rotor a écrit :Que dire de ces entreprises qui génèrent des bénéfices supérieurs au PIB d'un pays développé ? Les dirigeants de ces firmes monstrueuses n'ont-ils pas le pouvoir de faire pression sur les gouvernements de tous bords pour les faire plier dans leur sens ?
La minorité détentrice des capitaux fait la pluie et le beau temps et a tous pouvoirs, faisant joujou avec la FMI et cie.
Ba en fait, non, ils n'ont pas ce pouvoir. Aussi puissantes que soient ces firmes, elles dépendent quand même de la structure étatique qui dresse les cadres de l'entreprise, ainsi que des lois de l'endroit où elles sont implantées, des mécanismes économiques imposés par les dirigeants et donc, au final, sont autant dépendantes des gouvernements sur le plan juridique, social et pour la protection, que les gouvernements dépendent d'elles sur le plan économique et social.
Après, je ne sais pas qui est le dominant de la relation entre les deux et donc, qui impose son standard de comportement à l'autre, ça doit dépendre des cas et des régimes.
Ce qu'il faut comprendre, c'est que la relation dominant/dominé qui existent entre politicien et électorat ou entre entreprise et Etat ou entre gouvernement et population, n'est jamais une relation unilatérale venant du dominant, mais toujours un compromis entre les deux partis, chacun acceptant de prendre le rôle que l'autre attend pour faire fonctionner le tandem.
Si les entreprises ont la possibilité de faire pression sur les gouvernements, c'est parce qu'elles se conforment à ce qu'attendent les gouvernements d'elles, à savoir d'être des acteurs économiques puissants et inversement, si les gouvernements se laisse influencer, c'est aussi parce qu'ils se conforment à l'attente de l'entreprise qui accepte de jouer son rôle de meneur de l'économie en échange d'une docilité du gouvernement.
C'est très résumé, les mécanismes sociaux de ce type de rapport sont autrement plus complexe, mais c'est pour dire que l'idée d'une manipulation de la part des dirigeants qui ne ferait pas ce que veut le peuple, que vous avez évoqué en disant qu'ils font perdurer un modèle de société obsolète pour leurs intérêts cupides n'est pas vraie.
Il n'y a jamais manipulation totale par le haut envers la population soumises et moutonnantes. Les réalités des mécanismes sociaux sont autrement plus complexe que ça et s'il y a influence ou tentative d'influence manifeste de la part des gouvernants sur le peuple, c'est d'abord et avant tout, parce que la population construit les rapports entre gouvernement et citoyen de cette manière.
Même s'ils en profitent, les gouvernements ne sont pas responsables du fonctionnement du système, au même titre que les citoyens ne sont pas des victimes innocentes de manipulation, mais, de part leur influence, en réalité plus grande, sur les politiciens, les principaux responsables du système en place. (je parles de responsabilité, pas de faute, je ne dis pas qu'il y a des reproches à faire à qui que ce soit.)
Enfin, je vais arrêter là, parce que ce n'est pas le sujet et puis on pourrait discuter sociologie encore pendant longtemps si on rentrait dans le détail, et mes connaissances ne vont probablement pas jusque là.
Pour en revenir au sujet des minarets en suisse, c'est un bon exemple, cela dit, des mécanismes sociaux d'influence peuple/politicien, puisque, au final, l'impulsion est partie d'un courant d'extrême droit minoritaire, qui a crée la polémique, ce qui a engendré un positionnement de la population qu'à, par la suite, suivit le gouvernement, puisqu'il a tenté de tempérer l'affaire pour surtout ne pas se faire mal voir, mais sans aller strictement contre.
L'exemple de Florence est assez révélateur du pouvoir qu'à en réalité l'électorat, qui arrive à faire aboutir une proposition qui est contre les intérêts du pays, sans que le gouvernement ne s'y oppose formellement pour ne pas être marginalisé politiquement en sortant du principe de la politique spectacle.
Mais même le groupe d'extrême droite,au final, c'est pris au jeu, puisque la popularité de sa proposition vient, certes, d'une peur de l'étranger, mais aussi du fait que l'extrême droite c'est conformé au modèle qu'on attend d'elle. Je ne suis pas persuadé qu'une telle proposition, venant d'un partie de mouvance socialiste aurait eu le même échos.
C'est aussi valable en France d'ailleurs. Quand Le Pen dit: les étrangers dehors, ça passe, parce que l'on attend qu'il fasse ce type de proposition et si on est parfois révolté sur le moment, on oublie vite.
Par contre, quand le ministre de l'immigration et de l'identité nationale lance un débat sur l'identité nationale, débat qui n'est pas obligatoirement extrémiste, selon la façon dont il est fait, tout le monde l'accuse, parce que c'est une chose que l'on attend normalement de l'extrême-droite. Et je pense que la polémique aurait été plus vive encore si le projet avait été issus d'un parti de gauche.
Après, il y a évidement des tas d'autres facteurs à prendre en compte dans ce type de polémique, mais celui là joue quand même beaucoup, à savoir la conformité de chacun au modèle qu'on lui réserve, et, l'influence de l'électorat sur les actions des politiciens.
This is our faith and this is what distinguishes us from those who do not share our faith.
(John Flemming, Évêque irlandais, 3ème dan de tautologie, ceinture noire de truisme, champion des lapalissades anti-avortement.)