Bonjour Ptoufle,
à voir nos logos, nos sommes parents
Oui, c'est un point très pertinent! Si nous n'avons pas obtenu les progrès attendus, nous en avons eu d'inattendus, en particulier dans le domaine de l'informatique et de ses dérivés. Quand on revoit certains films de science-fiction d'il y a 30 ans, on voit des technologies que l'on ne connaît pas encore, mais les ordinateurs imaginés y sont souvent de véritables patraques moches à côté de ce qui a été véritablement réalisé.
Par contre, ce qui nous a fait le plus mal, mes amis et moi, hormis la dépressive déception technologique, a été de comprendre à quel point notre rêve humaniste était irréaliste et exagéré, et que jamais nous ne verrons une planète unie, fraternelle, libre, sans guerre et sans pauvreté. On est à des lunes, sinon à des galaxies d'un gouvernement planétaire et d'une civilisation exemplaire. Ça, c'était vraiment irrationel et rêver en couleurs. De réaliser donc la perte du rêve en deux «secteurs» :
- la perte technologique : pas de guérison absolue de tout, pas d'immortalité ou tout au moins de longévité millénaire, pas de délivrance de la cruauté issue des lois de la nature, juste un petit peu de consolation en plus
- la perte idéologique : pas de Gaïa d'abondance, exempte de folie meurtrière, de bêtise, de froideur et de monstruosité, juste un peu de vert en plus.
Ça fait un peu l'effet d'une colonoscopie...
L'on chantait dans les parcs, au son de Led Zeppelin - ou Debussy...

-, euphoriques d'un monde que l'on croyait que notre génération parviendrait à bâtir, on a combattu nos parents policiers et politiciens dans les rues (un de mes amis a rudement combattu son «père maire» dans l'arène politique). Ce bonheur, ce sentiment intense de délivrance, de libération et de révolution totale contre le conservatisme, l'oppression, le régionalisme, est tombé à plat. Ça te casse un party, ça, mon vieux...
Il est difficile d'expliquer aux jeunes historiens quel était le sentiment qui nous habitait dans cette révolution absolument euphorique (même sans les drogues, je n'en ai d'ailleurs jamais pris) qui créait un monde nouveau, qui éclatait les barrières affreuses des générations anciennes. Parfois, on a même été paniqués, horrifiés, en voyant la génération de nos enfants adopter les valeurs de nos parents, contre lesquels nous nous étions tellement battus, encaissant coup de matraque après injure et crachat!
Et peut-être sommes-nous trop exigeants de nous-mêmes, peut-être, de là, cette intense déception, car il en est resté quelque chose, sur le plan des droits acquis, de la liberté de penser, dans l'évolutiond es moeurs... et la pensée écologique qui enfin fait une percée fantastique après tous les efforts de gens comme Daniel Cohn Bendhit, ou chez les plus vieux, Cousteau, etc, d'un tas de choses maintenant remises en danger par la remontée religieuse et l'extrême-droite qui prend des noms tout gentils pour se faire attrayante.
Il est faux que notre génération aurait été une bande de drogués improductifs qui aurait usurpé tous les postes de travail importants (il y a d'ailleurs un non-sens dans cette affirmation! Elle travaille trop, ou elle est improductive???). Notre révolution a failli changer le monde; elle n'en aura qu'incliné une petite part vers la pensée écologique, c'est tout ce qui en survit (même si l'on parlait d'écologie depuis longtemps, nous avons été les premiers à aller se faire matraquer pour elle; on est restés un peu sonnés par la suite, d'où probablement les dérives honteuses comme le nouvel-âge, les cristaux, la gourouïsation galopante, etc).
Pour une génération qui voulait tout, c'est bien peu.
Qui sait, peut-être qu'une fois la retraite venue, avec nos barbes grises et nos rhumatismes, retournerons-nous dans la rue pour nous battre à nouveau contre les matraques intégristes, à coups de cannes...
Soupir... Je pense que je suis dû pour écrire un autre roman. Quand je deviens nostalgique comme ça, faut que je me botte quelque part.

Allons, au boulot, paresseux Giggles, avant de grossir!
Merci pour la réponse!

Ça m'aura donné une occasion de plus de délirer un peu
Doc G.
