste tabou en France et presque aucun medecin francais ne prescrit du Sativex, utilisé pour soulager la sclérose en plaque, les douleurs chroniques dans certaines pathologies neurologiques, pour la stimulation de l'appétit ou prévention des nausées et vomissements chez les personnes atteintes d'un cancer ainsi que pour l'épilepsie.
"Les prises de position ne sont pas rationnelles", relève le Pr Reynaud, qui reconnaît que beaucoup de médecins réagissent comme le grand public sur cette question.
- Le nouveau traitementde l'hépatite C, efficace à 95%, au cout exhorbitant de 1000 euro le comprimé au USA il y a 2 ans est de ce fait, réservé en France uniquement aux cas sévères de fibrose et de cirrhose (en général irréversible, donc c'est trop tard), en raison du cout exhorbitant pour la sécurité sociale. La ministre de la santé y travaille et a dejà un peu fait baisser le cout par le laboratoire concerné.