La Fondation RéalitéPlus se spécialise dans l'aide aux victimes d'endoctrinement, de manipulation de conscience et de dérapages religieux. Nous ne maintenons aucune banque d'information sur les mouvements spirituels et/ou religieux. Pour obtenir de telles informations, je vous suggère de vous adresser auprès de l'organisme INFO-SECTE (
http://infosect.freeshell.org/infocult/ic-home.html) , qui possède une des banque d'information les mieux garnie en Amérique.
Ceci dit, je profiterai de l'occasion pour préciser que le fait de dire qu'un groupe est ou n'est pas une secte n'indique absolument pas si le groupe représente un danger potentiel et ne nous en apprend pas plus sur la nature du danger, si danger il y a. Sachez qu'il existe des centaines de groupes au Québec qui correspondent à la définition du mot secte (marginaux , minoritaires ou non associés aux grandes religions institutionnalisées) et ils ne s'avèrent pour la très grande majorité, pas plus dangereux que le catholicisme, le judaïsme, le bouddhisme, l'Islam ou autres. D'ailleurs, l'histoire nous rappelle abondamment que les pire dérapages religieux n'ont pas eut lieu dans des sectes. Or question de ne pas sombrer dans les préjugés en stigmatisant arbitrairement des minorités religieuses par peur ou par ignorance, je vous inviterai à amorcer une petite réflexion sur le sujet
D'entré de jeu je dirai que Jusqu'au dix-neuvième siècle, le mot secte ne servait généralement qu'à désigner les différentes écoles de pensée qui se formaient au sein ou en marge des grands courants religieux. On disait, par exemple, que le judaïsme comptait en son sein, la secte des pharisiens, la secte des saducéens, la secte des esséniens et la secte des chrétiens. Jusque-là personne ne considérait les sectes comme mauvaises ou dangereuses, puis au vingtième siècle, tout changea radicalement.
Parmi les dizaines de milliers de sectes qui prospéraient à travers le monde, quelques-unes dérapèrent et firent l'objet de couvertures médiatiques abondantes et grassement élaborées, qui laissèrent une trace indélébile dans l'imaginaire de la population.
Pensons à Jim Waren Jones avec son Temple du peuple, à David Koresh et ses Davidiens, à Ervil Morel Lebaron et son Église de l'agneau de Dieu, à Luc Jouret et à Joe Dimambro avec leur Ordre du Temple Solaire (O.T.S.), à Marshall Applewhite avec Heaven's Gate, à Shoko Asahara avec sa Vérité suprême et, plus près de nous, à Roch "Moïse" Thériault avec sa communauté Ant hill kids.
En couvrant les drames horribles provoqués par ces leaders religieux mentalement dérangés, plusieurs journalistes mal informés ont commis - et commentent encore - l'erreur d'associer ces cas isolés au phénomène socialement normal de l'éclosion de nouvelles religions. Il n'en fallait pas plus pour que leurs propos généralisateurs et les images choquantes largement diffusées, fassent naître mille et un préjugés dans l'esprit des citoyens. Subséquemment, une majorité de gens en vint à croire que toutes les sectes étaient des regroupements d'illuminés dirigées par des gourous maniaques et dangereux.
Certaines personnes, organismes et intervenants se permettent même parfois de qualifier ouvertement les nouvelles religions de plaies sociales en ajoutant que les corps policiers devraient y faire des descentes brutales pour les fermer et même que tous les dirigeants de sectes devraient être emprisonnés.
C'était là une grave dérive sociale qui amène bien des groupes religieux minoritaires à se faire injustement stigmatiser et à subir injustement les récriminations populaires.
Il est important de savoir que de nouvelles religions font régulièrement leur apparition depuis la nuit des temps et que de nos jours, des millions de personnes à travers le monde se retrouvent campées derrière des dizaines de milliers de bannières religieuses différentes. Or si l'on analyse les faits objectivement, force nous est d'admettre que, contrairement à la croyance populaire, de ce nombre seule une très infime minorité de sectes - moins de 1 pourcent - fut victime de dérapage au cours du dernier siècle.
