Système de notation alphabétique universitaire

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PhilippeL
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Système de notation alphabétique universitaire

#1

Message par PhilippeL » 06 févr. 2008, 00:17

Bonjour à tous,

J'ai toujours trouvé le système de notation universitaire étrange et quelque peu injuste. Pourquoi convertir (et regrouper) des notes en pourcentage en lettres (de A+ à E) surtout si au bout du compte, on en extrait une cote moyenne cumulative à 2 décimales?

J'en conviendrai que ce manque de précision n'empêche personne de dormir, mais comme utiliser* 40 points (de 60 à 100) plutôt que 11 lettres (de A+ à D) ne serait pas plus compliqué (même que tout peut (et probablement est) être fait automatiquement), j'ai supposé qu'il devait bien y avoir des raisons expliquant ce choix, surtout venant de la part d'un établissement universitaire qui incite à la rigueur et à l'innovation.

*En supposant un cours où la pondération ne s'applique pas

Alors il y a quelque temps, j'ai envoyé un e-mail au ministère de l'éducation pour avoir l'avis des responsables de ce système de notation, puis, de transferts en transferts on m'a dit que chaque université était responsable de sa notation et que devais m'adresser au registraire de mon université. J'ai donc écrit un e-mail au registraire de mon université (l'UQTR), Normand Shaffer. Voici l'essentiel du message :
Phil a écrit : [...]
Une question me tracasse depuis longtemps : Pourquoi traduit-on les notes de chaque cours en lettres avant d'en extraire une cote? Pourquoi (dans un cours où la pondération ne s'applique pas, par exemple) fait-on équivaloir un 95% à un 100% (à la lettre A+ et une cote de 4,3) ou un 92% à un 94%, etc. plutôt que de calculer la cote directement à partir de la note (exemple : 100% = 4,3 ; 99% = 4.23 ; 98% = 4.19 ; etc.)? Ce système serait définitivement plus juste que le système lettré qui regroupe inutilement et injustement (toujours dans l'exemple de notes non pondérées) 40 notes possibles (de 60% à 100%) en 11 lettres (A+ à D) pour ensuite en extraire une cote numérique (moins précise). Bref, on fait intervenir des variables discrètes dans du continu (ce qui compte à la fin, c'est la moyenne globale des cotes), un peu comme si on avait des portraits haute définition des étudiants puis qu'on réduisait la résolution pour ensuite ré-agrandir le portrait.

J'aimerais avoir votre avis sur la question.
[....]
Voici ce qu'il m'a répondu un peu plus tard :
Normand Shaffer a écrit : [...]
Le système de notation est un sujet toujours sensible. On le voit bien avec le débat qui anime le réseau des écoles secondaires. À l'université, le système de notation alphabétique a été adopté depuis très longtemps. Le système de notation regroupe les évaluations dans des niveaux d'acquisition des éléments d'un cours. Une notation de A+ indique que l'étudiante ou l'étudiant maîtrise tous les éléments du cours. Existe-t-il une grande différence entre une note de 95 % et de 100 %? Du point de vue de la maîtrise des éléments du cours, non. La notation alphabétique évite les évaluations différentes pour un même niveau de maîtrise d'un cours. Dans votre message, vous dites qu'on fait équivaloir à une note de 95 % à un 100 %. Il faudrait davantage lire que le niveau de maîtrise du cours d'un étudiant qui a une note de 95 % et d'un étudiant qui a une note de 100 % est équivalent compte tenue des marges d'appréciation que peuvent comporter les évaluations.

Vous dites qu'un système de calcul de la moyenne sur 4.3 à partir de la note serait définitivement plus juste. Permettez-moi d'en douter, car l'évaluation d'un travail comporte, bien souvent, des éléments subjectifs. L'évaluation alphabétique diminue beaucoup cette différenciation tout en garantissant que le niveau de maîtrise des éléments ou compétences d'un cours est atteint dans la proportion indiquée par l'évaluation.

