Pourquoi l'eau coûte-t-elle plus chère que......

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linitie

Pourquoi l'eau coûte-t-elle plus chère que......

#1

Message par linitie » 30 nov. 2007, 04:48

Moi je suis sceptique face à tout; on nous raconte que l'eau est rare et je dois admettre que la-dessus je ne peux m'obstiner. Mais où ça fait mal c'est quand je vois un 2 litres de Pepsi pour $0.89 et que je me paye une bouteille d'eau de 500 ml. pour $1.19. Là je suis sceptique face à l'attitude de nos dirigeants sur ce sujet.

Gilles
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#2

Message par Gilles » 30 nov. 2007, 06:34

linitie a écrit :Moi je suis sceptique face à tout; on nous raconte que l'eau est rare et je dois admettre que la-dessus je ne peux m'obstiner. Mais où ça fait mal c'est quand je vois un 2 litres de Pepsi pour $0.89 et que je me paye une bouteille d'eau de 500 ml. pour $1.19. Là je suis sceptique face à l'attitude de nos dirigeants sur ce sujet.
Bonjour linitie,

Je ne sais pas pourquoi on nous répète sans cesse que l'eau est rare et qu'il faut absolument l'économiser. Elle n'est pas gratuite (son traitement coûte quelque chose), mais elle n'est certainement pas rare (je parle évidemment de la situation du Québec). L'eau qu'un Montréalais laisse couler dans son lavabo c'est de l'eau qui vient du fleuve et qui retourne au fleuve. S'il ne l'avait pas consommée, elle serait restée dans le fleuve et aurait continué son chemin vers la mer. L'eau, tel qu'elle est produite dans la majorité des municipalités, est l'exemple type d'une ressource renouvelable. Son utilisation est le plus bel exemple qu'on puisse trouver de développement durable d'une ressource. En quoi est-ce que ce serait bénéfique pour l'environnement d'en consommer moins ? C'est vrai que c'est bête de la gaspiller à partir du moment où elle coûte quelque chose. Mais ce coût est quand même très bas (entre 50 cents et un dollar le mètre cube je crois).

Ta comparaison n'est pas très juste. Un gros Pepsi en spécial chez Provigo, ça ne se compare pas avec une petite bouteille d'eau dans une distributrice ou au cinéma. La différence de prix n'est pas due au contenu, mais à la mise en marché. Dans le cas de la bouteille d'eau à 1,19$ le 500 ml., l'eau ne représente qu'une infime fraction du prix. Même si l'eau ne coûtait absolument rien à la compagnie d'embouteillage, le prix de la bouteille ne serait pas tellement plus bas. Certaines compagnies vendent d'ailleurs de l'eau du robinet (Dasani, par exemple) et leur produit ne coûte pas tellement moins cher que la véritable eau de source naturelle.

Florence
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#3

Message par Florence » 30 nov. 2007, 12:25

Gilles a écrit :Je ne sais pas pourquoi on nous répète sans cesse que l'eau est rare et qu'il faut absolument l'économiser. Elle n'est pas gratuite (son traitement coûte quelque chose), mais elle n'est certainement pas rare (je parle évidemment de la situation du Québec). L'eau qu'un Montréalais laisse couler dans son lavabo c'est de l'eau qui vient du fleuve et qui retourne au fleuve. S'il ne l'avait pas consommée, elle serait restée dans le fleuve et aurait continué son chemin vers la mer. L'eau, tel qu'elle est produite dans la majorité des municipalités, est l'exemple type d'une ressource renouvelable. Son utilisation est le plus bel exemple qu'on puisse trouver de développement durable d'une ressource. En quoi est-ce que ce serait bénéfique pour l'environnement d'en consommer moins ? C'est vrai que c'est bête de la gaspiller à partir du moment où elle coûte quelque chose. Mais ce coût est quand même très bas (entre 50 cents et un dollar le mètre cube je crois).
Ce n'est pas qu'une question de coût pour l'utilisateur ou le producteur, il y a la question de la dénaturation de la ressource par son usage, l'eau détournée de son cours naturel se chargeant de polluants, lesquels contaminent la source d'approvisionnement originelle. Les centrales d'épuration minimisent le problème, mais l'usage inutile d'eau (laisser couler, par exemple) gonfle le volume à traiter, diminuant ainsi leur efficacité.

Ta comparaison n'est pas très juste. Un gros Pepsi en spécial chez Provigo, ça ne se compare pas avec une petite bouteille d'eau dans une distributrice ou au cinéma. La différence de prix n'est pas due au contenu, mais à la mise en marché. Dans le cas de la bouteille d'eau à 1,19$ le 500 ml., l'eau ne représente qu'une infime fraction du prix. Même si l'eau ne coûtait absolument rien à la compagnie d'embouteillage, le prix de la bouteille ne serait pas tellement plus bas. Certaines compagnies vendent d'ailleurs de l'eau du robinet (Dasani, par exemple) et leur produit ne coûte pas tellement moins cher que la véritable eau de source naturelle.
L'eau en bouteille est une grossière escroquerie, surtout dans des pays où cette ressource n'est pas rare.
"As democracy is perfected, the office of President represents, more and more closely, the inner soul of the people. On some great and glorious day, the plain folks of the land will reach their heart's desire at last and the White House will be adorned by a downright moron." - H. L. Mencken

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DanB
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#4

Message par DanB » 30 nov. 2007, 13:03

Gilles a écrit :Je ne sais pas pourquoi on nous répète sans cesse que l'eau est rare et qu'il faut absolument l'économiser.
On sous entend l'eau potable.

C'est pas parce qu'il y en a en abondance au Québec qu'elle n'est pas rare pour autant...

Et une bonne partie de l'eau potable, en plus de devoir être produite, doit par la suite être traitée...
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#5

Message par Gilles » 30 nov. 2007, 15:09

DanB a écrit :
Gilles a écrit :Je ne sais pas pourquoi on nous répète sans cesse que l'eau est rare et qu'il faut absolument l'économiser.
On sous entend l'eau potable.
C'est pas parce qu'il y en a en abondance au Québec qu'elle n'est pas rare pour autant...
Et une bonne partie de l'eau potable, en plus de devoir être produite, doit par la suite être traitée...
Ce que je ne comprends pas, c'est en quoi ça constitue un problème environnemental. Le discours sur l'économie de l'eau est toujours accompagné d'un discours moralisateur sur la préservation de l'environnement. On essaie de nous convaincre qu'économiser l'eau est un bienfait pour l'environnement et que la gaspiller est une véritable horreur. La consommation d'eau a un coût en argent pour la municipalité et donc les citoyens, mais pas un impact sur l'environnement puisque c'est généralement une ressource renouvelable dont l'exploitation n'engendre pas d'impact particulier (on peut considérer la consommation d'électricité par l'usine de traitement comme un impact assez marginal). Si les citoyens sont prêts à payer un peu plus cher de taxe pour avoir plus d'eau, c'est leur choix et ça ne nuit en rien à l'environnement.

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#6

Message par eric » 30 nov. 2007, 15:16

Le vrai scandale au Quebec, c'est que l'eau (froide) du robinet soit gratuite (du moins c'était le cas quand j'y vivais il y a quelques années), ce qui encourage le gaspillage.

Lorsque des immigrants venant d'Afrique notamment l'apprennent, ils sont choqués à juste titre.

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#7

Message par Florence » 30 nov. 2007, 15:19

Gilles a écrit :Ce que je ne comprends pas, c'est en quoi ça constitue un problème environnemental. Le discours sur l'économie de l'eau est toujours accompagné d'un discours moralisateur sur la préservation de l'environnement. On essaie de nous convaincre qu'économiser l'eau est un bienfait pour l'environnement et que la gaspiller est une véritable horreur. La consommation d'eau a un coût en argent pour la municipalité et donc les citoyens, mais pas un impact sur l'environnement puisque c'est généralement une ressource renouvelable dont l'exploitation n'engendre pas d'impact particulier (on peut considérer la consommation d'électricité par l'usine de traitement comme un impact assez marginal). Si les citoyens sont prêts à payer un peu plus cher de taxe pour avoir plus d'eau, c'est leur choix et ça ne nuit en rien à l'environnement.
Je me répète, mais ...

Ce n'est pas qu'une question de coût pour l'utilisateur ou le producteur, il y a la question de la dénaturation de la ressource par son usage, l'eau détournée de son cours naturel se chargeant de polluants, lesquels contaminent la source d'approvisionnement originelle. Les centrales d'épuration minimisent le problème, mais l'usage inutile d'eau (laisser couler, par exemple) gonfle le volume à traiter, diminuant ainsi leur efficacité.
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#8

Message par Gilles » 30 nov. 2007, 15:25

Florence a écrit :Je me répète, mais ...
Ce n'est pas qu'une question de coût pour l'utilisateur ou le producteur, il y a la question de la dénaturation de la ressource par son usage, l'eau détournée de son cours naturel se chargeant de polluants, lesquels contaminent la source d'approvisionnement originelle. Les centrales d'épuration minimisent le problème, mais l'usage inutile d'eau (laisser couler, par exemple) gonfle le volume à traiter, diminuant ainsi leur efficacité.
Désolé j'avais sauté ton message.
Mais si l'usine de traitement des eaux n'est pas débordée, il n'y a pas d'impact. Ici, au Québec, les usines de traitement sont débordées uniquement lors des fortes pluies puisque les eaux de ruissellement se mélangent aux eaux usées. Si les deux réseaux étaient séparés, économiser l'eau ne changerait pas grand chose puisque l'usine parvient déjà à traiter le volume actuel. S'ils ne sont pas séparés, le volume provenant du ruissellement est tellement important par rapport à l'usage domestique, que ça ne changerait pas grand chose même si les citoyens réduisent leur consommation d'eau.

