Mon colibri... et convergence évolutive

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LoutredeMer
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Mon colibri... et convergence évolutive

#1

Message par LoutredeMer » 29 mars 2022, 17:35

Salut, :)

Ce matin, en sortant dans le jardin, j'entends un bzzz! un peu spécial autour de mes aubretias. En m'approchant, je vois... un très gros "insecte" (de 6-7 cm de long) qui vibre en permanence et butine les fleurs avec une immense trompe. Il bat des ailes extremement vite.

Plus je regarde, et moins je comprends... On dirait un gros papillon de nuit beige et jaune, genre bombyx. Mais l'extrémité de son abdomen est large (comme une queue) et noire, couverte de gros points blancs et il a de grandes ailes plutot pointues. Après quelques secondes je réalise que c'est un colibri! Je fonce chercher mon tél portable et je prends des photos.

Colibri
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Eh bien en fait, pas du tout! Après des recherches sur le web, je découvre que c'est bien un papillon : le moro-sphinx ou sphinx colibri.

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On ne trouve le colibri qu'en Amérique (Sud, Nord, Canada). Mais en 2017, il fait son apparition en Picardie et fait des dégats dans les rosiers en mangeant les boutons de roses.

Pourquoi cette extraordinaire ressemblance? parce que le moro-sphinx et le colibri sont deux manifestations de la convergence évolutive.
La convergence évolutive (ou évolution convergente) est le résultat de mécanismes évolutifs ayant conduit des espèces, soumises aux mêmes contraintes environnementales (niches écologiques similaires), à adopter indépendamment plusieurs traits physiologiques, morphologiques, parfois comportementaux semblables.
Et je me souviens avoir vu cette belle chenille verte endormie dans mon jardin l'été dernier.

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Videos YT Morosphinx butinant1
Morosphinx butinant2

C'était un joli spectacle :coeurbattant:

Mes photos (pas terribles mais bon)
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Re: Mon colibri... et convergence évolutive

#2

Message par nikola » 29 mars 2022, 17:47

LoutredeMer a écrit : 29 mars 2022, 17:35 Eh bien en fait, pas du tout! Après des recherches sur le web, je découvre que c'est bien un papillon : le moro-sphinx ou sphinx colibri.

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Il y en a en Bretagne.
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Re: Mon colibri... et convergence évolutive

#3

Message par Christian » 29 mars 2022, 17:57

nikola a écrit : 29 mars 2022, 17:47
LoutredeMer a écrit : 29 mars 2022, 17:35 Eh bien en fait, pas du tout! Après des recherches sur le web, je découvre que c'est bien un papillon : le moro-sphinx ou sphinx colibri.

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Re: Mon colibri... et convergence évolutive

#4

Message par 86lw » 29 mars 2022, 19:09

nikola a écrit : 29 mars 2022, 17:47 Il y en a en Bretagne.
Pas que. J'habite en Poitou ( nord) et j'en vois régulièrement. La ressemblance avec le colibri est frappante lorsque l'on observe son vol.
J'avais moi aussi eu le réflexe de me renseigner et le bestiau est assez fascinant*. Un des papillons les plus rapides et avec assez peu de prédateurs pour peu qu'il soit en bonne condition.

Je n'ai plus le nom en tête mais son proche cousin fait fort: avec ses ailes transparentes bordées de rouge, il donne l'impression d'évoluer dans une sorte de brume rose en vol stationnaire...
Les illusions que l'on perpétue sont quelque part des mensonges. Mireille.

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#5

Message par LoutredeMer » 29 mars 2022, 19:32

86lw a écrit : 29 mars 2022, 19:09
nikola a écrit : 29 mars 2022, 17:47 Il y en a en Bretagne.
Pas que. J'habite en Poitou ( nord) et j'en vois régulièrement.
Et moi encore plus à l'est.
La ressemblance avec le colibri est frappante lorsque l'on observe son vol.
J'avais moi aussi eu le réflexe de me renseigner et le bestiau est assez fascinant*.
Tout à fait.
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#6

Message par nikola » 29 mars 2022, 19:53

Christian a écrit : 29 mars 2022, 17:57 Papillons spécialisés dans le butinage du beurre salé? :)
Et qui soufflent dans un biniou. :mrgreen:
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Re: Mon colibri... et convergence évolutive