Certains diront que bien des sectes propagent des idéologies farfelues, mais ne serait-ce pas là un jugement de valeur ? Sur quelle base pourrait-on s'appuyer pour affirmer qu'une croyance est plus farfelue qu'une autre ?
Sur la logique ? Puisque chaque croyant considère ses propres croyances comme étant logiques, la logique de qui devrait s'appliquer ? Celle de ceux qui sont favorables à une idée ou celle de ceux qui s'y opposent ?
Sur l'ancienneté ? Le fait de croire en quelque chose depuis des siècles, rend-t-elle une idée vraie pour autant ? Durant des milliers d'années, les hommes n'ont-ils pas cru dur comme fer que la Terre était plate ?
Sur la notoriété ? Serait-ce à dire que les écoles de pensées les plus populaires devraient se voir accordées un quelconque monopole pouvant leur permettre d'imposer leurs idées et leurs croyances à tous au détriment de la liberté de pensée et de religion ?
Sur les faits ? Lorsqu'il est question de ldivinité, de paradis, d'enfer ou d'un quelconque salut éternel, comment pourrait-on en prouver rationnellement l'existence? Or ne pouvant faire une démonstration sans équivoque de leur existence, comment pourrait-on parler de faits ?
Sachant que les croyances religieuses sont en grande partie basées sur des notions abstraites, sur des concepts imaginaires ainsi que sur des extrapolations d'interprétations de la réalité, comment serait-il objectivement possible d'en accréditer une idée au détriment d'une autre ?
Dans un pays comme le Canada, où la liberté en matière de choix de croyance est fortement protégée, toutes les religions - nouvelles comme anciennes - ont le droit d'être et le fait de stigmatiser les nouvelles croyances sur la seule base que leurs croyances peuvent sembler farfelues, constitue une dangereuse atteinte à la démocratie et à la liberté de religion.
Dans les faits, le domaine de la foi constitue un marché vivant et fortement actif, qui a toujours su faire preuve d'innovation pour répondre aux besoins des gens et ce à toutes les époques. Or les préjugés modernes face aux mutations de la pensée religieuse, découlent d'un protectionnisme théologique inavoué et d'une intolérance marquée qui donna jadis lieu à des drames humains terribles, comme l'inquisition.
Est-ce une nouvelle religion qualifiée de secte, qui fut à l'origine des guerres de religions, des croisades ou de l'inquisition ? Est-ce d'une une nouvelle religion que sont issus ceux qui ont fait trembler l'Amérique le 11 septembre 2001 ? Est-ce le leader d'une nouvelle religion qui fait couler impitoyablement le sang en Irak depuis quelques années ? Est-ce une une nouvelle religion qui a organisé les attentats sanglants en Espagne ? Est-ce une une nouvelle religion qui a amené l'Irlande à se déchirer durant tant d'années ?
L'histoire ne nous a-t-elle pas clairement démontré que les politiciens et les grandes religions avaient fait couler plus de sang au cours des siècles, que ne pourront jamais le faire toutes les une nouvelle religion réunies ?
Si des activités répréhensibles (fraude, mystification, manipulation de conscience, dépersonnalisation, violence physique, mauvais traitements, abus sexuels, etc.) ont lieu au sein de religions ou de sectes, il va de soit que ces gestes doivent être dénoncés et ceux qui les commettent doivent rendre des comptes, mais soyons honnêtes... Des abus, des saloperies, des crimes, il y en a partout, dans toutes les sphères de la société et nonobstant ce que voudraient laisser faussement croire certains démagogues, les groupes religieux n'ont pas le monopole du vice. Loin de là. En fait, une grande partie des croyants qui adhèrent aux nouvelles religions, aspirent simplement à développer leur spiritualité. Plusieurs se font d'ailleurs un point d'honneur de mener une vie aussi vertueuse que possible en s'imposant souvent une hygiène de vie et des balises morales bien plus strictes que la plupart des citoyens.
