Catastrophe écologique : 
un bilan en 15 points
Aurélien Barrau
Intervention au Club 44 à 
la Chaux-
de-Fonds, en Suisse
15/02/2023
Voici un certain nombre 
de points disjoints que je vais volontairement peu articuler les uns avec les autres puisqu’il y aura ensuite une discussion.
Premièrement, commençons par le commencement à savoir les faits 
de ces derniers jours. Voilà ce que l’on vient 
de découvrir : 
 
La fonte des glaciers libérerait des agents pathogènes forts inquiétants. Autrement dit, COVID c’était l’apéritif !
 On vient 
de remarquer que 
la moitié des arbres plantés pour cette ridicule compensation carbone ne survivent pas. (Et oui, il se trouve qu'un être vivant c'est un petit peu plus délicat et compliqué qu'un gadget d'ingénieurs).
 L'eau 
de pluie sur terre est devenue impropre à 
la consommation eu égard au taux 
de produits toxiques qui s'y trouve actuellement (c'est un peu contrariant ça).
 L'université 
de Chicago vient 
de publier une étude montrant que les particules fines avaient réduit l'espérance 
de vie mondiale 
de plus 
de 2 ans (c’est vraisemblablement 3 fois plus que les ravages 
de l'alcoolisme).
 Le 6 novembre l'ONU a publié un nouveau rapport provisoire qui décrit un état du monde catastrophique, les 8 dernières années (2015 - 2022) y apparaissent comme 
la période 
la plus chaude jamais enregistrée depuis le début des relevés autour 
de 1850.
 Dans un rapport 
de l'Académie des sciences et des technologies françaises il est estimé que le programme 
de véhicules électriques national réclamera rapidement des quantités 
de Lithium et 
de Cobalt excédant les productions mondiales actuelles.  C'est ballot ! Sans compter que l'extraction du Lithium des roches dures implique un traitement à l'acide sulfurique et un traitement thermique qui est lui-même particulièrement coûteux en énergie. Les bassins d'évaporation des Salar d'Atacama auraient déjà provoqué l'épuisement et 
la pollution 
de la majorité des nappes d'eau souterraines 
de cette région. Les voitures électriques ne sont pas aussi vertes qu'on a voulu nous le faire croire, ça alors !
 Une nouvelle étude australienne vient 
de revoir à 
la hausse les phénomènes prévus d'inondation et 
de sécheresse extrêmes dans 
de nombreuses régions du globe.
C'était donc les toutes dernières nouvelles. Si on prend un peu 
de recul et qu'on essaye 
de se faire une idée un tant soit peu globale 
de l'image du monde, ça ressemblerait à ça : 
En quelques millénaires nous avons éradiqué à peu près les 2/3 des arbres, en quelques décennies nous avons éradiqué les 2/3 des mammifères sauvages et des poissons, en quelques années nous avons éradiqué les 2/3 des insectes. C’est fait !  
La majeure partie des points dits 
de non-retour a déjà été atteinte. Les espèces disparaissent aujourd'hui à un rythme qui est entre 1000 et 10000 fois plus élevé que 
la normale. 
La pollution tue plusieurs centaines 
de milliers d'êtres humains chaque année en Europe. Seules 20% des terres émergées ne sont pas drastiquement artificialisées. L'océan 
de plastique dont 
la taille est déjà le triple 
de celle 
de la France est toujours en augmentation ‘mastic’ exponentielle. Les forêts tropicales sont tellement abîmées qu'elles ne jouent plus leurs rôles 
de puits 
de CO2 mais commencent à en émettre plus qu'elles n'en absorbent. Dennis Meadows l'un des célèbres auteurs du rapport 
de MIT 
de 1972 a récemment déclaré que 
de tous les scénarios envisagés c'est manifestement celui 
de l'effondrement qui a été choisi.
Le fait est qu'il n'est pas nécessaire 
de cumuler les doctorats pour comprendre que 
la courbe des prélèvements ne peut pas c'est factuel demeurer longtemps au-dessus 
de la courbe des ressources écosystémiques, ce n'est pas idéologique, c’est vrai.
Mais ce n'est qu'un petit aspect 
de la question et bien sûr nous allons y revenir, c'est pourquoi j'ai voulu faire assez bref sur 
la description, alors rentrons dans le vif du sujet.
