J'ai toujours trouvé le système de notation universitaire étrange et quelque peu injuste. Pourquoi convertir (et regrouper) des notes en pourcentage en lettres (de A+ à E) surtout si au bout du compte, on en extrait une cote moyenne cumulative à 2 décimales?
J'en conviendrai que ce manque de précision n'empêche personne de dormir, mais comme utiliser* 40 points (de 60 à 100) plutôt que 11 lettres (de A+ à D) ne serait pas plus compliqué (même que tout peut (et probablement est) être fait automatiquement), j'ai supposé qu'il devait bien y avoir des raisons expliquant ce choix, surtout venant de la part d'un établissement universitaire qui incite à la rigueur et à l'innovation.
*En supposant un cours où la pondération ne s'applique pas
Alors il y a quelque temps, j'ai envoyé un e-mail au ministère de l'éducation pour avoir l'avis des responsables de ce système de notation, puis, de transferts en transferts on m'a dit que chaque université était responsable de sa notation et que devais m'adresser au registraire de mon université. J'ai donc écrit un e-mail au registraire de mon université (l'UQTR), Normand Shaffer. Voici l'essentiel du message :
Voici ce qu'il m'a répondu un peu plus tard :Phil a écrit : [...]
Une question me tracasse depuis longtemps : Pourquoi traduit-on les notes de chaque cours en lettres avant d'en extraire une cote? Pourquoi (dans un cours où la pondération ne s'applique pas, par exemple) fait-on équivaloir un 95% à un 100% (à la lettre A+ et une cote de 4,3) ou un 92% à un 94%, etc. plutôt que de calculer la cote directement à partir de la note (exemple : 100% = 4,3 ; 99% = 4.23 ; 98% = 4.19 ; etc.)? Ce système serait définitivement plus juste que le système lettré qui regroupe inutilement et injustement (toujours dans l'exemple de notes non pondérées) 40 notes possibles (de 60% à 100%) en 11 lettres (A+ à D) pour ensuite en extraire une cote numérique (moins précise). Bref, on fait intervenir des variables discrètes dans du continu (ce qui compte à la fin, c'est la moyenne globale des cotes), un peu comme si on avait des portraits haute définition des étudiants puis qu'on réduisait la résolution pour ensuite ré-agrandir le portrait.
J'aimerais avoir votre avis sur la question.
[....]
Je ne lui ai toujours pas répondu. J'aimerais avoir votre avis de sceptiques. Personnellement, je suis loin d'être satisfait de ses raisons, qui détournent la problématique que j'énonce. J'ai aussi un peu l'impression qu'il frappe sur des clous enfoncés. Si je lui répondais aujourd'hui, ça ressemblerait à ceci :Normand Shaffer a écrit : [...]
Le système de notation est un sujet toujours sensible. On le voit bien avec le débat qui anime le réseau des écoles secondaires. À l'université, le système de notation alphabétique a été adopté depuis très longtemps. Le système de notation regroupe les évaluations dans des niveaux d'acquisition des éléments d'un cours. Une notation de A+ indique que l'étudiante ou l'étudiant maîtrise tous les éléments du cours. Existe-t-il une grande différence entre une note de 95 % et de 100 %? Du point de vue de la maîtrise des éléments du cours, non. La notation alphabétique évite les évaluations différentes pour un même niveau de maîtrise d'un cours. Dans votre message, vous dites qu'on fait équivaloir à une note de 95 % à un 100 %. Il faudrait davantage lire que le niveau de maîtrise du cours d'un étudiant qui a une note de 95 % et d'un étudiant qui a une note de 100 % est équivalent compte tenue des marges d'appréciation que peuvent comporter les évaluations.
Vous dites qu'un système de calcul de la moyenne sur 4.3 à partir de la note serait définitivement plus juste. Permettez-moi d'en douter, car l'évaluation d'un travail comporte, bien souvent, des éléments subjectifs. L'évaluation alphabétique diminue beaucoup cette différenciation tout en garantissant que le niveau de maîtrise des éléments ou compétences d'un cours est atteint dans la proportion indiquée par l'évaluation.
En espérant que ces explications vous permettront de mieux apprécier le système de notation alphabétique.
[...]
Du point de vue de la maîtrise des éléments du cours, il n'existe pas non plus une grande différence entre un 94% et un 95%, en fait, elle est même plus petite qu'entre un 95% et un 100%. Pourtant, c'est la différence entre un A et un A+ (une cote de 4.3 et une de 4.0 (ou une note 1% plus basse et une cote ~7% plus basse)). D'ailleurs, fixer des intervalles de maîtrise des éléments d'un cours est un exercice totalement subjectif et même aléatoire. Aussi bien ne pas s'y aventurer.Normand Shaffer a écrit : Une notation de A+ indique que l'étudiante ou l'étudiant maîtrise tous les éléments du cours. Existe-t-il une grande différence entre une note de 95 % et de 100 %? Du point de vue de la maîtrise des éléments du cours, non.
Et, dans une autre optique, les employeurs chasseurs de têtes regarderont les résultats au bout du compte et les étudiants seront départis selon leur relevé de notes.
C'est frapper sur un clou déjà enfoncé, bien entendu que l'évaluation n'est pas objective (et donc pas parfaitement représentative~précise au sens large). Par contre, regrouper à l'aveuglette (les intervalles n'ont aucune signification) 40 points en 11 lettres ne fait rien pour améliorer cette évaluation. Au contraire, on rajoute une autre dose d'imprécisions. La différence, c'est qu'on a toutes les données pour l'éviter, elle.Normand Shaffer a écrit : Vous dites qu'un système de calcul de la moyenne sur 4.3 à partir de la note serait définitivement plus juste. Permettez-moi d'en douter, car l'évaluation d'un travail comporte, bien souvent, des éléments subjectifs.
Je ne sais pas trop quoi répondre ici. Un "non c'est faux" ferait sans doute l'affaire. D'un autre côté, la meilleure réponse serait peut-être "c'est tout le contraire".Normand Shaffer a écrit : L'évaluation alphabétique diminue beaucoup cette différenciation...
Et vous, quel est votre avis? Si on s'entend sur la question, et qu'on voit bien ça comme une question de fait mathématique et non d'opinion, je vais continuer à pousser, question de voir à quel point on peut (pas) faire changer une petite chose dans une grosse machine lorsqu'on a raison.
Amicalement,
Phil
edit: Pour ceux qui ne sont pas familiers avec ce système et les autres, j'ai utilisé, à titre d'exemple, un barème de conversion comme celui-ci. Les barèmes varient souvent.