Vous êtes encore plus radical que Matzke, j'en ai peurMoi aussi je trouve que la réfutation type ("l'abiogenèse n'a rien à voir avec l'évolution") est assez moyenne. L'évolution s'applique à tout réplicateur. Donc rien ne nous empêche de viser une théorie unifiée.

Vous pensez à quoi, à la thèse de Cairns-Smith sur les argiles comme réplicateurs ? Elle était audacieuse dans les années 1980, mais depuis elle fait cruellement du surplace (elle a en fait même plutôt régressé avec l'incapacité de chercheurs comme Orgel ou Cairns-Smith lui-même à reproduire les expériences de Weiss sur la capacité supposée des argiles à répliquer leur "densité de charge", si je ne me trompe pas - mais je ne suis pas spécialiste). Si vous pensez à autre chose, je ne vois pas d'exemples vraiment probants de roches capables d'évoluer par sélection naturelle. (Je laisse de côté la question accessoire de la définition de la vie ; comme la plupart des définitions font intervenir l'hérédité, les capacités de reproduction et d'évolution, si on les suit n'importe quel système soumis à la sélection naturelle est vivant...)PKJ a écrit :En fait, même s'il n'y avait pas de vie il y aurait quand même de la sélection naturelle (parmi les roches et polymers, par exemple).
Sinon, je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose de séparer des problèmes qui sont objectivement distincts. C'est une formule qui revient souvent, mais je la pense fondamentalement correcte : la théorie de la gravitation est juste même si elle n'est pas suffisante pour expliquer l'origine de la matière (ce qui n'empêche pas qu'elle puisse être nécessaire). Le fait qu'on ait des données probantes et intéressantes sur l'origine de la vie permet de répondre plus substantiellement aux créationnistes/partisans de l'Intelligent Design, et c'est une réponse plus séduisante (parce que moins défensive) que de se contenter de souligner que ça n'a pas d'incidence sur la réalité de l'évolution. Malgré cela, je pense que mélanger les problèmes scientifiques même quand ils n'ont rien à voir, et en particulier affirmer qu'une question est insoluble parce qu'une question totalement différente ne l'est pas, n'est pas une attitude à encourager, au contraire... ce qui n'empêche pas de dire ce qu'on sait déjà sur l'origine de la vie. Comme souvent avec ce type d'arguments rhétoriques, il y a des erreurs à plusieurs niveaux : on comprend quelque chose à l'origine de la vie, et même si on ne comprenait rien ça n'affecterait pas l'évolution et même si ça affectait l'évolution ça ne validerait pas par défaut le créationnisme. Matzke pense que souligner le premier point et montrer à ces gens les données empiriques qu'ils ignorent devrait suffire ; mais je ne suis pas spécialement d'accord, parce que concéder implicitement que toute question scientifique sans réponse est un argument en faveur du surnaturel n'est pas si anodin que ça, à mon sens. Même si on a finalement suffisamment de réponses pour que le "Dieu des trous" en soit réduit à s'immiscer dans des fissures plutôt qu'à patauger dans des cratères.