Deuxièmement, Les causes
- Interruption des cycles biogéochimiques
- Acidification des océans
- Pollution 
- Artificialisation des terres 
- Destruction des habitats
- Surexploitation des ressources
- Réchauffement climatique 
- Déploiement des espèces invasives introduites par les humains 
On mentionne aussi souvent 
la chute 
de la biodiversité. C'est vrai et c'est le pire.
Mais je me refuse à 
la voir comme une cause, ça n'a aucun sens. Evidemment que c'est grave pour nous ! Evidemment que ça entraînera des conséquences pour les humains et leur survie. Mais le voir ainsi je crois que c'est déjà se placer dans le schème mental dramatique. 
La chute 
de la vie sur terre, ce n'est pas une cause du problème, c’est le problème. On y ira au-delà … 
Mais je voudrais déjà vous faire remarquer que le climat quant à lui n’est qu'un aspect du cataclysme. 
La crise est fondamentalement systémique et pluri factorielle. Rien à mon sens ne saurait être plus naïf et erroné que 
de croire que notre grand problème unique et cardinal est le réchauffement climatique. Vous le savez, même sans un seul degré 
de réchauffement, nous serions quand même dans 
la 6e extinction massive qu'il convient d'ailleurs d'appeler 
la première extermination délibérée.
Alors pourquoi dans 
la presse, dans les médias sur les réseaux ‘asociaux’ cette sur-focalisation sur le climat ? Parce que je crois (et c'est un peu tragique 
de le dire comme ça) que c'est le plus simple 
de nos problèmes. C'est celui qui fait perdurer encore un peu l'illusion délirante que nous sommes face à un problème technique qui aurait une solution technique parce qu'en réalité c'est à peu près tout ce que notre 
société d'ingénieurs est capable aujourd'hui 
de penser. Pour paraphraser l'adage 
de Maslow, vous savez que quand notre tête ressemble à un marteau on voit tous les problèmes en forme 
de clou, mais c'est un biais. Nous en sommes là, nous sommes tellement obnubilés par 
la technique que nous ne parvenons plus à raisonner au-delà 
de son horizon qui est pourtant très limité. Prométhée est à 
la fois déchaîné et aliéné. 
Troisièmement, L’instable
Il commence (il était temps) à être compris qu’une croissance illimitée n’est pas durablement possible dans un monde fini. (Ce n’était pourtant pas très difficile à comprendre). Quiconque connaît un peu les fonctions exponentielles voit que changer 
la normalisation ne change quasiment pas le moment 
de passage des seuils autrement dit le temps des petits efforts est derrière nous. 
Or les exponentielles il y en a partout, il suffit d'avoir une variation qui est proportionnelle au phénomène, dès que vous avez d(n) proportionnelle à n, d(n) / n = dt comme vous le voyez toute 
de suite cela s’intègre en logarithme et donc n est en exponentiel du temps.  
Les exponentielles sont omniprésentes et elles sont catastrophiques du point 
de vue 
de leurs conséquences. 
On sait en physique que dans ce type 
de situation donc instable le temps 
de vie du système est typiquement 2 à 3 fois le temps 
de doublement, le temps 
de doublement pour ce qui est 
de l'usage des ressources est typiquement 
de 20 à 30 ans autrement dit le temps 
de vie est 
de l'ordre du siècle. Vous voyez que l'analyse physique 
la plus rudimentaire concorde avec les analyses biologiques, médicales, climatologiques et ainsi 
de suite…  
La non-durabilité 
de notre monde elle peut se voir 
de multiples autres manières, (je donne juste quelques exemples),
- (je le disais tout à l'heure) 
La courbe des prélèvements est supérieure à celle des ressources. Vous savez que quand on est à découvert sur son compte en banque, on peut l’être mais jamais très longtemps et on paye des intérêts. Il se trouve que les lois 
de la physique sont encore plus draconiennes que les requins 
de la finance, autrement dit à intégrale constante plus on met 
de temps avant 
de faire repasser (parce qu'elle y repassera 
de toute façon) 
la courbe des prélèvements sous 
la courbe des ressources plus 
la chute sera brutale, c'est mathématiquement inéluctable.  
