Je ne comprends tout simplement pas pourquoi je devrais l'additionner. Peu importe combien ils sont, le fait de ne pas avoir vu de combat de gladiateur leur sera aussi peu préjudiciable; qu'ils soient dix ou dix milliards. La «souffrance» que leur causerait le fait de ne pas avoir vu de combat de gladiateurs sera aussi facile à guérir - qu'il y ait un ou mille spectateurs.Sceptigo a écrit :Pour éliminer cette variation d’intensité, je vais modifier un peu le scénario du combat de gladiateurs : les spectateurs regardent maintenant le combat de gladiateur par internet et ils n’ont aucun moyen de connaître le nombre de spectateurs qui assistent à ce combat. Le bonheur de chaque spectateur reste donc constant peu importe le nombre de spectateurs.
Si, en moyenne, les spectateurs ressentent chacun un bonheur d’intensité 10 et que les deux gladiateurs ressentent chacun un bonheur d’intensité -9 999, alors, selon mon éthique, le combat de gladiateurs devient éthiquement justifié à exactement 2000 spectateurs. Ce que je ne comprends pas dans ton calcul utilitariste, c’est pourquoi tu ne prends que le bonheur d’un seul spectateur, qui est d’intensité 10 dans mon exemple, et que tu le compares à celui des gladiateurs. Pourquoi n’additionnes-tu pas le bonheur de tous les spectateurs?
Ton deuxième exemple est inapproprié si la cible des météorites est la même personne dans les deux cas (ou le même groupe de personnes). Dans ton premier exemple, par contre, je trouve qu'il est effectivement moins pire de briser 1 vitre à 20 maisons plutôt que 20 vitres à une maison. Il sera plus facile pour les propriétaires des 20 maisons de réparer chacun une seule vitre que pour le propriétaire d'une maison d'en réparer 20.Denis a écrit :Ça ressemble trop à : Si des gamins lanceurs de roches brisent une vitre à chacune de 20 maisons, c'est moins pire que s'ils brisent les 20 vitres d'une même maison.
Ça ressemble même à : Mieux vaut recevoir 1000 météorites d'un million de tonnes chacune qu'une seule météorite d'un milliard de tonnes.
Je pense qu'on pourrait voir ça comme ça : Si les souffrances s'additionnent d'une personne à l'autre, on doit aussi additionner leur capacité de réparer (ou de s'adapter à) cette souffrance. Ces deux additions se neutralisent, en quelque sorte. C'est pourquoi amputer une personne des quatre membres est pire que de donner une pichnote sur les coudes de six milliards de personnes.
[/quote]Si les personnes rendues aveugles sont suffisamment éloignées de sorte que la cécité de l'un n'affecte aucunement la vie de l'autre, alors oui, je pense qu'il est préférable d'en rendre 50 000 aveugles plutôt que d'en tuer 1. Les 50 000 auront plus de facilité à s'adapter à leur cécité que le 1 ne pourra s'adapter à la mort...Sceptigo a écrit :Je vais modifier mon scénario des aveugles : les personnes qui deviendraient aveugles ne se connaissent pas. Donc, peu importe le nombre d’aveugles qu’il y a, l’intensité de leur malheur reste constante puisque ces aveugles ne communiquent pas entre eux. Si tu avais à choisir entre tuer une personne ou en rendre aveugles 50 000, devrais-tu tuer la personne? Selon toi, devrions-nous rendre aveugles 50 000 personnes sous prétexte qu’elles ressentent une souffrance moins grande que la mort d’une personne.
Mais encore-là ce scénario est un peu différent par le fait que la cécité (contrairement aux vitres brisées et à la tristesse de ne pas voir de combat de gladiateurs) est définitive et que la mort n'est pas une souffrance en soi. Le dilemme est donc plus discutable que si j'avais le choix entre :
a) piler sur le petit orteil d'un milliard de personnes ou
b) écorcher vive une seule personne avant de la baigner dans l'alcool pure (ouch!)
Dans cette situation, à ceux qui diront le "a" cause plus de souffrance, il me semble que la question serait « plus de souffrance pour qui? » Oui, c'est une somme supérieure de souffrance dans l'univers, mais l'univers ne souffre pas! Je pense que les milliards de personnes de l'alternative "a" consentiraient toutes volontiers à se faire piler sur l'orteil si c'est pour éviter à une seule personne de subir une torture atroce... et ce, peu importe combien sont ces personnes.