nks a écrit : 22 mars 2020, 12:51Tu n'as pas l'air
de réaliser que l'idée
de libre arbitre, qui n'a toujours aucun fondement expérimental, n'est pour l'instant qu'une croyance [...] Il faudrait peut être également travailler sur tes hypothèses. Par exemple, celle du libre arbitre : est-elle fondée?
Comme l’a déjà souvent répété EB, le libre arbitre et/ou la capacité
de choisir ou
wathever le nom qu’on lui donne n’est qu’un nom qui sert à nommer ce que l’on observe concrètement depuis toujours. Nous observons tous que les actions des hommes sont le plus souvent cohérentes pour eux même et imprévisible pour autrui (
hors protocole et contexte spécifiquement encadré lors d’études). Du coup, il apparaît que les hommes semblent se comporter librement... ...jusqu’à preuve du contraire.
Le problème, c’est qu’il n’y a jusqu’à maintenant aucune preuve du contraire! ...ce qui implique que la charge
de la preuve incombe à ceux qui prétendent savoir que la volonté, la conscience et la capacité
de choisir ne seraient que des illusions!
Je rappelle que mis à part des prétentions, les seules véritables données scientifiques qu’on dispose allant dans le sens
de l’illusion du choix sont
les expériences
de Benjamin Libet,
de J. Dylan Haynes, d’Haggard et Koch et
de Itzhak Fried.
Sauf que ces expériences ont été réalisées avec des sujets devant effectuer
un unique choix binaire très, très simple et ne concernent
que la latence entre le moment où le sujet prend conscience
de son choix
VS le mouvement du doigt.
Pour rappel,
l'expérience de Benjamin Libet effectué en 1983 consistait à ce que le sujet bouge un doigt au moment où il choisissait un nombre au hasard dans une suite qui défilait devant ses yeux. Libet ayant alors observé (
utilisant un EEG) une certaine activité cérébrale s'activant avant le mouvement du doigt.
Par la suite,
J. Dylan Haynes, en 2007 (
avec un protocole plus rigoureux utilisant une IRM au lieu d'un EEG), obtenant des résultats similaires en demandant au sujet d'appuyer sur un bouton au moment où il choisissait une lettre parmi plusieurs défilant devant ses yeux. l'IRM permit
de prédire la décision des sujets au mieux à 60% (
et quelques secondes avant qu'ils n'appuient sur le bouton).
Plus récemment, des expériences réalisées par
Patrick Haggard et Christof Koch avec des résultats similaires.
Il y a aussi l'
expérience d’Itzhak Fried (
où il est arrivé à prédire à 80% le choix des sujets), mais cette expérience concernait
des patients épileptiques (
donc non représentatif des gens « normeaux »).
Sinon des expériences
de psychologie sociale qui démontrent qu'en certains contextes très spécifiques, pour la plupart sous une pression quelconque (
donc pas en contexte neutre!),
de 60 à 80%, grosso modo, dépendamment des expériences, des sujets réagissent dans le même sens.
Et c'est à peu près tout!
Sauf que quand l'on saisit le problème concernant la latence (
voir plus bas) et le fait que le fait
de mettre sous pression des sujets est déjà une façon — externe à leur propre système —,
de les orienter en les contraignant
de l'extérieur, on réalise que les quelques éléments qui semble supporter l’illusion du choix —
de façon absolu, en toute situation et pour 100% des sujets — sont au final très très minces et au stade du balbutiement et non représentatif (
choix binaire simpliste, patients épileptiques, etc) d'un choix en contexte neutre et optimum lorsque nous avons le temps
de réfléchir sans pression.
Concernant la latence, il est complètement absurde qu'on puisse s'étonner qu'une activité cérébrale précè
de un mouvement. Parce qu'un mouvement (
faisons abstraction du réflexe de Lazare pour des raisons évidentes) qui serait effectué sans une activité cérébrale préalable relèverait
de la pure magie! Conséquemment, il est tout à fait normal et logique que toute décision et tout mouvement soient précédés d'un processus cérébral.
Il est donc tout à fait normal (
et prévisible sans même réaliser d'études) qu'un sujet qui exprime (
parole) et/ou bouge pour signifier sa « prise
de conscience
de « ceci » ou
de « cela » le fasse quelque ms après cette dernière. Je ne vois pas comment l'on pourrait exprimer, avec un membre et/ou la bouche, quoi que ce soit à l'instant t précis
de la prise
de conscience. Par exemple, si l'on me pique la douleur sera véhiculée par mes fibres A-delta qui transmettrons le message nocicepteur vers mon cortex cérébral avec un délai
de ± 20ms. Une réponse (
du cortex) sera ensuite renvoyée (
avec un délai de quelques ms aussi) pour réguler/moduler ma douleur. Dès lors, il est impossible que je prenne conscience — et encore moins d'exprimer cette prise
de conscience par la parole ou un geste — à l'instant t précis où l'on me pique, par exemple.
Conscience illusoire ou non, c'est virtuellement et pratiquement impossible! Même un cyborg sans « je » aura une latence (
avant de réagir)
de quelque ms, sinon quelques μs avant que le délai induit/requis par le trajet
de ses capteurs vers son « CPU » puisse traiter l'information et réagir! Du coup, dès que nous saisissons (
prenons conscience!
) que même sans aucune conscience il y a toujours un facteur « espace/temps » d'impliqué et incluant donc toujours un délai, même pour un cyborg sans « je », l'on doit alors saisir que les expériences se basant principalement sur la latence et le délai du traitement
de l'information et
de la réaction ne sont pas suffisante pour conclure quoi que ce soit, sinon qu’il y a tjrs un délai pour toute action/réaction (
ce qui n'est que de la physique de base et déjà connu depuis longtemps).
Autrement dit, l'erreur consiste à attribuer la conscience à un instant t erroné, instant t correspondant à l'expression du sujet
de sa prise
de conscience plutôt qu'au moment
de la prise
de conscience.
Par exemple, si je suis dans un dîner avec plusieurs convives et qu'à un instant t mon cerveau « calcul/résulte » (
activité cérébrale, donc!) que je suis le con du dîner, ben cet à cet instant t précis que le « système que je suis » prend bel et bien conscience qu'il est potentiellement le con
de la soirée. Ensuite, que cela prenne 30ms, 300ms ou une heure avant que le système puisse le signifier par un mode d'expression quelconque ne change strictement rien à l'affaire.