Est-ce que parce que les fidèles des une nouvelle religion choisissent d'assister assidument à des réunions de culte, de prier quotidiennement, de ne pas poser de gestes criminels, de ne pas utiliser de jurons, de ne pas boire d'alcool, de ne pas fumer, de ne pas consommer de drogue, d'éviter les jeux de hasard, de s'abstenir d'avoir des relation sexuelle en dehors du mariage, fait d'eux de mauvais citoyens ? Comment pourrait-on reprocher à des parents des chercher à élever leurs enfants dans un milieu solidement balisé qui leur semble plus propice à éviter les tendances et les influences malsaines ? N'est-ce pas là une intention louable ? Or si certaines nouvelles religions offrent une idéologie et un mode de vie qui répond aux besoins d'encadrement, de fraternité, de vertu et d'amour que recherchent certains parents, pourquoi la société devrait-elle les en priver à grand renfort de préjugés et de discriminations ?
Puisque bien des gens déplorent le fait que certaines nouvelles religions ont tendance à utiliser les incidents relatés dans les faits divers pour critiquer et condamner globalement la société, la moindre des choses serait d'éviter de faire comme eux en veillant à ne pas utiliser les incidents qui surviennent en milieu religieux, pour condamner et stigmatiser l'ensemble des nouvelles religions.
Évitons de laisser les préjugés nous replonger à l'époque où tous ceux qui n'adhéraient pas aux croyances catholiques étaient pointés du doigt, pourchassés et étiquetés comme hérétiques. Le temps où l'on accusait des gens de sorcellerie et où on brulait vif ceux et celles qui refusaient de rentrer dans le giron de la religion institutionnalisée est terminé ! Alors évitons de retomber dans le piège des chasses aux sorcières.
S'il existe des gens qui utilisent le couvert de la religion pour séduire par le mensonge, pour exploiter autrui, pour propager des idéologies antisociales, pour promouvoir des préjugés, de la discrimination et de la haine ou pour poser des gestes répréhensibles quels qu'ils soient, alors que l'on démasque les coupables, que l'on rétablisse les faits et que l'on signale les exploiteurs aux autorités. Mais que l'on agisse avec discernement de façon à cibler les coupables sans s'attaquer au droit fondamental qui est maintenant accordé à tout citoyen de pouvoir penser autrement et de pouvoir croire en ce qui lui semble le plus juste.
Ceci étant dit, au lieu de se demander si un groupe est une secte, il serait plus pertinent, plus sage et surtout plus utile de se demander si la doctrine, les croyances, les pratiques et les comportements courants au sein d'un groupe pourrait représenter un danger potentiel pour la santé mentale, physique ou économique des individus. de même qu'il serait pertinent de s'enquérir sur la perception qu'ils ont du rôle des femmes ainsi que sur le traitement, la socialisation, l'éducation des enfants par exemple.
Il est évident que le marché de la spiritualité vit un essor considérable depuis une vingtaine d'années. Des groupes de toutes sortes apparaissent comme des champignons après une journée pluvieuse. Comme c'est le cas dans le cadre d'un libre marché, il y en a pour tous les goûts. Certains sont conservateurs, d'autres tirent leur substance dans la vague dite nouvel âge. Les groupes liés à l'existence d'extra terrestres ou d'intra terrestres se font d'ailleurs de plus en plus nombreux. *Ariane* semble vraisemblablement se faire un tremplin pour ces derniers. Est-ce dangereux, je ne saurais dire n'ayant pas approfondi leurs croyances et pratiques, mais chose certaine, il est important de garder en mémoire le fait que les croyances religieuses, quelles qu'elles soient, ne s'appuient pas sur des faits mais sur de l'abstrait ou sur l'interprétation conditionnée de faits. Ainsi, toute croyance en elle même ne devrait jamais être présenté comme *la vérité* mais plutôt comme une possibilité parmi tant d'autres. J'ajouterai aussi que les croyances, aussi belle et logiques qu'elles puissent sembler, demeurent les parents pauvres de la connaissance. En d'autres mots, les croyances ne sont que des palliatifs à la connaissance. Les gens croient parce qu'ils ne savent pas. Ils croient afin d'engourdir l'anxiété que génère en eux l'ignorance. Plutôt que de simplement dire *je l'ignore* ils se consolent et parfois même se revalorisent en disant *je crois que...* suivi très souvent de *et je trouve que cela a beaucoup de bon sens*. Sauf que le fait de croire en quelque chose ne suffit pas à la rendre vraie ! Seule l'illusion de vérité et l'illusion de connaissance est bien réelle !
