Jodie a écrit : 04 mai 2024, 16:10
Bonjour,
Est-ce que les scientifiques, de tout domaine, sont redevables quant aux résultats de leur recherche à leur dirigeant, gouvernement ou à tout autre intéressé ?
Désinformation, rejet de la médecine (c'est ce dont j'entends le plus parler surtout depuis le Covid), qu'est-ce qui a produit cet encouragement à aller vers des pseudosciences
du côté de la science ?
Merci pour l'échange.
L'une des réponses est que l'école, où on faisait autrefois ses "humanités", notamment dans l'enseignement supérieur, où une culture générale solide était encore exigée et avait une valeur reconnue, ne remplit plus son rôle, dont ceux de l'autonomie et de l'émancipation.
Une bonne partie des enseignements structurés (et structurants) a été délaissée au profit de notions de rentabilité. Les sociétés n'ont plus besoin de personnes qui réfléchissent, avec des référents culturels larges, mais d' individus qui apprennent pour appliquer par la suite et s'insérer dans un monde économique, où la course aux parts de marché est une compétition féroce permanente.
C'est une course à l'armement.
On ne demande plus à un système éducatif d'éveiller les âmes, mais d'être rentable, un retour sur investissement en quelque sorte. Et pour cela, on passe son temps à évaluer.
Vision cynique et désabusée ? Non. Un constat réaliste et pragmatique.
Les scientifiques, au sens de la définition basique, hors contexte sociétal (financements, postes disponibles,...), ne sont pas redevables. Ils se doivent de respecter une éthique et une déontologie. Leur impact sera d'autant plus important que leur rôle sera compris et valorisé.
Il suffit de constater l'état de désinformation qui règne d'un bout à l'autre de la planète.
Il suffit également de constater l'ignorance crasse de nombre de politiciens en matière de science et de culture générale.
Les scientifiques, toujours sur un plan général, proposent. Ils ne sont pas responsables des applications scientifiques qui correspondent à des choix (orientés) politiques, et économiques.
J'ai souvent rappelé les paroles de Jean-Marc Janvovici pour qui les dirigeants des sociétés humaines sont des arbitres de conflits d'intérêts économiques, quand ils ne roulent pas pour eux-mêmes, au détriment du bien collectif qui fédère ces sociétés humaines.
L'économique domine la planète, la réflexion qui ne s'inscrit pas dans cette mouvance passe en arrière-plan.
Et pourtant...
Les prochaines étapes, avec le déploiement de l'IA, ne vont pas tendre vers plus "d'intelligence", mais vers une conquête accélérée des marchés potentiels.
L'humanité finiit de scier la branche sur laquelle elle est assise. Il y avait certainement moyen d'éviter les conflits d'ampleur, tels que nous les connaissons.
Au lieu de cela, ils ont toutes les chances de se multiplier. Si Trump est élu, il va se passer quoi?

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Norendra Modi a toutes les chances d'être réélu en Inde. Avanlt lui il y eut Vladimir Poutine en Russie. Et Recep Ergogan en Turquie. Xi Jinping en Chine...
Le point commun de ce petit monde ? La haine de la science, des connaissances, du savoir. Avec un goût immodéré pour les domaines pseudo-scientifiques (Trump, Modi, Erdogan,...). Aucun risque que des subventions soient accordées pour des systèmes scolaires où courrait le danger de "faire ses humanités,".
La perception de la science, de ses enjeux, est directement
Indexée à la qualité de l'enseignement.
En Europe, où l'un des événements majeurs n'est pas la tenue des prochains JO, mais les élections européennes, la montée ahurissante de l'extrême-droite est plus que préoccupante.
Soit en abrégé, la haine de l'autre, des autres.
Alors les scientifiques dans cette histoire, quel "poids", quelle reconnaissance, quelle écoute ont-ils ?
Autre point commun des "amis" des droits fondamentaux de l'homme: l'immense propagation des fake-news, les campagnes de désinformation et de manipulation. Qui font des ravages.
Ce qui reste de démocraties sur la planète a (beaucoup) de soucis à se faire.
A propos de connaissances, de savoir, et à titre d'illustration anecdotique, il suffit de considérer l'état de délabrement des cerveaux au sujet du conflit israélo-palestinien. Des notions essentielles sont absentes ou ne sont pas maîtrisées, on assiste à des mélanges idéologiques ahurissants. Ce qui, au sein d'établissements prestigieux censés former les élites de demain, a de quoi sėrieusement inquiéter.
Par contre, ça s'agite, beaucoup.