En espérant que ces explications vous permettront de mieux apprécier le système de notation alphabétique.
[...]
Je ne lui ai toujours pas répondu. J'aimerais avoir votre avis de sceptiques. Personnellement, je suis loin d'être satisfait de ses raisons, qui détournent la problématique que j'énonce. J'ai aussi un peu l'impression qu'il frappe sur des clous enfoncés. Si je lui répondais aujourd'hui, ça ressemblerait à ceci :
Normand Shaffer a écrit : Une notation de A+ indique que l'étudiante ou l'étudiant maîtrise tous les éléments du cours. Existe-t-il une grande différence entre une note de 95 % et de 100 %? Du point de vue de la maîtrise des éléments du cours, non.
Du point de vue de la maîtrise des éléments du cours, il n'existe pas non plus une grande différence entre un 94% et un 95%, en fait, elle est même plus petite qu'entre un 95% et un 100%. Pourtant, c'est la différence entre un A et un A+ (une cote de 4.3 et une de 4.0 (ou une note 1% plus basse et une cote ~7% plus basse)). D'ailleurs, fixer des intervalles de maîtrise des éléments d'un cours est un exercice totalement subjectif et même aléatoire. Aussi bien ne pas s'y aventurer.

Et, dans une autre optique, les employeurs chasseurs de têtes regarderont les résultats au bout du compte et les étudiants seront départis selon leur relevé de notes.
Normand Shaffer a écrit : Vous dites qu'un système de calcul de la moyenne sur 4.3 à partir de la note serait définitivement plus juste. Permettez-moi d'en douter, car l'évaluation d'un travail comporte, bien souvent, des éléments subjectifs.
C'est frapper sur un clou déjà enfoncé, bien entendu que l'évaluation n'est pas objective (et donc pas parfaitement représentative~précise au sens large). Par contre, regrouper à l'aveuglette (les intervalles n'ont aucune signification) 40 points en 11 lettres ne fait rien pour améliorer cette évaluation. Au contraire, on rajoute une autre dose d'imprécisions. La différence, c'est qu'on a toutes les données pour l'éviter, elle.
Normand Shaffer a écrit : L'évaluation alphabétique diminue beaucoup cette différenciation...
Je ne sais pas trop quoi répondre ici. Un "non c'est faux" ferait sans doute l'affaire. D'un autre côté, la meilleure réponse serait peut-être "c'est tout le contraire".

Et vous, quel est votre avis? Si on s'entend sur la question, et qu'on voit bien ça comme une question de fait mathématique et non d'opinion, je vais continuer à pousser, question de voir à quel point on peut (pas) faire changer une petite chose dans une grosse machine lorsqu'on a raison.

Amicalement,
Phil

edit: Pour ceux qui ne sont pas familiers avec ce système et les autres, j'ai utilisé, à titre d'exemple, un barème de conversion comme celui-ci. Les barèmes varient souvent.

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Jonathan l
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Re: Système de notation alphabétique universitaire

#2

Message par Jonathan l » 06 févr. 2008, 06:04

Je trouve ta réponse extrèmement juste. Il est con que la différence entre 100% et 95% ne soit pas compter, mais qu'entre 94% et 95% elle le soit.
Cartaphilus a écrit : A propos de la "très grande majorité des gens qui croient en dieu" : 100 milliards de mouches ne peuvent se tromper ; la m...., c'est forcément bon.

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Re: Système de notation alphabétique universitaire

#3

Message par Jean-Francois » 06 févr. 2008, 15:57

PhilippeL a écrit :
Normand Shaffer a écrit :L'évaluation alphabétique diminue beaucoup cette différenciation...
Je ne sais pas trop quoi répondre ici. Un "non c'est faux" ferait sans doute l'affaire. D'un autre côté, la meilleure réponse serait peut-être "c'est tout le contraire"
Jusqu'à un certain point, ça peut être vrai pour des raisons de répartition (statistique) normale; surtout quand les notes sont "redressées" pour répartir les étudiants à l'intérieur du groupe testé. Mais, c'est vrai qu'il semble y avoir des aberrations
Par exemple: à l'UdeM, si A+/4,3 correspond à 90-100 et A/4,0 à 85-90, 1,3/D+ qui correspond au faible écart 54-56%. L'avis de Denis là-dessus serait sans doute plus éclairé. Sinon, voici un Guide pratique de la notation littérale (.pdf; je ne l'ai pas lu) qui répondra peut-être à tes questions.

Si tu trouves compliqué ce système de notation, tu devrais voir ce qui se fait ailleurs. Par exemple, tu devrais essayer de classer des dossiers provenant de différentes universités canadiennes (McGill utilise un maximum de 4,0, certaines universités ontariennes les %, etc.). C'est parfois l'enfer. C'est encore pire quand il s'agit de dossiers internationaux. Aux Philippines (si je me souviens bien), la meilleure note est la plus basse...