#7

Message par ABC » 03 avr. 2022, 09:42

LoutredeMer a écrit : 29 mars 2022, 17:35Pourquoi cette extraordinaire ressemblance? parce que le moro-sphinx et le colibri sont deux manifestations de la convergence évolutive.
La convergence évolutive (ou évolution convergente) est le résultat de mécanismes évolutifs ayant conduit des espèces, soumises aux mêmes contraintes environnementales (niches écologiques similaires), à adopter indépendamment plusieurs traits physiologiques, morphologiques, parfois comportementaux semblables.
Issu de la même source on a aussi
La forme aérodynamique et les ailes sont un exemple d'évolution convergente que l'on retrouve chez les oiseaux, les ptérosaures et les chauve-souris. Cet exemple très connu est d'ailleurs, avec celui de hydrodynamique représenté par le dauphin, l'ichtyosaure et le requin, qui présente une morphologie similaire, l'un des exemples qui illustre le mieux le phénomène.
La forme hydrodynamique et les nageoires sont apparues chez de nombreux animaux de façon totalement indépendante
et l'explication majoritairement acceptée à ce jour (faute de mieux pour l'instant) concernant les manifestations de convergence évolutive
["]Puisque["] toutes ces espèces sont soumises à cette même contrainte hydromécanique [et plus généralement, la même pression évolutive], elles ont, chacune de son côté, évolué vers une solution adaptative très similaire au problème des déplacements en milieu aquatique.

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#8

Message par Jean-Francois » 03 avr. 2022, 13:39

ABC a écrit : 03 avr. 2022, 09:42et l'explication majoritairement acceptée à ce jour (faute de mieux pour l'instant) concernant les manifestations de convergence évolutive
Plus généralement: les corps des organismes sont soumis aux contraintes physicochimiques. Celles-ci régissent aussi le développement des tissus biologiques. Si c'est majoritairement accepté, c'est parce que c'est bien soutenu sur le plan factuel.

Comme on ne connait aucune entité surnaturelle qui pourrait être "responsable" de quoi que ce soit de ce côté, c'est pas mal dévaloriser une explication* qui est un produit du génie humain que de laisser supposer qu'elle est "faute de mieux". Le mieux, ici, tenant plus de l'allusive rêverie métaphysique** que de l'explication rationnelle.

Jean-François

* Basée sur des observations factuelles, pour rappel.
** Basée sur le vouloir-croire en premier lieu.
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Re: Mon colibri... et convergence évolutive

#9

Message par DictionnairErroné » 03 avr. 2022, 14:10

Jean-Francois a écrit : 03 avr. 2022, 13:39 Plus généralement: les corps des organismes sont soumis aux contraintes physicochimiques.
Nous pourrions parler de "contraintes évolutives".
La connaissance: Un ignorant qui sait qu'il est ignorant est bien moins ignorant qu'un ignorant qui ne sait pas qu'il est ignorant.

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Re: Mon colibri... et convergence évolutive

#10

Message par uno » 03 avr. 2022, 15:12

DictionnairErroné a écrit : 03 avr. 2022, 14:10Nous pourrions parler de "contraintes évolutives".
En effet mais il y a différents niveaux de contraintes évolutives. Typiquement l'exemple du sphinx et du colibri amené ici par LoutredeMer, représente un exemple parfait et très surprenant de convergence évolutive dans le sens que les deux organismes ont évolué la même adaptation quand bien même il s'agit d'organisme très éloigné phylogénétiquement avec des contraintes structurales très différentes. En effet le sphinx est un insecte avec un exosquelette, un corps segmenté et des ailes qui n'ont strictement rien de commun dans leur fonctionnement et anatomie profonde avec celles de tétrapodes. L'oiseau a lui un squelette interne, des membres antérieurs de tétrapodes modifié en ailes a une physiologie homéotherme, etc, etc... Bref l'exemple du sphinx et du colibri est un exemple parfait, et pas si fréquent que cela, de convergence évolutive. C'est-à-dire ici l'acquisition du même mode de déplacement et d'alimentation.

Par comparaison prenons des exemples de convergences évolutives que je qualifierai de moins remarquables, de moins étonnantes ou de plus «faibles». Ces exemples sont par exemple ceux existant entre Marsupiaux et Mammifères placentaires. Tel que la taupe placentaire et les Notoryctidés ou les Loups et les Thylacines. Certes il s'agit de véritables convergences évolutives, aucun doute là-dessus. Mais ces convergences se sont faites sur des contraintes morphologiques similaires. À savoir une anatomie de mammifère avec squelette interne, quadrupédie de l'ancêtre commun etc, etc.. Même les cas de convergence de vertébrés phylogénétiquement bien plus éloignés tels que les Requins, Ichtyosaures et Cétacés sont déjà moins surprenant que l'exemple du Sphinx et du Colibri car ces convergences ont toujours comme tronc commun l'organisation imposé par la colonne vertébral et la manière dont les membres se disposent autour de cette dernière pour ainsi dire, limitant les option d'adaptation à un mode de vie aquatique, notamment la manière de se déplacer dans l'eau. Bien que nul doute chez les poissons divers modes originaux de déplacement et de morphologie existent.
Dernière modification par uno le 03 avr. 2022, 16:07, modifié 1 fois.