- On peut le voir cette instabilité, 
la voir en remarquant que 
la plupart des seuils 
de relaxation sont d'ores et déjà dépassés, l'idée est extrêmement simple… Vous savez que si on appuie un peu sur une branche celle-ci va plier et quand on relâche 
la contrainte elle reprend sa position d'équilibre mais si vous appuyez trop fort, 
la branche casse et même si vous relâchez 
la contrainte elle ne peut plus reprendre sa position d'équilibre. C'est l'état dans lequel nous sommes en train 
de placer pourrait-on dire, les conditions d’habitabilité 
de cette planète. 
- On peut le voir l'instable avec les stocks d'énergie qui s'épuisent. Ce dernier point me semble particulièrement intéressant à scruter pendant un instant : d'abord à l'échelle globale, à l'échelle mondiale, vous savez que l'énergie ce sont les fossiles. Et vous savez que quand une nouvelle énergie est découverte, elle ne supplante pas une énergie ancienne, elle s'ajoute à nos usages. Et vous savez enfin que depuis que l'on commence à parler 
de ces crises et catastrophes écologiques l'énergie dont l'usage a le plus augmenté est : le charbon.  
Ce qui est intéressant, c'est 
de comprendre qu'on vient vraisemblablement 
de passer le ‘’Peak Oil’’ c'est-à-dire le sommet 
de la production mondiale 
de pétrole. Il en reste donc vraisemblablement à peu près autant que ce qu'on a utilisé jusqu'alors.  Et là, cela devient intéressant parce que 2 choix s'offrent à nous : 
 
Le premier c'est 
de ne rien changer. On demeure ensorcelé à 
la croissance c'est-à-dire à l'énergie. On suce le pétrole jusqu'à 
la dernière goutte et alors c'est une double catastrophe. Evidemment une catastrophe climatique puisque nous serions sur le pire scénario du GIEC avec des conséquences (je pèse mes mots) inimaginables. Pourquoi ? Parce que nous sommes dans un système très non linéaire, pour reprendre l'exemple 
de Jancovici, vous savez que quand votre température corporelle s'élève d’un degré vous avez simplement un peu mal à 
la tête quand elle s’élève 
de 5° vous n'avez pas 5 fois plus mal à 
la tête vous êtes mort. C'est un effet non linéaire. Donc 5° d'élévation climatique par exemple cela conduirait notre biosphère à un état tellement loin 
de son état d'équilibre que nous n'avons aucun moyen d'imaginer ce que seront les conséquences. 
De plus ce serait aussi une catastrophe géostratégique parce qu'une décroissance non souhaitée est toujours 
la cause 
de cataclysme : les dictatures, les génocides, ce genre 
de choses pas particulièrement sympathiques naissent presque toujours dans ce type 
de situation. 
 
2ème scénario (choix) : On fait ce que font les artistes c'est-à-dire que l'on comprend que 
la contrainte est un extraordinaire moyen d'engendrer 
de la création. On tente enfin 
de se réveiller par 
la factualité, par 
la raréfaction des ressources et nous comprenons que notre chemin est non seulement impraticable, ça c'est un fait mais qu'il est aussi et surtout (je vais y revenir) non souhaitable. Il faut alors inventer un ailleurs radical, (j'insiste une dernière fois) 
de toute façon nous irons vers un ailleurs radical. 
La seule question est 
de savoir si on le choisit ou non. Et cet ailleurs j'aimerais que nous l'inventions sans nostalgie et sans aigreur parce que je vous assure : vivre sans Twitter c'est tout sauf un effort en réalité. C'est un peu une renaissance, c'est le petit geste libérateur contre 
la vulgarité, l'imbécillité, 
la hideur veule et 
la vacuité sale. Ça c'était 
la version euphémisme.
Quatrièmement, Les vraies causes
Parce que les causes que j'ai présenté il y a 5 minutes ne sont pas les vraies. Celles que nous venons d'énoncer, ce sont en réalité bien sûr des conséquences. 
 Première remarque, ces conséquences : réchauffement climatique, pollution, artificialisation … etc nous ne les traitons pas. Les COPS se succèdent avec un effet nul, je dis nul au sens littéral pas métaphorique. Regardez les corrélations, là encore les exposés 
de Janco sont très bien entre les émissions 
de gaz à effet 
de serre et les décisions annoncées aux COPS, elle est nulle, c'est un résultat mathématique, ce n'est pas une idéologie. L'influence sur les émissions 
de CO2 n'existe pas. 
