Il faut faire attention quand on va chercher des définitions dans d'autres langues. Les faux-amis et calques sont déjà trop fréquents à mon goût. C'est en fait le même problème qu'aller chercher des définitions de disciplines différentes (physique, philo, etc) sans faire la distinction.
Je pense que dans le sujet présent, puisque Chiwaw parle de la pensée et de la conscience comme phénomène physique (cerveau, neurones, synapses en contact avec l'environnement physique), il faut s'en tenir à une définition physique afin de rester dans le sujet.
Marie a écrit :La différence entre déterminisme et fatalisme, c'est que le fatalisme insiste sur le fait que nous ne pouvons rien changer au futur par nos actions présentes
Il insiste peut-être sur ce fait, mais ce fait est impliqué par le déterminisme combiné à une conception matéraliste de la conscience. Si la différence en est une d'"insistance", permets-nous de continuer d'utiliser déterminisme. Fatalisme a été développé à une époque où les gens croyaient au destin.
Marie a écrit :Le déterminisme n'est pas quelque chose de plus que la causalité selon moi
C'est ça le problème, il n'y a que toi (et Wikipedia) qui utilises cette définition. Ce n'est pas très efficace quand vient le temps de communiquer.
Quand tu dis:
marie a écrit :En anglais ils font une distinction entre "hard determinism" et "soft determinism
Qui est ce "ils" ? Les anglais ? Les physiciens anglais ou les philosophes anglais ? Les Américains ou les Britanniques ? Les dictionnaires ? Lesquels ? Les encyclopédies ? Lesquelles ? Cet appel à l'autorité ne règle pas notre problème.
Ton extrait de Stanford cite Laplace mais ajoute :
Stanford a écrit :Laplace probably had God in mind as the powerful intelligence to whose gaze the whole future is open. If not, he should have: 19th and 20th century mathematical studies have shown convincingly that neither a finite, nor an infinite but embedded-in-the-world intelligence can have the computing power necessary to predict the actual future, in any world remotely like ours
Il n'avait probablement pas dieu en tête (si la légende qui lui attribue la fameuse réplique :
je n'ai pas eu besoin de cette hypothèse a quelque chose de vrai).
L'essentiel de cet article de Stanford est que le déterminisme ne fait pas intervenir ni dieu ni de forces mystiques, et en ce sens il est différent du fatalisme. Voilà donc une bonne raison pour ne pas utiliser fatalisme dans ce sujet, vu que personne ici n'a cette intention.
Toutefois, du fait que la pensée et la conscience sont des phénomènes physiques, les conséquences du fatalisme découlent du déterminisme.
Marie a écrit :Nécessaire étant le mot-clé ci-dessus. Que nos actions soient déterminées ou non, elles influencent le futur.
Oui, mais comme j'ai dit, il y a plus que ça. La définition de l'Académie dit bien que les phénomènes sont fatalement produits. Bref, il y a cette idée de précision, de résultats fixes et précis.
Marie a écrit :Je ne vois pas la grande différence si on utilise ta définition du déterminisme
C'était elle qu'on utilisait avant que tu nous suggères d'utiliser fatalisme. Il ne faut pas oublier le contexte de la discussion : on considère le déterminisme physique, ici, comme agissant sur le cerveau humain. On dirait que ça t'échappe.
Marie a écrit :À ce moment-là, les causes étant nécessaires et suffisantes à produire les effets, c'est exactement la même définition que la causalité,
Non.. la causalité, c'est la relation (ou le fait qu'il y ait des relations) entre cause et effet. S'il y a un lien causal entre deux choses, le fait de le constater n'implique en rien que ce lien est reproductible et qu'il produit un effet déterminé. Ça n'implique uniquement qu'il y a un lien.
Marie a écrit :Si les deux définitions sont exactement et parfaitement synonymes, alors on peut bien utiliser seulement "causalité" si tu veux
De grâce, non. Tout ce que je veux c'est continuer à utiliser déterminisme et éviter fatalisme.
Marie a écrit :Je ne pense pas que les gens fassent autant que ça la distinction entre les termes "déterminisme" et "causalité";
En physique, crois-moi, oui.
Marie a écrit :je ne pense pas que déterminisme fasse plus "philosophique".
Il ne le fait pas, mais à force de s'en tenir à des définitions faites par des philosophes, on esquive le sujet présent.
Marie a écrit :Toutefois, si l'on considère le déterminisme comme étant "vrai", on ne peut théoriquement le falsifier, car il faudrait être omniscient.
D'accord je comprends ce que tu voulais dire. Mais j'ai l'impression que la mécanique quantique est soigneusement gardée en dehors de ces considérations. On a pourtant de la difficulté à maintenir, à certaines échelles, des interprétations qui ne violent pas la causalité ni le déterminisme ni autre chose. Je dirais donc qu'il est possible que la science en soit arrivée à un niveau où la déterminisme soit relegué comme vrai uniquement d'un point de vue macroscopique.
Cela est encore loin de la question du libre-arbitre, bien sûr.
Marie a écrit :je crois que la science assume le déterminisme (ou la causalité) comme étant un postulat plausible beaucoup plus que son contraire.
Par assume, je suppose que tu veux dire "suppose". C'est vrai que le déterminisme, jusqu'à récemment, a toujours été postulé, voire, tenu comme allant de soi en physique. Mais au cours du siècle dernier, il a fallu faire des pieds et des mains pour le faire ré-apparaître en physique, du fait non seulement de la quantique (pas tout à fait réussi) mais aussi de la théorie du chaos. Bref, il n'est plus un postulat mais un objet de recherche, en quelque sorte, et je pense que c'est mieux ainsi; ça permet de garder toutes les options ouvertes.
MArie a écrit :Bien sûr, et c'est néanmoins cohérent avec la notion de déterminisme de regarder avant de traverser la rue, parce que l'on est convaincu que nos actions sont le résultat de certains événements.
L'exemple de Hawking vaut pour les gens qui croient à l'absence de libre-arbitre, comme Chiwaw, ou aux fatalistes comme tu le dis.
La question que pose Chiwaw depuis un bout est : comment être déterministe sans être fataliste ? Bref, comment être déterministe et continuer de penser que le libre-arbitre est quelque chose qui existe et non une illusion.
J'ai donné plusieurs pistes de réponse, que je résumerai ainsi:
1)on ne peut pas vraiment se prononcer sur le déterminisme du fait de la situation actuelle de la physique
2)même si le déterminisme est vrai, la notion "d'écrit à l'avance" n'a pas vraiment de sens car il n'y a rien pour écrire, personne pour lire et rien sur lequel écrire; même au niveau théorique, il est impossible de concevoir un ordinateur pouvant calculer le "destin" de tou(te)s, du fait d'obstacles provenant de considérations récursives (cet ordinateur devrait tenir compte de lui même tenant compte de lui-même.., car il fait partie du système); cette conception d'écrit à l'avance est anachronique; il s'agit plutôt d'écriture à mesure
3)Il est facile d'arriver à un niveau où on peut supposer qu'une chose soit une illusion et que la science ne permette pas de trancher