Pourquoi fustiger uniquement les Français (anglicismes)

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Zwielicht
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Pourquoi fustiger uniquement les Français (anglicismes)

#1

Message par Zwielicht » 10 oct. 2007, 18:54

Discussion commencée ici.
DanB a écrit :C'est un tout autre débat, mais je suis toujours surpris qu'un peuple 10 fois populeux vivant dans une communauté où les forces en présences sont plus équilibrées (Français, Anglais, Allemands, Italiens, Espagnols, Néerlandais, Portugais, etc.) ait une admiration sans bornes envers tous les anglicismes, nous qui ne sommes même pas 25% de la population de notre pays et les seuls 6 milions à parler français dans un océan de 300 millions d'anglophones.
Tu dis que le peuple français a une admiration sans borne pour les anglicismes. C'est énorme, comme déclaration. Tu ne dis pas "certains français", ni "les médias français", ni même "la plupart des français" .. non.. tu dis le PEUPLE français. Je conteste une telle affirmation.

Surtout que tu affirmes, avec la même assurance "on [nous, au Québec] fait attention et on évite les anglicismes". Encore une affirmaton énorme très contestable.

La question était "pourquoi ne fustiges-tu pas les Québecois qui font la même chose?" Ta réponse est "parce qu'il y en a moins" ? À supposer qu'il y en ait moins, ce n'est pas une bonne réponse non plus. La seule bonne réponse serait "Parce qu'il n'y en a pas", et c'est faux.

Je rapelle quelques calques syntaxiques et anglicismes courants au Québec. Certains d'entre eux sont solidement implantés, d'autres sont en croissance: "Faire sûr". "Laisse-moi savoir". "Bye". "Bon matin!". "Tomber en amour". "flexible" (au sens figuré, c'est supposé être un défaut!). "être versatile" (au sens de polyvalent, en français, versatile est un défaut). "by the way". "yé!". "week-end" (de plus en plus en vogue, héritage des français, malheureusement). "pathétique" (utilisé dans le sens anglais, comme tu le fais). "du stock". "bénéficier" (au sens de profiter). "mes taxes" (quand il s'agit d'impôts). "significatif" (au sens de "important"). "come on". "paver la voie". "let's go". "insécure" (au sens d'inquiet). "kicker". "un kid". "l'air conditionné". "la gratification". "se pitcher sur". "faire du sens" (j'ai lu "faire sens" dans textes français de France toutefois). "en faveur de". "cute". "une game". "j'assume" (je suppose). J'ai même déjà entendu : "Une assomption" (hypothèse :roll:). Et j'en passe. Je souligne que j'en fais beaucoup moi aussi, même si j'essaie de faire attention.

On en retrouve de plus en plus dans les médias ! Lis un peu les chroniqueurs de La Presse. C'est moins pire que Euronews, mais il ne faut pas se reposer sur nos lauriers non plus. La question n'est pas de savoir qui est le pire. C'est difficile de comparer, car notre anglicisation a une nature différente de celle des français. Les anglicismes, ce ne sont pas que des mots en -ing. Les calques sont des tournures qui appauvrissent notre vocabulaire, étant calquées sur l'anglais. Les calques "traduits" se comportent d'une telle manière qu'on les prend pour des expressions régionales qui nous définissent. Après un certain contact avec l'anglais, on découvre ensuite les formules originales, et certaines personnes finissent par remplacer ces calques par celles-ci (let me know, I guess, anyway, etc), car leurs phrases et leur discours sont déjà structurées en conséquence. Un calque prédispose à l'anglicisme

Le Français moyen ne rencontre pas d'Italiens ni d'Allemands chaque jour. La Communauté Européenne n'est pas un gros voisinage. Comme n'importe où, le Français moyen rencontre ses collègues de travail, sa famille et ses voisins, au jour le jour. De temps en temps il part en vacances. Il ira où il voudra, comme le Québecois. Il n'y a rien de différent entre le Québecois qui reste à Rimouski, et un Français typique, sur ce point. Il n'y a pas une mer d'anglophones à Chicoutimi, bien qu'on y retrouve (/retrouvait) quelques écoles anglaises (à cause de l'Alcan, je crois). Là où c'est différent, c'est près des frontières, près des zones loyalistes et dans certains quartiers de Montréal. Mais est-ce la "mer d'anglophones" qu'un Montréalais rencontre? Non plus. Pas plus que le gars qui habite à New Richmond. C'est une minorité d'anglais qu'on rencontre au Québec, aujourd'hui, en 2007. Les "deux solitudes" sont en général bien séparées. Rien n'oblige le Québecois moyen à aller à Shawville, à Lennoxville ou dans un quartier anglophone de Montréal.

