Il n'y a pas de raccourci, je n'ai pas dit que le capitalisme existait depuis le début des temps, mais je ne vois pas de rupture dans l'économie, simplement des réorganisations successives pour s'adapter à la conjoncture sociale ou politique du moment.
Le capitalisme n'est, au final, que le dernier niveau en date d'un système qui a prit son essor au XIIIème siècle, ce même système n'est lui aussi qu'une réorganisation du systèmes précédents.
Le système économique global actuel n'a plus grand chose à voir avec les micro-systèmes économiques multiples qu'il pouvait y avoir au moyen-age (en Inde, en Chine, en Europe, en Afrique).
Mais je suppose que vous faites référence à l'économie de marché européenne.
Je vous conseille la lecture de
Civilisation matérielle, économie et capitalisme de l'historien Fernand Braudel qui fait parfaitement la distinction entre économie de marché et capitalisme.
L'économie de marché étant l'organisation de la production en fonction des besoins (alimentaire, survie) et des échanges de biens et de compétences. A cette époque, l'essentiel des ressources produites et du travail humain se fait pour assurer "la vie matérielle" à savoir la subsistance et les activités sociales (qui peuvent être très différentes en fonction de la géographie, des ressources, des techniques et des cultures locales). Le commerce est une activité qui occupe un temps de travail humain beaucoup plus réduit qu'il ne l'est aujourd'hui.
Chaque marché était le centre de cette micro-économie dont l'offre et la demande est à 99% locale et tous les marchands ou presque sont des producteurs qui vendent la marchandise qu'ils ont produite.
Le capitalisme décrit par Braudel est l'apparition d'un nouveau type de marchands qui ne produisent pas de marchandises mais qui possèdent un capital.
Comme ils n'apportent aucune valeur ajoutée à la marchandise, ils ne peuvent que jouer sur l'offre, la demande et les informations sur celles-ci.
Pour jouer sur la demande, il faut soit créer un besoin, soit amplifier un besoin existant: publicité par exemple (on peut aussi imaginer des moyens un peu moins "gentils")
Pour jouer sur l'offre, il faut créer de la rareté: on peut stocker une ressource demandée par exemple, créer une pénurie pour augmenter les prix puisque la demande est assurée.
Pour jouer sur les informations, il faut connaitre l'offre et la demande exacte et profiter du manque d'information des autres pour acheter au moins cher et vendre au plus offrant: le délit d'initié. Pour optimiser le profit, le mieux est de commercer entre les diverses "économies-monde" puisqu'on peut jouer beaucoup plus sur les informations.
Braudel appelle "économie-monde" un ensemble de sous-système économique sous l'influence d'un pôle économique plus important. En Europe, ce pôle économique s'est déplacé plusieurs fois: Venise, Amsterdam, Londres...
Cette économie-monde européenne à pôle variable cohabitait avec d'autres économie-monde au moyen-orient, en Asie, Europe centrale. Certaines économie-monde ressemblent à l'économie européenne mais d'autres ont eu un développement sur un modèle différent que l'économie de marché (en Inde notamment).
Scénario mélangé à quelques opinions:
Les capitalistes décrètent: C'est la crise!

(ça eut payé mais ça ne paye plus! Ma bonne dame!)
Du coup, pour amortir le manque à gagner, ils menacent: soit vous nous permettez de gagner plus d'argent en prenant les décisions politiques qui s'imposent, soit on stoppe les investissements et on va tous mourir comme c'est indiqué dans le huitième commandement de l'évangile économique!
Alors, les disciples de l'église Libérale font passer l'annonce de l'apocalypse économique à travers le monde, tous nos médias privés et publics relaient, et du coup la population accepte plus facilement une stagnation ou une régression sociale de l'ensemble pour le profit immédiat des quelques-uns qui sont soit-disant indispensables à la civilisation humaine.
Les nations filent du fric au privé, diminuent les impôts pour les plus riches, diminuent les prestations sociales pour les plus pauvres (en diminuant le nombre de bénéficiaires).
Les entreprises licencient, gèlent les salaires, se délocalisent.