Jean-François
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Re: Système de notation alphabétique universitaire

#4

Message par PhilippeL » 06 févr. 2008, 23:00

Salut J-F,

Merci pour le petit guide, je l'ai lu rapidement mais malheureusement, il n'aborde pas profondément la partie que je dénonce.
Jean-Francois a écrit :
PhilippeL a écrit :
Normand Shaffer a écrit :L'évaluation alphabétique diminue beaucoup cette différenciation...
Je ne sais pas trop quoi répondre ici. Un "non c'est faux" ferait sans doute l'affaire. D'un autre côté, la meilleure réponse serait peut-être "c'est tout le contraire"
Jusqu'à un certain point, ça peut être vrai pour des raisons de répartition (statistique) normale; surtout quand les notes sont "redressées" pour répartir les étudiants à l'intérieur du groupe testé.
Je n'en crois toujours pas un mot. Pour "diminuer de beaucoup" la différenciation des notes pour un même niveau d'apprentissage, il faudrait bien avant définir les acquis nécessaires pour un niveau d'apprentissage et trouver des intervalles de notes qui les représentent vraiment. Or, la deuxième condition est, à mes yeux, impossible à respecter. Un étudiant terminant avec un 95% n'est certainement pas plus éloigné (en terme de niveau d'apprentissage) d'un autre avec 94% que d'un troisième avec une note de 100%. Pourtant, sa cote sera ~7% plus faible! Ce cas illustre bien que l'affirmation "L'évaluation alphabétique diminue beaucoup cette différenciation..." est fausse, plus encore, c'est tout le contraire : cette évaluation, dans ce cas, génère une importante différenciation artificielle.

En fait, ce sont les étudiants sur les limites supérieures des intervalles qui paient le plus pour cette brisure du continuum en place (et ceux sur les limites inférieures qui en profitent le plus). Un système standard chiffré en % serait définitivement plus juste*, où chaque écart de 1% dans une note équivaudrait à un écart de 1% dans la cote. Je comprend (sans être en accord avec le concept) la philosophie derrière l'idée de former des niveaux d'apprentissage, mais concrètement, on ne peut le faire car les notes n'ont pas de sens. Plutôt que de dire qu'un 100% vaut un arbitraire "excellent" et un 86% un arbitraire "très bien", je considère qu'il est plus juste de rester dans des teintes de gris et de dire "excellent à 100%", "excellent à 80%", "excellent à 60%", etc. à défaut de ne pouvoir mieux faire.

Pour ce qui est du "redressement" des notes, c'est plutôt externe au débat et ça ne lui donne pas raison, on peut aussi bien pondérer selon la loi normale en plaçant la note moyenne à 75% comme on le faisait en notation alphabétique à C.

Amicalement,
Phil

*Pas de payeurs ni de profiteurs, en fait tout le monde "profiteraient également".

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adhemar
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Re: Système de notation alphabétique universitaire

#5

Message par adhemar » 07 févr. 2008, 11:16

PhilippeL a écrit :Je n'en crois toujours pas un mot. Pour "diminuer de beaucoup" la différenciation des notes pour un même niveau d'apprentissage, il faudrait bien avant définir les acquis nécessaires pour un niveau d'apprentissage et trouver des intervalles de notes qui les représentent vraiment. Or, la deuxième condition est, à mes yeux, impossible à respecter. Un étudiant terminant avec un 95% n'est certainement pas plus éloigné (en terme de niveau d'apprentissage) d'un autre avec 94% que d'un troisième avec une note de 100%. Pourtant, sa cote sera ~7% plus faible! Ce cas illustre bien que l'affirmation "L'évaluation alphabétique diminue beaucoup cette différenciation..." est fausse, plus encore, c'est tout le contraire : cette évaluation, dans ce cas, génère une importante différenciation artificielle.
Dans ton raisonnement, tu fais l'hypothèse implicite que la note obtenue par l'étudiant est une note "réelle", donnant un aperçu fidèle de la connaissance de l'étudiant, et que deux étudiants avec la même connaissance du sujet auraient, au même examen, exactement la même note. Maintenant, cette situation est assez éloignée de la réalité. De très nombreux facteurs extérieurs viennent perturber ta note, tout comme de très nombreux facteurs extérieurs peuvent venir perturber une mesure faite dans un laboratoire. Par exemple, la fatigue du correcteur, le soin apporté à la copie corrigée, la manière de s'exprimer, l'origine sociale de l'étudiant, son sexe etc... Tous ces facteurs influencent d'une manière ou d'une autre la note finale. Sur un examen normal, je suis certain qu'à connaissance équivalente, il peut y avoir des fluctuations de ~5%. Donc, en fait, la différence entre l'étudiant qui a obtenu 94% et celui qui a obtenu 95% est probablement insignifiante.

