Antidépresseurs & Anomalies congénitales

[Kraepelin]

Enfin des données fiables sur l'effet des antidépresseurs pendant la grossesse.

Finalement, on ne découvre aucune augmentation des anomalies congénitales chez les bébés nés de mères ayant pris des antidépresseurs durant le premier trimestre de la grossesse.

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Can J Psychiatry. 2009 Apr;54(4):242-6.

Incidence of major malformations in infants following antidepressant exposure in pregnancy: results of a large prospective cohort study.Einarson A, Choi J, Einarson TR, Koren G.

Assistant Director, The Motherisk Program, The Hospital for Sick Children, Toronto, Ontario.

Objective: To ascertain if antidepressants, as a group, increase the risk for major malformations, as well as assessing each individual antidepressant. Methods: At The Motherisk Program, we analyzed pregnancy outcomes of women (n = 1243) from prospectively collected cases in our database, who were exposed to antidepressants during their pregnancy. We then compared them with a matched comparison group of women (n = 1243) who were not exposed (nonteratogen group). Results: Women (n = 928) who fit the criteria for inclusion, were exposed in the first trimester of pregnancy, and gave birth to a live-born infant were matched to women (n = 928) in the comparison group. There were 30 (3.2%) major malformations in the antidepressant group and 31 (3.3%) in the comparison group (OR 0.9; 95% CI 0.5 to 1.61). The antidepressants included in the analysis were: bupropion (113), citalopram (184), escitalopram (21), fluvoxamine (52), nefazodone (49), paroxetine (148), mirtazepine (68), fluoxetine (61), trazodone (17), venlafaxine (154), and sertraline (61). Conclusions: As a group, antidepressant use in the first trimester of pregnancy is not associated with an increased risk for major malformation above the baseline. In addition, no individual antidepressant was associated with an increased risk of a specific malformation.

[Poulpeman]

Salut Kraepelin,

Désolé si je suis un peu H.S :
Niveau éthique, j'ai du mal à comprendre comment des médecins peuvent prescrire des antidépresseurs à des femmes enceintes, surtout sachant que leurs effets sur les foetus sont mal connus. Je ne comprends même pas qu'on puisse autoriser leur prescription (à moins d'une urgence vitale) si facilement (tiré de la notice de la fluoxetine : "Consultez votre médecin traitant avant de prendre PROZAC en cas de grossesse ou d'allaitement.". Un peu frileux comme mise en garde).

Certes l'étude rapporte qu'il n'y a pas d'anomalie congénitale. Mais j'ai vu des résultats sur des rats exposés aux AD pendant la vie foetale il y a quelques année et les résultats n'étaient pas chouette à voir : syndromes dépressifs, anxiété, etc... Guère mieux que les anomalies congénitales.
Dans la mesure où ce type de médicament passe la barrière placentaire et touche la neurotransmission, je vois mal comment on peut imaginer qu'il sont sans danger chez la femme enceinte.

Je ne mets pas en doute les résultats des auteurs. Je trouve juste que ce type d'étude est contre-éthique et laisse penser que les AD chez la femme enceinte, ça ne risque rien.

Désolé d'avoir répondu à côté de la plaque.

Poulpeman

[Ildefonse]

De mon passage en maternité, je garde le souvenir d'une indication majeure:

"la femme enceinte ne doit ni boire, ni fumer, ni prendre de médocs, et vivre le plus sainement possible". Ca ne colle pas avec la prescription d'AD (sauf cas de force majeure bien entendu).

[Poulpeman]

"la femme enceinte ne doit ni boire, ni fumer, ni prendre de médocs, et vivre le plus sainement possible". Ca ne colle pas avec la prescription d'AD (sauf cas de force majeure bien entendu).

Quitte à tolérer les molécules agissant sur le système sérotoninergique, je suggère de tolérer l'usage du LSD chez la femme enceinte (on pourrait même sortir une étude qui prouve que la consommation de LSD chez la femme enceinte n'augmente pas le risque de malformation congénitale.)

[Ildefonse]

Et avec la dose idoine, on pourrait probablement constater une propension au saut à l'élastique chez le foetus...