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#11

Message par DictionnairErroné » 03 avr. 2022, 15:54

uno a écrit : 03 avr. 2022, 15:12
DictionnairErroné a écrit : 03 avr. 2022, 14:10Nous pourrions parler de "contraintes évolutives".
En effet mais il y a différents niveaux de contraintes évolutives...
Je ne connaissais pas cette distinction. Quoique encore nébuleuse, je vais la ruminer grâce à la convergence évolutive entre la vache et l'homme... Intéressant.
La connaissance: Un ignorant qui sait qu'il est ignorant est bien moins ignorant qu'un ignorant qui ne sait pas qu'il est ignorant.

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#12

Message par thewild » 03 avr. 2022, 18:06

ABC a écrit : 03 avr. 2022, 09:42 et l'explication majoritairement acceptée à ce jour (faute de mieux pour l'instant) concernant les manifestations de convergence évolutive
Sous entendu, "cette idée ne me plaît pas, je me permets de supposer qu'il existe une explication qui me plaira plus". Une explication à un problème qui n'en est en réalité pas un, car encore une fois il n'est pas question ici d'expliquer des phénomènes que les théories actuelles n'expliquent pas (elles les expliquent plutôt bien), mais plutôt de les expliquer avec une théorie qui me plaît et surtout que je comprends.

Décidément, quand on a une idée en tête...
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Re: Mon colibri... et convergence évolutive

#13

Message par ABC » 03 avr. 2022, 20:40

Jean-Francois a écrit : 03 avr. 2022, 13:39 Le mieux, ici, tenant plus de l'allusive rêverie métaphysique** que de l'explication rationnelle.
Ou encore, de progrès à venir dans nos connaissances scientifiques. En effet, nos connaissances scientifiques ont toujours progressé, parfois lentement, mais récemment (dans les deux siècles précédents) très rapidement.

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Re: Mon colibri... et convergence évolutive

#14

Message par nikola » 03 avr. 2022, 20:51

ABC a écrit : 03 avr. 2022, 20:40 Ou encore, de progrès à venir dans nos connaissances scientifiques. En effet, nos connaissances scientifiques ont toujours progressé, parfois lentement, mais récemment (dans les deux siècles précédents) très rapidement.
Pas toujours, elles ont parfois régressé, y compris chez les savants.
Disons que le centre du savoir a bougé, avant de revenir en Occident.
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#15

Message par ABC » 03 avr. 2022, 21:31

nikola a écrit : 03 avr. 2022, 20:51Pas toujours, elles ont parfois régressé, y compris chez les savants.
Tout particulièrement, ces dernier temps, chez les(le) savon(s) de Marseille :mrgreen:.

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#16

Message par Jean-Francois » 04 avr. 2022, 01:07

ABC a écrit : 03 avr. 2022, 20:40
Jean-Francois a écrit : 03 avr. 2022, 13:39 Le mieux, ici, tenant plus de l'allusive rêverie métaphysique** que de l'explication rationnelle.
Ou encore, de progrès à venir dans nos connaissances scientifiques. En effet, nos connaissances scientifiques ont toujours progressé, parfois lentement, mais récemment (dans les deux siècles précédents) très rapidement.
Les progrès sont passés par la disparition des "intentionnalités" prêtées à la Nature. Imaginer une direction à l'évolution alors que rien ne l'indique tient pour beaucoup du biais cognitif (et culturel, souvent) et non de l'analyse rationnelle. Quand on laisse les biais mener l'interprétation des connaissances, on peut régresser sans en avoir l'impression. Un cul-de-sac n'est pas un progrès*.

Remarquez, ça serait sans doute plaisant de savoir qu'il existe un But ontologique décidé par un ou une ou ça Onesaitquoi. Sauf que plus de 2000 ans d'histoire on appris qu'on découvrait plus de choses en ne se laissant pas contraindre par de telles idées.

