Jean-Francois a écrit : 04 avr. 2022, 01:07Les progrès sont passés par la disparition des "intentionnalités" prêtées à la
Nature.
Comme, par exemple, à une certaine époque, pour expliquer la montée du
mercure dans un tube sous l'effet de la pression atmosphérique. Cette explication consistait à préter une intention à la nature : "La nature a horreur du vide" pensait-on à cette époque.
Cette explication semblait alors suffisante. Plus tard, on s'est rendu compte qu'il n'y avait pas besoin d'attribuer une intention à la nature. Une explication plus satisfaisante a pu la remplacer avantageusement : l'action de la pression atmosphérique à l'origine de cette tendance à faire monter le mercure dans le tube de verre.
Pourquoi cette explication peut-elle être qualifiée de plus statisfaisante ? Parce qu'elle est
quantitativement, reproductiblement et précisément prédictive de cette montée de 76 cm du mercure dans le tube.
Jean-Francois a écrit : 04 avr. 2022, 01:07Remarquez, ça serait sans doute plaisant de savoir qu'il existe un But ontologique [(1)] décidé par un ou une ou ça On ne sait quoi.
ou, mieux encore, par on sait quoi (quand ce sera le cas) comme cela s'est produit, par exemple, pour le code génétique, le support sur lequel sont enregistrées des informations passant par hérédité des parents à leurs enfants.
Pour ma part, en plus des mécanismes d'auto-organisation explicatifs de l'
émergence de la complexité proposés par Eric Karsenti par exemple (2), je suis tenté par les hypothèses (additionnelles) ci-dessous :
- d'une part l'existence d'un "support", pas encore accessible à nos moyens actuels d'observation, sur lequel seraient stockées/codées les informations et stratégies d'évolution souvent (pas toujours) gagnantes face à tel ou tel changement d'environnement.
.
- D'autre part, l'hypothèse selon laquelle, quand un phénomène se répète suffisamment souvent (parce qu'il est "gagnant"), il finit par laisser des traces stables sur ce support, des traces ensuite relues et réexploitées ultérieurement (lorsqu'un besoin d'adaptation suffisamment proche se représente).
.
- Enfin, dans la dynamique d'évolution, il y aurait (en apparence, à notre échelle d'observation macroscopique) action rétrocausale grâce une succession d'aller-retours passé-futur, allers-retours s'accompagnant d'adaptation des "choix évolutifs jusqu'à ce que l'évolution engendrée "matche" (un peu selon l'esprit hand-shake de l'interprétation transactionnelle de John Cramer), i.e., deviennne gagnante en terme d'avantage adaptatif (un peu comme le remplissage s'avérant statistiquement significativement moindre des avions victimes d'accidents graves).
En apparence, en raison de nos limitations d'accès à l'information, de telles évolutions se produiraient ainsi avant (dans le sens temporel macroscopiquement observable) que l'évolution en question n'engendre un avantage adaptatif. Ces aller-retours (inobservables ou très peu reproductiblement observables) ne peuvent pas être reproductiblement observables car toute évolution à rebrousse-temps (supposée) efface la quasi-totalité des traces irréversiblement enregistrées quand l'évolution temporelle se fait dans le sens observable.
Les hypothèses (spéculatives) proposées ci-dessus visent à (tentent de) mieux matcher à la
très grande vitesse à laquelle se produisent des adaptations
très complexes des espèces animales à des changements d'environnement.
Quand une extinction massive se produit c'est donc (selon moi) peut-être (aussi) parce qu'un changement d'environnement (géologique par exemple) tellement brutal ET nouveau se produit que le REX supposément enregistré (selon les hypothèse proposées ci-dessus) ne suffit pas à surmonter cet obstacle à une vitesse d'adaptation suffisante.
Je crains d'ailleurs que, dans la période actuelle d'
anthropocène, nous confrontions notre biosphère à un stress se situant au delà des compétences adaptatives à ce jour acquises par notre biosphère (compétences adaptatives acquises selon les hypothèses spéculatives suggérées ci-dessus).
(1) Pour ma part, je préfèrerais un qualificatif plus neutre que celui de "but ontologique" car entâché d'anthropomorphisme (cf. la
mind projection fallacy d'E.T. Jaynes). Si, toutefois, on laisse provisoirement de côté cet aspect sémantique (pourtant important) s'agirait-il, en réalité, de qualifier ainsi, le fait que les lois de la nature sont telles qu'elles permettent l'
émergence de la complexité ? Le fait, dit autrement, que la
grammaire de la nature (comme dirait J.M. Souriau) est régie par des règles appropriées à cette émergence ?
Si tel est le cas, il s'agit alors d'un constat quasi factuel. Il s'agit du fameux
principe anthropique faible. Ce principe repose sur l'hypothèse, validée par l'observation, selon laquelle il y a bien des règles, des lois,
fixes dans le temps permettant l'
émergence de la complexité.
On devrait pouvoir, dans les décennies ou siècles à venir (... Enfin... si tout va bien sur la planète que nous malmenons) aller
beaucoup plus loin que ce simple constat, j'en suis convaincu, et démonter puis remonter les mécanismes d'auto-organisation à la base de l'émergence de la complexité. Toutefois, pour cela, il faut s'appuyer
sur la physique et sur l'acquisition progressive de connaissances nouvelles grâce :
- aux progrès de nos moyens d'observation d'une part,
- aux connaissances scientifiques qui en émergent grâce à un effort d'analyse et de formalisation d'autre part.
(2) Eric Karsenti, biologiste cellulaire, médaille d'or CNRS 2015. L'émergence de la complexité.
La théorie de l'évolution ne répond pas du tout à cette question [je ne suis pas, mais alors pas du tout surpris par sa remarque]. La réponse à ces questions demande l'application de la physique à la biologie cellulaire [et, selon moi, de ne pas s'arrêter sur la première marche de cet escalier dont, à ce jour nous ne voyons pas encore le sommet et probabalement pour encore un bon bout de temps]...
...Les découvertes, on ne les fait pas comme ça. Au début on suit un fil rouge basé sur une intuition, on se dit, ça doit marcher comme ça. Les confirmations ne viennent qu'ensuite.