[Kraepelin]

Salut Kraepelin,

Désolé si je suis un peu H.S :
Niveau éthique, j'ai du mal à comprendre comment des médecins peuvent prescrire des antidépresseurs à des femmes enceintes, surtout sachant que leurs effets sur les foetus sont mal connus. Je ne comprends même pas qu'on puisse autoriser leur prescription (à moins d'une urgence vitale) si facilement (tiré de la notice de la fluoxetine : "Consultez votre médecin traitant avant de prendre PROZAC en cas de grossesse ou d'allaitement.". Un peu frileux comme mise en garde).

Je comprends vos réserves et elles ne sont pas sottes. Mais il y a un revers important à cette médaille. C'est que l'on connaît bien les effets de la dépression de la mère sur le nouveau né. Ces effets sont rapides, traversés rapidement un seuil d'irréversibilité et ils ont des conséquences terribles!

- Problèmes d'attachement graves
- Insécurité
- Retard de développement moteur et du langage
- Manque d'exploration de l'environnement
- Manque d'initiative
- Problème de socialisation
- Probabilité plus élevée de symptômes anxieux et dépressifs.

Plus tard :

- Retard scolaire
- Faible estime de soi

Une fois adulte.

- Toutes les conséquences des problèmes de développement
+
- Problème d'attachement amoureux
- Problème d'attachement avec ses propres enfants (si femme)


Aussi, le dépistage et le traitement des mères dépressives sont critiques. Jusqu'ici nous étions rétisant à prescrire des antidépresseurs. Nous avions besoin de données empiriques fiables. Elles commencent à entrer!

[Ildefonse]

Mais là, vous faites référence à la dépression dite "post-partum", c'est à dire, après l'accouchement. On peut donner des AD à une jeune mère qui fait ce genre d'épisode dépressif, du moment que l'allaitement est limité.

Nous faisions, de notre côté, référence à la prescription d'AD durant la grossesse.

[Kraepelin]

Mais là, vous faites référence à la dépression dite "post-partum", c'est à dire, après l'accouchement. On peut donner des AD à une jeune mère qui fait ce genre d'épisode dépressif, du moment que l'allaitement est limité.

Nous faisions, de notre côté, référence à la prescription d'AD durant la grossesse.

Je pensais que le lien était trop évident pour avoir besoin de le souligner. La dépression pendant la grossesse est le plus sûr indicateur de risque de dépression après l'accouchement. Par ailleurs, la dépression pendant la grossesse a elle-même un effet négatif sur le développement foetal. Nos données sont indirectes à ce sujet, mais elles vont toutes en ce sens.

Pour ce qui est de l'usage des antidépresseur durant l'allaitement, nous avons déjà des données fiables sur les niveaux de concentration d'antidépresseur dans le lait maternel. Comme certains antidépresseurs ne laissent pratiquement aucune trace, ils sont les prescriptions de premier choix.

[Florence]

Salut Kraepelin,

Désolé si je suis un peu H.S :
Niveau éthique, j'ai du mal à comprendre comment des médecins peuvent prescrire des antidépresseurs à des femmes enceintes, surtout sachant que leurs effets sur les foetus sont mal connus. Je ne comprends même pas qu'on puisse autoriser leur prescription (à moins d'une urgence vitale) si facilement (tiré de la notice de la fluoxetine : "Consultez votre médecin traitant avant de prendre PROZAC en cas de grossesse ou d'allaitement.". Un peu frileux comme mise en garde).

Encore faut-il que le médecin (et la patiente) sache qu'il y a grossesse. Une grosse part des consultations de pharmacovigilance auprès des centres spécialisés commence comme ceci : "ma patiente est enceinte de quelques semaines et était sous anti-dépresseur X depuis tant de temps pour dépression grave, quels sont les risques pour le foetus, faut-il envisager un avortement thérapeutique ?".

Evidemment, les recommandations sont d'éviter autant que faire se peut toute prise médicamenteuse chez la femme enceinte mais comme le souligne Kraepelin, les risques que fait courir la dépression tant à la mère qu'à l'enfant à naître ne sont pas négligeables et sont à mettre en balance avec le risque des antidépresseurs ...