Jean-François

* Par exemple, j'imagine que de Chardin, Chauvin, les créationnistes connus (Gish, etc.), etc. avaient l'impression de faire progresser les connaissances mais ils n'ont rien laissé comme héritage scientifique.
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Re: Mon colibri... et convergence évolutive

#17

Message par ABC » 05 avr. 2022, 01:32

Jean-Francois a écrit : 04 avr. 2022, 01:07Les progrès sont passés par la disparition des "intentionnalités" prêtées à la Nature.
Comme, par exemple, à une certaine époque, pour expliquer la montée du mercure dans un tube sous l'effet de la pression atmosphérique. Cette explication consistait à préter une intention à la nature : "La nature a horreur du vide" pensait-on à cette époque.

Cette explication semblait alors suffisante. Plus tard, on s'est rendu compte qu'il n'y avait pas besoin d'attribuer une intention à la nature. Une explication plus satisfaisante a pu la remplacer avantageusement : l'action de la pression atmosphérique à l'origine de cette tendance à faire monter le mercure dans le tube de verre.

Pourquoi cette explication peut-elle être qualifiée de plus statisfaisante ? Parce qu'elle est quantitativement, reproductiblement et précisément prédictive de cette montée de 76 cm du mercure dans le tube.
Jean-Francois a écrit : 04 avr. 2022, 01:07Remarquez, ça serait sans doute plaisant de savoir qu'il existe un But ontologique [(1)] décidé par un ou une ou ça On ne sait quoi.
ou, mieux encore, par on sait quoi (quand ce sera le cas) comme cela s'est produit, par exemple, pour le code génétique, le support sur lequel sont enregistrées des informations passant par hérédité des parents à leurs enfants.

Pour ma part, en plus des mécanismes d'auto-organisation explicatifs de l'émergence de la complexité proposés par Eric Karsenti par exemple (2), je suis tenté par les hypothèses (additionnelles) ci-dessous :
  • d'une part l'existence d'un "support", pas encore accessible à nos moyens actuels d'observation, sur lequel seraient stockées/codées les informations et stratégies d'évolution souvent (pas toujours) gagnantes face à tel ou tel changement d'environnement.
    .
  • D'autre part, l'hypothèse selon laquelle, quand un phénomène se répète suffisamment souvent (parce qu'il est "gagnant"), il finit par laisser des traces stables sur ce support, des traces ensuite relues et réexploitées ultérieurement (lorsqu'un besoin d'adaptation suffisamment proche se représente).
    .
  • Enfin, dans la dynamique d'évolution, il y aurait (en apparence, à notre échelle d'observation macroscopique) action rétrocausale grâce une succession d'aller-retours passé-futur, allers-retours s'accompagnant d'adaptation des "choix évolutifs jusqu'à ce que l'évolution engendrée "matche" (un peu selon l'esprit hand-shake de l'interprétation transactionnelle de John Cramer), i.e., deviennne gagnante en terme d'avantage adaptatif (un peu comme le remplissage s'avérant statistiquement significativement moindre des avions victimes d'accidents graves).

    En apparence, en raison de nos limitations d'accès à l'information, de telles évolutions se produiraient ainsi avant (dans le sens temporel macroscopiquement observable) que l'évolution en question n'engendre un avantage adaptatif. Ces aller-retours (inobservables ou très peu reproductiblement observables) ne peuvent pas être reproductiblement observables car toute évolution à rebrousse-temps (supposée) efface la quasi-totalité des traces irréversiblement enregistrées quand l'évolution temporelle se fait dans le sens observable.
Les hypothèses (spéculatives) proposées ci-dessus visent à (tentent de) mieux matcher à la très grande vitesse à laquelle se produisent des adaptations très complexes des espèces animales à des changements d'environnement.

Quand une extinction massive se produit c'est donc (selon moi) peut-être (aussi) parce qu'un changement d'environnement (géologique par exemple) tellement brutal ET nouveau se produit que le REX supposément enregistré (selon les hypothèse proposées ci-dessus) ne suffit pas à surmonter cet obstacle à une vitesse d'adaptation suffisante.

Je crains d'ailleurs que, dans la période actuelle d'anthropocène, nous confrontions notre biosphère à un stress se situant au delà des compétences adaptatives à ce jour acquises par notre biosphère (compétences adaptatives acquises selon les hypothèses spéculatives suggérées ci-dessus).