 2ème remarque : quand bien même nous le ferions 
de les traiter ces petites conséquences, ce serait à peu près comme diriger l'extincteur vers le sommet des flammes ou traiter un cancer généralisé avec du paracétamol. Ça ne peut pas marcher. 
La véritable cause, celle à laquelle il faut s'atteler est évidemment ailleurs je crois que c'est d'une part 
la valeur nulle que nous conférons à 
la vie et par ailleurs notre addiction pour ne pas dire notre envoûtement à 
la technologie. Pour le dire autrement encore, 
la méta cause extraordinairement simple je crois, c'est que nous n'avons pas posé 
la question 
la plus élémentaire et 
la plus désuète mais aussi 
la plus importante et 
la plus profonde : qu'est-ce que l’on veut ? Est-il absolument évident que nous souhaitons ce délire qui par ailleurs nous tue ?!
Alors ce soir on est en Suisse, effectivement dans le berceau 
de l'horlogerie traditionnelle. 
Vous me direz si ça se passe comme ça avec 
la CFF mais en France prendre le train est devenu un enfer ! Pour les plus âgés c'est même devenu une angoisse pour ne pas dire une impossibilité. Entre les portails automatiques qui barrent l'accès aux quais et ne marchent d'ailleurs jamais, les tarifs qui évoluent suivant des lois obscures et fluctuantes, les sites web multiples qui plantent à chaque clic, les applications dont on ignore évidemment laquelle est 
la bonne, les promotions en temps réel qui écœurent, les montages entre sociétés privées dont on ne sait plus laquelle est ou n'est plus 
la SNCF, les annonces : « attention ! les billets ouigo ne sont pas valables dans ce TGV »,  les promotions débiles sur les hamburgers à 
la voiture-bar, les grands-mères qui n'ont plus le droit 
de se faire porter par 
la famille les valises jusqu'aux wagons qu'elles empruntent, les petites lignes qui ferment, les problèmes et Dieu sait qu'ils sont nombreux qu'ils ne peuvent plus se résoudre en échangeant avec un être humain mais seulement via des interfaces numériques dont on ne sait plus très bien si elles ont été à dessein ou non imaginées pour rendre fou, des poubelles connectées dans les gares, des trains rebaptisés inouï mais accessibles seulement sur « Connect » mais quelle bouffonnerie !! C’est l’enfer ce truc ! Ce n'est pas une question 
de bilan carbone, ce n’est pas une question 
de durabilité, c'est juste que c'est intrinsèquement pourri !!! On n'en veut pas 
de cette merde ! ça répugne, ça fatigue, ça dégoûte, ça attriste et ça agace un tantinet quand même. 
Est-ce qu'on est heureux 
de ça ? Qui ne regrette pas le temps ou le train était le moyen d'aller d'un point à un autre avec sa poétique (ça fait complètement dépassé hein) avec sa poétique avec sa symbolique et non pas un rouage 
de cette machine 
de guerre économico financière enrubannée 
de techno débilité ! Et je suis à peu près certain (je n’ai pas fait 
de sondage, c'est une intuition) que 
la grande majorité des personnels 
de la SNCF ou 
de son équivalent Suisse sont d'accord avec cette analyse. 
Ce n'est qu'un exemple mais l'idée est élémentaire,  je veux dire pourquoi ne mettons-nous pas sur 
la table ce que l'on veut ? Nous sommes en train 
de construire une dystopie qui n'est pas seulement intenable mais qui est en soi méprisable. 
Regardez le monde vulgaire et violent sans étoile et sans paroles que nous prépare Elon Musk. Regardez 
la dernière escroquerie numérique : le métavers mais quel nom pompeux pour ne rien dire, ce n'est que 
la n +ième itération d'une méthodique artificialisation. Et tout cela sur fond 
de la généralisation 
de l'Intelligence Artificielle. Alors là encore soyons clair, 
la question à mon sens n'est pas 
de savoir s'il faut ou non décarboner l'IA. 