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#9

Message par Gilles » 30 nov. 2007, 15:36

eric a écrit :Lorsque des immigrants venant d'Afrique notamment l'apprennent, ils sont choqués à juste titre.
Ils ne devraient pas. En Afrique l'eau n'est pas une ressource facilement accessible et souvent elle n'est pas une ressource renouvelable. Ce n'est pas du tout le cas ici. Et l'eau qu'on économiserait ici n'ajouterait pas une goutte à l'Afrique.

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#10

Message par Zwielicht » 30 nov. 2007, 15:53

Gilles a écrit :Mais si l'usine de traitement des eaux n'est pas débordée, il n'y a pas d'impact.
Tu supposes que tous les Québecois prennent leur eau potable dans le fleuve ?Certaines villes et certains villages la puisent à partir de nappes phréatiques (à régénération lente), d'autres, de rivières à débit faible ou variable.

Il serait difficile de tenir un discours double sur l'eau potable : 1)dire aux Montréalais de profiter de leur eau comme bon leur semble, 2)dire à d'autres Québecois d'un faire attention. Déjà qu'il est difficile de faire passer un message, faire passer un message qui dépend de la localisation géographique serait encore plus ardu.
Gilles a écrit :Ta comparaison n'est pas très juste. Un gros Pepsi en spécial chez Provigo, ça ne se compare pas avec une petite bouteille d'eau dans une distributrice ou au cinéma
Moi je ne vois pas de comparaison injuste dans le message de linitie. Dans la fabrication du 2 L de Pepsi, il y a beaucoup plus que 500 mL d'eau qui intervient. Si la rareté de l'eau était la cause du prix exorbitant de l'eau en bouteille (et ce ne l'est pas, et je pense que nosu le savons tous), il serait absurde de vendre le 2L Pepsi, qui contient environ 4 X plus d'eau que la bouteille de 500 mL, deux ou trois fois moins cher. Donc oui, ça se compare, et en comparant, on peut tirer des conclusions. La chose qui cloche dans le message de linitie, c'est qu'il suppose que nos dirigeants ont quoi que ce soit à voir avec le prix de l'eau embouteillée. C'est le marché qui décide de ce prix, et non nos dirigeants.
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#11

Message par Gilles » 30 nov. 2007, 18:43

Zwielicht a écrit :
Gilles a écrit :Mais si l'usine de traitement des eaux n'est pas débordée, il n'y a pas d'impact.
Tu supposes que tous les Québecois prennent leur eau potable dans le fleuve ?Certaines villes et certains villages la puisent à partir de nappes phréatiques (à régénération lente), d'autres, de rivières à débit faible ou variable. Il serait difficile de tenir un discours double sur l'eau potable : 1)dire aux Montréalais de profiter de leur eau comme bon leur semble, 2)dire à d'autres Québecois d'un faire attention.

Oui, il y a des municipalités où l'eau est limitée, mais c'est assez marginal (en terme de nombre d'habitants) comparé aux municipalités où l'eau est abondante et renouvelable. La grande majorité des Québécois (et probalement des Canadiens) vivent dans des villes qui s'approvisionnent en eau dans des fleuves, des lacs ou des rivières où l'eau ne risque pas de manquer. Si tu addditionnes seulement les populations de Montréal, Trois-Rivières et Québec, tu dois approcher les 3/4 de la population totale du Québec. Ajoute à ça le Saguenay/Lac-St-Jean, où on est loin de manquer d'eau, et on doit friser les 4/5e de la population. C'est vrai que plusieurs municipalités peuvent avoir des problèmes d'eau en été (d'où les règlements sur l'arrosage), mais, le plus souvent, le problème vient de l'usine de filtration qui ne fournit plus et non de la source d'eau qui se tarit. C'est un problème d'argent, pas d'environnement.

Dans les quelques municipalités où l'eau n'est pas renouvelable ou limitée, pas besoin de discours; il suffirait de mettre des compteurs d'eau avec un prix de l'eau qui tient compte de la rareté. Ce serait bien plus efficace que tous les discours. C'est d'ailleurs, je pense, ce que font déjà la plupart des municipalités qui sont dans ce cas.

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Christian
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Re: Pourquoi l'eau coûte-t-elle plus chère que......

#12

Message par Christian » 30 nov. 2007, 19:28

À Montréal, l'eau peut sembler gratuite. Erreur. L'eau potable, en 2007, a coûte 46.3 M$ à l'agglomération de Montréal. Juste pour le remplacement de l'infrastructure, sur un horizon de 20 ans, Montréal prévoit un budget de 4.1 G$...

Source: Ville de Montréal

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Re: Pourquoi l'eau coûte-t-elle plus chère que......

#13

Message par Zwielicht » 30 nov. 2007, 20:18

Gilles a écrit :Oui, il y a des municipalités où l'eau est limitée, mais c'est assez marginal (en terme de nombre d'habitants) comparé aux municipalités où l'eau est abondante et renouvelable. La grande majorité des Québécois (et probalement des Canadiens) vivent dans des villes qui s'approvisionnent en eau dans des fleuves, des lacs ou des rivières où l'eau ne risque pas de manquer
À partir de l'île d'Orléans en allant vers l'est, l'eau de ce qui est à cet endroit le fleuve Saint-Laurent commence à être significativement salée. Rendu à Matane, c'est pratiquement de l'eau de mer. On ne dessale pas industriellement cette eau pour la rendre potable, donc il faut puiser ailleurs. Le sud-est du Québec ne tire donc pas son eau du fleuve ni de l'estuaire ni du Golfe St-Laurent, et ne dispose pas d'autant de tributaires que la rive nord (Saguenay, Manicouagan, etc)... Il y a bel et bien des cours d'eau de surface, mais comme j'ai dit, à faible débit ou variable, de sorte que
:roll: les gens de Chaudière Appalaches s'alimentent en majorité (53%) d'eau souterraine
:roll: les gens du Bas St-Laurent s'alimentent à 48% en eau souterraine
:roll: en Gaspésie et aux îles de la Madeleine, 55% de la région s'alimente en eau souterraine

Bref, c'est environ 20% des Québecois qui boivent de l'eau d'origine souterraine (5/5 - 4/5, comme tu dis), et je trouve ça très important, car la plupart des industries dans ces régions utilisent également de l'eau souterraine. La moyenne provinciale n'est pas aussi importante que le plus petit élément.
Gilles a écrit :Dans les quelques municipalités où l'eau n'est pas renouvelable ou limitée, pas besoin de discours; il suffirait de mettre des compteurs d'eau avec un prix de l'eau qui tient compte de la rareté. Ce serait bien plus efficace que tous les discours. C'est d'ailleurs, je pense, ce que font déjà la plupart des municipalités qui sont dans ce cas.
Quelles sont les municipalités du Québec ayant un système de compteurs d'eau et de payage à l'utilisation ? Je pense qu'il y en a aucune, du moins, au niveau résidentiel, qui soit située dans les quatre régions qui puisent leur eau en majorité de nappes ou de puits souterrains.

Le problème des compteurs d'eau résidentiels est qu'ils punissent les résidents, alors que la consommation industrielle et commerciale de l'eau est toujours plus grande. De plus, il y a des impacts socio-économiques qui font que les plus pauvres risquent de se priver dangereusement d'eau pour économiser, ce qui peut mener à des problèmes plus grave (nutrition, hygiène, maladies). Enfin, ça peut entraîner des mouvements de migration et d'exode rurales ; dans des régions déjà aux prises avec ces problèmes. Pourquoi vivre où on est tarifié sur l'eau, tandis que dans la région voisine on ne l'est pas (ou beaucoup moins)? L'Abitibi, par exemple, puise 73% de son eau souterrainement.

Je pense qu'il y a matière à surveiller notre utilisation de l'eau potable, mais cette surveillance doit d'abord se concentrer sur les exportations de celle-ci, et sur les usages industriel et commercial qui en sont faits.. avant de s'en prendre aux résidents.

"Laver" son asphalte (au boyau) est une activité que je considère stupide, mais qui n'est pas vraiment dommageable pour l'environnement. Je ne vois pas, toutefois, le bienfait qui peut résulter d'une incitation à l'utilisation inutile et exagérée de l'eau potable, même dans une région où la ressource est illimitée. En fait, tout ce débat est parti en réaction sur "On nous dit que..", alors que.. on ne nous dit pas que. C'est la technique du strawman.
Gilles a écrit :on nous répète sans cesse que l'eau est rare et qu'il faut absolument l'économiser
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#14

Message par Gilles » 01 déc. 2007, 06:47

Christian a écrit :À Montréal, l'eau peut sembler gratuite. Erreur. L'eau potable, en 2007, a coûte 46.3 M$ à l'agglomération de Montréal. Juste pour le remplacement de l'infrastructure, sur un horizon de 20 ans, Montréal prévoit un budget de 4.1 G$...
Attention, tu t'es trompé dans les chiffres. Ou alors tu ne parlais que du traitement de l'eau sans tenir compte du reste. Regarde les chiffres de la p.10. On peut y lire :

Budget Montréal 2007
Traitement de l'eau : 46,9 M$
Réseau de distribution : 20,9 M$
Traitement des eaux usées : 60 M$
Égoût : 10,3 M$
TOTAL : 138 M$

Donc, 138M$ au total pour 2007. Encore plus cher que ce que tu disais. Mais ça ne fait quand même que 75$ par habitant par année (la population de Montréal est de 1,85 M) ou 20 cents par jour par habitant. Ça fait pas cher le litre quand on sait que la ville produit 1200 litres par jour par habitant! Il faut savoir aussi que chaque habitant consomme 300 à 400 litres par jour. À cause de l'état lamentable du réseau, 40% de l'eau produite se perd dans le sol par les fuites. L'eau que je laisse couler en me brossant les dents n'est qu'une goutte d'eau (c'est le cas de le dire) à comparer à ces pertes. Il y aussi que les "ICI" (industries, commerces, institutions) utilisent des quantités énormes d'eau; parfois seulement pour la réfrigération ou la climatisation. L'installation de compteurs à ces endroits devrait bientôt mettre fin aux abus (l'annonce en a été faite récemment par la Ville). Il n'empêche que lorsque le réseau aura été refait, la quantité d'eau disponible va donc augmenter de beaucoup même si la production de l'usine de filtration reste la même.