L'influence anglophone s'est jadis fait sentir de façon économique au Québec. Les scieries, les compagnies de chemin de fer.. les outils, les machines, tout ça, "venait" de "l'anglais", était anglais. Les "boss", les "foremen", les "shifts" de travail aussi. Je reconnais qu'on s'en est bien tiré et que ce fut difficile, surtout pour nos parents et grand-parents. Mais ce succès du passé n'est pas garant de l'avenir. Car l'influence anglophone actuelle est différente de celle d'il y a 50-70 ans. C'est celle des médias et du monde du divertissement, celle qui se veut "cool". C'est le petit mot anglais en fin de courriel qui fait détaché.. Le petit "Sorry!" échappé par un chroniqueur de La Presse. Le "Come on!" pour paraître jeune, à la télé. Cette menace, "cool", elle n'a rien à voir avec la situation géographique. Elle est diffusée par les médias et par internet, elle est aussi forte en France qu'ici. Mais la différence est qu'elle est moins perçue comme une menace en France, qu'ici.

Ce que tu écris à propos de la menace anglophone qui est plus grande chez les Québecois que chez les Français (l'OCÉAN anglophone, etc) est vrai, mais c'est à la fois la raison de la situation actuelle de la France face à l'Anglais. Ils ne sont pas vraiment menacés. Pourquoi devraient-ils se comporter comme tel ? Dans les Second Cup (...) du Québec, je pense, les grandeurs des cafés sont en italien (piccolo, grande, etc). Personne n'a jamais décrié cela.. pourtant, c'est une langue étrangère. Les Français ont la même relation avec l'anglais que nous avons avec l'espagnol ou l'italien. vu que c'est loin, on aime ça et on ne se sent pas menacés par ces langues. Une chanson espagnole peut jouer à la radio de Radio-Canada, en plein après-midi. Une chanson en anglais, c'est plus rare et ça devra être justifié (un classique).

Peut-être que les Français vont regretter cette mentalité, un jour. Peut-être qu'elle affectera ngativement leur culture, je ne sais pas.. mais on ne peut pas leur demander de jouer nos grand-frères, ni de se sentir menacés uniquement parce que nous le sommes. C'est notre combat, pas le leur. À ce sens, je comprends mieux un Français qui fait un anglicisme qu'un Québecois qui en fait un ou qui fait systématiquement des calques. Le Français se le permet sans trop aggraver sa condition.. le Québecois non.

D'ailleurs, le français comme langue majoritaire en France, ce n'est pas si vieux que ça. Je veux dire qu'il y avait plein de parlers locaux qui co-existaient pendant très longtemps. La France n'a pas nécessairement un plus grand mandat que le Québec dans la protection de la langue. Imagine aussi ceux qui essayent de conserver leur dialecte.. ou les Bretons, qui parlaient une toute autre langue il y a quelques siècles. Comment ceux-là pourraient-ils se joindre à "notre" combat ? Les Belges sont aux prises avec leur propre situation bilingue. L'anglais, une menace ? Elle est probablement au 2e rang sur la liste.
DanB a écrit :C'est à un point tel qu'on ne se fait pas comprendre en France quand on parle... français!
Ça t'est arrivé ? J'avais des amis français qui voyageaient en Gaspésie. Arrivés dans un Gîte, ils ont demandé s'il y avait encore de la place. La propriétaire ne comprenait pas.. elle pensait qu'ils parlaient une autre langue. Elle leur a donc demandé "Do you speak English?". Ce genre de situation, plutôt cocasse, n'a rien de tragique. Différence d'accent, c'est tout. S'agit de parler lentement.. Qu'un garçon de café parisien soit chiant parce qu'il ne comprend pas ta commande, ce n'est pas une surprise. Un garçon de café parisien qui n'est pas chiant, ÇA, serait décevant.. Moi je demanderais à être remboursé :)
DanB a écrit :Pourquoi, par exemple, les Français optent-ils pour le vocabulaire anglais pour des particularités nord-américaines même si on a depuis longtemps développé un vocabulaire francophone? Le travail est déjà fait! Non, l'attrait de l'anglais semble irrésistible. (alors on mange des McNuggets en France et des McCroquettes au Québec. On a le film Cars en France et les Bagnoles au Québec, etc.)
Ce n'est pas tant l'attrait qui est irrésistible, c'est que la menace est loin (pour eux). Sans cette menace, aucune raison pour une loi 101. Si Wal Mart et McDo nous "parlent" en français (et encore..), c'est à cause de cette loi.