(1) Pour ma part, je préfèrerais un qualificatif plus neutre que celui de "but ontologique" car entâché d'anthropomorphisme (cf. la mind projection fallacy d'E.T. Jaynes). Si, toutefois, on laisse provisoirement de côté cet aspect sémantique (pourtant important) s'agirait-il, en réalité, de qualifier ainsi, le fait que les lois de la nature sont telles qu'elles permettent l'émergence de la complexité ? Le fait, dit autrement, que la grammaire de la nature (comme dirait J.M. Souriau) est régie par des règles appropriées à cette émergence ?

Si tel est le cas, il s'agit alors d'un constat quasi factuel. Il s'agit du fameux principe anthropique faible. Ce principe repose sur l'hypothèse, validée par l'observation, selon laquelle il y a bien des règles, des lois, fixes dans le temps permettant l'émergence de la complexité.

On devrait pouvoir, dans les décennies ou siècles à venir (... Enfin... si tout va bien sur la planète que nous malmenons) aller beaucoup plus loin que ce simple constat, j'en suis convaincu, et démonter puis remonter les mécanismes d'auto-organisation à la base de l'émergence de la complexité. Toutefois, pour cela, il faut s'appuyer sur la physique et sur l'acquisition progressive de connaissances nouvelles grâce :
  • aux progrès de nos moyens d'observation d'une part,
  • aux connaissances scientifiques qui en émergent grâce à un effort d'analyse et de formalisation d'autre part.
(2) Eric Karsenti, biologiste cellulaire, médaille d'or CNRS 2015. L'émergence de la complexité.
La théorie de l'évolution ne répond pas du tout à cette question [je ne suis pas, mais alors pas du tout surpris par sa remarque]. La réponse à ces questions demande l'application de la physique à la biologie cellulaire [et, selon moi, de ne pas s'arrêter sur la première marche de cet escalier dont, à ce jour nous ne voyons pas encore le sommet et probabalement pour encore un bon bout de temps]...
...Les découvertes, on ne les fait pas comme ça. Au début on suit un fil rouge basé sur une intuition, on se dit, ça doit marcher comme ça. Les confirmations ne viennent qu'ensuite.

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Re: Mon colibri... et convergence évolutive

#18

Message par thewild » 05 avr. 2022, 09:08

ABC a écrit : 05 avr. 2022, 01:32 Les hypothèses (spéculatives) proposées ci-dessus visent à (tentent de) mieux matcher à la très grande vitesse à laquelle se produisent des adaptations très complexes des espèces animales à des changements d'environnement.
J'insiste, mais y a-t-il une évidence de défaut explicatif avec les théories actuelles ?
Je ne parle pas d'opinions de scientifiques, aussi renommés soient-ils, mais bien de faits que les théories actuelles n'expliqueraient pas.

Toute théorie nouvelle mérite considération, ce n'est pas une contradiction par principe, mais je n'ai jamais entendu dire que les théories actuelles faisaient défaut en la matière.
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Re: Mon colibri... et convergence évolutive

#19

Message par ABC » 24 avr. 2022, 16:21

ABC a écrit : 05 avr. 2022, 01:32Les hypothèses (spéculatives) proposées ci-dessus visent à (tentent de) mieux matcher à la très grande vitesse à laquelle se produisent des adaptations très complexes des espèces animales à des changements d'environnement.
thewild a écrit : 05 avr. 2022, 09:08J'insiste, mais y a-t-il une évidence de défaut explicatif avec les théories actuelles ? Je ne parle pas d'opinions de scientifiques, aussi renommés soient-ils, mais bien de faits que les théories actuelles n'expliqueraient pas.
Expliquer les faits d'observation est (à mon sens) le rôle de la vulgarisation, c'est à dire ramener (souvent par analogie et parfois par présentation partielle et approximative de liens de cause à effet) un phénomène d'apparence étrange à quelque chose qu'il l'est moins car connu. Le rôle d'une théorie est, selon moi, plus exigeant : il est de postdire et, dans toute la mesure du possible de prédire, des faits d'observation et d'apporter la preuve de validité de ces prédictions par des confirmations répétées par des expérimentateurs/observateurs différents.

Il n'existe pas (à ce jour) de théorie capable de prédire l'apparition de l'ADN.