Maintenant, l'avantage d'une cote littérale, c'est que les différences entre les niveaux de connaissances sont plus tranchées. Par exemple, si un étudiant a 94%, le correcteur devrait normalement se dire: 'Tiens, celui là, il est entre A et A+, quelle note vais-je lui donner ?'. Dans le cas d'une cotation numérique, il y a fort à parier que le correcteur n'aurait pas bougé sa note, et laissé le 94%. Dans ce cas de figure, ce n'est pas très important, mais pour un étudiant borderline (~50%), l'appréciation personnelle du correcteur pourra jouer de façon plus importante.

Pour le passage d'une cotation littérale à une moyenne numérique, ça peut être justifié, mais seulement après un nombre important de cotes (en gros N ~ 25). Parce qu'en gros, en faisant des moyennes, les erreurs que tu commet sur tes cotes vont avoir tendance à s'annuler, et l'erreur va diminuer comme N^-1/2 (c'est le résultat qu'on t'a peut être appris en proba sous le nom du théorème de la limite centrale).

Adhémar

PhilippeL
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Re: Système de notation alphabétique universitaire

#6

Message par PhilippeL » 07 févr. 2008, 20:18

Salut Adhémar,
adhemar a écrit : Dans ton raisonnement, tu fais l'hypothèse implicite que la note obtenue par l'étudiant est une note "réelle", donnant un aperçu fidèle de la connaissance de l'étudiant, et que deux étudiants avec la même connaissance du sujet auraient, au même examen, exactement la même note. Maintenant, cette situation est assez éloignée de la réalité.
Non, je ne fais pas cette hypothèse. Je fais plutôt la suivante : puisque les zillions de facteurs qui viennent modifier une note réelle à la baisse ou à la hausse d'un individus ne peuvent être quantifiés, la mesure de la note à l'examen est la donnée la plus précise dont on dispose.
adhemar a écrit : Donc, en fait, la différence entre l'étudiant qui a obtenu 94% et celui qui a obtenu 95% est probablement insignifiante.
Ou l'est-elle? Le gars avec un 94% a peut être profité de ''facteurs de pertubation'' qui ont fait grimpé sa note de 7-8% par rapport à ce qu'il vaut vraiment. En fait, on en sait rien, la subjectivité de l'évaluation fait malheureusement partie de la game et comme ce sont les seules données dont on dispose, on doit faire avec. Les tenants de la notation littéraire pensent à tort que la classification des notes vient contrer cette subjectivité. Non, elle ne ''répare'' rien, elle classifie les notes à partir d'autres règles. D'ailleurs, la subjectivité des évaluations ne fait pas que différencier des notes ''réelles'' semblables comme le soulignait M.Shaffer. L'autre côté de la définition signifie qu'elle rapproche aussi des notes ''réelles'' différentes.

*Par note ''réelle'', j'entend ce que vaut vraiment~objectivement un travail ou un examen.
adhemar a écrit :Maintenant, l'avantage d'une cote littérale, c'est que les différences entre les niveaux de connaissances sont plus tranchées. Par exemple, si un étudiant a 94%, le correcteur devrait normalement se dire: 'Tiens, celui là, il est entre A et A+, quelle note vais-je lui donner ?'. Dans le cas d'une cotation numérique, il y a fort à parier que le correcteur n'aurait pas bougé sa note, et laissé le 94%. Dans ce cas de figure, ce n'est pas très important, mais pour un étudiant borderline (~50%), l'appréciation personnelle du correcteur pourra jouer de façon plus importante.
Ici (au Québec, ou à mon université du moins), l'évaluation n'est pas littéraire. Elle se fait via cotation numérique en %, c'est seulement à la fin de la session que les % se transforment en lettre. Donc, aucune appréciation du correcteur, des règles fixes régissent la conversion de % en lettres.

Amicalement,
Phil

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Re: Système de notation alphabétique universitaire

#7

Message par PKJ » 09 févr. 2008, 00:07

La correction en lettre n'a pas que du mauvais.