Quant aux films, c'est secondaire. Qu'un film s'appelle "Le flic de Bervely Hills" ou "Beverly Hill's Cop", on s'entend que c'est un produit "culturel" étranger ? Oui, je préfère "La matrice rechargée" à "Ze matrixe re-lodedd", mais une fois dans le cinéma, c'est vers les États-Unis qu'on regarde tous. Le problème de la traduction du titre d'un film est superficiel.. la pointe de l'isberg.

Bref je reconnais que la situation n'est pas gagnée et qu'il ne faut pas laisser notre langue se détériorer, mais je ne comprends pas qu'on puisse en espérer plus des Français que des Québecois pour une cause qui concerne surtout le Québec, dans l'instant.

Ceci dit, je m'enflamme dès qu'un Français vient traiter notre langue de bâtarde, truffée d'anglicismes, etc. Nous faire dire que notre "malle" est un anglicisme (mail), alors que c'est un archaïsme, ça m'enrage. Mais justement, je pense que ce sont des messages comme les tiens qui nourrissent les petites guéguerres d'où ces accusations non-fondées finissent par sortir.

Cette enfilade n'est pas si éloignée:
http://forum.sceptiques.qc.ca/viewtopic ... &sk=t&sd=a
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Red Pill
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Re: Pourquoi fustiger uniquement les Français (anglicismes)

#2

Message par Red Pill » 10 oct. 2007, 21:14

En tant que québecois je confirme qu'on a autant recours à des anglicismes que les français. La différence est qu'on ne les institutionalise pas.

D'ailleurs. Certains termes français que l'on essaie de nous forcer dans la gorge sont tellement ridicules que l'on préfère dire les mots anglais.

Quelques exemples? "Patins à roues alignées". Avec un terme qui a l'air d'une description de dictionnaire, peut on blâmer les francophones qui s'en tiennent à "Roller Blades"?. "Malbouffe" pour "Junk food" ou "Fast Food". Bordel. Çà sonne comme un personnage d'émission pour enfant. :clown2: (Si j'ai bonne mémoire. Il y a effectivement un perso ainsi nommé dans "Les schtroumpfs"). Pour rester dans le "fast food". Y a t'il quelqu'un qui dit Hambourgeois au lien d'hamburger?

Que dire des expressions relatives à l'informatique? "Couriel" pour "Email" passe encore mais pourquoi "Pourriel" pour "Spam"? Çà porte juste à confusion avec "Courriel".

Et il y a bien sûr le fameux "Hacker" qu'on appelle "Pirate".
Désolé mais la seuls pirates que je connais çà ressemble à çà.

Bref. Y a des ayatollahs de la langue qui ont tellement peur de l'anglais qui cherche à trouver des équivalents français à tout prix.....Et souvant çà donne ce que çà donne. :roll:
"If you're easily offended you can also be easily manipulated."
---

Zwielicht
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Re: Pourquoi fustiger uniquement les Français (anglicismes)

#3

Message par Zwielicht » 10 oct. 2007, 21:29

Je n'ai rien contre les néologismes. Il faut qu'une langue évolue et réflète les réalités. Auparavant, les innovations n'avaient pas de "langue" et s'incrustaient tranquillement dans notre réalité. Maintenant ça va plus vite, et le technologique est souvent culturel.

Une machine à vapeur, c'était une machine à vapeur. Pas un steam engine. Un ordinateur a été nommé ordinateur avant qu'il ne devienne aussi omniprésent qu'il ne l'est aujourd'hui. Sinon on dirait probablement "compiuteuwr" (bien que computateur était un synonyme de calculateur) et on rirait bien du mot "ordinateur" aujourd'hui.

