Tu dis que le peuple français a une admiration sans borne pour les anglicismes. C'est énorme, comme déclaration. Tu ne dis pas "certains français", ni "les médias français", ni même "la plupart des français" .. non.. tu dis le PEUPLE français. Je conteste une telle affirmation.DanB a écrit :C'est un tout autre débat, mais je suis toujours surpris qu'un peuple 10 fois populeux vivant dans une communauté où les forces en présences sont plus équilibrées (Français, Anglais, Allemands, Italiens, Espagnols, Néerlandais, Portugais, etc.) ait une admiration sans bornes envers tous les anglicismes, nous qui ne sommes même pas 25% de la population de notre pays et les seuls 6 milions à parler français dans un océan de 300 millions d'anglophones.
Surtout que tu affirmes, avec la même assurance "on [nous, au Québec] fait attention et on évite les anglicismes". Encore une affirmaton énorme très contestable.
La question était "pourquoi ne fustiges-tu pas les Québecois qui font la même chose?" Ta réponse est "parce qu'il y en a moins" ? À supposer qu'il y en ait moins, ce n'est pas une bonne réponse non plus. La seule bonne réponse serait "Parce qu'il n'y en a pas", et c'est faux.
Je rapelle quelques calques syntaxiques et anglicismes courants au Québec. Certains d'entre eux sont solidement implantés, d'autres sont en croissance: "Faire sûr". "Laisse-moi savoir". "Bye". "Bon matin!". "Tomber en amour". "flexible" (au sens figuré, c'est supposé être un défaut!). "être versatile" (au sens de polyvalent, en français, versatile est un défaut). "by the way". "yé!". "week-end" (de plus en plus en vogue, héritage des français, malheureusement). "pathétique" (utilisé dans le sens anglais, comme tu le fais). "du stock". "bénéficier" (au sens de profiter). "mes taxes" (quand il s'agit d'impôts). "significatif" (au sens de "important"). "come on". "paver la voie". "let's go". "insécure" (au sens d'inquiet). "kicker". "un kid". "l'air conditionné". "la gratification". "se pitcher sur". "faire du sens" (j'ai lu "faire sens" dans textes français de France toutefois). "en faveur de". "cute". "une game". "j'assume" (je suppose). J'ai même déjà entendu : "Une assomption" (hypothèse

On en retrouve de plus en plus dans les médias ! Lis un peu les chroniqueurs de La Presse. C'est moins pire que Euronews, mais il ne faut pas se reposer sur nos lauriers non plus. La question n'est pas de savoir qui est le pire. C'est difficile de comparer, car notre anglicisation a une nature différente de celle des français. Les anglicismes, ce ne sont pas que des mots en -ing. Les calques sont des tournures qui appauvrissent notre vocabulaire, étant calquées sur l'anglais. Les calques "traduits" se comportent d'une telle manière qu'on les prend pour des expressions régionales qui nous définissent. Après un certain contact avec l'anglais, on découvre ensuite les formules originales, et certaines personnes finissent par remplacer ces calques par celles-ci (let me know, I guess, anyway, etc), car leurs phrases et leur discours sont déjà structurées en conséquence. Un calque prédispose à l'anglicisme
Le Français moyen ne rencontre pas d'Italiens ni d'Allemands chaque jour. La Communauté Européenne n'est pas un gros voisinage. Comme n'importe où, le Français moyen rencontre ses collègues de travail, sa famille et ses voisins, au jour le jour. De temps en temps il part en vacances. Il ira où il voudra, comme le Québecois. Il n'y a rien de différent entre le Québecois qui reste à Rimouski, et un Français typique, sur ce point. Il n'y a pas une mer d'anglophones à Chicoutimi, bien qu'on y retrouve (/retrouvait) quelques écoles anglaises (à cause de l'Alcan, je crois). Là où c'est différent, c'est près des frontières, près des zones loyalistes et dans certains quartiers de Montréal. Mais est-ce la "mer d'anglophones" qu'un Montréalais rencontre? Non plus. Pas plus que le gars qui habite à New Richmond. C'est une minorité d'anglais qu'on rencontre au Québec, aujourd'hui, en 2007. Les "deux solitudes" sont en général bien séparées. Rien n'oblige le Québecois moyen à aller à Shawville, à Lennoxville ou dans un quartier anglophone de Montréal.
L'influence anglophone s'est jadis fait sentir de façon économique au Québec. Les scieries, les compagnies de chemin de fer.. les outils, les machines, tout ça, "venait" de "l'anglais", était anglais. Les "boss", les "foremen", les "shifts" de travail aussi. Je reconnais qu'on s'en est bien tiré et que ce fut difficile, surtout pour nos parents et grand-parents. Mais ce succès du passé n'est pas garant de l'avenir. Car l'influence anglophone actuelle est différente de celle d'il y a 50-70 ans. C'est celle des médias et du monde du divertissement, celle qui se veut "cool". C'est le petit mot anglais en fin de courriel qui fait détaché.. Le petit "Sorry!" échappé par un chroniqueur de La Presse. Le "Come on!" pour paraître jeune, à la télé. Cette menace, "cool", elle n'a rien à voir avec la situation géographique. Elle est diffusée par les médias et par internet, elle est aussi forte en France qu'ici. Mais la différence est qu'elle est moins perçue comme une menace en France, qu'ici.
