Entre croyance et curiosité, un texte sauté

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Dr Giggles
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Entre croyance et curiosité, un texte sauté

#1

Message par Dr Giggles » 10 oct. 2008, 21:08

Pourquoi... ou pour qui être un humaniste sceptique?

Sommes-nous froideur comme le disent les témoins de nos hérésies transmutatrices? Certains fondent-ils dans le piège en prenant la forme de l’accusation portée si sournoisement?

Sommes-nous moqueurs?

Pour qui ou pour quoi, et comment, suis-je un humaniste, un laïciste, un scpetique?

Faut-il brûler, se consumer parmi nos volcans débattus, hurler nos laves dégorgées? Se laisser renouveler de nos cendres enfuies? Nos rayons d’étoile déchirée, explosée, doivent-ils fuser au risque de semer des scories horrifiantes, mais ouvrant du même coup aux consciences confluentes une vie émanée au creux d’impossibles tissés de néant?

Sommes-nous plutôt d’un temps compté, de vérités campées, figés dans les blancs polaires dont l’incapacité empathique aura répandu nos saints icebergs sur la coque de quelque Titanic, infatués de notre propre importance glaciale? Comment cela se pourrait-il, alors que nous sommes curiosité?

Pouvons-nous abandonner, humains de toutes tendances, les vérités glaciaires et rocheuses de nos antarctiques certitudes pour enfin vivre le questionnement, le mouvement par lequel le brin d’herbe, tout vulnérable semble-t-il, perce le béton à l’ébahissement général et ouvre au soleil ses fleurs de réalisation, nues, sans pudeur, mais sans diktat?

La recherche scientifique n’est-elle pas l’incarnation même de la curiosité, si vivante, si profonde, qu’elle est elle-même poussée évolutive? La curiosité ne s’oppose-t-elle pas à la croyance, à la vérité, qui elles, sont figées dans leurs dogmes, icebergs éternels et inébranlables, lettres mortes?

Entre croyance et curiosité, ne faut-il pas choisir ce qui vit, ressent, cherche, trouve et cherche encore? Ne faut-il pas embrasser la vie? Le curiosité n’est-elle pas mouvement et interrogation? La croyance n’est-elle pas certitude bétonnée, morte, finalité?

Ainsi, le sentiment, l’émotion, l’intensité vivante ne sont-elles pas avec le sceptique, l’humaniste, le laïc, afin de rendre hommage à la vie, la comprendre, l’expliquer au mieux, et exister pleinement?

Ne sommes-nous pas cette puissance de la vulnérabilité, qui crée l’ouverture, la disponibilité si risquée, si dangereuse, par laquelle on peut nous blesser, nous frapper à mort, mais par laquelle seule l’on vit vraiment? La puissance rocheuse et immobile, immobiliste de la croyance n’est-elle pas, dans son invulnérable certitude, raideur cadavérique, impossibilité d’accepter le monde, de le vivre, de l’aimer?

La fragilité de qui choisit l’ouverture et le mouvement, est-elle si effroyable, qu’il faille monter contre elle des armées de surmois impitoyables, créer de nouvelles épouvantes pour ne point contempler la peur, peur de soi, pour de l’autre, peur de tout? Et sous les bottes des surhommes, le pas écrasant de l’Évidence qui se croit telle, une terre abîmée, endolorie, bafouée, ne dévoile-t-elle pas la futilité de cette guerre en laissant repousser ses fleurs après chaque bataille?

La défaite du vain soldat n’est-elle pas la victoire d’une douleur sans déni, d’une pulsion de vie sans carapace, sarabande de flammes et d’eaux à la fois, grâce ultime de laquelle jaillissent les symphonies se jouant de nos catégories abstraites, pianotant du même coup quelques bémols et dièses au sein desquels joie et peine se confondent, se refondent en une seule et même force, celle de la vie pleinement vécue?

Le courage n’est-il pas la vertu du terrifié, le chant de celui qui, tremblant, blessé, plongé maintes fois dans des affres dont les retours possibles l’épouvantent, celui qui sous les fouets de ces tourments tranchants persiste à ouvrir sa chemise au soleil, défi défait et victorieux à la fois, de qui a choisi de vivre à tout prix?

L’important n’est-il pas la réponse, mais la question? Non les réponses préfabriquées, mais la recherche? Non la croyance, mais la curiosité?

Devons-nous ouvrir les geysers vaporeux, le flou brumeux d’une incertitude, dont les eaux arroseront les terres trop sèches mais dont les grondements feront peur aux touristes?

Fallait-il ingérer ce texte au risque de s’y abîmer?

Mes plus croustillants respects vont aux vivants mystérieux aux auras floues et authentiques, qui aiment l'humanité, la quête scientifique, la liberté sociale du laïc. J’ai choisi de me laisser émouvoir par les mots dangereux et sublimes, de saluer, au fil de mes passages, les magies de lave et de terre de Gaïa. Hommage, pour ces fleurs épineuses, dont les égratignures contaminent et forcent à redéfinir les certitudes. Je salue, apeuré, timide, ravi, me précipitant dans le risque et les brumes comme l’on nait dans l’existence, comme l’on s’ouvre dans un pré, sans certitude, en toute volupté, redéfini, vêtu de cette planète énigmatique, fatale, irrépressible, vulnérable et pourtant, si splendide.