Je dis "patin à roues alignées" pour rollerblade. De plus en plus je dis patin à roulettes, car la confusion avec les patins à 2 rangées de roues est de moins en moins possible. Certains termes ont de l'allure.. j'aime bien pirates. Je ne le trouve pas trop forcé. Les pirates de l'air n'ont pas de crochets non plus. Pirate informatique, je trouve ça clair.

Courriel est une invention québecoise, pas française. Je préfère dire courriel que "le mail". Mais je dis "e-mail" de temps à autres. Je déteste lire le mot "émail". L'émail, c'est sur les dents (au figuré)!

Hamburger je le vois comme allemand, pas anglais :) (j'aime mieux une hamburgerin toutefois).

Figer toutes les technologies dans des termes anglais, c'est s'assurer que dans deux générations, ~50% du vocabulaire quotidien sera anglais. C'est un choix.

Le premier qui a dit "une partie de hockey" (et non "une game") a dû recevoir un coup de poing sur la gueule. Mais on l'entend de plus en plus, si je ne me trompe pas.
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Denis
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Ça a l'air bon en ti-jésus

#4

Message par Denis » 10 oct. 2007, 22:48


Salut Zwielicht,

Tu dis :
(j'aime mieux une hamburgerin toutefois)
Miam !

Ça a l'air bon en ti-jésus.

Et moi qui ai faim... Tu me fais souffrir.

:) Denis
Les meilleures sorties de route sont celles qui font le moins de tonneaux.

Jean-Francois
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Re: Ça a l'air bon en ti-jésus

#5

Message par Jean-Francois » 10 oct. 2007, 23:01

Denis a écrit :Tu dis :
(j'aime mieux une hamburgerin toutefois)
Miam !
Ça a l'air bon en ti-jésus
Ce que je préfère c'est un double à La Paryse (le meilleur burger de Mtl, à ma connaissance). Non, ce n'est pas du spam mais une publicité parfaitement gratuite pour de la vraie bouffe ;)

Jean-François
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("La foi est la blessure que le savoir guérit", Le dit d'Aka)

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Re: Ça a l'air bon en ti-jésus

#6

Message par Christian » 11 oct. 2007, 03:37

Jean-Francois a écrit :
Denis a écrit :Tu dis :
(j'aime mieux une hamburgerin toutefois)
Miam !
Ça a l'air bon en ti-jésus
Ce que je préfère c'est un double à La Paryse (le meilleur burger de Mtl, à ma connaissance). Non, ce n'est pas du spam mais une publicité parfaitement gratuite pour de la vraie bouffe ;)

Jean-François
Ça existe encore, La Paryse? Hé ben... quand je pense que j'y ai mis les pieds pour la première fois il y a 25 ans. :vieux:

Pour revenir au sujet principal, ce que je trouve désolant, c'est le rejet de nos expressions telles que maganer, banc de neige, grafigner, fin de semaine, etc. par nos institutions (lire radio-canada...). C'est bien beau de vouloir corriger nos anglicismes, mais rejeter en plus nos expressions locales, c'est comme jeter le bébé avec l'eau du bain.

Christian
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« J'imagine qu'il est tentant, si le seul outil que vous avez est un marteau, de traiter tout problème comme si c'était un clou »

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Re: Pourquoi fustiger uniquement les Français (anglicismes)

#7

Message par Raphaël » 11 oct. 2007, 05:14

Red Pill a écrit :En tant que québecois je confirme qu'on a autant recours à des anglicismes que les français. La différence est qu'on ne les institutionalise pas.

D'ailleurs. Certains termes français que l'on essaie de nous forcer dans la gorge sont tellement ridicules que l'on préfère dire les mots anglais.
Ça paraît que tu restes à Montréal. Pour avoir habité dans la région de Québec et de Montréal, je peux te dire que les façons de s'exprimer sont passablement différentes entre les deux régions et que les anglicismes sont beaucoup plus fréquents à Montréal qu'à Québec. Quand j'ai emménagé à Québec pour la première fois, j'ai dû m'adapter et mettre au rancart plusieurs mots anglais, parce qu'on ne comprenait pas ce que je disais.

Exemples: chesterfield, plywood, hose, mitt, cap, windshire, spark plug, wescott, bearing, shed, crate, fan, spray, trench, cuff, etc.