Quand je vois "du B" ou "du C", je le reconnais. Comme je corrige de la philo, on voit rapidement ceux qui ont bien analysé les textes et ceux qui nous "bullshit". On a tout de même plusieurs manières d'assurer la qualité de la correction, comme employer des barèmes stricts et explicites, vérifier la moyenne et l'écart-type, consulter un autre correcteur, etc. Par ailleurs, j'arrondis seulement la note finale, question d'avoir plus de précision.

Jusqu'à présent les seules plaintes que j'ai eu étaient en raison d'une erreur en transcrivant la note... ou simplement des étudiants qui "s'essaient". En général, quand ceux-là voient mes barèmes ils comprennent vite pourquoi ils ont eu cette note. :)
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Re: Système de notation alphabétique universitaire

#8

Message par PhilippeL » 09 févr. 2008, 04:30

Salut PKJ,
PKJ a écrit :La correction en lettre n'a pas que du mauvais.
Attention, je n'ai pas de problèmes avec la correction lettrée, personne ici ne lui en a d'ailleurs dit du mauvais. C'est la transcription de numérique à alphabétique de la moyenne des épreuves à la fin de la session pour en établir une autre cote numérique que je blâme. Ce que je dénonce, c'est un "input" en %, transformé en lettres puis un "output" numérique.

Amicalement,
Phil

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Re: Système de notation alphabétique universitaire

#9

Message par PKJ » 09 févr. 2008, 06:07

Aaaah désolé, j'avais lu trop vite. Moi aussi ça me sidère.

Il serait intéressant de pouvoir avoir la lettre ET une note sur 4.3 (ou 4.0, selon le département) qui serait plus précise. Surtout quand l'étudiant est à des poussières d'avoir A+ dans un cours où l'évalutation consiste en deux examens à choix de réponse! À supposer qu'une question = 1%, arrondir une note c'est pratiquement comme enlever directement des points. À supposer que A+ vaut 4.3 et A vaut 4.0, si Machin a eu 89% au sommaire, on va lui donner A, donc c'est 4.0 qui sera pris en compte dans le calcul de la moyenne. Pas 4.1, pas 4.2, 4.0! C'est comme si on le faisait passer, à cause de l'arrondissement, de B+ à B.

Je peux donc comprendre l'injustice ici... c'est pourquoi j'évite ce genre de notes "borderline". J'essaie de signifier dans mes commentaires que telle ou telle chose peut être améliorée afin de passer à la note supérieure. Comme ça si l'amélioration a été apportée au travail suivant, j'arrondis vers le haut... mais si le problème est encore là je peux sanctionner sans me faire de cas de conscience.
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Denis
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D'accord avec ton théorème

#10

Message par Denis » 09 févr. 2008, 06:23


Salut Phil,

Tu dis :
je n'ai pas de problèmes avec la correction lettrée, personne ici ne lui en a d'ailleurs dit du mauvais. C'est la transcription de numérique à alphabétique de la moyenne des épreuves à la fin de la session pour en établir une autre cote numérique que je blâme. Ce que je dénonce, c'est un "input" en %, transformé en lettres puis un "output" numérique.
Je suis d'accord avec toi qu'une évaluation en % (avec 101 teintes de gris) contient plus d'information que si on n'en a qu'une douzaine. Je considère même que c'est un théorème.

C'est surtout vrai dans ce qui s'évalue objectivement, comme en science "dures" où le vrai et le faux sont plus faciles à distinguer. Dans d'autres disciplines, c'est souvent plus discutable.

Je suppose que c'est surtout pour ces cas "mous" que tu n'as pas de problème avec la correction lettrée.

Le mieux serait peut-être d'utiliser un mode ou l'autre selon la faculté d'étude. Mais là, ça cause un problème de désuniformisation interfacultaire. Robuste trottinette dans l'équipe du contre.

Moi, j'ai toujours normalisé à l'os les notes des étudiants. Surtout dans les gros groupes. La principale raison étant qu'un des machins les plus stables, d'une session à l'autre, c'est la force médiane du groupe. Il y a beaucoup plus d'aléatoire dans la composition des examens, par exemple, où le simple fait de poser un problème plutôt qu'un autre, parmi les 5~6 d'un examen peut faire swinger la note médiane de 10~15%.