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#15

Message par Gilles » 01 déc. 2007, 06:51

Je sais bien que les gens, passé Québec, ne prennent pas leur eau dans le fleuve ! Même à Québec, l'eau ne vient pas du fleuve, mais d'un lac. Après Québec, ou à l'intérieur des terres, l'eau vient des lacs, des rivières et, oui, des nappes phréatiques. Remarque, ce n'est pas parce que l'eau vient de la nappe phréatique qu'elle est nécessairement non renouvelable. Connais-tu des cas où on sait que la consommation d'eau dépasse la capacité de renouvellement de la nappe phréatique et que celle-ci risque de baisser dangereusement si la population ne restreint pas sa consommation ? S'il y en a, ça ne doit quand même pas toucher un bien grand nombre de personnes.

Tu dis que plusieurs régions utilisent la nappe phréatique comme source d'eau. Si j'additionne les populations des régions de Gaspésie-Les Îles, Chaudière-Appalaches, Bas St-Laurent et Abitibi-Témiscamingue (ce sont les régions que tu mentionnais), j'obtiens 827 000 personnes, donc 11% de la population du Québec. Environ 50% de ces personnes vivent en zone rurale (donc, probablement, approvisionnement par des puits privés). Ça nous laisse pas grand monde susceptible de s'approvisionner à une source publique épuisable. En nombre d'habitants, ça m'étonnerait que ce soit bien élevé.

Mais quoi qu'il en soit, puisqu'on est d'accord sur le fait que la grande majorité des Québécois s'approvisionnent en eau à des sources renouvelables et inépuisables (ça importe peu que ce soit 99.9% ou 90%), pourquoi ce discours moralisateur qu'on entend souvent sur l'économie de l'eau qui serait nécessaire à la préservation de l'environnement alors que c'est faux pour la grande majorité ? S'il y a vraiment des problèmes de renouvellement de la ressource à quelques endroits, il suffit d'installer des compteurs et d'instaurer un système de facturation qui ne pénalise pas l'usager normal, mais seulement ceux qui font des excès (un prix bas semblable à ce qui est facturé ailleurs par les taxes pour une certaine quantité jugée normale et une surprime pour les excès). Le système des compteurs ne doit pas être si rare. Je me souviens que lorsque je demeurais en banlieue de Montréal, dans les années 60, on avait des compteurs d'eau dans les maisons. Et même s'il n'y a à peu près aucune municipalité utilisant des compteurs comme tu dis, en quoi ça empêche celles qui en auraient besoin pour limiter la ressource d'en installer ?
Zwielicht a écrit :Je pense qu'il y a matière à surveiller notre utilisation de l'eau potable, mais cette surveillance doit d'abord se concentrer sur les exportations de celle-ci, et sur les usages industriel et commercial qui en sont faits.. avant de s'en prendre aux résidents.
"Laver" son asphalte (au boyau) est une activité que je considère stupide, mais qui n'est pas vraiment dommageable pour l'environnement.
On est donc d'accord. C'est exactement ce que je dis depuis le début. Il ne faut pas oublier non plus la réfection du réseau dans les grandes villes. Montréal perdrait inutilement près de 40% de son eau par les fuites de son réseau.
Zwielicht a écrit :En fait, tout ce débat est parti en réaction sur "On nous dit que..", alors que.. on ne nous dit pas que. C'est la technique du strawman.
Mais c'est vrai que le discours écolo insiste lourdement sur la rareté de l'eau qu'il faudrait économiser pour préserver l'environnement. Je ne vois pas où tu vois un strawman là-dedans. Je ne compte plus le nombre de fois où je l'ai lu ou entendu ce commentaire. Encore, il y a deux semaines, La Presse a sorti un cahier spécial sur l'environnement où on retrouvait les sempiternelles recommandations comme quoi il ne faut pas laisser couler l'eau du robinet inutilement quand on se brosse les dents, qu'on devrait remplacer nos toilettes par des toilettes à bas débit ou mettre une brique dans le réservoir, ou récupérer l'eau de pluie dans un baril pour arroser le jardin ou laver la voiture, etc. Rappelle-toi aussi les campagnes à la télé et à la radio avec Mireille Deyglun (c'était financé par le ministère de l'environnement via le Réseau Environnement, je crois). Le pire, c'est quand on donne comme raison d'économiser l'eau le fait qu'ailleurs dans le monde, l'eau est une ressource rare et précieuse (ce qui est bien vrai) comme si le fait de l'économiser ici en donnerait plus à ceux qui en manquent.

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Re: Pourquoi l'eau coûte-t-elle plus chère que......

#16

Message par Zwielicht » 01 déc. 2007, 13:35

Gilles a écrit :Remarque, ce n'est pas parce que l'eau vient de la nappe phréatique qu'elle est nécessairement non renouvelable. Connais-tu des cas où on sait que la consommation d'eau dépasse la capacité de renouvellement de la nappe phréatique et que celle-ci risque de baisser dangereusement si la population ne restreint pas sa consommation ? S'il y en a, ça ne doit quand même pas toucher un bien grand nombre de personnes.
Je ne connais pas de cas "en danger" dans l'immédiat ni dans un avenir rapproché, mais le réseau de consommation d'eau à partir de nappes phréatiques mérite d'être surveillé et consommé raisonnablement à long terme. Une consommation trop importante ou trop rapide de l'eau souterraine peut causer une chute de pression, laquelle mène à un affaissement qui réduit ensuite la capacité à la nappe à régénérer, etc. En ce sens il importe de rappeler aux gens de ne pas gaspiller leur eau. On prend pour acquis qu'on le sait, peut-être, mais ce n'est jamais acquis.
Gilles a écrit :Tu dis que plusieurs régions utilisent la nappe phréatique comme source d'eau. Si j'additionne les populations des régions de Gaspésie-Les Îles, Chaudière-Appalaches, Bas St-Laurent et Abitibi-Témiscamingue (ce sont les régions que tu mentionnais), j'obtiens 827 000 personnes, donc 11% de la population du Québec. Environ 50% de ces personnes vivent en zone rurale (donc, probablement, approvisionnement par des puits privés).
Les puits privés sont tout de même des sources souterraines, et rien n'est isolé. Ces puits ne font pas partie de réseau de distribution publics, mais se partagent la même ressource. Même s'ils appartiennent en théorie à celui qui possède le terrain où se trouve l'orifice, les ramifications souterraines et le ruissellement des eaux n'obéissent pas aux limites territoriales administratives.

Dans toute la Montérégie, un bon 18% de la population s'approvisionne d'eau qui provient de sources souterraines (ce qui fait un autre 220 000 personnes). Il y a aussi la Mauricie, avec 47%. Au total, c'est 25% des Québecois qui s'approvisionnent de sources souterraines, "individuelles" (10%) ou en réseau (15%).
Gilles a écrit :Ça nous laisse pas grand monde susceptible de s'approvisionner à une source publique épuisable. En nombre d'habitants, ça m'étonnerait que ce soit bien élevé.
Que la source fasse partie ou non d'un réseau public, elle est publique. Maintenant, tu dis "épuisable". Techniquement, oui c'est épuisable, en ce sens que le taux de régénération pourrait être dépassé par la consommation, et ainsi avoir des conséquences désastreuses.
Gilles a écrit :Mais quoi qu'il en soit, puisqu'on est d'accord sur le fait que la grande majorité des Québécois s'approvisionnent en eau à des sources renouvelables et inépuisables (ça importe peu que ce soit 99.9% ou 90%)
On n'est pas d'accord. Ça m'importe de préciser que c'est 75% et non 99.9%.
Gilles a écrit :pourquoi ce discours moralisateur qu'on entend souvent sur l'économie de l'eau qui serait nécessaire à la préservation de l'environnement alors que c'est faux pour la grande majorité ?
"La grande majorité". Isaac Asimov parle de ce terme dans une nouvelle policière. Il n'y a pas de grande majorité : il y a majorité ou non. Majorité est déjà un terme quantificateur.

Dans notre cas, 25% des Québecois utilisent l'eau souterraine. Pourquoi un discours moralisateur? Parce que s'il y a un discours, il sera moralisateur. Ça ne sert à rien de dire aux gens de continuer de faire comme ils le font. Je vois mal une campagne publicitaire qui dit "Si vous faites couler l'eau continuellement en vous brossant les dents, alors, continuez de le faire, ce n'est pas grave". C'est ridicule de prescrire aux gens une pratique déjà en place. Bref, le discours peut aider à établir des habitudes de consommation qui tendent à long terme vers la conservation et le renouvellement, mais je crois que le "discours" est surtout destiné à sensibiliser les gens à leur consommation lors de périodes critiques (canicules) où la stabilité du réseau est un jeu. Je n'ai jamais eu l'impression que les consignes sur la préservation de l'eau potable prétendaient nous sauver d'un danger immédiat.

Il ne faut pas oublier que l'eau souterraine est AUSSI puisée à des fins commerciales et industrielles. Le seul "scandale" pourrait être que l'on ne réglemente que guère celle-ci, et que d'une autre part on nous fasse croire que la responsabilité repose uniquement sur les résidents.
Gilles a écrit :S'il y a vraiment des problèmes de renouvellement de la ressource à quelques endroits, il suffit d'installer des compteurs et d'instaurer un système de facturation qui ne pénalise pas l'usager normal, mais seulement ceux qui font des excès (un prix bas semblable à ce qui est facturé ailleurs par les taxes pour une certaine quantité jugée normale et une surprime pour les excès). Le système des compteurs ne doit pas être si rare. Je me souviens que lorsque je demeurais en banlieue de Montréal, dans les années 60, on avait des compteurs d'eau dans les maisons. Et même s'il n'y a à peu près aucune municipalité utilisant des compteurs comme tu dis, en quoi ça empêche celles qui en auraient besoin pour limiter la ressource d'en installer ?
Avant de s'attaquer aux résidents, il faudra s'adresser aux industries et compagnies. Mais si la tarification remplace (en partie ou totalement) les taxes foncières dues à au système d'aqueduc, et qu'elle entre en place seulement à partir d'un seuil, c'est une idée intéressante. Mais c'est quand même une solution onéreuse (installation, maintien des compteurs, etc) qui ne sera pas rentable en soi et qui aura une portée négligeable.
Gilles a écrit :Mais c'est vrai que le discours écolo insiste lourdement sur la rareté de l'eau qu'il faudrait économiser pour préserver l'environnement. Je ne vois pas où tu vois un strawman là-dedans. Je ne compte plus le nombre de fois où je l'ai lu ou entendu ce commentaire.
Sur combien d'années ?