J'ai dû modifier certaines prononciations: le magasin Kresge (Kresgué) se prononçait Kredge ! À Québec, les traction aids sont des tracs chenilles ! Un Q-Tips est parfois appelé un bâton minou (mais ce n'est pas fréquent). Les hambergers sont parfois prononcés hambagueurs. Il faut dire arette au lieu d'arrête, balenne au lieu de baleine, halenne au lieu de haleine, zippeur au lieu de zip, sinon on risque de se faire regarder de travers. Image

Ça prend du temps pour se faire à l'idée mais c'est seulement une question d'habitude.
Ce qu'on trouve ridicule à Montréal est parfois normal à Québec... et vice-versa.

Raphaël 8-)

Nocternity
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Re: Pourquoi fustiger uniquement les Français (anglicismes)

#8

Message par Nocternity » 11 oct. 2007, 18:01

Les deux ont leurs torts :

Un français gare sa voiture dans un parking alors qu'un québécois se parke dans un stationnement...

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El Kabong
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#9

Message par El Kabong » 11 oct. 2007, 18:38

Salut,

En gros, il y a deux sortes de défenseurs de la langue française:

1-Les intégriss de la grammaire, branchés sur le "Bien perlé", et qui considèrent la langue comme étant immuable. Et d'habitude, ce sont des adeptes du statut quo, incapables de lever le p'tit doigt pour défendre les droits de la nation "française" au canada...
2-Les autres, conscients ou inconcients, qui se battent tous les jours pour avoir le droit de vivre et travailler en français. Généralement, pour ceux-la, le "joual" n'est pas une tare...

Vocabulaire:
Étant donné qu'une forte proportion du vocabulaire anglais vient de la langue française, je n'ai, ni problème, ni complexe, a leurs piquer des mots.
:twisted:

Santé a tous les polyglottes!
Dernière modification par El Kabong le 17 oct. 2007, 01:06, modifié 1 fois.
Mike Godwin a écrit :Je m'inquiète pour le jour où, dans 10 ou 15 ans, ma fille me demandera : "Papa, tu faisais quoi quand ils ont censuré la liberté de la presse sur Internet ?

AstroZombie
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Re: Pourquoi fustiger uniquement les Français (anglicismes)

#10

Message par AstroZombie » 11 oct. 2007, 20:06

... et de nombreux mots français viennent de l'anglais. Comme dans:

Ma redingote sent le patchouli.

(de "riding-coat" et "patching leaf")

J'ai inventé un mot pour les obsédés du bien-perlé: les linguistériques.

Zwielicht
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Re: Pourquoi fustiger uniquement les Français (anglicismes)

#11

Message par Zwielicht » 11 oct. 2007, 20:52

El Kabong a écrit :Vocabulaire:
Étant donné qu'une forte proportion du vocabulaire anglais vient de la langue française, je n'ai, ni problème, ni complexe, a leurs piquer des mots
Les anglais non plus :) Et rien ne fait plus plaisir à un anglophone francophobe domicilé en Amérique du Nord (ce ne sont pas tous qui le sont, mais il y en a), que de constater que le français parlé au Québec s'en vient de plus en plus comme l'anglais et que l'assimilation suit son cours.
AstroZombie a écrit :Ma redingote sent le patchouli.

(de "riding-coat" et "patching leaf")
Patchouli est "arrivé" en anglais quelques décennies avant d'arriver en français (XIXe siècle), mais son étymologie n'est pas patching leaf, car en anglais, le mot s'écrit exactement pachouli, patchouli ou patchouly.

Webster donne le mot tamoul pacculi comme étymologie. Ailleurs on lit parfois pach+ilai, supposément en tamoul aussi.

Je ne dirais donc pas que ce mot nous vient de l'anglais. Sinon il faut le dire pour tsunami et bon nombre de mots étrangers homologués en anglais avant de l'être en français.
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Re: Pourquoi fustiger uniquement les Français (anglicismes)

#12

Message par Zwielicht » 11 oct. 2007, 21:30

Nocternity a écrit :Les deux ont leurs torts :

Un français gare sa voiture dans un parking alors qu'un québécois se parke dans un stationnement...
Ce qui est dommage, c'est qu'avec un peu d'effort, on aurait pu choisir le verbe français "parquer", qui signifie "mettre dans un enclos" pour désigner l'action de se stationner / se garer.

