Un zoz... Quelqu'un affirme que l'inédit de Rimbaud trouvé dans un journal de 1870 est une invention de toutes pièces :
Et son auteur, fier de sa trouvaille, n'hésite pas à crier fièrement à la supercherie...L'inédit de Rimbaud est un faux !
L'auteur d'un des coups montés les plus audacieux de ces dernières décennies s'est manifesté sous le nom d'emprunt "Jean Daube Rit" (presque anagramme douteux du pseudonyme adopté par le jeune Rimbaud lui-même "Jean Baudry"). De source indiscutable, l'imposture a été prouvée auprès d'un certain journaliste parisien collaborant à la rédaction d'une célèbre revue littéraire (et qui a préféré -on le comprend- garder l'anonymat). Le faux a été effectué grâce à la recomposition frauduleuse d'archives anciennes à l'aide de vieilles feuilles vierges (authentiques celles-là) ajoutées à la revue en question qui aurait été ensuite "retrouvée" chez un bouquiniste de Charleville-Mézières. Affaire à suivre...
Piégé comme les autres, Nabe hier soir dans l'émission de Taddéi sur France 3 a pour la première fois lu ce faux à l'adresse de millions de crédules : <snip texte de Rimbaud>
Seulement, trois choses me tracassent. Elles sont mises en gras. La source indiscutable, quelle est-elle ? On ne sait pas. Comment elle a été prouvée ? On ne sait pas. Qu'est-ce qui permet d'affirmer que ce texte est une recomposition d'archives ? On ne sait pas.
C'est ce que j'ai fait remarquer au "fin limier".
Ce à quoi il me répond ça :
Mais mon pseudo c'est pas Eraziel...Bonjour Eraziel,

Pourquoi pas. Mais un problème subsiste, et il est en gras et en rouge. De quel blog, de quel journal est tiré cet article ? Décidément, la précision n'a pas l'air d'être de rigueur chez cet homme.Pourquoi ne répondrais-je pas avec courtoisie ? Je suis un garçon bien élevé et toujours respectueux de mes interlocuteurs, qu'ils soient laudateurs ou détracteurs. Voici donc la suite de l'affaire :
Dans un second temps le falsificateur -ou prétendu tel- s'est dévoilé dans les termes suivants à travers un autre article :
Et voilà comment un gentil farceur se retrouve avec une méchante affaire sur les bras !Voilà : je suis l'auteur de cette imposture qui est en train de prendre des proportions énormes. J'en frémis d'horreur. Et d'aise. Je n'en suis pas à mon coup d'essai il est vrai : j'avais déjà fabriqué des faux documents littéraires à propos de Maupassant et de Hugo, pour ne parler que des plaisanteries un peu consistantes (publiées sur support papier "authentique", donc)... Bien entendu mes potacheries n'avaient jamais marché, du moins pas au point de déranger les cercles officiels. Jusqu'à ce que je m'essaye à un "faux Rimbaud". Cette fois la supercherie a été prise au sérieux, trop. Beaucoup trop, à hauteur inconsidérée de la folie furieuse des médias souvent prompts à s'emballer à la moindre alarme littéraire !
Les seuls responsables sont les "spécialistes" crédules relayés par les journalistes pressés de vendre de l'information et non l'auteur de cette malicieuse falsification. Je ne me considère pas comme un faussaire au sens judiciaire du terme mais comme un aimable gredin qui a ouvert sa cage à plumes que le vent médiatique a emporté plus haut que prévu. La blague sera de toute façon utile : elle permettra de remettre les pendules à l'heure chez les prétendus spécialistes de Rimbaud.
Pour la partie strictement littéraire la rédaction du texte "à la Rimbaud" fut l'étape la plus facile et la plus plaisante de l'entreprise. Un peu plus complexe -mais à la portée de tout bon faussaire un peu habile- fut de confectionner un faux matériel sur vieux papier. Le faire entrer ensuite dans un circuit classique afin de lui donner la "patine onirique" nécessaire à sa crédibilité (grenier de particulier, bouquiniste, antiquaires) à travers un protocole plausible ne demande pas une grande imagination, au contraire ! Découvert par un cinéaste sur les traces de Rimbaud (comme le hasard fait bien les choses, n'est-ce pas ?) le document fut fatalement récupéré "dans les règles de l'art". La presse n'avait plus qu'à prendre le relais.
Donc je me demandais... est-ce que mes questions sont dignes d'intérêt, ou alors je cherche trop la petite bête ?