Or qu'importe le nom de l'organisme spirituel, philosophique, fraternel ou religieux, si les idées qu'ils mettent de l'avant sont présentées comme *la vérité* incontournable et indiscutable, MÉFIEZ-VOUS !
Si le groupe affirme que la majorité des gens ne peuvent ou ne veulent pas comprendre le message ou la soi-disant sagesse qu'ils enseignent (élitisme), parce que trop bornés, trop corrompus, trop dénaturés, trop méchants ou insuffisamment intelligents, MÉFIEZ-VOUS !
Si le groupe affirme que seul un faible pourcentage de l'humanité pourra accéder au salut ou à un niveau de conscience supérieur et que pour y parvenir, les privilégiés devront faire partie d'un groupe précis (recrutement), approfondir des enseignements particuliers (endoctrinement), adopter des habitudes prédéterminés (conditionnement), etc, MÉFIEZ-VOUS !
Si le groupe vous dit que la vérité n'est pas à la portée de tous et que si vous l'acceptez il est plus que probable que vos amis et vos proches ne comprennent pas votre cheminement et de ce fait tenteront sans doute de le freiner. Vous n'aurez alors pas d'autre choix que de leur tourner le dos et de rompre les liens de peur qu'ils ne deviennent un obstacle à votre *évolution*... MÉFIEZ-VOUS !
Si le groupe vous invite à payer pour des cours, des séminaires, des colloques, des ateliers, des stages ou autres pour obtenir la *clé de mystères* ou pour apprendre comment *sauver votre âme, éviter un jugement final ou passer à un plan supérieur* MÉFIEZ-VOUS !
En bref, si un groupe religieux, quel qu'il soit, vous incite à assimiler un enseignement en le considérant comme *la vérité*, s'il sous-entends ou affirme que ses membres sont des élus, des être plus intelligents, plus vertueux, ayant un niveau de conscience supérieur ou un raisonnement plus évolué, s'il sous-entends ou affirme que seul ses membres auront droit à une récompense quelconque ou parviendront à éviter un châtiment quelconque, s'il vous dit que douter est une faute, que remettre les choses en question est une faiblesse et que contester ce qui vous semble incorrect est répréhensible, vous auriez tout intérêt à prendre un certain recul, pour ne pas dire un recul certain, pour vous renseigner en profondeur avant de vous impliquer de quelque manière.
Idéalement je dirais, en tout temps et en toutes choses, veillez à préserver votre esprit critique, à nourrir votre autonomie de pensée et d'action et à ne JAMAIS soumettre votre raisonnement et vos actions aux idées et à la volonté d'autrui. Mais si vous ne pouvez vous empêcher de combler vos manques de connaissances par des croyances, SOYEZ PRUDENTS !
Eugène L. Bérubé
Président de la Fondation RéalitéPlus (
http://www.realiteplus.org)
Analyste en pensée sectaire et intervenant auprès des victimes
PS. Désolé pour le style un peu brouillon, mais j'ai tenté de répondre en utilisant les minutes que j'avis de libre entre les visites au bureau qui n'ont pas cessées aujourd'hui. J'espère tout de même avoir été compréhensible et utile par ces quelques propos.