La question est 
de savoir si même s'il n'y avait aucune conséquence écologique néfaste nous souhaiterions que des algorithmes (qui n'ont rien d'intelligent cela dit en passant) produisent un réel prévisible, normé, calculé, apte à 
la surveillance sans exubérance et sans protubérance, adaptée et formatée pour 
la rentabilité. Voulons-nous que les publicités soient ciblées pour décupler nos addictions à nos consommations ? Que le contenu pseudo informationnel que nous recevons soit choisis pour confronter et pour conforter nos biais et nos convictions ? Que nos curriculums vitae (comme c'est maintenant déjà le cas) soient lus par des machines ? Que 
la finance mondiale qui nous gouverne dans une large mesure soit régie par des programmes dont plus personne même leurs concepteurs et 
de leurs propres aveux ne comprennent plus comment ils fonctionnent ? Que nos désirs soient anticipés afin que plus aucune excursion hors des attendus ne puissent survenir ? 
C'est juste ça 
la question, même si ça ne faisait pas monter 
la température du globe, est-ce qu'on voudrait 
de ça ? Et surtout qu'on ne nous dise pas que l'intelligence artificielle pourrait être 
la solution au problème, elle est le problème, elle aurait peut-être quelques effets positifs ici ou là nous dit-on, c'est vrai ! C'est évidemment vrai comme 
la plupart des produits cancérigènes qui ont par ailleurs quelques effets positifs. Il n'en demeure pas moins que 
de façon structurelle et systémique, prenons un peu 
de hauteur et un peu 
de sérieux, elle est une partie 
de ce qui aujourd'hui nous mène au gouffre, un Parangon 
de notre fascination pour 
la techno nuisance sans compter d'ailleurs que son caractère intrinsèquement non disruptif parce qu'elle est fondée sur l'analyse 
de répétabilité 
la rend particulièrement incapable 
de faire face par essence aux crises que nous traversons. Ce n'est 
de toute façon pas elle qui nous dira si nous préférons un casque 
de réalité virtuelle ou une balade dans une forêt réelle. C'est ça 
la question simple, notre niveau d'ensorcellement est tel que 
la seconde (
la balade réelle) commence à nous apparaître comme une version atrophiée 
de la première, 
la balade virtuelle. 
Aujourd'hui 
la destruction 
de la vie est notre but. 
La réification totale du réel est le dessein que nous nous sommes fixés, quelle que soit 
la manière dont nous y parvenons même avec des outils bio équitables si nous y parvenons, c'est foutu par définition. 
Cinquièmement,
 (il y en a 14 ou 15, bonne soirée ! bon ouais, ce n’est pas très gai mes trucs hein ?! l’introduction était pourtant très marrante, donc voilà ! il y a eu le bon moment pour commencer, et puis bah maintenant c'est un peu plombé quoi…)
Cinquièmement, Les mots
Ne nous laissons pas voler les mots ! 
Dans une large mesure, évidemment c'est trop tard et pourtant quand même j'aime à croire qu'au jeu 
de la création et 
de la poésie on va gagner, on ne peut que gagner parce que leur idiome est nécrosé parce qu’au défi 
de la vie, ils ont perdu dès l’origine. 
J’ai par exemple parler tout à l'heure 
de croissance sans 
fin (le problème 
de la croissance sans 
fin dans un monde fini). Dans 
la manière dont je l'ai employé cela signifiait donc que croissance sans autre qualificatif référait à 
la croissance du PIB mais c’est démentiel en fait, c'est fou, c'est d'une extrême violence intellectuelle. 
La croissance autorisée et même souhaitée celle qui compte, celle 
de l'amour, 
de l'amitié, 
de l'intelligence, 
de l'inventivité, des poèmes, des équations, des symphonies, des sourires, du rap, du slam, elle n'aurait donc plus droit au mot croissance ? Nous sommes évidemment tous pour 
la croissance. Soyons simplement pour 
la bonne, 
la vraie, pas celle 
de l'addiction techno délinquante parce qu’honnêtement, il n'y a quand même pas beaucoup d'orgueil ou 
de vanité à placer dans 
la croissance 
de notre surconsommation 
de drogue. Ne réduisons pas le mot 
de croissance à son usage détourné. 
C'est un peu 
la même chose pour le mot progrès d'ailleurs. Quand quelques personnes ont osé critiquer 
la pertinence 
de la 5ème génération 
de téléphonie mobile, certains, non tous et toutes se sont émus dans 
la presse que l'on puisse être contre le progrès. 