Je me souviens d'avoir déjà analysé statistiquement la distribution conjointe des notes de chaque problème, pour un examen que venaient de passer une trentaine d'étudiants. Je ne me souviens pas du nombre exact de problèmes qu'avait l'examen. Disons qu'il en avait 6. Ça m'a fait calculer 15 corrélations.

La plupart étaient positives : les étudiants qui avaient bien réussi le problème # x avaient tendance à bien réussir le # y. Mais beaucoup de corrélations n'étaient pas significatives et il y en avait même une ou deux qui étaient négatives. Les étudiants qui avaient bien réussi le # x avaient tendance (non significative) à moins bien réussir le # y que le reste de la classe. Ça m'avait un peu étonné.

Mais, globalement, ça allait et ceux qui avaient obtenu 95% étaient clairement plus forts que les 5%. Ça tenait aussi d'un examen à l'autre même si la corrélation n'était pas toujours spectaculaire. En fin de compte, les plus forts se détachaient.

Le plus totché, c'était de veiller à ce que la note de passage tombe juste. Elle est là, la marche la plus haute entre les teintes de gris, tant en % qu'en lettre.

Quand les évaluations officielles ont passé des % aux lettres, je m'y suis fait assez vite. Après tout, il y a plusieurs cours dans un programme d'étude et, en fin de compte, les deux systèmes deviennent pratiquement équivalents sur une trentaine de cours.

Grosso modo et dans les grandes lignes.

:) Denis
Les meilleures sorties de route sont celles qui font le moins de tonneaux.

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Re: D'accord avec ton théorème

#11

Message par PhilippeL » 09 févr. 2008, 07:27

Salut Denis,
Denis a écrit : Le mieux serait peut-être d'utiliser un mode ou l'autre selon la faculté d'étude. Mais là, ça cause un problème de désuniformisation interfacultaire. Robuste trottinette dans l'équipe du contre.
Ici à l'UQTR, toutes les évaluations se font en % (au premier cycle, du moins). C'est seulement à la fin de la session, pour produire les relevés de notes, qu'on attribue une lettre au résultat final du cours (et la cote numérique qui correspond à la lettre). La donnée qui compte sur le relevé de note, c'est cette cote finale.

Peut-être était-ce différent à l'UQAM, que l'évaluation même (le input) était parfois alphabétique?

Si non, je suis en désaccord avec ton affirmation. Je considère que peu importe la faculté d'étude, selon le fonctionnement de l'UQTR (décrit dans mon premier paragraphe), le mieux est toujours de calculer la cote à partir de la note en % et non à partir de la lettre attribuée automatiquement (selon les chartes, pas par appréciation quelconque). Est-on d'accord? Moi, je considère même ça comme un théorème.

Pour des raisons que j'ai évoqué dans mon premier message, je considère aussi que les arguments du registraire ne tiennent pas la route et n'attaquent pas mon théorème :
Normand Shaffer a écrit : 1-La notation alphabétique évite les évaluations différentes pour un même niveau de maîtrise d'un cours.
[...]
2-Vous dites qu'un système de calcul de la moyenne sur 4.3 à partir de la note serait définitivement plus juste. Permettez-moi d'en douter, car l'évaluation d'un travail comporte, bien souvent, des éléments subjectifs.

3-L'évaluation alphabétique diminue beaucoup cette différenciation
Toi, es-tu d'accord avec 1, 2 ou 3?

Et, même si je me répète, garde en tête le contexte de l'UQTR, ma question originale était d'ailleurs :
Phil a écrit : Pourquoi traduit-on les notes de chaque cours en lettres avant d'en extraire une cote?
Si chacune des épreuves étaient évaluées avec des lettres (input), je ne m'opposerais pas ainsi à ses 3 affirmations.

Amicalement,
Phil

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Re: D'accord avec ton théorème

#12

Message par DanB » 10 févr. 2008, 05:10

Denis a écrit :Le mieux serait peut-être d'utiliser un mode ou l'autre selon la faculté d'étude. Mais là, ça cause un problème de désuniformisation interfacultaire.
Dans le même ordre d'idée, il y a un problème au niveau des bourses. Certaines concentrations ont le A beaucoup plus facile que d'autres. Et à l'oeil, je dirais que les étudiants de ces concentrations au A facile obtenaient au cégep et au secondaire des résultats moindres que les étudiants des concentrations où le A n'était pas la norme. Mais devinez qui avait les bourses remises en fonction de la moyenne générale?
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Re: D'accord avec ton théorème