Froideur, la curisiosité, la vie, l’intensité d’être là et de découvrir??? Quel iceberg ambulant ose ainsi accuser, qui ne serait forcément, comme tout accusateur, que l’iceberg lui-même?

J’écris; c’est mon activité. J'écris la curiosité, l'humanisme, la liberté de penser.

Pour ceux qui ont cru les marchands d’étoiles et en ont tant pleuré.

J’écris pour ceux qui, le coeur déchiqueté, agonisent tout au long de leur existence.

Pour ces enfants qui, mal parentés, ont le coeur orphelin.

Pour ceux qui vomissent leur amour faute d’avoir pu le nourrir.

Pour les esseulés, les rejetés, les dérangeants qui pleurent des larmes de sang lorsqu’au réveil ils se découvrent encore vivants et tellement morts!

Pour les assoiffés d’amour qui périssent desséchés.

Pour ces visionnaires dont les ailes sont si amples et majestueuses qu’ils en sont plaqués au sol par trop de lourdeur.

Pour les terrifiés, les terrassés, les révoltés, pour qui NON n’est pas un blasphème.

Pour les exsangues ayant payé la survie des salauds.

Pour les frustrés transis, glacés par la froideur d’autrui.

À ceux pour qui la solitude est un nécessaire et atroce refuge.

À ceux pour qui chaque jour, les remarques assenées sont un poignard au ventre.

À ceux qui vivent trop pour parvenir à survivre, et qui meurent trop pour parvenir à mourir, prisonniers d’un enfer éternel.

Pour les fous, car la folie est le produit de la cruauté de tous ceux qui se sont élus Dieu.

Pour les méprisés, les jugés, les étiquetés, les marqués, exilés sans voile sur une mer démontée.

Pour ceux qui subissent avec tant de douleur la haine de leur dieu.

Pour le jour rêvé de la rétribution.

Pour la révolution.

Pour les hippocampes.

Pour ceux qui dans leur naïveté ont aimé QUAND MÊME.

Pour les moues de dépit.

Pour ceux qui flétrissent contre leur gré et ne goûteront plus jamais la passion des jeunes amours.

Pour les courageux qui n’ont pas attendu une fin imposée.

Pour les moins braves restés enchaînés dans la souffrance.

Pour ceux qui, se débarrassant de leurs bourreaux, sont traités en criminels.

Pour la main tendue que l’on souhaite et que l’on mord.

Pour les tourmentés que personne ne sait délivrer.

Pour ceux qui ont si mal qu’ils se voient incapables d’accéder à la joie d’aider autrui.

Pour tous ceux qui questionnent et que l’on fait taire sur des gibets.

Pour ceux qui vivent le coeur ouvert et le poing levé.

Pour ceux qui, prisonniers de soi, ne trouvent pas autrui.

Pour ceux qui, prisonniers d’autrui, ne se trouvent plus.

Pour ceux qui ont tort et en meurent.

Pour les dévorés du dedans qui vivent si mal quand les responsables meurent si bien.

Pour le brave qui affronte l’anti-émeute.

Pour le peureux resté chez lui à rêver de courage.

À tous ceux pour qui la beauté restera toujours inaccessible.

Au brin d’herbe sous le béton.

À ceux qui ont vendu leur âme pour un peu d’amour.

À ces voix au désert.

À toutes ces vies, tellement, tellement de vies perdues, irremplaçables.

À tous ceux-là, que la plus féroce des rébellions soit une chandelle de réconfort au milieu des ruines.*

* Ne pas voir dans cette phrase un appel au massacre :shock: ; c'est une métaphore, ce texte étant extrait de mon prochain roman.
Doc. :mefiance:

Dr Giggles
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Re: Entre croyance et curiosité, un texte sauté

#2

Message par Dr Giggles » 13 oct. 2008, 20:10

Devant ce succès fou et ces conversations enlevantes :shock: , je pense bien que je vais revenir à un style bref, ironique et cinglant (ou cinglé). :mrgreen:

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Poulpeman
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Re: Entre croyance et curiosité, un texte sauté

#3

Message par Poulpeman » 13 oct. 2008, 20:55

Salut Doc,
Dr Giggles a écrit :Devant ce succès fou et ces conversations enlevantes :shock: , je pense bien que je vais revenir à un style bref, ironique et cinglant (ou cinglé). :mrgreen:
L'absence de réaction ne signifie pas absence d'intérêt.

Encore une fois, j'ai lu et apprécié ta prose.
Ce que j'en pense ? Tout est dit. Du coup je n'ai rien à ajouter.

Poulpeman
Si Dieu existait, il faudrait s'en débarrasser. (Michel Bakounine)
Mon blog : critique de l’idéologie dominante et promotion de la philosophie libertaire

Dr Giggles
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Re: Entre croyance et curiosité, un texte sauté

#4

Message par Dr Giggles » 13 oct. 2008, 20:59

:a2:
:aime:
:vole:
:merci:
:blob:

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