Définissons le 
progrès. Si effectivement 
la mise en place d'une technologie dont les conséquences sont délétères du point 
de vue 
de la pollution, du point 
de vue 
de la consommation, du point 
de vue 
de l'artificialisation et du point 
de vue 
de l'addiction pour un gain réel nul s'appelle « progrès » alors je crois qu'il va falloir effectivement travailler sur le langage. 
Un autre mot doublement mutilé : 
radicalité. D'abord parce qu’étymologiquement, comme vous le savez, 
la radicalité ça signifie essentiellement 
la précision. 
La radicalité c'est bien, vous pouvez être fiers et revendiquer cette radicalité. C'est un mot qui est mélioratif et non pas péjoratif. Mais ensuite parce que même au sens commun et dénaturé du substantif disons celui 
de l'intransigeance, ne serait-il pas quand même effectivement souhaitable d'être intransigeant contre 
la fin du monde ? Même en ce sens appauvri, nous devrions revendiquer une radicalité dans ce combat vital.  
D'ailleurs « 
fin du monde » pour cela aussi nous sommes moqués, mais évidemment j'ai quelques bases d'astrophysique et je peux vous confirmer que 
la terre continuera 
de tourner quelles que soient les conneries que nous fassions, certes ! Mais ce n'est pas ça le monde.  Mundus en latin comme cosmos en grec ça réfère à 
la convenance raisonnable, ça réfère à l'harmonie, ça réfère à une certaine capacité à faire du commun à partir d'un espace et d'un temps partagé. Honnêtement si avec l'éradication des 2/3 des êtres vivants nous nous penchons encore dans l'harmonie je crois qu'il y a effectivement un petit problème qui dépasse là, le langage.  
Tout à l'heure j'ai donc évoqué ce joli terme (mais il n'y a que le terme qui est joli) 
de métavers. Dans mon domaine c'est un mot qu'on utilise parfois aussi pour référer à quelque chose 
de beaucoup plus joli pour référer à 
la possible existence d'univers multiples, c'est une idée qu'on trouve chez Anaximandre, chez Démocrite jusqu'à l'âge classique avec Leibniz en passant par 
la renaissance avec Rabelais, Nicolas 
de Cues et en philosophie contemporaine d'ailleurs avec David Lewis ou Nelson Goodman. Elle fait aujourd'hui effraction dans le champ des sciences dures, c'est une idée remarquable qui peut être liée aussi bien à 
la mécanique quantique qu'à 
la relativité générale. Voilà ce à quoi devrait référer ce terme et non pas à cette grosse bouse numérique qui est juste une arnaque 
de plus !
Et enfin 
écologie : c'est assez inapproprié en fait ce terme pour parler d'amour 
de la vie. L'écologie initialement ça signifie basiquement l'économie 
de la maison, ce n'est pas ici ce dont il est question. C'est un terme qui est héritier 
de nos vieilles violences métaphysiques, il pense encore dans une dichotomie 
de l'homme et 
de la nature et c'est une des causes cardinales 
de notre incapacité à imaginer tout ailleurs à nos construits. Pensez à Descola et à bien d'autres, cette binarité arbitraire entre nous et le grand autre. Même posée avec bienveillance n'en demeure pas moins scientifiquement fausse et axiologiquement dangereuse.
Sixièmement, 
La démographie 
Ça fait débat. En ce qui me concerne je crois que ce n'est pas le problème. Un seul Elon Musk fait sans doute plus 
de dégâts que tout le continent africain. 
Plus généralement, notre idéologie actuelle consiste essentiellement à maximiser l'impact, si nous étions donc 2 fois moins nombreux nous utiliserions simplement chacun 2 fois plus d'espace et 
de ressources disponibles. Je crois donc que ce n'est pas 
la question, nous sommes 
la civilisation 
de l’hubris, n'oubliez pas d'ailleurs que c'est ce qui a failli causer 
la perte 
de la guerre 
de Troie parce que l'enlèvement d’Hélène honnêtement, Agamemnon s'en fichait un peu. C'est aussi ce qui explique d'ailleurs Lucrèce et Epicure, finalement Agamemnon et ses reîtres venaient piller Troie parce qu'ils avaient oublié 
la valeur 
de la pensée locale. 