Ce verbe a une certaine connotation, surtout avec le bétail, mais on aurait pu l'adapter au transport. Tout comme on a fait, au Québec, du "char" (avec chevaux) un "char" (automobile). Tout comme on dit embarquer même s'il n'y a pas de barque.. Ça ne serait pas un crime.
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Re: Pourquoi fustiger uniquement les Français (anglicismes)

#13

Message par AstroZombie » 12 oct. 2007, 16:21

Zwielicht a écrit :Patchouli est "arrivé" en anglais quelques décennies avant d'arriver en français (XIXe siècle), mais son étymologie n'est pas patching leaf, car en anglais, le mot s'écrit exactement pachouli, patchouli ou patchouly.

Webster donne le mot tamoul pacculi comme étymologie. Ailleurs on lit parfois pach+ilai, supposément en tamoul aussi.

Je ne dirais donc pas que ce mot nous vient de l'anglais. Sinon il faut le dire pour tsunami et bon nombre de mots étrangers homologués en anglais avant de l'être en français.
Damned! I am débunké! :bug:

vinety

Re: Colonisé: C'est pour la vie...

#14

Message par vinety » 16 oct. 2007, 20:41

El Kabong a écrit :Salut,

En gros, il y a deux sortes de défenseurs de la langue française:

1-Les intégriss de la grammaire, branchés sur le "Bien perlé", et qui considèrent la langue comme étant immuable. Et d'habitude, ce sont des adeptes du statut quo, incapables de lever le p'tit doigt pour défendre les droits de la nation "française" au canada...
2-Les autres, conscients ou inconcients, qui se battent tous les jours pour avoir le droit de vivre et travailler en français. Généralement, pour ceux-la, le "joual" n'est une tare...

Vocabulaire:
Étant donné qu'une forte proportion du vocabulaire anglais vient de la langue française, je n'ai, ni problème, ni complexe, a leurs piquer des mots.
:twisted:

Santé a tous les polyglottes!
Salut El Gabong

Je crois qu’on oublie trop facilement l’histoire des Québécois et l’historique de sa langue.
Ce n’est que depuis que la loi 101 existe que les Québécois peuvent utiliser le français hors de leur foyer, sans se faire dire "speak white". Depuis la prise en main de l’économie par les conquérants anglais, la langue du travail était anglaise. Tous les termes se référant à la technologie utilisée pour faire tourner une industrie en particulier, étaient anglais.

Les Québécois étaient obligés d’utiliser la langue anglaise pour se trouver du travail et pour communiquer avec le boss anglais ou un capo québécois assimilé. Nous n’avions pas le choix et en plus on ne cessait de dire que l’anglais était la langue des affaires et que les affaires se faisaient en anglais. De plus, cette langue était la langue promotionnelle. Pas d’anglais, peu de chance de d’obtenir des postes intéressants. À peu près tous les termes techniques étaient anglais, très difficiles de passer outre.

Même les Québécois qui voulaient faire carrière dans les usines de productions se devaient de bien maîtriser la langue anglaise et de plus pour ajouter du poids à leur prétention fréquentaient les "club" anglophones et de plus pour faire bonne figure envoyaient leur rejeton à l’école anglaise.

Donc, plusieurs mots techniques utilisés par nous proviennent de cette période. Lors de la création de l’Office de la langue française, ce n’est pas les Anglais qui étaient nos pires ennemis, mais bien les francophones québécois. Pourquoi, hé bien on leur demandait de faire un effort additionnel en utilisant des termes avec lesquels ils n’avaient aucune affinité.Ils devaient apprendre une troisième langue, les terminologies anglaises. Ce n’est peu dire. Imaginer que demain, pour une raison quelconque vous devriez apprendre la terminologie chinoise pour comprendre ce que vous faites? Gros problème en perspective.

Cela va pour la terminologie technique. En ce qui concerne la langue parlée des Québécois, elle est l’héritage de nos ancêtres français, dont leur langue était parsemée de termes régionalistes qui semblent parfois de souches anglaises, mais étaient définitivement du vieux français. Antonine Maillait, une de nos grandes romancières acadiennes, la démontré, lors d’une rencontre avec un journaliste qui lui soulignait les nombreux anglicismes qui pullulaient dans ses romans. Il en était quitte pour recevoir une bonne leçon d’histoire sur le vieux français et dont les mots ont été piratés par la langue anglaise.