Il comvient de distinguer le discours médiatique en général du discours écolo (celui tenu par les groupes écologistes). Les groupes comme Eau Secours, par exemple, parlent davantage de la qualité de l'eau que de sa quantité. L'emphase est mis sur le citoyen, et non sur l'eau comme entité.

Le discours médiatique n'est pas toujours cohérent, j'en conviens. Les journalistes ne sont pas des gens qui se limitent à parler de sujets qu'ils connaissent bien. Il y a des chroniqueurs qui veulent se donner bonne image et ainsi vont écrire un long texte sur comment ils font leur part pour l'environnement. D'autres vont écrire le contraire et dire.. quessé ça donne ? Encore, question d'image.
Gilles a écrit :Encore, il y a deux semaines, La Presse a sorti un cahier spécial sur l'environnement où on retrouvait les sempiternelles recommandations comme quoi il ne faut pas laisser couler l'eau du robinet inutilement quand on se brosse les dents, qu'on devrait remplacer nos toilettes par des toilettes à bas débit ou mettre une brique dans le réservoir, ou récupérer l'eau de pluie dans un baril pour arroser le jardin ou laver la voiture, etc.
En effet, là-dessus, je compatis. La Presse sort des cahiers spéciaux sur plein de sujets insignifiants.

La seule chose que je pourrais déplorer est que ce discours puisse obnubiler celui de la reponsabilité industrielle et commerciale dans l'usage de notre eau potable. Mais je ne crois pas que ce soit actuellement le cas. Une personne qui apprend des habitudes de consommation qui tendent vers la conservation de l'eau potable risque d'être plus critique quand elle entend parler des pratiques commerciales et industrielles à cet endroit.
Gilles a écrit :Rappelle-toi aussi les campagnes à la télé et à la radio avec Mireille Deyglun (c'était financé par le ministère de l'environnement via le Réseau Environnement, je crois). Le pire, c'est quand on donne comme raison d'économiser l'eau le fait qu'ailleurs dans le monde, l'eau est une ressource rare et précieuse (ce qui est bien vrai) comme si le fait de l'économiser ici en donnerait plus à ceux qui en manquent.
Je suis d'accord que la raison "mondiale" est complètement farfelue, à moins qu'on se mette à exporter notre eau potable à des fins humanitaires, mais ce n'est pas encore la cas. C'est comme nos mères qui nous disaient de finir nos assiettes parce que tel ou tel peuple sur la terre souffre de famine ou malnutrition.. En fait, c'est le contraire (ne devrait-on pas justement leur en envoyer), mais tout aussi farfelu.
Gilles a écrit :(c'était financé par le ministère de l'environnement via le Réseau Environnement, je crois)
Je ne me souviens pas de la campagne en question, mais si c'était diffusé l'été, ce n'était pas inutile. Réduire la pression sur le système d'approvisionnement en période de haute évaporation / basse précipitation est important.
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Re: Pourquoi l'eau coûte-t-elle plus chère que......

#17

Message par DanB » 01 déc. 2007, 14:50

À ce que je sache, la règlementation change le 1er janvier et l'utilisation de l'eau de surface nécessitera des traitements beaucoup plus coûteux.

Aussi, des cas de nappes phréatiques qui s'épuisent, je crois qu'il y en a beaucoup.

Côté compteurs d'eau, des municipalités en ont installé ici. Le coût de l'eau est minime, vraiment pas qqch pour faire déménager les gens. Plusieurs miliers de litres pour quelques dollars. Par contre, l'effet est immédiat puisque ces municipalités ne manquent plus d'eau et on évité d'investir des milions dans de nouvelles usines de traitement de l'eau.

Du côté du continent, le pompage d'eau dans les grands lacs pourrait avoir un effet sur le niveau de l'eau de ceux-ci et aussi du fleuve. En Europe, le niveau de certaines mers intérieures baisse considérablement à cause du pompage de l'eau qu'on y fait.

Certains endroits désalinisent l'eau à grands frais et en consommant beaucoup d'énergie.

Des problématiques, il y en a, et il serait très stupide de ne pas agir pour éviter qu'on se retrouve dans la même situation...
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Re: Pourquoi l'eau coûte-t-elle plus chère que......

#18

Message par Zwielicht » 04 déc. 2007, 20:58

DanB a écrit :Aussi, des cas de nappes phréatiques qui s'épuisent, je crois qu'il y en a beaucoup.
Moi aussi, c'est mon impression. J'ai entendu ça, mais je ne trouve pas de preuves écrites. Si tu en avais, ça serait intéressant de les poster ici, car on a Gilles, modérateur/administrateur, qui affirme que si des nappes phréatiques s'épuisent, c'est en nombre négligeable ("S'il y en a, ça ne doit quand même pas toucher un bien grand nombre de personnes").

Même si son affirmation est sans fondement, elle vient d'un modérateur / administrateur, ce qui lui donne un certain poids artificiel.

Et on dirait que linitie a foutu le camp...
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Re: Pourquoi l'eau coûte-t-elle plus chère que......

#19

Message par Gilles » 05 déc. 2007, 06:16

Zwielicht a écrit :
DanB a écrit :Aussi, des cas de nappes phréatiques qui s'épuisent, je crois qu'il y en a beaucoup.
Moi aussi, c'est mon impression. J'ai entendu ça, mais je ne trouve pas de preuves écrites. Si tu en avais, ça serait intéressant de les poster ici, car on a Gilles, modérateur/administrateur, qui affirme que si des nappes phréatiques s'épuisent, c'est en nombre négligeable ("S'il y en a, ça ne doit quand même pas toucher un bien grand nombre de personnes").
Même si son affirmation est sans fondement, elle vient d'un modérateur / administrateur, ce qui lui donne un certain poids artificiel.
Je n'affirme rien, il me semble que c'est assez évident, dans mon message, que je parle au conditionnel, qu'à mon avis, ce doit être négligeable. J'ai écrit "ça ne doit quand même pas toucher un bien grand nombre de personnes". Comment peux-tu voir de l'affirmatif catégorique là-dedans ? Mon opinion n'est pas sans fondement, elle se fonde sur le fait que je ne connais pas de cas, ici au Québec, où une nappe phréatique était en danger ou s'était épuisée à cause de la consommation domestique. J'estime donc que si ces cas existent (et c'est possible qu'ils existent) ils doivent tout de même être assez rares. Mon opinion n'est ni plus ni moins catégorique que ton opinion contraire et si tu estimes qu'elle est sans fondement, elle ne l'est pas plus que la tienne ("Moi aussi, c'est mon impression. J'ai entendu ça, mais je ne trouve pas de preuves écrites.").

Et je ne vois vraiment pas en quoi mon "statut" de modo change quoi que ce soit dans mes messages. Être modo, je vois ça comme du travail de concierge, comme dit Denis, travail qui consiste à nettoyer le forum lorsqu'on y décèle des abus du genre spam ou troll. Et qu'est-ce que tu veux dire par "poids artificiel" de mes affirmations ? En quoi le fait d'être modo donne-t-il du "poids" à mes arguments ou opinions ?

Bon, pour mettre un peu de "fondement" à mon opinion, j'ai trouvé les chiffres pour la consommation d'eau souterraine. En 1999, 90% de la population du Québec s'approvisionnait en eau à partir d'un réseau de distribution municipal. 45% utilisent l'eau du fleuve, 35% l'eau des lacs et rivières et 10% l'eau souterraine. Le 10% qui reste utilise des puits privés ou puise directement dans une source qui jaillit à la surface, un lac ou une rivière. Pour les puits privés, je n'ai pas trouvé les proportions des eaux souterraines provenant des puits de surface (qui recueillent, en fait, les eaux de percolation et dont l'eau se renouvelle rapidement) et des puits artésiens. Donc 80% eau de surface et moins de 20% eau souterraine.

Tu sembles suggérer que la consommation actuelle d'eau souterraine est souvent à la limite de la capacité de renouvellement et qu'elle dépasse peut-être même cette limite à de nombreux endroits. L'eau souterraine se renouvelle moins rapidement que l'eau de surface, mais elle est tout de même renouvelable. La question est de savoir si la consommation dépasse le taux de renouvellement ou pas. Tu ne le sais pas et moi non plus. Par contre, il y a certains faits qui me laissent croire que ce ne serait que rarement le cas.

Le volume d'eau souterraine au Québec est gigantesque. À peu près partout il suffit de creuser pour trouver un aquifère. Le 20% de la population qui consomme de l'eau souterraine est dispersé sur un immense territoire, particulièrement le 10% qui utilise des puits privés (ils ont des puits privés car ils sont trop dispersés pour être reliés à un réseau d'aqueduc). Avec une si faible densité de population, ça me semblerait étonnant que le simple usage domestique puisse dépasser le taux de renouvellement, même localement, à moins d'un usage vraiment excessif (usage industriel ou irrigation intensive de terres agricoles, mais ce n'est pas du tout de ça dont je parle depuis le début quand je parle des campagnes écolos pour économiser l'eau). Que je sache, les régions dans le monde où on sait que la nappe phréatique diminue plus rapidement qu'elle ne se renouvelle, sont des régions où les précipitations sont rares et où on utilise d'énormes quantités d'eau surtout pour l'irrigation des terres agricoles. Dans le sud de la Californie, par exemple, plus de 90% de l'eau massivement puisée dans la nappe phréatique sert à l'agriculture intensive qu'on y pratique. Ici, c'est 39% de l'eau souterraine qui va à l'agriculture (auquel il faut ajouter 7% pour l'usage industriel) et les volumes utilisés n'ont rien de comparables avec la Californie. Mais bon, il est aussi vrai qu'on connaît peu de chose sur le renouvellement des eaux souterraines au Québec. Je n'ai pas de données sur ce point. Sais-tu s'il y a des endroits au Québec où on constate actuellement que la nappe s'épuise plus vite qu'elle ne se renouvelle ?

