christianc a écrit :Dire que "les apotres avaient une vision littérale et historique" est simplement commettre l'erreur d'anachronisme..
Non, absolument pas, je persiste à dire que c’est vous qui faites un anachronisme. Entendons-nous bien : je ne nie absolument pas que les premiers chrétiens aient vu dans certains passages de l’ Ancien Testament un sens symbolique en plus du sens originel, qu’ils pouvaient appliquer à des situations qu’ils vivaient à leur propre époque. Mais en aucun cas, ils ne considéraient les récits de l’Ancien Testament comme des mythes, des fables sans réalité historique qu’ils devaient prendre au sens imagé. Relisez tous les passages du Nouveau Testament où il est question des grands prophètes de l’A.T., relisez l’épître aux Hébreux, l’histoire d’Israël vue par Etienne dans les Actes des Apôtres, vous verrez.
Si un chrétien, pris dans une situation de souffrance, dit qu’il vit un « chemin de croix » pensez-vous qu’il nie là la réalité historique de la crucifixion ? Quand Jésus dit qu’ "
il ne sera donné à cette génération d’autre miracle que celui de Jonas" pensez-vous qu’il ne croyait pas au récit de la "baleine" parce qu'il le reprenait de façon métaphorique pour son propre compte?
Reprenons les 2 exemples que vous avez donnés.
Pierre :
18 Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour des injustes, afin de nous amener à Dieu, ayant été mis à mort quant à la chair, mais ayant été rendu vivant quant à l'Esprit,
19 dans lequel aussi il est allé prêcher aux esprits en prison,
20 qui autrefois avaient été incrédules, lorsque la patience de Dieu se prolongeait, aux jours de Noé, pendant la construction de l'arche, dans laquelle un petit nombre de personnes, c'est-à-dire huit, furent sauvées à travers l'eau.
21 Cette eau était une figure du baptême, qui n'est pas la purification des souillures du corps, mais l'engagement d'une bonne conscience envers Dieu, et qui maintenant vous sauve, vous aussi, par la résurrection de Jésus Christ,
22 qui est à la droite de Dieu, depuis qu'il est allé au ciel, et que les anges, les autorités et les puissances, lui ont été soumis.
On voit bien à la lecture du passage en entier que pour Pierre l’histoire de Noé est à la fois historique et symbolique : elle a bien eu lieu même dans ses plus petits détails mais on peut aussi l’interpréter de façon métaphorique pour la raccorder au temps présent.
Tenez voici ce que dit le même Pierre sur le Déluge et d’autres épisodes de l’A.T.dans un autre passage :
2 Pierre 2
1 Il y a eu parmi le peuple de faux prophètes, et il y aura de même parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses, et qui, reniant le maître qui les a rachetés, attireront sur eux une ruine soudaine.
2 Plusieurs les suivront dans leurs dissolutions, et la voie de la vérité sera calomniée à cause d'eux.
3 Par cupidité, ils trafiqueront de vous au moyen de paroles trompeuses, eux que menace depuis longtemps la condamnation, et dont la ruine ne sommeille point.
4 Car, si Dieu n'a pas épargné les anges qui ont péché, mais s'il les a précipités dans les abîmes de ténèbres et les réserve pour le jugement;
5 s'il n'a pas épargné l'ancien monde, mais s'il a sauvé Noé, lui huitième, ce prédicateur de la justice, lorsqu'il fit venir le déluge sur un monde d'impies;
6 s'il a condamné à la destruction et réduit en cendres les villes de Sodome et de Gomorrhe, les donnant comme exemple aux impies à venir,
7 et s'il a délivré le juste Lot, profondément attristé de la conduite de ces hommes sans frein dans leur dissolution
8 (car ce juste, qui habitait au milieu d'eux, tourmentait journellement son âme juste à cause de ce qu'il voyait et entendait de leurs oeuvres criminelles);
9 le Seigneur sait délivrer de l'épreuve les hommes pieux, et réserver les injustes pour êtres punis au jour du jugement,
Est-ce vraiment le discours de quelqu’un qui n’a pas une vision littérale et historique de l’A.T. ?