Au contraire, à titre d'exemple, il existe des modèles prédictifs de l'apparition et de la propagation des fissures dans un métal soumis à des cycles de fatigue. Il existe même des modèles presque acceptables de ce même phénomène capables de ces mêmes prédictions à partir de la seule donnée de la structure polycristaline et une population de défauts.
On a donc bien une théorie prédictive de l'apparition et du dévoloppement des fissures dans un métal soumis à des cycles de fatigue. Au contraire, on n'a pas (ou plutôt pas encore) de théorie prédictive de l'apparition de l'ADN à partir de données représentatives de ce que l'on aurait pu établir/envisager être les conditions initiales ayant précédé cette apparition.
thewild a écrit : 05 avr. 2022, 09:08Je n'ai jamais entendu dire que les théories actuelles faisaient défaut en la matière.
Il faut bien se contenter de ce que l'on a pour l'instant en attendant mieux. Dire qu'elles ne font pas défaut est une façon positive de dire qu'il n'existe, à ce jour, rien de solide (et même rien de pas très solide mais plausible ou même seulement envisageable) qui ferait mieux.

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Re: Mon colibri... et convergence évolutive

#20

Message par richard » 26 avr. 2022, 09:16

ABC a écrit : 24 avr. 2022, 16:21 Le rôle d'une théorie est, selon moi, plus exigeant : il est de postdire et, dans toute la mesure du possible de prédire, des faits d'observation et d'apporter la preuve de validité de ces prédictions par des confirmations répétées par des expérimentateurs/observateurs différents.
Plus précisément
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Re: Mon colibri... et convergence évolutive

#21

Message par ABC » 28 avr. 2022, 00:46

ABC a écrit : 24 avr. 2022, 16:21 Le rôle d'une théorie est, selon moi, plus exigeant : il est de postdire et, dans toute la mesure du possible de prédire, des faits d'observation et d'apporter la preuve de validité de ces prédictions par des confirmations répétées par des expérimentateurs/observateurs différents.
Dans le domaine de la physique, la qualité d'une théorie se définit par son aptitude à établir des prédictions conformes aux observations. Expliquer est le rôle de la pédagogie et de la vurlgarisation d'une théorie (valide) avec des images compréhensibles pour le public visé tout en trahissant cependant le moins possible les faits d'observation et les relations cause-effet objet de cette théorie.

La théorie des groupes (ou encore la théorie des algèbres non commutatives) est un outil mathématique utile (notamment) à l'élaboration de théories physiques. La qualité d'une théorie mathématique n'est pas intrinsèquement une qualité d'explication (même si elle peut y contribuer), mais sa cohérence et les nouveaux champs de recherche qu'elle ouvre en physique mais aussi dans d'autres domaines (comme l'économie, la finance, les entreprises, la recherche opérationnelle, la robotique et l'intelligence artificielle...) parfois avant même que son application à la physique ne se fasse jour (la théorie spectrale et son application ultérieure à la physique quantique en est un très bon exemple).

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Re: Mon colibri... et convergence évolutive

#22

Message par richard » 29 avr. 2022, 13:47

Puisqu’il est autorisé de modifier les citations pour leur faire dire autre chose, allons-y
ABC a écrit : 28 avr. 2022, 00:46 La qualité d'une théorie [scientifique se définit par son aptitude à expliquer et à comprendre le monde et ses phénomènes dans le but] d’établir des prédictions conformes aux observations et d’en tirer des applications fonctionnelles; cf. wikipedia
Je préfère cette vision de la science à celle que tu préconises, moins ambitieuse, cela dit tu penses bien comme tu veux.
Dernière modification par richard le 29 avr. 2022, 17:11, modifié 3 fois.
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Re: Mon colibri... et convergence évolutive

#23

Message par nikola » 29 avr. 2022, 13:53

Sauf que quand on a l’esprit un peu trop ouvert, ça fait courant d’air aussi.
Si les scientifiques ont des garde-fous, ce n’est pas pour rien.
L’homme descend du singe, or l’homme est fait à l’image de Dieu. Donc Dieu est King Kong.

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Re: Mon colibri... et convergence évolutive

#24

Message par richard » 29 avr. 2022, 18:32

Salut nikola! Il ne s’agit pas d’ouverture d’esprit il s’agit de vision de la science: doit-elle seulement faire des prédictions et être en accord avec les observations ou doit-elle en plus fournir une explication des phénomènes observées? Peut-elle se contenter de fournir un modèle conforme aux observations ou bien doit-elle fournir une théorie explicative?
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Re: Mon colibri... et convergence évolutive

#25

Message par nikola » 29 avr. 2022, 19:03

Elle essaie aussi de trouver des explications mais en restant modeste, sans partir dans des délires interprétatifs comme voire des bites partout.
L’homme descend du singe, or l’homme est fait à l’image de Dieu. Donc Dieu est King Kong.

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