Ce que tu écris à propos de la menace anglophone qui est plus grande chez les Québecois que chez les Français (l'OCÉAN anglophone, etc) est vrai, mais c'est à la fois la raison de la situation actuelle de la France face à l'Anglais. Ils ne sont pas vraiment menacés. Pourquoi devraient-ils se comporter comme tel ? Dans les Second Cup (...) du Québec, je pense, les grandeurs des cafés sont en italien (piccolo, grande, etc). Personne n'a jamais décrié cela.. pourtant, c'est une langue étrangère. Les Français ont la même relation avec l'anglais que nous avons avec l'espagnol ou l'italien. vu que c'est loin, on aime ça et on ne se sent pas menacés par ces langues. Une chanson espagnole peut jouer à la radio de Radio-Canada, en plein après-midi. Une chanson en anglais, c'est plus rare et ça devra être justifié (un classique).
Peut-être que les Français vont regretter cette mentalité, un jour. Peut-être qu'elle affectera ngativement leur culture, je ne sais pas.. mais on ne peut pas leur demander de jouer nos grand-frères, ni de se sentir menacés uniquement parce que nous le sommes. C'est notre combat, pas le leur. À ce sens, je comprends mieux un Français qui fait un anglicisme qu'un Québecois qui en fait un ou qui fait systématiquement des calques. Le Français se le permet sans trop aggraver sa condition.. le Québecois non.
D'ailleurs, le français comme langue majoritaire en France, ce n'est pas si vieux que ça. Je veux dire qu'il y avait plein de parlers locaux qui co-existaient pendant très longtemps. La France n'a pas nécessairement un plus grand mandat que le Québec dans la protection de la langue. Imagine aussi ceux qui essayent de conserver leur dialecte.. ou les Bretons, qui parlaient une toute autre langue il y a quelques siècles. Comment ceux-là pourraient-ils se joindre à "notre" combat ? Les Belges sont aux prises avec leur propre situation bilingue. L'anglais, une menace ? Elle est probablement au 2e rang sur la liste.
Ça t'est arrivé ? J'avais des amis français qui voyageaient en Gaspésie. Arrivés dans un Gîte, ils ont demandé s'il y avait encore de la place. La propriétaire ne comprenait pas.. elle pensait qu'ils parlaient une autre langue. Elle leur a donc demandé "Do you speak English?". Ce genre de situation, plutôt cocasse, n'a rien de tragique. Différence d'accent, c'est tout. S'agit de parler lentement.. Qu'un garçon de café parisien soit chiant parce qu'il ne comprend pas ta commande, ce n'est pas une surprise. Un garçon de café parisien qui n'est pas chiant, ÇA, serait décevant.. Moi je demanderais à être rembourséDanB a écrit :C'est à un point tel qu'on ne se fait pas comprendre en France quand on parle... français!

Ce n'est pas tant l'attrait qui est irrésistible, c'est que la menace est loin (pour eux). Sans cette menace, aucune raison pour une loi 101. Si Wal Mart et McDo nous "parlent" en français (et encore..), c'est à cause de cette loi.DanB a écrit :Pourquoi, par exemple, les Français optent-ils pour le vocabulaire anglais pour des particularités nord-américaines même si on a depuis longtemps développé un vocabulaire francophone? Le travail est déjà fait! Non, l'attrait de l'anglais semble irrésistible. (alors on mange des McNuggets en France et des McCroquettes au Québec. On a le film Cars en France et les Bagnoles au Québec, etc.)
Quant aux films, c'est secondaire. Qu'un film s'appelle "Le flic de Bervely Hills" ou "Beverly Hill's Cop", on s'entend que c'est un produit "culturel" étranger ? Oui, je préfère "La matrice rechargée" à "Ze matrixe re-lodedd", mais une fois dans le cinéma, c'est vers les États-Unis qu'on regarde tous. Le problème de la traduction du titre d'un film est superficiel.. la pointe de l'isberg.
Bref je reconnais que la situation n'est pas gagnée et qu'il ne faut pas laisser notre langue se détériorer, mais je ne comprends pas qu'on puisse en espérer plus des Français que des Québecois pour une cause qui concerne surtout le Québec, dans l'instant.
Ceci dit, je m'enflamme dès qu'un Français vient traiter notre langue de bâtarde, truffée d'anglicismes, etc. Nous faire dire que notre "malle" est un anglicisme (mail), alors que c'est un archaïsme, ça m'enrage. Mais justement, je pense que ce sont des messages comme les tiens qui nourrissent les petites guéguerres d'où ces accusations non-fondées finissent par sortir.
Cette enfilade n'est pas si éloignée:
http://forum.sceptiques.qc.ca/viewtopic ... &sk=t&sd=a