#13

Message par Christian » 11 févr. 2008, 17:45

DanB a écrit :
Denis a écrit :Le mieux serait peut-être d'utiliser un mode ou l'autre selon la faculté d'étude. Mais là, ça cause un problème de désuniformisation interfacultaire.
Dans le même ordre d'idée, il y a un problème au niveau des bourses. Certaines concentrations ont le A beaucoup plus facile que d'autres. Et à l'oeil, je dirais que les étudiants de ces concentrations au A facile obtenaient au cégep et au secondaire des résultats moindres que les étudiants des concentrations où le A n'était pas la norme. Mais devinez qui avait les bourses remises en fonction de la moyenne générale?
C'est un peu ce que j'ai vu à la Polytechnique de Montréal. Par exemple, les étudiants qui ont obtenu leur diplôme en génie physique avec une moyenne de 3.5 sur 4 étaient pas mal plus «bolés» que les étudiants en génie industriel qui ont obtenu leur diplôme avec la même note. Malheureusement, lors de l'attribution des bourses aux cycles supérieurs, je ne pense pas que cette différence de difficulté entre département pouvait être comptabilisée...

Christian
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Re: Système de notation alphabétique universitaire

#14

Message par PhilippeL » 27 mars 2008, 01:02

Quelques updates de mon combat... J'avais finalement répondu ceci au registraire :
Phil a écrit : [...]
Je vous cite :

"Existe-t-il une grande différence entre une note de 95 % et de 100 %? Du point de vue de la maîtrise des éléments du cours, non."

J'en suis conscient. Mais de la même façon, je pourrais vous demander "Existe-t-il une grande différence entre une note de 94% et 95% du point de vue de la maîtrise des éléments du cours?". La réponse est non, cette si petite différence de 1% ammène pourtant sur le relevé de notes final une différence de cote de près de 7% (4.3 à 4.0).

"La notation alphabétique évite les évaluations différentes pour un même niveau de maîtrise d'un cours."

Comme je l'ai démontré précédemment, non, ce système ne respecte pas cette prétention. Il fait égaler les notes dans un certain intervalle, mais lorsqu'on sort de cet intervalle qui est tout fait arbitraire, la différenciation des évaluations est, au contraire, fortement accentuée. Bref, ceux qui sont sur les bornes inférieures en profitent et ceux qui sont sur les bornes supérieures en paient le prix.

"Dans votre message, vous dites qu'on fait équivaloir à une note de 95 % à un 100 %. Il faudrait davantage lire que le niveau de maîtrise du cours d'un étudiant qui a une note de 95 % et d'un étudiant qui a une note de 100 % est équivalent compte tenue des marges d'appréciation que peuvent comporter les évaluations. Vous dites qu'un système de calcul de la moyenne sur 4.3 à partir de la note serait définitivement plus juste. Permettez-moi d'en douter, car l'évaluation d'un travail comporte, bien souvent, des éléments subjectifs."

Vous avez raison, je fais une hypothèse implicite. C'est la suivante : "La note en % est, lorsque vient le temps d'émettre les résultats finals, la donnée la plus précise sur l'évaluation de l'étudiant.". Bien entendu, et vous parler à un étudiant ;) , beaucoup d'éléments subjectifs viennent "flouer" l'évaluation. Cependant, ces éléments varient d'un cours à l'autre, d'un individus à l'autre et sont absolument impossibles à quantifier. C'est pourquoi je maintien mon hypothèse : impossible d'imaginer un système de notation qui viendrait réparer justement les écarts d'évaluations. Le système de notation alphabétique n'y échappe pas, il ne fait que regrouper certaines notes et séparer d'autres selon des intervalles arbitraires.

"L'évaluation alphabétique diminue beaucoup cette différenciation tout en garantissant que le niveau de maîtrise des éléments ou compétences d'un cours est atteint dans la proportion indiquée par l'évaluation."