Même chose pour Paul. Je vous ai dit qu’il était très fort au petit jeu des correspondances A.T.- N.T. et son obsession, comme la plupart des premiers chrétiens, était de bien montrer que le Nouveau Testament était dans le prolongement de l’Ancien. C’est d’ailleurs son intention dans le passage que vous avez donné. Là encore le fait que Agar et Sara soient les figures de deux alliances ne veut pas dire que leur histoire est une parabole dénuée de fondement historique. D’ailleurs l’interprétation paulinienne n’a rien de novateur. La question de l’opposition entre la postérité de l’esclave Agar (Ismaël et ses descendants) et la postérité de la maîtresse Sara (Isaac et ses descendants) est présente dans le récit même de la Genèse. Lorsque Paul dit qu’Agar et Sara sont les figures de deux alliances, il est dans le commentaire le plus plat et le plus littéral ! Il ne fait juste qu’inscrire le « moment chrétien » dans cette lignée.
C’est d’ailleurs très clair quand on lit le passage en entier :
21 Dites-moi, vous qui voulez être sous la loi, n'entendez-vous point la loi?
22 Car il est écrit qu'Abraham eut deux fils, un de la femme esclave, et un de la femme libre.
23 Mais celui de l'esclave naquit selon la chair, et celui de la femme libre naquit en vertu de la promesse.
24 Ces choses sont allégoriques; car ces femmes sont deux alliances. L'une du mont Sinaï, enfantant pour la servitude, c'est Agar, -
25 car Agar, c'est le mont Sinaï en Arabie, -et elle correspond à la Jérusalem actuelle, qui est dans la servitude avec ses enfants.
26 Mais la Jérusalem d'en haut est libre, c'est notre mère;
27 car il est écrit: Réjouis-toi, stérile, toi qui n'enfantes point! Éclate et pousse des cris, toi qui n'as pas éprouvé les douleurs de l'enfantement! Car les enfants de la délaissée seront plus nombreux Que les enfants de celle qui était mariée.
28 Pour vous, frères, comme Isaac, vous êtes enfants de la promesse;
29 et de même qu'alors celui qui était né selon la chair persécutait celui qui était né selon l'Esprit, ainsi en est-il encore maintenant.
30 Mais que dit l'Écriture? Chasse l'esclave et son fils, car le fils de l'esclave n'héritera pas avec le fils de la femme libre.
31 C'est pourquoi, frères, nous ne sommes pas enfants de l'esclave, mais de la femme libre.
La phrase qui résume parfaitement son intention c’est :
"et de même qu'alors celui qui était né selon la chair persécutait celui qui était né selon l'Esprit, ainsi en est-il encore maintenant".
Votre
"Aux termes près il dit que ce qui compte de l'histoire de l'ancien testament c'est ce que nous en faisons, pour la liberté ou pour l'esclavage" est un contre-sens. Il dit plutôt:
"Les chemins de la liberté et de l'esclavage ont été tracés dans l'Ancien Testament: tâchons de suivre celui de la liberté."
Voici 2 autres passages sur le même sujet :
Romains 4
1 Que dirons-nous donc qu'Abraham, notre père, a obtenu selon la chair?
2 Si Abraham a été justifié par les oeuvres, il a sujet de se glorifier, mais non devant Dieu.
3 Car que dit l'Écriture? Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice.
4 Or, à celui qui fait une oeuvre, le salaire est imputé, non comme une grâce, mais comme une chose due;
5 et à celui qui ne fait point d'oeuvre, mais qui croit en celui qui justifie l'impie, sa foi lui est imputée à justice.
6 De même David exprime le bonheur de l'homme à qui Dieu impute la justice sans les oeuvres:
7 Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnées, Et dont les péchés sont couverts!
8 Heureux l'homme à qui le Seigneur n'impute pas son péché!
9 Ce bonheur n'est-il que pour les circoncis, ou est-il également pour les incirconcis? Car nous disons que la foi fut imputée à justice à Abraham.