Mais quoi qu'il en soit, le risque d'épuisement de la ressource par l'usage domestique ne menace qu'une minorité; certainement moins de 20% de la population (puisque 80% s'approvisionnent en eau de surface renouvelable), plus probablement moins de 10% (je ne crois pas que des puits individuels dispersés sur un grand territoire aient un gros impact) et, à mon avis (avis qui vaut ce qu'il vaut, bien sûr, tout modo que je suis), moins de 1%. On peut d'ailleurs lire, à propos des eaux souterraines, dans le document de consultation public "La gestion de l'eau au Québec" (Développement durable, environnement et Parcs, Québec, 2002):
"Le développement de divers secteurs d’activité et une occupation accrue du territoire augmentent les besoins en eau. Cet accroissement, couplé dans certains cas à une rareté de la ressource, augmente les risques de conflits d’usage au niveau local pour l’avenir, même si à l’échelle régionale il n’y a pas lieu de croire que la ressource eau souterraine connaisse, à l’heure actuelle, un état de surexploitation susceptible de compromettre son exploitation durable."
Le caractère gras est de moi.

Je ne comprends donc pas qu'on fasse de l'économie de l'eau au Québec un argument de la lutte pour l'environnement alors que, pour au moins 80% de la population (et probablement plus; c'est ce que j'appelais une "grande" majorité), l'eau consommée est une ressource parfaitement renouvelable dont l'exploitation ne menace en rien l'environnement. Si c'est pour économiser de l'argent aux municipalités, pour éviter d'avoir à agrandir l'usine de filtration ou de traitement des eaux usées qu'il faut économiser l'eau, alors qu'on le dise, qu'on installe des compteurs si la publicité ne suffit pas, qu'on sensibilise au prix ($) de l'eau, qu'on donne des amendes aux abuseurs, qu'on monte les taxes si les citoyens veulent plus d'eau, mais qu'on arrête de prétendre que la consommation d'eau est une menace pour l'environnement. La consommation d'eau de chacun, lorsque l'eau est payée par la collectivité à même les taxes, c'est une question de civisme, pas une question d'environnement.

Même si c'était vrai que pour la majorité des personnes consommant de l'eau souterraine, le risque de dépasser le taux de renouvellement de la source d'eau est important s'ils ne diminuent pas leur consommation actuelle d'eau, pourquoi adresser le message à tous sans aucune nuance, sans distinction comme si les gens étaient trop idiots pour savoir s'ils consomment de l'eau de surface ou de l'eau puisée sous terre par leur municipalité ? Faut dire aussi que j'en ai surtout un peu marre du discours trop souvent gnan-gnan, infantilisant, moralisateur et parfois inutilement alarmiste des porte-parole de l'environnement. Et quand ils parlent d'eau, je trouve qu'ils se surpassent.

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Re: Pourquoi l'eau coûte-t-elle plus chère que......

#20

Message par Gilles » 05 déc. 2007, 06:22

DanB a écrit :Aussi, des cas de nappes phréatiques qui s'épuisent, je crois qu'il y en a beaucoup.
Épuisement causé par l'usage domestique ? Ici, au Québec ? Beaucoup ? Si oui, qu'est-ce qui te le fait croire ?
DanB a écrit :Côté compteurs d'eau, des municipalités en ont installé ici. Le coût de l'eau est minime, vraiment pas qqch pour faire déménager les gens. Plusieurs miliers de litres pour quelques dollars. Par contre, l'effet est immédiat puisque ces municipalités ne manquent plus d'eau et on évité d'investir des milions dans de nouvelles usines de traitement de l'eau.
Effectivement, là où il y a des compteurs, le coût est assez minime (dans les 50 cents le mètre cube à peu près, c'est à dire le coût du traitement de l'eau). Les compteurs évitent surtout les abus même s'ils pénalisent les familles nombreuses (on peut quand même établir une facturation qui tient compte du nombre d'enfants à la maison). C'est le bon vieux concept de l'utilisateur/payeur qui permet d'économiser sur le coût du service.

Par contre, là où l'eau est abondante et ne vient jamais à manquer, comme à Montréal, par exemple, on estime que ça revient moins cher de suffire à la demande malgré les abus que d'installer des compteurs dans toutes les maisons et de payer ensuite les employés chargés de les relever et de gérer tout le système de facturation. Certaines villes ont émis des règlements limitant l'arrosage des pelouses ou l'usage de l'eau à l'extérieur de la maison au cours de l'été. Ça a réglé bien des problèmes de risques de pénurie pendant les semaines les plus chaudes de l'été. Mais encore là, c'est un problème de civisme, pas d'environnement.
DanB a écrit :Du côté du continent, le pompage d'eau dans les grands lacs pourrait avoir un effet sur le niveau de l'eau de ceux-ci et aussi du fleuve. En Europe, le niveau de certaines mers intérieures baisse considérablement à cause du pompage de l'eau qu'on y fait.
Tout à fait d'accord, mais là, on ne parle plus d'usage domestique par les résidants, mais d'irrigation à grande échelle pour l'agriculture. L'usage domestique n'a aucun impact sur le niveau de l'eau (l'eau consommée retourne de toute façon d'où elle venait).
DanB a écrit :Certains endroits désalinisent l'eau à grands frais et en consommant beaucoup d'énergie.
Pas ici.
DanB a écrit :Des problématiques, il y en a, et il serait très stupide de ne pas agir pour éviter qu'on se retrouve dans la même situation...
Je ne vois pas pourquoi on pourrait avoir des problèmes d'approvisionnement en eau ici au Québec à cause d'une trop forte consommation domestique. C'est bien plus sa contamination qui pourrait la rendre rare, pas son utilisation domestique. Ici, la ressource est parfaitement renouvelable. Je ne vois pas pourquoi ça changerait (sinon grave changement climatique qui ferait diminuer de façon drastique les précipitations). L'eau, au Québec, est un bel exemple de ressource renouvelable et donc de développement durable, un bel exemple aussi où le principe de l'utilisateur/payeur peut s'appliquer. Alors qu'on arrête de présenter la consommation d'eau comme un problème environnemental qui pourrait être résolu en consommant, mettons, 200 mètres cubes par jour par habitant comme en Europe plutôt que 300 à 400. Je ne vois vraiment pas ce que ça changerait pour l'environnement.