Les emplois précaires augmentent, les sans-emplois aussi (les sans-emplois ne sont pas tous considérés comme chômeurs).
Bref, que la crise de départ soit réelle ou pas, au final, c'est la crise.
Voilà pourquoi la question de savoir si cette crise est réelle est importante. Et pourquoi il est important de définir les mécanismes exacts de cette crise si elle existe.
Parce qu'il est assez douteux de se voir asséner un dogme à longueur de journée sans qu'il ne soit jamais démontré sous prétexte que c'est beaucoup trop complexe pour nous-autres ouailles...(l'économie a tendance à se complaire dans l'hermétisme et me fait parfois l'effet d'une messe en latin...)
A noter que mon scénario n'a pas besoin de conspiration (dans le sens d'une association objective d'individus identifiables).
Juste d'une idéologie (libérale) qui privilégie l'investissement et le capital sur le pouvoir d'achat des salariés.
Avec le jeu des convergences et des divergences d'intérêts individuels, on se retrouve dans le cadre bien connu de la lutte des classes ou une classe tente de faire valoir ses droits sur l'autre. J'ai tendance à identifier les évènements récents comme une agression manifeste de la classe capitaliste.
Ce que j'entends pas valeur réelle est un concept flou de prix raisonnable, j'utilise ce terme faute d'un plus approprié. Par exemple, lors de la crise de 29, il y a eu un achat immodéré d'action par les habitants des USA, achat qui a fait grimper les prix bien au dessus de ce que l'on pourrait qualifier de valeur réelle dans le sens du prix en temps normal (mais c'est subjectif, j'en conviens). Dans ce genre de situation, l'augmentation des prix du bien n'est pas le fait de la demande et de l'offre de celui-ci, mais seulement celle de l'achat d'action et de la spéculation et il y a donc un décrochage qui, si la tendance s'inverse, produit une baisse aussi brutale que la hausse et un crack boursier.
Ce crack peut ou non se transformer en crise selon le moment et le contexte économique général. Dans un contexte économique comme l'actuel, où la valeur des fonds est très supérieurs à la valeur des biens, un crack boursier peut rapidement s'avérer catastrophique et c'est en partie ce qui c'est produit pour la crise actuelle.
Je ne comprend pas trop où vous voulez en venir.
A part que le déphasage serait conjoncturel plutôt que structurel?
Une frise, non, je ne peux pas vous la faire.
De fait, l'équilibre est un point qui n'est jamais réellement atteint en économie. Il s'agit du moment où s'inverse la tendance et où la crise s'arrête et laisse place à la croissance et inversement. Pour schématiser, si on fait une courbe de type sinusoïdale, la croissance correspond aux montées, la crise au descente et l'équilibre au moment entre les montées et les descentes.
Les processus et les lois économiques sont varier selon la crise mais pour faire simple, il s'agit du moment où l'offre et la demande se rejoignent (je schématise grossièrement parce que les processus varient en fonction du secteurs de l'économie et tout ne va pas à la même vitesse et surtout, il y a le contexte qui joue aussi.)
Quelles sont ces lois économiques?
Si la croissance remonte toute seule, pourquoi aller bosser?
Je disais stable et non fixe. La BCE entendait jusqu'à présent, faire en sorte que l'Euro ait un taux de change et des taux directeurs contrôlés pour éviter l'inflation, ce qui veut dire qu'elle contrôle la masse monétaire réelle (et non la masse monétaire virtuelle des banques privées), les taux directeurs et les taux de changes pour que, malgré les évolutions de la situation, l'euro reste stable et ne produise pas trop d'inflation.
Cela dit, le schéma que vous décrivez est assez vrai et la BCE est, de toute façon, très capitaliste et très libérale, mais elle est quand même un peu plus souple que ce que vous dites.
J'ai simplifié bien sur, mais c'est bien l'orientation
politique de la BCE pour l'économie européenne. La BCE fait le choix politique de privilégier le capital au détriment du travail. Elle privilégie le pouvoir d'investissement sur le pouvoir d'achat et ce choix est incontestablement politique.
Sans même que soit jugé ce choix sur son efficacité: Quelle est la légitimité politique de la BCE?