10 Comment donc lui fut-elle imputée? Était-ce après, ou avant sa circoncision? Il n'était pas encore circoncis, il était incirconcis.
11 Et il reçut le signe de la circoncision, comme sceau de la justice qu'il avait obtenue par la foi quand il était incirconcis, afin d'être le père de tous les incirconcis qui croient, pour que la justice leur fût aussi imputée,
12 et le père des circoncis, qui ne sont pas seulement circoncis, mais encore qui marchent sur les traces de la foi de notre père Abraham quand il était incirconcis.
13 En effet, ce n'est pas par la loi que l'héritage du monde a été promis à Abraham ou à sa postérité, c'est par la justice de la foi.
14 Car, si les héritiers le sont par la loi, la foi est vaine, et la promesse est anéantie,
15 parce que la loi produit la colère, et que là où il n'y a point de loi il n'y a point non plus de transgression.
16 C'est pourquoi les héritiers le sont par la foi, pour que ce soit par grâce, afin que la promesse soit assurée à toute la postérité, non seulement à celle qui est sous la loi, mais aussi à celle qui a la foi d'Abraham, notre père à tous, selon qu'il est écrit:
17 Je t'ai établi père d'un grand nombre de nations. Il est notre père devant celui auquel il a cru, Dieu, qui donne la vie aux morts, et qui appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient.
18 Espérant contre toute espérance, il crut, en sorte qu'il devint père d'un grand nombre de nations, selon ce qui lui avait été dit: Telle sera ta postérité.
19 Et, sans faiblir dans la foi, il ne considéra point que son corps était déjà usé, puisqu'il avait près de cent ans, et que Sara n'était plus en état d'avoir des enfants.
20 Il ne douta point, par incrédulité, au sujet de la promesse de Dieu; mais il fut fortifié par la foi, donnant gloire à Dieu,
21 et ayant la pleine conviction que ce qu'il promet il peut aussi l'accomplir.
22 C'est pourquoi cela lui fut imputé à justice.
23 Mais ce n'est pas à cause de lui seul qu'il est écrit que cela lui fut imputé;
24 c'est encore à cause de nous, à qui cela sera imputé, à nous qui croyons en celui qui a ressuscité des morts Jésus notre Seigneur,
25 lequel a été livré pour nos offenses, et est ressuscité pour notre justification.
Romains 9
6 Ce n'est point à dire que la parole de Dieu soit restée sans effet. Car tous ceux qui descendent d'Israël ne sont pas Israël,
7 et, pour être la postérité d'Abraham, ils ne sont pas tous ses enfants; mais il est dit: En Isaac sera nommée pour toi une postérité,
8 c'est-à-dire que ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu, mais que ce sont les enfants de la promesse qui sont regardés comme la postérité.
9 Voici, en effet, la parole de la promesse: Je reviendrai à cette même époque, et Sara aura un fils.
10 Et, de plus, il en fut ainsi de Rébecca, qui conçut du seul Isaac notre père;
11 car, quoique les enfants ne fussent pas encore nés et ils n'eussent fait ni bien ni mal, -afin que le dessein d'élection de Dieu subsistât, sans dépendre des oeuvres, et par la seule volonté de celui qui appelle, -
12 il fut dit à Rébecca: L'aîné sera assujetti au plus jeune; selon qu'il est écrit:
13 J'ai aimé Jacob Et j'ai haï Ésaü.
14 Que dirons-nous donc? Y a-t-il en Dieu de l'injustice? Loin de là!
15 Car il dit à Moïse: Je ferai miséricorde à qui je fais miséricorde, et j'aurai compassion de qui j'ai compassion.
16 Ainsi donc, cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde.
17 Car l'Écriture dit à Pharaon: Je t'ai suscité à dessein pour montrer en toi ma puissance, et afin que mon nom soit publié par toute la terre.
18 Ainsi, il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut.
On voit bien là que Paul croit en la littéralité et l’historicité absolues de la Bible mais en bon prédicateur il n'hésite pas à partir de cette interprétation littérale à tirer un enseignement spirituel pour le présent, avec bien sûr comme objectif permanent l’évangélisation.