Mais voilà : en ce moment, il se trouve que la victime d'une telle imposture, c'est moi.
Et c'est pourquoi je lance cet appel à l'aide.
Je suis pris dans la tourmente d'une dispute légale au sujet de la garde de mes enfants. Mon ex s'oppose à la garde partagée que je réclame. Pour faire court, je saute quelques étapes pour aller à l'essentiel.
Je me suis fait ordonner d'aller subir une évaluation psycholégale visant à déterminer mes capacités parentales. La psy a été choisie par l'avocate de mon ex. Cette psy est aussi psychanalyste. Vous me voyez venir, s'pas ?
L'essentiel de son évaluation a été effectuée avec des méthodes projectives (Rorschach et TAT). Quand la psy m'a montré sa première tâche d'encre et qu'elle m'a demandé ce que je voyais, j'ai répondu la seule chose sensée qu'un être humain sensé est sensé répondre à cette question : "je vois une tâche d'encre madame".
Mauvaise réponse.

"C'est un exercice d'imagination monsieur".
Ah ! Un exercice d'imagination. Aucun risque que je me dis alors, dans notre société on juge les gens sur leurs actes, par sur leur imagination. Le délit d'imagination n'existe pas, non ?
Pour une psychanalyste, oui : le délit d'imagination existe. Et, ayant abondamment exprimé mon scepticisme, et répondu un peu n'importe quoi aux questions de madame, le résultat est tombé : madame croit que je n'ai pas les capacités parentales requises. Voici quelques extraits de son rapport.
« Monsieur exprime ouvertement du scepticisme face à nos méthodes d’évaluation et se montre fort critique face à toute approche recourant à l’interprétation, selon lui non scientifique. »
« Le recours au scepticisme annule également toute possibilité de jugement non démontré de façon incontestable de la part d’autrui. »
Et la meilleure, à mon sens :
« Il réfère, à l’occasion, à des réponses originales qui cherchent à étaler son savoir bien qu’il lui arrive d’échouer partiellement dans sa tentative alors que le mot précis lui échappe, comme lorsqu’il cherche à décrire un singe spécifique, à la planche II, ou qu’il réfère à un phénomène mathématique particulier sans pouvoir le nommer. Encore là en profite-t-il pour dénigrer les médias qui font parfois appel à ce phénomène mais « en parlent tout croche ». Monsieur recourt d’ailleurs maintes fois à des critiques qui le valorisent narcissiquement et masquent ses propres difficultés. »
Le phénomène mathématique auquel je faisais référence à ce moment-là se nomme « fractal », mais ça ne me revenait pas. Et ma critique des médias portait sur l'usage incorrect que ceux-ci font parfois de l'expression « effet papillon » (j'ai déjà lu dans un journal, le plus sérieusement du monde, que « l'effet papillon » c'est quand un papillon s'envole en Afrique ça déclenche un ouragan en Floride !)
Voilà le topo.
maintenant, ma demande d'aide est la suivante : quelqu'un peut-il me donner des trucs pour faire valoir l'irrecevabilité d'un rapport "d'expertise" qui mise sur quelque chose d'aussi frauduleux que les méthodes projectives ?
J'ai fait mes devoirs.
J'ai un avis d'un psychologue, professeur à l'U de Montréal, qui souligne le caractère non-scientifique de l'interprétation.
J'ai un extrait du code de déontologie de l'American Psychological Association qui spécifie que ces méthodes ne peuvent être utilisées dans le cadre d'une évaluation psycholégale.
(voir http://www.apa.org/monitor/may04/ethics.html)
J'ai cette citation du célèbre psychologue Robyn Dawes :
« Now that I am no longer a member of the American Psychological Association Ethics Committee, I can express my personal opinion that the use of Rorschach interpretations in establishing an individual's legal status and child custody is the single most unethical practice of my colleagues. It is done, widely. Losing legal rights as a result of responding to what is presented as a "test of imagination" often in a context of "helping" violates what I believe to be a basic ethical principle in this society — that people are judged on the basis of what they do, not on the basis of what they feel, think, or might have a propensity to do. And being judged on an invalid assessment of such thoughts, feelings, and propensities amounts to losing one's civil rights on an essentially random basis. »
(voir http://www.ipt-forensics.com/journal/volume3/j3_4_5.htm)
Il y a l'arrêt Trochym de la Cour Suprême du Canada (http://csc.lexum.umontreal.ca/fr/2007/2 ... 7csc6.html), qui établit les critères de l'admissibilité d'une preuve d'expert et qui reprend, pour l'essentiel, les critères de l'épistémologie :
• La technique peut-elle être vérifiée et l’a-t-elle été ?
• La technique a-t-elle fait l’objet d’un contrôle par des pairs et d’une publication ?
• Quel est le taux ou risque d’erreurs ?
• La théorie ou la technique est-elle généralement acceptée ?
(voir http://www.barreau.qc.ca/pdf/journal/vol39/200709.pdf)
Plus plein d'autres documents et livres qui expliquent le caractère non-scientifique des méthodes projectives, incluant l'article du dictionnaire des sceptiques sur Rorschach.
Mais, malgré tout, j'ai peur. On parle de mon accès à mes enfants, après tout. Alors oui j'ai peur. Malgré toute la preuve accablante que je serai capable de déposer devant le juge, je crains qu'une entourloupette judiciaire fasse en sorte que celle-ci soit rejetée au profit des recommandation de la psychanalyste.
J'ai besoin d'aide. J'ai besoin de vos ressources. J'ai besoin de votre support. J'ai besoin de vos trucs. J'ai besoin de tout ce que vous serez en mesure de me fournir pour m'aider.
Merci.