Si demain donc, (et Dieu vous en préserve) votre conjoint décè
de, allez-vous rendre à 
la nature les terrains dont il ou elle était éventuellement propriétaire ? Probablement pas, vous les utiliserez, vous les louerez, vous les ferez fructifier. Nous le ferions tous ou presque alors à quoi bon être moins nombreux si notre mentalité n'évolue pas drastiquement ? Ça n'aurait 
de sens que sous postulat d'auto limitation ou 
de raison et c'est un peu l'inverse 
de ce qui est à l'œuvre actuellement. Et puis vous voyez bien qu'il y a aussi quand même quelque chose 
de terriblement colonialiste et paternaliste dans cette question démographique car 
la démographie galopante c'est évidemment celle des pays pauvres alors même que ce sont essentiellement les seuls qui n'ont rien à se reprocher dans 
la catastrophe actuelle. 
Septièmement, Poésie
Ames 
de mes tués ! Tuez-moi ! Brûlez-moi !
Michel-Ange exténué, j’ai taillé dans 
la vie
Mais 
la beauté, Seigneur, toujours je l’ai servie,
Mon ventre, mes genoux, mes mains roses d’émoi.
Les coqs du poulailler, l’alouette gauloise,
Les boîtes du laitier, une cloche dans l’air,
Un pas sur le gravier, mon carreau blanc et clair,
C’est le luisant joyeux sur 
la prison d’ardoise.
Messieurs je n’ai pas peur ! Si ma tête roulait
Dans le son du panier avec ta tête blanche,
La mienne par bonheur sur ta gracile hanche
Je m'interromps toujours au milieu des vers 
de Jean Genet parce que je me dis que c'est tellement insupportable quand s'arrêtant comme ça vous ne pouvez pas ne pas avoir envie 
de lire 
la suite tout à l'heure en rentrant chez vous... C'est un extrait du condamné à mort. Oui 
la stratégie est un peu grossière mais très efficace. Non, parce que 
la fin est très belle aussi…
Attention ! Roi tragique à 
la bouche entr’ouverte
J’accè
de à tes jardins 
de sable, désolés,
Où tu bandes, figé, seul, et deux doigts levés,
D’un voile 
de lin bleu ta tête recouverte.
C’est très long…
Huitièmement, L’arrogance 
Nous sommes ceux qui n'ont rien compris, on ne peut plus continuer à donner des leçons au monde entier. Nous sommes 
la civilisation 
la plus meurtrière 
de l'histoire à l'échelle 
de la biosphère, c'est un fait. Nous nous sommes trompés. Savez-vous ce qui restera 
de l'humanité sur des échelles 
de temps géologiques ? Pas des millénaires, des dizaines 
de millions d'années ? Pas grand-chose ! Nos cathédrales, nos centrales nucléaires, nos clés USB, tout ça on en parlera plus. Il restera une chose qui signera notre présence et nos descendants pourront savoir que nous avons existé. C'est en regardant les fossiles. Ils pourront discerner un effondrement 
de la vie sans aucune cause météoritique ou volcanique à une rapidité qui vraisemblablement n'a jamais existé dans l'histoire. Voilà 
la signature que nous laissons pour toujours sur cette planète.
Alors je crois qu'il faudrait regarder un peu ailleurs mais avec le désir d'apprendre et non pas d'enseigner. Regardez par exemple 
la Caraïbe, les extraordinaires modalités 
de résistance des peuples réduits en esclavage doucement, méthodiquement dans une logique 
de diffraction intérieure 
de plurivers symbolique, ils ont inventé un vivre en mode mineur sur une ligne 
de fugue en pirate du « nomos », en Cosmo poète du sensible dirait Dénètem Touam Bona. Les passeurs dans leurs conditions d’Humanimo n'abolissent pas les frontières comme dans 
la globalisation techno nihiliste 
de nos sociétés 
de surveillance. Ils les transgressent en ouvrant le cosmos au chaos. Ce ne sont pas 
de grands sages contrairement à ce que 
la mystique occidentale imagine à tort, ce sont les maîtres du désordre qui veillent à prévenir l'asphyxie du monde. Toute 
la cosmopolitique indigène repose sur un réseau hétérogène 
de liens entre les vivants humains et non humains. L'expérience initiatique 
de l'existence ne peut se déployer que sur une intuition poétique ou ontologique si loin des binarités 
de la métaphysique toute puissante 
de notre bon vieux logos. 