J'ai l'impression, à lire votre argumentaire, que vous confondez évaluation alphabétique et notation alphabétique. J'ai peut-être moi-même utilisé maladroitement les 2 termes, mais je vais mettre ça au clair. Je reconnais qu'une évaluation lettrée, où un professeur donne une lettre directement à un travail, par exemple, comporte certains avantages : dans ce cas, c'est le jugement et l'expérience du professeur qui classifient les travaux selon la lettre méritée. Je n'ai pas de problèmes à ce que la cote soit calculée à partir de la lettre lorsque les notes à "l'input" sont lettrées. Mon intervention dénonce plutôt la notation lettrée alors que les résultats des travaux ("l'input") sont en % mais où la cote est calculée à partir de lettres qui, comme elles sont administrées à partir de barèmes arbitraires et non du jugement d'un correcteur, n'apportent aucun des avantages que vous avez cités tel que je l'ai démontré.
[...]
Il ne m'a pas répondu. J'ai donc relancé le schmilblick avant-hier :
Phil a écrit : [...]
Voilà maintenant près d'un mois et demi que je vous ai envoyé ma réponse lors d'un échange à propos du système de notation alphabétique et je n'ai toujours rien reçu de votre part. M'avez-vous oublié? J'attache copie de cette réponse :[...]
Il m'a ensuite répondu :
M.Shaffer a écrit : [...]
Je ne vous ai pas oublié. Vous m'avez posé une question sur le système de notation et je vous ai répondu. À la suite de cette réponse, vous m'avez indiqué que vous ne partagiez pas le point de vue de l'Université et vous avez fait valoir vos arguments.

IL faut également savoir que le système de notation est déterminé dans les deux règlements des études, celui des études de premier cycle et celui des études supérieures. Le Règlement des études de premier cycle fera l'objet d'une révision en 2008-2009. Apporterons-nous des modifications à ce système? Je ne crois pas, car quelque soit le système adopté il comportera de points forts et des points plus faibles.

Notre échange m'aura permis de voir le point d'un étudiant qui n'est pas sans intérêts.
[...]
Ouch! Il me fait le coup du chacun a droit à son opinion, on est tous très fins mais c'est moi qui décide. L'arme la plus redoutable des personnes en autorité de décider. Pourtant les seuls avantages qu'il m'a présenté étaient factuellement faux. Il n'a pas répondu à mes répliques parce qu'il n'a pas les munitions nécessaires : elles n'existent pas! Je vais faire passer ma petite frustration avec un P1 en or :

P1 : Le système de notation proposé par Phil est objectivement plus juste que celui en place à l'UQTR.
Phil : ~100% | Quivoudra ?

:|
Phil

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Re: Système de notation alphabétique universitaire

#15

Message par Jean-Francois » 27 mars 2008, 13:53

PhilippeL a écrit :Il n'a pas répondu à mes répliques parce qu'il n'a pas les munitions nécessaires : elles n'existent pas! Je vais faire passer ma petite frustration avec un P1 en or :
Dis-toi bien qu'il est aussi pris dans un système qu'il doit défendre*. Même s'il est d'accord avec toi ou que ton argumentation l'a convaincu (ce qui n'est pas impossible dans le fond), il n'est pas forcément en position de défendre une révolution du système.

Il y a beaucoup d'inertie et de "standards" pas forcément appropriés d'institués dans des organismes aussi bureaucratiques que des université (ou des gouvernements). C'est le contre-coup d'une certaine efficacité de fonctionnement: comme les décisions sont prises par un petit nombre, souvent pour éviter d'interminables palabres, leur application accroche parofis lorsqu'elles sont généralisées.

Si tu veux te défouler sainement, tu peux porter ton message sur la place publique: écris un article pour un journal universitaire. Et, rappelle-toi que tu es chanceux qu'on te réponde "chacun à le droit à ses idées", ce n'est pas toujours évident partout ;)

Jean-François

* Il peut aussi trouver cette discussion simplement lassante pour l'avoir eue plusieurs fois. Faire au cas par cas est parfois pénible.
“Belief is the wound that knowledge heals.” (Ursula Le Guin, The Telling)
("La foi est la blessure que le savoir guérit", Le dit d'Aka)

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Re: Système de notation alphabétique universitaire

#16

Message par DanB » 23 avr. 2008, 03:34

Moi, ce avec quoi j'ai de la misère, c'est qu'on donne une note globale précise à 1/430e de l'échelle avec des notes précises elles à 1/20. Il me semble qu'on ne peut pas arriver avec 0.2% d'erreur en faisant la moyenne de résultats précis à 5%. Du moins, il me semble que c'est ce qu'on a appris au cégep...!

Et c'est quoi l'idée de passer du numérique sur 100 à l'alphabétique puis à du numérique sur 4.3? C'est qui qui a pondu ça? Pas fort.
Envoyé de mon iMac ou de mon MacBook ou de mon iPad ou de mon iPhone

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