Je viens de découvrir François Krug, suite aux remous occasionnés par la publication de son enquête:
(2023 )
Où le lecteur en apprend beaucoup sur les relations sulfureuses qu'entretiennent des écrivains (Yann Moix, Michel Houellebecq, Sylvain Tesson) avec des figures de la droite radicale et qui peut apporter un éclairage sur leur production littéraire.
https://www.lesinrocks.com/livres/franc ... 2-06-2024/
François Krug l'indique: l'extrême-droite poursuit sa quête d'une légitimité en s'immergeant dans la bataille culturelle
à la conquête des idées. C'est une stratégie qui paie, puis la diffusion de ses idées, thè
mes et thèses n'en est que plus facilitée par des vecteurs d'importance.
Ils sont trois visages et trois têtes de gondole de la littérature française : Michel Houellebecq, Sylvain Tesson, ou encore Yann Moix. Des parcours différents, mais un point commun, ignoré de leurs lecteurs.
Dans l’ombre, tous ont été, et sont restés, des « compagnons de route » de l’extrême droite. Cette enquête sur l’itinéraire de ces trois « stars », révèle comment s’est constitué une coterie littéraire très réactionnaire où se côtoient, depuis les années 1990, de petits et de grands écrivains, des éditeurs, des journalistes, des animateurs TV et des idéologues peu fréquentables.
https://www.fabula.org/actualites/11350 ... raire.html
(Un site spécialisé en littérature
C'est fascinant de suivre leur parcours, et leurs rapports qui différent et présentent, de par le caractère unique ces trois écrivains, une originalité, mais av6des similitudes.
Le cas de Tesson est plutôt exemplaire, quand on se penche sur son historique.
https://www.lesinrocks.com/livres/sylva ... 9-06-2023/
François Krug, dans son enquête journalistique, précise et met en garde : il ne sait pas s'il est ou pas un écrivain d'extrême-droite, si ça se traduit par un bulletin électoral, il ne s'agit pas d'être réducteur, mais d'observer des comportements, dans la production littéraire comme dans les fréquentations. Ce qui se traduit par un décodage.
...Plus prudent sur la manière de qualifier politiquement l’écrivain, François Krug précise : “Je ne dis pas que Tesson EST un écrivain d’extrême droite. Je ne dis même pas qu’il EST d’extrême droite : je ne sais pas pour qui il vote, lui seul peut le dire, il n’a pas voulu me parler, je ne peux donc rien en dire. En revanche, en me fondant sur les faits et uniquement sur eux, je peux dire qu’il a des liens étroits avec l’extrême droite la plus radicale : il évolue dans ses réseaux depuis sa jeunesse, il y a puisé une partie de son imaginaire et de sa vision du monde, il en diffuse certaines idées.”...
Il plaît à tout le monde en tant qu’incarnation du baroudeur spirituel réconciliant le muscle et la plume, le corps en souffrance et la littérature qui sauve. Tant de courage, de dépassement de soi et d’abnégation, mais aussi tant de mots amers et ciselés sur la technique mortifère et la fin de la civilisation occidentale, tant d’éloges des grands espaces et des cimes glacées qui seuls pourront nous libérer des abîmes de l’hypermodernité : Tesson suscite admiration et grosses ventes, comme peu d’écrivain·es français·es...
On retrouve une filiation avec un auteur controversé:
...Jean Raspail a une vision du monde que j’aime : crépusculaire. Il est sensible à l’esthétique de l’engloutissement, de la chute des mondes, ce moment où l’on contemple quelque chose pour la dernière fois dans les feux d’un soleil moribond”, se justifiait Tesson en 2006 dans la revue royaliste Les Épées. François Krug rappelle aussi son amitié pour deux grandes figures de la Nouvelle Droite (fondée par Alain de Benoist) qui animèrent la revue d’extrême droite Europe-Action au milieu des années 1960, avant de rejoindre le Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne (Grece) : Dominique Venner * et Jean Mabire ** connu aussi pour ses livres sur l’histoire des SS...
... Je prends un exemple, parmi d’autres. Sylvain Tesson s’engage en faveur de l’Arménie dans son conflit avec l’Azerbaïdjan. Ce qui importe ici, ce n’est pas que la cause arménienne soit juste ou pas, c’est la motivation de Tesson. Il l’explique en ces mots mêmes dès qu’il est interviewé sur le sujet : il faudrait soutenir l’Arménie parce qu’elle serait le dernier verrou nous protégeant d’une invasion musulmane… Venant d’un élu du RN, au hasard, ces propos sur une invasion musulmane feraient peut-être scandale. Un écrivain, lui, semble bénéficier en quelque sorte d’une licence poétique quand il se mêle de politique… Et son aura d’écrivain, a fortiori celle d’une star comme Tesson, donne à de tels propos une portée que n’auront jamais des petites phrases d'un politicien...
Ajoutons que le milieu de l'édition est lui aussi très particulier, avec un vivier de relations à plusieurs niveaux, avec des appétences de pouvoir dans les étages.
Une excellente interview dans Blast:
L'extrême-droite, la bataille culturelle, et ses complices.
https://m.youtube.com/watch?v=zyvnsDK4HNc
*
https://www.lemonde.fr/politique/articl ... 23448.html
**
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Jean_Mabire
Des baroudeurs... Tesson est fasciné par ces individus de l'extrême, en marge...