Ces deux nuances sont parfois très difficiles à différencier. Je crois que les Français sont beaucoup plus impliqués dans l’utilisation d’anglicismes qui ont bonne presse et sont à la mode (in). Ce n’est pas le même phénomène qui se présente chez nous, mais le fait que nous vivions entourés de 250 millions d’anglophones et que nous survivions à cette pression assimilatrice est déjà un miracle en soi.

Amicalement

Yves Vinet

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Re: Pourquoi fustiger uniquement les Français (anglicismes)

#15

Message par Florence » 05 nov. 2007, 10:32

AstroZombie a écrit :... et de nombreux mots français viennent de l'anglais. Comme dans:

Ma redingote sent le patchouli.

(de "riding-coat" et "patching leaf")

J'ai inventé un mot pour les obsédés du bien-perlé: les linguistériques.

Quelle que soit l'origine du mot, le patchouli aurait dû être banni par une convention des droits de l'homme et un traité international contre les armes bactériologiques.
"As democracy is perfected, the office of President represents, more and more closely, the inner soul of the people. On some great and glorious day, the plain folks of the land will reach their heart's desire at last and the White House will be adorned by a downright moron." - H. L. Mencken

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DanB
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Re: Pourquoi fustiger uniquement les Français (anglicismes)

#16

Message par DanB » 14 nov. 2007, 03:21

Hier, un courriel de Via Michelin, en «français». Michelin est une société française, évidemment.

Le message me vient de ViaMichelin News et on y parle du GPS New Edition ainsi que de son Car Kit en vente sur le site http://www.shop.viamichelin.fr.

C'est pas un mécano sans son secondaire 5 qui parle à un client dans un garage quelconque, c'est un courriel corporatif d'une immense société française...

L'anglais semble exciter au plus haut point les Français.
Envoyé de mon iMac ou de mon MacBook ou de mon iPad ou de mon iPhone

Benz
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Re: Pourquoi fustiger uniquement les Français (anglicismes)

#17

Message par Benz » 14 nov. 2007, 06:34

Nocternity a écrit :Les deux ont leurs torts :

Un français gare sa voiture dans un parking alors qu'un québécois se parke dans un stationnement...
Bonne observation 8=)

C'est effectivement triste de voir une sorte d'excitation sur l'anglais que je crois attribuable surtout à la nouvelle vague de publicitaires et de gens au marketing. Marketing étant un mot que les francophones ont jamais vraiment réussi à trouver un équvalent.

Il ne faut pas virer fou. Parfois il y a des mots ou expressions que c'est plus nuislbe d'essayer de traduire que de simplement l'adopter. Les anglais ont tellement adopté de notre langue, on ne va pas en faire un drame d'en prendre quelques uns en retour. Je pense au mot Internet par exemple.

Cependant, il y a des limites à carrément avaler tout ce qui vient de l'anglais, même quand son équivalent français existe et fait très bien l'affaire. Ou est très simple à traduire. J'adore les mots couriel et pouriel. Je trouve même qu'ils sont plus adéquat que leur version anglaise.

J'ai connu du monde qui faisaient exprès pour parler franglais. Ils se forçaient pour dire certains mots en anglais. Ça les ralentissait et les forçait à parler de manière adapté. C'est à dire, que ça puisse être sensé de dire la phrase en fonction de ces mots venant d'une autre langue dont la structure des phrases est différente. Je les écoutais puis, je les ai arrêté. J'ai répété tout ce qu'ils venaient de dire mais, dans un français normal avec les vrais mots et la façon de le dire en concluant, vous ne trouvez pas que ça se dit mieux, sonne mieux et plus facile à dire ainsi? Ils ont réalisé qu'ils ne s'en rendaient même compte.

Pour ce qui est des anglicismes, il ne faut pas virer fou. Je pense qu'on peut en corriger certains mais, pas tous. il faut accepter que parfois, une autre culture peut avoir une certain influence sur nous jusqu'à un certain point. Je dirais même que parfois, ça peut être une bonne contribution. Par exemple, céduler n'est pas un mot en français. Si je veux céduler un événement (schedule an event), je dois dire, planifier la date d'un événement. Pourtant le mot cédule existe bel et bien. Parcontre il y a d'autres anglicismes qui me dressent le poil sur les bras. Je préfère les traiter cas par cas qu'agir en gourou de la langue.

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