UNE NOUVELLE ÉTUDE À HARVARD
En fait, si nous voulons vraiment mesurer l’impact du sexisme sur les salaires relatifs des hommes et des
femmes, nous devons nous pencher sur des hommes et des
femmes faisant exactement le même travail au même endroit. C’est la méthode retenue par une nouvelle étude de Valentin Bolotnyy et Natalia Emanuel de l’Université de Harvard – énumérés, cette fois encore, dans l’ordre dans lequel ils sont présentés dans leur travail.
Ils examinent les données de la Massachusetts Bay Transportation Authority (MBTA). Il s’agit d’une entreprise syndiquée aux salaires horaires uniformes : hommes et
femmes respectent les mêmes règles et bénéficient des mêmes avantages. Les travailleurs sont promus en fonction de leur ancienneté plutôt que de leurs performances. Les travailleurs et les travailleuses de la même ancienneté ont les mêmes choix en ce qui concerne les horaires, les itinéraires, les vacances et les heures supplémentaires. Il n’y a pratiquement aucune possibilité pour un patron sexiste de favoriser les hommes par rapport aux
femmes.
POURQUOI CES DIFFÉRENCES ENTRE LES CONDUCTEURS DE TRAIN ET DE BUS DES DEUX SEXES ?
Et pourtant, même ici, Emanuel et Bolotnyy constatent que les conducteurs de trains et les chauffeurs de bus de sexe féminin gagnent moins que leurs homologues de sexe masculin. Partant de ce constat, ils ont recherché les causes possibles, examinant les cartes de pointage et les horaires de 2011 à 2017 et tenant compte du sexe, de l’âge, de la date d’embauche, de la durée de l’emploi mais également si l’employé était marié ou avait des personnes à charge.
Ils ont découvert que les conducteurs de train et les chauffeurs de bus de sexe masculin effectuaient environ 83 % plus d’heures supplémentaires que leurs collègues féminins. Ils étaient deux fois plus susceptibles d’accepter des heures supplémentaires – payées chacune davantage. Les
femmes étaient deux fois plus nombreuses que les hommes à ne jamais prendre d’heures supplémentaires.
Les travailleurs masculins avaient pris 48 % moins d’heures non rémunérées pour raisons familiales, en vertu de la loi sur les congés médicaux (Family Medical Leave Act), chaque année. Les travailleuses étaient plus susceptibles de choisir des itinéraires moins favorables si cela signifiait travailler moins les nuits, les week-ends et pendant les vacances. La parentalité s’est révélée un facteur important. Les pères sont plus enclins que les hommes sans enfant à faire des heures supplémentaires. Les mères souhaitent davantage de temps libre que les
femmes sans enfant.
LE FOSSÉ SALARIAL EST UN MYTHE
En d’autres termes, la différence entre les gains des hommes et des
femmes à la MBTA s’explique par les « prétendues choix des
femmes », que Hartmann et Rose avaient si dédaigneusement écartés.
Les auteurs ont conclu :
»L’écart de 0,89 dollars dans notre contexte peut s’expliquer entièrement par le fait que, tout en ayant les mêmes possibilités sur le lieu de travail, les femmes et les hommes font des choix différents.»
Le « fossé salarial entre hommes et
femmes » est donc un mythe qui a fait plus de victimes que Michael Myers. Pourtant, les politiciens ressentent toujours le besoin de vénérer cette idole imaginaire. La Maison Blanche, sous Obama, était obsédée par ce chiffre ridicule de 80 %.
Si nous cessions de poursuivre ces chimères au profit de recherches sérieuses sur les différences de revenus ?