Zwielicht
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#21

Message par Zwielicht » 05 déc. 2007, 16:06

Gilles a écrit :Je n'affirme rien, il me semble que c'est assez évident, dans mon message, que je parle au conditionnel, qu'à mon avis, ce doit être négligeable. J'ai écrit "ça ne doit quand même pas toucher un bien grand nombre de personnes". Comment peux-tu voir de l'affirmatif catégorique là-dedans ?
Entre autres, l'utilisation du verbe devoir et l'absence de conditionnel. Mais surtout que c'est sur cette hypothèse, que ça ne doit pas toucher grand monde, que repose la pertinence de ton propos depuis le début.
Gilles a écrit :Mon opinion n'est pas sans fondement, elle se fonde sur le fait que je ne connais pas de cas, ici au Québec, où une nappe phréatique était en danger ou s'était épuisée à cause de la consommation domestique.
S'il s'agit d'une opinion (et tu le confirmes), elle est sans fondement, car rien ne présuppose que ces cas devraient t'être connus le cas échéant. C'est pourquoi j'ai demandé à DanB, qui semble connaître des cas, de les expliciter.
Gilles a écrit :J'estime donc que si ces cas existent (et c'est possible qu'ils existent) ils doivent tout de même être assez rares. Mon opinion n'est ni plus ni moins catégorique que ton opinion contraire et si tu estimes qu'elle est sans fondement, elle ne l'est pas plus que la tienne ("Moi aussi, c'est mon impression. J'ai entendu ça, mais je ne trouve pas de preuves écrites.").
Mais non, lis attentivement. Je dis clairement que c'est une impression, que j'ai. Et toi, tu parles d'opinion. Je ne pense pas qu'on s'entende sur ces définitions.
Gilles a écrit :Et je ne vois vraiment pas en quoi mon "statut" de modo change quoi que ce soit dans mes messages. Être modo, je vois ça comme du travail de concierge, comme dit Denis, travail qui consiste à nettoyer le forum lorsqu'on y décèle des abus du genre spam ou troll. Et qu'est-ce que tu veux dire par "poids artificiel" de mes affirmations ? En quoi le fait d'être modo donne-t-il du "poids" à mes arguments ou opinions ?
Encore là, problème de définition. Par définition, un modérateur ne peut pas être qu'un correcteur de texte ou quelqu'un qui efface des messages de spam. On s'attend d'un modérateur qu'il participe à des discussions en tentant de respecter les consignes élémentaires de discussions d'un forum. Comme, par exemple, ne pas énoncer d'opinions sur des sujets quantitatifs et vérifiables sans fondement.
Gilles a écrit :Bon, pour mettre un peu de "fondement" à mon opinion, j'ai trouvé les chiffres pour la consommation d'eau souterraine.
Ça fait depuis le début que je consulte des chiffres. J'aurais pensé que tu fasses de même.
Gilles a écrit :En 1999, 90% de la population du Québec s'approvisionnait en eau à partir d'un réseau de distribution municipal. 45% utilisent l'eau du fleuve, 35% l'eau des lacs et rivières et 10% l'eau souterraine. Le 10% qui reste utilise des puits privés ou puise directement dans une source qui jaillit à la surface, un lac ou une rivière. Pour les puits privés, je n'ai pas trouvé les proportions des eaux souterraines provenant des puits de surface (qui recueillent, en fait, les eaux de percolation et dont l'eau se renouvelle rapidement) et des puits artésiens. Donc 80% eau de surface et moins de 20% eau souterraine.
C'est très différent des chiffres du ministère de l'environnement que j'ai cités dans mon dernier message. ttp://www.mddep.gouv.qc.ca/eau/potable/portrait.htm
En compilant les chiffres qui s'y trouvent, tu trouveras 25% que la population s'approvisionne en eaux souterraines.
D'où tires-tu tes chiffres?
Gilles a écrit :Tu sembles suggérer que la consommation actuelle d'eau souterraine est souvent à la limite de la capacité de renouvellement et qu'elle dépasse peut-être même cette limite à de nombreux endroits.
Je dis qu'il est possible d'épuiser une sources souterraine, quelle qu'elle soit, surtout si des compagnies viennent y embouteiller de l'eau, et qu'il y a un usage en agriculture, et que les gens gaspillent considérablement de l'eau. Renouvelable ne signifie pas inépuisable.
Gilles a écrit :Tu ne le sais pas et moi non plus. Par contre, il y a certains faits qui me laissent croire que ce ne serait que rarement le cas.
Si tu le permets, j'aimerais mieux ne rien conclure.
Gilles a écrit :Le volume d'eau souterraine au Québec est gigantesque. À peu près partout il suffit de creuser pour trouver un aquifère. Le 20% de la population qui consomme de l'eau souterraine est dispersé sur un immense territoire, particulièrement le 10% qui utilise des puits privés (ils ont des puits privés car ils sont trop dispersés pour être reliés à un réseau d'aqueduc).
Le volume est gigantesque.. Ça n'a pas un poids très scientifique comme affirmation. Passons.
Gilles a écrit :Avec une si faible densité de population, ça me semblerait étonnant que le simple usage domestique puisse dépasser le taux de renouvellement, même localement, à moins d'un usage vraiment excessif (usage industriel ou irrigation intensive de terres agricoles, mais ce n'est pas du tout de ça dont je parle depuis le début quand je parle des campagnes écolos pour économiser l'eau).
Mais ce justement qui est dangereux, c'est d'épuiser les nappes phréatiques locales. Il est insouhaitable de devoir construire et entretenir des infrastructures pour acheminer l'eau potable de nappes éloignées, du fait qu'on a épuisé les nappes en bordure des lieux peuplés.
Gilles a écrit :Sais-tu s'il y a des endroits au Québec où on constate actuellement que la nappe s'épuise plus vite qu'elle ne se renouvelle ?
C'est ce que j'ai demandé à DanB.
Gilles a écrit :Mais quoi qu'il en soit, le risque d'épuisement de la ressource par l'usage domestique ne menace qu'une minorité; certainement moins de 20% de la population
20 ou 25%, ce n'est pas négligeable. Tu utilises le mot minorité à travers, ici. Prenons un exemple : 49%, c'est une minorité. Est-ce qu'on va dire que quelque chose qui menace 49% de la population ne menace qu'une minorité? La question ici, n'est pas de choisir entre la majorité et la minorité. C'est d'éviter à la minorité des problèmes qu'elle peut éviter, sans causer de problèmes à la majorité. C'est un no-brainer, il me semble.
Gilles a écrit :Je ne comprends donc pas qu'on fasse de l'économie de l'eau au Québec un argument de la lutte pour l'environnement alors que, pour au moins 80% de la population (et probablement plus; c'est ce que j'appelais une "grande" majorité), l'eau consommée est une ressource parfaitement renouvelable dont l'exploitation ne menace en rien l'environnement.
Un argument de la lutte pour l'environnement? Où as-tu pêché ça? On enseigne et diffuse des méthodes qui visent à éviter le gaspillage d'eau potable. Je ne vois pas ça comme un argument appuyant la lutte pour sauver l'environnement.
Gilles a écrit :Si c'est pour économiser de l'argent aux municipalités, pour éviter d'avoir à agrandir l'usine de filtration ou de traitement des eaux usées qu'il faut économiser l'eau, alors qu'on le dise, qu'on installe des compteurs si la publicité ne suffit pas, qu'on sensibilise au prix ($) de l'eau, qu'on donne des amendes aux abuseurs, qu'on monte les taxes si les citoyens veulent plus d'eau, mais qu'on arrête de prétendre que la consommation d'eau est une menace pour l'environnement.
Maintenir et installer des compteurs entraine des coups supplémentaires (et coute / nécessite de l'énergie). Les citoyens payeraient-ils (en taxes) autant pour les compteurs que pour leur eau ? C'est à vérifier. Sensibiliser les gens au prix de l'eau, c'est ce qu'on fait.
Gilles a écrit :La consommation d'eau de chacun, lorsque l'eau est payée par la collectivité à même les taxes, c'est une question de civisme, pas une question d'environnement.
Promouvoir des pratiques qui réduisent le gaspillage résidentiel, c'est une question de civisme.
Gilles a écrit :Même si c'était vrai que pour la majorité des personnes consommant de l'eau souterraine, le risque de dépasser le taux de renouvellement de la source d'eau est important s'ils ne diminuent pas leur consommation actuelle d'eau, pourquoi adresser le message à tous sans aucune nuance, sans distinction comme si les gens étaient trop idiots pour savoir s'ils consomment de l'eau de surface ou de l'eau puisée sous terre par leur municipalité ?
Dans combien de messages qui te sont adressés as-tu l'impression d'être pris pour un idiot ? Les publicités de Wal-Mart, ou de Brault et Martinault, ça ne compte pas ? Moi ça ne me choque pas qu'un message d'intérêt public s'adresse à 25% de la population et ne soit pas systématiquement censuré dans les foyers où les autres 75% demeurent.
Gilles a écrit :Faut dire aussi que j'en ai surtout un peu marre du discours trop souvent gnan-gnan, infantilisant, moralisateur et parfois inutilement alarmiste des porte-parole de l'environnement. Et quand ils parlent d'eau, je trouve qu'ils se surpassent.
Il n'y a pas que des sexagénaires au Québec. Ces messages sont destinés à tout le monde, et à chaque année, il y en a qui les entendent pour la première fois (des enfants, justement).
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Re: Pourquoi l'eau coûte-t-elle plus chère que......

#22

Message par DanB » 07 déc. 2007, 23:49

Voici quelques informations sur les municipalités autour. Ce n'est pas un sujet que je suis de près, un peu comme l'Irak, on dirait que c'est la même nouvelle qui revient toujours...

Bic

http://www.radio-canada.ca/regions/bas- ... -bic.shtml
http://www.radio-canada.ca/regions/est- ... sp?ref=rss

Rimouski
http://www.radio-canada.ca/regions/est- ... sp?ref=rss
http://www.radio-canada.ca/regions/est- ... sp?ref=rss

Trois-Pistoles
http://www.radio-canada.ca/regions/Queb ... oles.shtml
http://www.radio-canada.ca/regions/est- ... es-eau.asp

Il y a aussi eu des problèmes à Luceville, mais ça remonte à quelques années de plus, rien de trouvé de conçis là-dessus.

Recherche plus globale

http://webotheque.net/Bas-Saint-Laurent/?q=+Eau+potable

Alors sûrement qu'en faisant des recherches plus poussées, on trouvera plus d'information.

Pour ma part, je déplore l'attitude qui consiste à attendre que l'on soit dans la misère pour agir.

Aussi, par ici, notre eau vient de source. Montréal pompe de l'eau de ballast et les résidus industriels des grands lacs pour fournir les Montréalais. Tant mieux si ça fait leur affaire. Pour l'instant, l'eau de Montréal semble correcte. Mais quand on considère sa provenance, il n'y a pas beaucoup de place à l'erreur, et qui sait si on ne découvrira pas un jour qu'on a laissé passé des contaminants qu'on croyait inoffensifs ou encore qu'on ne pouvait mesurer.
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Gilles
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Re: Pourquoi l'eau coûte-t-elle plus chère que......

#23

Message par Gilles » 09 déc. 2007, 07:56

Salut Dan,

Les trois cas que tu rapportes ne me convainquent pas du tout qu'il y aura ou qu'il y aurait actuellement, au Québec, un réel problème d'épuisement de nappes phréatiques si la population ne diminue pas sa consommation. Je ne connais pas de cas où on ait établi que la ressource souterraine s'épuisait et, s'il y en a, je persiste à croire que ce doit être très ponctuel et ne toucher qu'une très faible fraction de la population. Dans le cas des eaux souterraines, il faut tenir compte de deux choses : le volume de la nappe et la vitesse à laquelle l'eau circule dans le sol. Si l'eau circule rapidement, même une nappe de faible volume peut fournir beaucoup d'eau. Par contre, si l'eau circule lentement, l'eau peut venir à manquer autour de la prise d'eau même si le volume total de la nappe n'a à peu près pas été affecté. Il est vrai qu'un prélèvement intensif dans une nappe où l'eau circule très lentement peut abaisser localement le niveau de la nappe et même assécher des puits voisins si ceux-ci sont moins profonds. Je crois tout de même que ces cas sont assez rares.

Pour Rimouski, il n'y a pas de rapport avec ce dont on discute. La ville désire s'approvisionner dans des sources souterraines ce qui lui permettrait d'économiser sur la facture de l'usine de filtration, mais le gouvernement lui demande de démontrer que ces eaux souterraines ne sont pas contaminées par des eaux de surface. Rien à voir avec de supposés cas de non renouvellement des eaux souterraines si des mesures d'économie d'eau ne sont pas mises en place.

