Christian a écrit :Le Pendule de Foucault?
Dan Brown peut retourner à sa machine à écrire...
Christian
En l'occurrence, nous ne sommes pas dans le même registre.
Dan Brown est un écrivain de gare, et dans l'objectif de vendre à une clientèle bien ciblée, son travail est cohérent. Chapitres courts et haletants, énigmes que les lecteurs ciblés peuvent, sinon décrypter, du moins appréhender, et le tétraptique suivant, un héros aussi paternel et ennuyeux que possible, pas de sexe, une thématique en résonnement avec la culture des lecteurs, et un élu virginal.
Certes, l'histoire est un conte à dormir debout, ni très original, ni très intéressant, mais l'objectif n'est pas d'être vendu à des universitaires non plus.
En revanche, Eco n'écrit pas pour le grand public, encore que ce soit le linguiste le plus connu au monde. Il travaille professionnellement sur un thème (comme historien, journaliste ou linguiste, puisque il cumule les trois expertises) et, lorsque il amasse suffisament de matière, si cela l'intéresse encore, il
nous écrit une histoire. Ici, ce ne sont pas les chapitres qui sont haletant, mais toute l'oeuvre qui est étourdissante. Les niveaux de lectures sont multiples, les domaines abordés aussi, et de façon magistrale. Et là, pas de tentation à se servir des recettes de "best sellers". Si le sexe est nécessaire, il y en a, sinon on en sent pas l'absence. Pas d'élu, et juste des humains qui tissent leur existence avec leurs maigres moyens, souvent avec esprit, ont des références subtiles (ainsi le personnage de Guillaume de Baskerville dans "Le nom de la rose" est-il le reflet d'un Guillaume d'Occam plein de substance). L'écrivain noie régulièrement le poisson sous des seaux de citations anciennes, qui effraient les lecteurs non avertis.
Du très bon roman, à la hauteur d'un public des plus exigeant.
La crainte des dieux est la fin de la sagesse.