 Neuvièmement, Sobriété
 C'est à 
la mode tant mieux mais ça pose quand même 3 problèmes : 
 
Le premier : comment est-il donc possible que l'exécutif comprenne cela aujourd'hui alors même que ça fait 50 ans que tout est parfaitement documenté ? Il aura donc fallu que ces hommes et femmes politiques le ressentent dans leur corps cet été ? Parions donc que l'hiver arrivant tout cela sera très vite écarté 
de leurs préoccupations. Honnêtement quelle inconséquence, quelle coupable frivolité. Les gens sérieux ne sont manifestement pas ceux qu'on croit. 
 
2ème problème : cette idée 
de sobriété laisse entendre (je l'ai lu ces derniers jours) que le temps 
de l'abondance était terminé pour les Européens. C'est quand même oublié qu'il n'a jamais existé et cela relève un peu 
de l'indécence pour tous ceux qui en souffraient 
mais surtout 
 
Troisièmement : ça suggère et c'est le point que je veux développer qu'il va donc falloir faire des efforts et je crois que c'est terrible 
de le dire comme ça parce que ça montre notre niveau d'incompréhension ou peut-être 
de pauvreté sémiotique. Des efforts ?! Renoncer à 
la notification snap pour écouter les oiseaux, c’est un effort ? Préférer les livres à Twitter, c'est un effort ? Choisir son lieu 
de villégiature pour son authenticité plus que pour son Instagram habilité, c'est un effort ? Le réel serait donc à ce point pour nous devenu une atrophie ou une pâle copie, un ersatz du virtuel. C'est quand même pathologique au sens presque littéral. Il n'y a en réalité aucun effort à faire, il y a juste à se sevrer 
de nos addictions mortifères.
Dixièmement, ITER
C'est le nom d'un projet 
de fusion nucléaire. Imaginez qu'un jour dans quelques décennies nous jouissions d'une source d'énergie presque propre et presque illimitée. Magnifique ! Nous serions sauvés, les ingénieurs nous auraient sauvés, alléluia ! 
En fait, non. Pourquoi non ? Ce n'est pas pour jouer les oiseaux 
de mauvais augures, c'est parce que c'est vrai. Ça serait sans doute (à supposer que ça marche ce qui n'est pas gagné) 
la pire catastrophe possible. Parce que nous disposerions alors 
de moyens presque infinis pour parachever notre entreprise d'artificialisation méthodique du réel. Nous n'aurions plus aucun frein pour éradiquer les montagnes, détruire les forêts, bétonner les espaces habitables. Je veux vraiment insister, le vrai problème, le problème réel plutôt, c'est notre objectif pas les moyens avec lesquels nous en parvenons. Nos énergies actuelles sont émettrices 
de CO2, c'est vrai mais c'est le moindre 
de leur mal. Si on les décuple ces énergies disponibles même sans émettre 
de CO2, si on ne revoit pas l'enjeu 
de notre être au monde, ce qu'on amplifie c'est 
la catastrophe, pas 
la transition. 
Nous utilisons aujourd'hui l'essentiel 
de notre pouvoir matériel d'action pour détruire, pour tuer, pour dévaster, pour raser. Regardez les fonds marins par exemple, ils sont totalement mutilés au-delà 
de ce que vous pouvez imaginer par les filets dérivants, ça n'a rien à voir avec le CO2 et le réchauffement climatique. Si vous avez 10 fois plus d'énergie dans les navires 
de pêche, vous mutilez 10 fois plus les fonds marins, ce n'est pas un problème 
de propreté 
de l'énergie, c'est un problème 
de ce que nous faisons avec l'énergie. Je reconnais que c'est trivial ce que je dis là, c'est d'une simplicité biblique mais je n’y peux rien, nos décideurs n'ont toujours pas compris. Plus 
de moyens sans une révolution des désirs ne signifierait qu'une chose le déploiement 
de ce que Edgar Morin nomme le Thanatocène c'est-à-dire l'air 
de la mort. 
Onzièmement, Richesse
 
La suite dans 
la vidéo…
https://www.youtube.com/watch?v=h9T2DyglJn8