Dans le cas de Trois-Pistoles, l'article mentionne les appels d'offre lancés par la municipalité pour améliorer son réseau d'approvisionnement. On ne dit rien sur ce qui limite l'approvisionnement actuel et on ne parle pas d'un éventuel épuisement de la nappe phréatique qui serait dû aux abus de l'usage domestique. D'autant plus que la principale source d'approvisionnement de la ville a toujours été la rivière Trois-Pistoles! Le problème en serait un, avant tout, de qualité de l'eau :
Radio Canada a écrit :Le système d'approvisionnement en eau potable de Trois-Pistoles ne correspond plus aux nouvelles normes environnementales qui entreront en vigueur en 2008. Le maire indique que, si les travaux ne sont pas effectués maintenant, la Ville risque de ne pas avoir les subventions nécessaires pour réaliser tous les travaux qui seront alors imposés par le gouvernement.
Il semble que le problème en soit un de traitement de l'eau (l'usine actuelle de filtration ne fournit pas et n'est pas à la hauteur des nouvelles normes du gouvernement) et non un problème de renouvellement de la nappe phréatique. Le problème a de toute façon été réglé depuis par l'ouverture, l'an dernier, de la nouvelle usine de filtration qui prend son eau dans la rivière Trois-Pistoles.

Quant au Bic, le système de distribution d'eau de la municipalité avait été conçu à l'époque pour desservir une population maximale de 2100 habitants (Mémoire présenté par la municipalité du Bic au Bureau des audiences publiques sur l'environnement, Rimouski, 20 mars 2003). D'après le site que tu mentionnes, la population actuelle (2006) est de 3000 habitants. Le réseau suffit actuellement à fournir l'eau nécessaire sauf aux périodes d'étiage où alors la nappe de surface descend parfois à un niveau inquiétant compte tenu du niveau des prises d'eau de la ville. Par contre, ce niveau se rétablit chaque année après l'été. La nappe se renouvelle année après année (sinon, il y a longtemps que les prises d'eau seraient à sec). On a donc un cas où la consommation d'eau est à la limite du renouvellement de la source. On ne parle pas d'épuisement d'une ressource non renouvelable, mais de dépassement ponctuel (l'été) du taux de renouvellement d'une ressource parfaitement renouvelable. Le Bic est une région où les sources souterraines sont de dimension limitée si on compare à d'autres régions du Québec (Mémoire de la municipalité au BAPE, 2003). Dans la MRC Rimouski-Neigette, il n'y a d'ailleurs que 6,6% de la population qui est alimentée par un réseau s'approvisionnant en eau souterraine (Développement durable, Environnement et Parcs). Pour palier à ce problème, la municipalité envisage donc d'installer une prise d'eau dans une des deux rivières qui coulent à proximité (rivières du Bic ou rivière Hâtée). L'eau puisée dans la rivière Hâtée serait acheminée vers l'un des sites de recharge de la nappe phréatique à laquelle la municipalité s'alimente actuellement (toujours selon le même mémoire) ce qui démontre bien que la recharge se fait rapidement. Ce projet serait moins coûteux que de s'approvisionner directement dans la rivière du Bic. La municipalité est bien plus inquiétée par la contamination possible de ses sources d'eau actuelles ou prévues que par un éventuel manque d'eau.

Le problème d'eau du Bic ne peut certainement pas être généralisé à l'ensemble du Québec. C'est sûr que si les citoyens diminuaient leur consommation, particulièrement en été, cela permettrait de faire l'économie de nouvelles installations de captage et de traitement des eaux (si la population n'augmente pas ces prochaines années). Mais s'ils préfèrent payer plus cher de taxes pour avoir plus d'eau, c'est leur décision. Une décison qui aura une incidence sur leur portefeuille, mais pas sur l'environnement.

Gilles
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#24

Message par Gilles » 09 déc. 2007, 08:05

Zwielicht a écrit :Mais non, lis attentivement. Je dis clairement que c'est une impression, que j'ai. Et toi, tu parles d'opinion. Je ne pense pas qu'on s'entende sur ces définitions.
Je ne comprends pas du tout ton pinaillage sur la différence fine que tu perçois entre opinion et impression, entre "je crois que", "je pense que", "il me semble que" ou "j'ai l'impression que" ? Toi tu as une "impression que" ce qui serait bien mieux, à ton avis, que d'avoir "une opinion que".
Personnellement, je trouve que ces termes recoupent tous la même chose : je n'ai pas de certitude absolue, ni de preuve irréfutable de ce que j'avance, mais, à la lumières des faits dont je dispose, compte tenu de mes connaissances et de mon expérience, il me semble que X est plus probable que Y. Denis, en Redico, dirait probablement que ça recouvre tout le champ entre 60% et 90% de certitude. Entre 50 et 60% on peut parler d'un vague soupçon, d'une impression et, au-dessus de 90%, d'une forte présomption sinon d'une quasi-certitude (on ne le dira jamais assez, le Redico a du bon, même si je trouve la formule un peu ennuyante).

Je t'ai donné les faits qui me laissent croire que la ressource souterraine est loin d'être en danger. Ce sont des indices, pas des preuves. Quand on n'a pas de faits précis sous la main démontrant de façon irréfutable un point de vue, on ne peut que s'en remettre aux indices dont on dispose. C'est ça qu'on qu'on exprime en utilisant les expressions "penser que" ou "croire que" ou "avoir l'impression de". C'est aussi ce qu'on appelle avoir une opinion. Tu ajoutes ensuite qu'à ton avis, les modérateurs du forum ne devraient pas émettre d'opinions qui ne seraient pas basées sur des chiffres irréfutables. Bref, dès qu'on sort du monde des certitudes, il faudrait se taire. À ce compte là, il faudrait effacer tous nos messages à Denis, J-F, Hallu, Poulpeman et moi et s'abstenir à l'avenir de poster quoi que ce soit. Si c'est le cas, je rends mon tablier.
Zwielicht a écrit :En compilant les chiffres qui s'y trouvent, tu trouveras 25% que la population s'approvisionne en eaux souterraines. D'où tires-tu tes chiffres?
Sur le site qui te servait de référence, on peut lire :
Ainsi, pour près de 21 % de la population du Québec, elle (l'eau souterraine) constitue la source privilégiée d'alimentation en eau potable. Près de la moitié de cette population, répartie sur 90 % du territoire habité de la province, est alimentée par des ouvrages de captage individuels alors que l'autre moitié est desservie par des réseaux de distribution publics ou privés.
On y lit aussi :
Au Québec, l'approvisionnement en eau potable constitue un des usages les plus importants des eaux de surface. En fait, on estime qu'environ 80 % de la population s'alimente à partir des eaux de surface. C'est donc 5,5 millions de personnes qui sont alimentées par l'eau du fleuve, des rivières, des lacs ou des ruisseaux (Ministère de l'Environnement, 1999). En contrepartie, environ 20 % de la population s'alimente à partir des eaux souterraines.
Le rapport de la commission Beauchamp (mai 2000) sur l'eau précise que 20 % de la population du Québec s'abreuve aux eaux souterraines dont 10% à des puits privés. Le reste de la population, 80%, s'abreuve dans les eaux de surface. Le rapport Beauchamp émet une série de recommandations pour la protection des eaux souterraines. Aucune ne mentionne une réduction de la consommation domestique visant à prévenir un éventuel épuisement de la nappe exploitée.

J'ai retrouvé ces mêmes chiffres dans des articles du Devoir, de La Presse, dans des mémos soumis au BAPE par différents organismes. Je n'ai jamais vu ton 25%; nulle part.

Si je crois que la ressource est très abondante, c'est qu'il est vrai qu'il suffit de creuser à peu près n'importe où au Québec pour trouver un aquifère. Toujours sur le site même que tu mentionnais, on peut lire:
De façon générale, l'eau souterraine est omniprésente sur le territoire québécois. Toutefois, en raison de la nature, de la répartition géographique et des propriétés hydrauliques des formations géologiques dans lesquelles elle circule, son accessibilité et son utilisation à des fins de consommation et d'exploitation sont très variables. Il est à noter cependant qu'au Québec les possibilités d'obtenir un puits « sec », c'est-à-dire où l'eau souterraine est totalement absente après forage, sont extrêmement rares.
L'eau circule dans le sous-sol à peu près partout. Elle alimente d'ailleurs, sous forme de sources résurgeantes, nombre de lacs et rivières. L'eau qui n'est pas prélevée pour la consommation termine son parcours dans les rivières et le fleuve. Les précipitations qui approvisionnent le sous-sol sont abondantes si on les compare au prélèvement effectué.

Toujours sur le même site :
Au Québec, l'eau est omniprésente au sein des myriades de pores, fractures et autres interstices des formations géologiques. Cette eau souterraine constitue une ressource naturelle renouvelable en raison des précipitations qui l'alimentent. Elle n'est pas statique. Elle circule sous l'ensemble du territoire et ses zones de résurgence permettent le maintien, particulièrement en période d'étiage, du régime hydrique des eaux de surface et des écosystèmes qui en dépendent. Ainsi, l'eau souterraine est accessible, en quantité et à des coûts acceptables, sur la majeure partie du territoire. Pour les régions habitées, les réserves renouvelables disponibles sont évaluées à environ 200 kilomètres cubes. L'eau souterraine extraite correspond à 0,2 % de cette réserve.
Dans le document présenté au Ministère de l'Environnement et de la Faune par l'Ordre des agronomes du Québec (janvier 1997), on peut lire :
Dans l'énoncé de la problématique, il ressort que les eaux souterraines constituent au Québec, une ressource naturelle renouvelable disponible en grande quantité et de bonne qualité. Sauf pour certains cas identifiés et localisés, l'intégrité de la ressource a été préservée et les cas de surexploitation (voire altération des quantités et de la qualité) semblent plutôt isolés. Toutefois, on semble craindre à raison, la surexploitation et la contamination éventuelle des eaux souterraines. Loin d'un constat alarmiste à ce sujet, on identifie plutôt certaines activités humaines telles l'agriculture, comme des facteurs de risque pour l'intégrité de la ressource.
Olivier Banton a écrit dans Le Devoir (20 août 1997):
À l'échelle des régions habitées du Québec, on évalue ainsi qu'environ cinq à dix centimètres (soit deux à quatre pouces) d'eau s'infiltrent par an dans le sol pour recharger les nappes d'eau souterraine. Cette infiltration représenterait par exemple 100 à 200 millions de mètres cubes d'eau pour une MRC d'une superficie de 2 000 kilomètres carrés (au Québec, les superficies des MRC varient entre 850 et 27 000 kilomètres carrés pour une population moyenne de 60 000 habitants). Au Québec, la consommation par habitant (pour les usages domestiques, commerciaux et industriels) est de l'ordre de 400 litres par jour, soit environ 150 mètres cubes par an. Une petite ville de 10 000 habitants consomme ainsi en moyenne 1,5 million de mètres cubes par an, soit un centième de l'eau qui s'infiltre par an sur le territoire d'une petite MRC de 2000 kilomètres carrés. Le prélèvement d'une telle ville alimentée par l'eau souterraine serait donc considéré comme négligeable devant le renouvellement naturel des eaux souterraines de cette MRC.
L'abaissement des niveaux d'eau dans le puits en pompage et dans les puits voisins traduit donc la mise en place d'un nouvel équilibre engendré par l'écoulement de l'eau vers le puits. Cet abaissement n'indique pas une vidange ou un épuisement de la nappe. Ceci est d'ailleurs facilement vérifiable lorsque le niveau de l'eau revient à son niveau initial après l'arrêt du pompage. Si le niveau initial n'était pas retrouvé, alors on pourrait être en présence d'un épuisement temporaire de la nappe.
"Olivier Banton est professeur en hydrogéologie à l'Institut national de la recherche scientifique de l'Université du Québec (INRS-Eau à Québec). Titulaire d'une doctorat en hydrogéologie, il mène depuis douze ans des recherches sur la gestion-protection des ressources d'eau souterraine à l'échelle régionale. Il a réalisé le développement de plusieurs logiciels hydrogéologiques et mené des recherches pour le compte de plusieurs ministères, organismes et industries, au Québec et à l'étranger. Il est l'auteur d'un ouvrage de référence et d'enseignement sur l'hydrogéologie édité par les Presses de l'Université du Québec et l'Association des universités partiellement ou entièrement de langue française" (Le Devoir).
Il n'y a pas beaucoup d'études qui ont été faites sur le volume précis et le taux de renouvellement des eaux souterraines au Québec. On peut toutefois mentionner celle-ci qui porte sur le Sud-Ouest du Québec, peut-être la région du Québec où on prélève le plus fort volume d'eau souterraine par unité de surface et par habitant:
L'utilisation actuelle de l'eau souterraine par la population est équivalente à 14 p. 100 de la recharge annuelle des nappes ou l'équivalent de 11 mm de précipitation répartie sur tout le territoire. La consommation humaine représente 42 p. 100 de l'utilisation totale, soit 26,5 p. 100 pour les aqueducs et 15,0 p. 100 pour les puits domestiques, tandis que les carrières pompent un volume équivalent à 37,4 p. 100 de toute l'eau souterraine utilisée sur le territoire (figure 4). On constate aussi que les activités agricoles reliées à l'élevage du bétail et à l'irrigation des cultures utilisent 17,1 p. 100 du volume d'eau souterraine pompé annuellement, alors que l'embouteillage commercial en représente 3,4 p. 100, et l'irrigation des terrains de golf, 0,6 p. 100.
Les eaux souterraines du Sud-Ouest du Québec, Connaissances et protection, L’utilisation humaine de l’eau souterraine sur le territoire étudié.
Commission géologique du Canada (RNCan) en étroite collaboration avec l’Institut national de la recherche scientifique (INRS-Eau, Terre et Environnement) et l’Université Laval, avec des contributions d’Environnement Canada, du Service de l’expertise technique en eau (MENV), de l’Université Queen’s, du service géologique des États-Unis (USGS) et du ministère des Transports du Québec.
Même une utilisation aussi intensive ne correspond qu'à 14% du renouvellement. Et on ne mentionne aucun cas où il y aurait, au moment où l'étude a été faite, un épuisement de la ressource. Je n'ai jamais lu un seul rapport ou moratoire où on prétendait que l'usage domestique menaçait la ressource ou où on recommandait la diminution de la consommation domestique. Dans ceux que j'ai lus, lorsqu'il était question de risque d'épuisement, on parlait toujours de risques liés à la surexploitation locale par l'agriculture ou l'industrie.

Quand tu affirmes que le message d'économie de l'eau pour préserver l'environnement est pertinent pour 25% de la population, tu affirmes que partout où on consomme de l'eau souterraine la consommation est à la limite du taux de renouvellement ou le dépasse déjà ce qui n'est évidemment pas du tout le cas. D'abord, c'est 20% de la population qui s'approvisionne en eau souterraine et non 25% (et quand bien même ce serait 25%...) Ensuite, tu présumes que tous ceux qui s'approvisionnent en eau souterraine mettent en danger leur ressource et que, donc, il est pertinent de leur recommander de diminuer leur consommation. Si ça l'était, il y aurait plein de cas connus où des puits alimentant des municipalités se sont asséchés. Une nappe phréatique, ce n'est pas une nappe de pétrole; ça se renouvelle. Et ce n'est pas parce qu'il est toujours possible d'épuiser une source d'eau souterraine (en prélevant plus rapidement que le renouvellement) qu'automatiquement l'usage de cette source conduit à son épuisement. À mon avis, la consommation actuelle d'au moins 90% de ces gens, si ce n'est 99% ne menace en rien leur source d'eau. Et s'il y a quelques endroits où l'exploitation est vraiment intensive et où la nappe phréatique risque vraiment de s'épuiser ou de s'abaisser au point d'assécher des puits voisins, il y a alors une foule de moyens simples pour prévenir les abus, des moyens bien plus efficaces que des campagnes moralisatrices écolo à l'échelle de la province, des moyens qui devraient d'abord s'appliquer aux industries et à l'agriculture.
Zwielicht a écrit :Dans combien de messages qui te sont adressés as-tu l'impression d'être pris pour un idiot ? Les publicités de Wal-Mart, ou de Brault et Martinault, ça ne compte pas ?
Ben c'est ça, parce que la publicité est généralement épaisse, trompeuse et racoleuse, les campagnes pour la protection de l'environnement sont justifiées, elles aussi, d'être épaisses et trompeuses. Faire croire à tout le monde que diminuer leur consommation d'eau serait bénéfique pour l'environnement alors, qu'en fait, ce n'est peut-être le cas que pour une minorité (moins de 10% assurément, plus probablement moins de 1%), c'est déformer la réalité et c'est trompeur si on ne précise pas que la chose n'est vraie que que pour ceux qui vivent dans une région où on prélève massivement l'eau souterraine (distinction qui n'est jamais faite).

Enfin, quoi que tu en dises, le discours sur l'économie de l'eau a toujours fait partie intégrante du discours écologique. Je ne compte plus les publicités ou publications où l'économie d'eau est présentée comme une mesure permettant de préserver l'environnement. Je t'avais, par exemple, mentionné le cahier spécial sur l'environnement de la Presse d'il y a trois semaines.

Je n'ai rien, bien sûr, contre les mesures visant à préserver l'environnement. Ce qui menace le plus les eaux souterraines au Québec, c'est infiniment plus la contamination que l'épuisement. Je n'ai rien non plus contre la mise en place de règlements précis et contraignants en ce qui concerne l'usage commercial de l'eau souterraine. J'en ai contre le discours moralisateur, infantilisant et souvent irrationnel qu'adoptent souvent les écolos. J'en ai contre le discours culpabilisant et réducteur qui rate sa cible en insistant sur des détails sans importance plutôt que sur l'essentiel. Le discours où, pour sauver la planète, on essaie de nous convaincre qu'il importe d'interdire les Hummers, les démarreurs à distance, les sacs de plastique et le gros monsieur qui arrose son entrée de garage alors que ce ne sont que des détails par rapport aux autres sources de pollution; des détails qui ne changeraient rien à la situation même si on les éliminait totalement. Un discours qui ressemble souvent plus à une religion avec ses dogmes, sa morale, ses préceptes et ses rites qu'à un discours rationnel. À ce propos, Foglia écrivait dans sa chronique de samedi consacrée à l'écologie:
"Autre source importante de pollution dont on ne parle jamais, le discours écologique lui-même qui produit en masse de l'extrême correcness, de la bonne opinion, de l'amour de soi-même, de l'avenir pour nos petits enfants, et du sirop. J'entends les écolos d'aujourd'hui, j'entends les bons prêtres d'autrefois, j'entends les vieux hippies, j'entends les féministes d'il y a 35 ans."
Foglia, La Presse, 8 décembre 2007
N.B. Tous les caractères gras dans les citations sont de moi.

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DanB
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Re: Pourquoi l'eau coûte-t-elle plus chère que......

#25

Message par DanB » 10 déc. 2007, 03:50

Salut Gilles

1-je n'ai pas le temps de te lire, je lis en diagonale. Tu es chanceux, je ne t'étiquette pas encore zozo, autrement, je passerais simplement à l'intervention suivante.
2-tu sembles tenir absoluement à nier la réalité
3-tu sembles passer vraiment à côté de la coche des problématiques. Ton interprétation des problèmes du coin l'illustre de façon notoire. À te lire, un marée noire est une excellente source d'eau potable puisqu'il suffit de la traiter. En partant de ce principe, effectivement, il n'y aura jamais de problème reliés à l'eau.

Tout ça n'incite pas à continuer la discussion et ça laisse très songeur sur ton titre de modérateur. D'ailleurs, quel est le processus de sélection des modérateurs?

Par chance, la société n'est pas peuplée que d'autruches. Faut-il absolument être dans le pétrin pour réagir? Pas très logique comme attitude.
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